Des
infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il
s'est passé dans/autour des ZAD (Zones A Défendre) pendant ce mois de février 2018 ; on y parle de
Notre Dame Des Landes, de Bure, de l'anti CGO de Strasbourg, et de plein d'autres
sujets.
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.
NOTRE DAME DES
LANDES (44) : Enraciner l’avenir
Source
: ZAD.nadir.org et
médias
Février
2018
Et
ailleurs : Rapport
sur les infrastructures
- Hambach
(Allemagne) – Amassada
(12) – Roybon
(38) - GCO (67) –
Europacity (95) – ligne Lyon-Turin (73) et Val Susa (Italie) –
Bure (55) – manif à
Paris pro-kurde de Syrie – abandon du projet minier Sudmine
au Pays basque (64) - Non à la
Montagne-pellets (19) – Landivisiau (29) -
Infos du 1er au 11 février
DERNIERES
INFOS :
Appel à arbres et plantations pour le 10 fev - Enracinons l’avenir de la zad ! https://zad.nadir.org/spip.php?article5100
Hébergement / camping : A peu près, la plupart des lieux d’accueils de la zad semblent d’ores et déjà surchargés de demande d’hébergement à ce moment là, donc à moins que vous ayez déjà réservé une place, ne comptez pas là-dessus. Il y aura des possibilités de camping sur prairie le soir même sur des parcelles dédiées à ça. Prévoyez des changes et de quoi avoir chaud. Il est aussi possible et recommandé de chercher des hébergements chez des particuliers par le biais de ce site : www.annonces-ndl.org
✴ Pourquoi converger massivement sur la zad le 10 février ?
MISE A JOUR : Le projet d’aéroport a donc été, enfin, abandonné, nous vous invitons à fêter la victoire avec nous sur ce territoire que notre lutte a protégé des appétits carnassiers des bétonneurs. La lutte continue, car il faudra défendre l’avenir de la zad contre celles et ceux qui voudront en faire un territoire normalisé.
Depuis
des décennies, les 1.650 ha de la zad étaient menacés par un
projet d’aéroport climaticide, destructeur de terres
nourricières, de zones humides et de liens sociaux. En lieu et place
de ce projet, des paysan.ne.s résistant.e.s ont continué de vivre
sur leurs terres et de nouveaux.elles habitant.e.s sont arrivé.e.s
dans les 10 dernières années. Il s’invente sur la zad des formes
de vie, d’habitats et d’agriculture fondées sur le partage, la
rencontre, le soin du vivant et des biens communs.
En
ce 17 janvier 2018, le gouvernement a enfin décidé de renoncer à
ce projet mortifère. Le 9 février, la Déclaration d’Utilité
Publique du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes sera
caduque. Nous serons alors heureux de célébrer dès le lendemain la
préservation de ce bocage, avec toutes celles et ceux qui ont
accompagné cette longue histoire de lutte victorieuse au cours des
dernières décennies ainsi que celles et ceux qui ont envie de le
découvrir.
Alors
que le gouvernement a annoncé sa volonté de mener à bien des
expulsions au printemps, nous poserons ensemble le 10 février les
prochains jalons de l’avenir de la zad de Notre-Dame-des-Landes.
Nous y affirmerons :
■
La nécessité pour les paysan-ne-s et habitant-e-s exproprié.e.s de
pouvoir recouvrer pleinement leurs droits au plus vite.
■
Le refus de toute expulsion de celles et ceux qui sont venu.e.s
habiter ces dernières années dans le bocage pour le défendre et
qui souhaitent continuer à y vivre ainsi qu’à en prendre soin.
■
Une volonté de prise en charge à long terme des terres de la zad
par le mouvement dans toute sa diversité - paysans, naturalistes,
riverains, associations, anciens et nouveaux habitants.
■
Le besoin, pour le mettre en œuvre, d’une période de gel de la
redistribution institutionnelle des terres.
■
Le désir partagé que ce territoire reste un espace
d’expérimentation sociale, environnementale et agricole.
Cette journée sera aussi l’occasion de montrer notre solidarité vis-à-vis de diverses résistances contre des projets destructeurs et autres luttes sœurs.
Si
le gouvernement décidait envers et contre tout de mener à bien des
expulsions sur la zad, il nous faudrait alors être aussi fort
nombreux.ses à réaffirmer notre volonté de l’empêcher.
Nous
vous appelons donc à vous organiser dès aujourd’hui pour se
retrouver nombreux.ses sur la zad le 10 février et enraciner son
avenir.
Chacun.e
est invité.e le 10 février à apporter pousses, arbustes ou
arbrisseaux pour enrichir les haies du bocage et marquer
l’enracinement de chaque lieu défendu.
Nous
rappelons ci-dessous les bases communes que s’est donné le
mouvement dans la perspective d’un avenir sans aéroport au-delà
de l’abandon du projet.
Parce
qu’il n’y aura pas d’aéroport, ce texte en 6 points a pour but
de poser les bases communes nécessaires pour se projeter sur la ZAD
une fois le projet d’aéroport définitivement enterré.
Il
a été réfléchi au sein d’une assemblée régulière regroupant
les différentes composantes du mouvement de lutte dont l’objectif
est de penser l’avenir des terres une fois le projet abandonné et
longuement débattu à plusieurs reprises, dans de multiples
composantes et espaces d’organisation du mouvement.
Nous
défendons ce territoire et y vivons ensemble de diverses manières
dans un riche brassage. Nous comptons y vivre encore longtemps et il
nous importe de prendre soin de ce bocage, de ses habitant-e-s, de sa
diversité, de sa flore, de sa faune et de tout ce qui s’y partage.
Une fois le projet d’aéroport abandonné, nous voulons :
1
- Que les habitant-e-s, propriétaires ou locataires faisant l’objet
d’une procédure d’expropriation ou d’expulsion puissent rester
sur la zone et retrouver leurs droits.
2
- Que les agriculteurs-ices impacté-e-s, en lutte, ayant refusé de
plier face à AGO-VINCI, puissent continuer de cultiver librement les
terres dont il-elles ont l’usage, recouvrer leurs droits et
poursuivre leurs activités dans de bonnes conditions.
3
- Que les nouveaux habitant-e-s venu-e-s occuper la ZAD pour prendre
part à la lutte puissent rester sur la zone. Que ce qui s’est
construit depuis 2007 dans le mouvement d’occupation en terme
d’expérimentations agricoles hors cadres, d’habitat
auto-construit ou d’habitat léger (cabanes, caravanes, yourtes,
etc), de formes de vies et de luttes, puisse se maintenir et se
poursuivre.
4
- Que les terres redistribuées chaque année par la chambre
d’agriculture pour le compte d’AGO-VINCI sous la forme de baux
précaires soient prises en charge par une entité issue du mouvement
de lutte qui rassemblera toutes ses composantes. Que ce soit donc le
mouvement anti-aéroport et non les institutions habituelles qui
détermine l’usage de ces terres.
5
- Que ces terres aillent à de nouvelles installations agricoles et
non agricoles, officielles ou hors cadre, et non à l’agrandissement.
6
- Que ces bases deviennent une réalité par notre détermination
collective. Et nous porterons ensemble une attention à résoudre les
éventuels conflits liés à leurs mises en œuvre.
Nous
semons et construisons déjà un avenir sans aéroport dans la
diversité et la cohésion.
C’est
à nous tout-e-s, dès aujourd’hui, de le faire fleurir et de le
défendre.
✴DÉROULÉ
de la journée et soirée :
10h30
Accueil des bus à Notre-Dame-des-Landes, café, tartines, chants,
plantations d’arbres, balades.
12h00
Arrivées sur la zad, pique-nique dans le sac (stationnements fléchés
à partir des bourgs environnants) et ralliement d’un des deux
points de départ des déambulations. (1. Gourbi - 2.
Saint-Jean-du-Tertre)
13h00
Déambulations
en musique vers Bellevue
15h00
Grand moment de convergence au niveau du hangar de l’avenir et du
champ des bâtons
17h00
Fête - Fest-Noz / Concerts / Rave / Spectacles / Cantines Populaires
(programme détaillé du fest-noz plus bas dans cet article, les
autres à venir sur les sites)
✴
INFOS PRATIQUES
PLANTER
SUR LA ZAD
À
chaque point d’arrivée sur zone, les apports de végétaux seront
collectés pour être protégés, mis en nourrice et-ou directement
plantés selon les conditions météo. Pensez aux bottes 😄
ACCÉDER
EN VOITURE Le bocage est fragile notamment en cette saison :
merci de respecter les zones qui seront proposées et ne pas se garer
dans les champs ni sur les chemins.
Le
stationnement des véhicules sera fléché à partir des bourgs
environnants : il sera linéaire le long des voies qui seront
mises en sens unique. Pour limiter le nombre de voitures, penser au
covoiturage et à la fin de parcours en vélo 😄
Repérage conseillé de la localisation précise de votre véhicule
pour le retour du soir 😄
parking pour les personnes à mobilité réduite à proximité de
Bellevue ( si tout se passe comme prévu : parking au Limimbout
avec possibilité de navette jusqu’à Bellevue, lieu d’arrivée
des déambulations et lieu de l’après-midi et des concerts).
Le
plan de circulation sur la Zad pour le 10 février :
Les
cars sont attendus au bourg de Notre-Dame-des- Landes. Accueil des
participants et animations sont prévus en matinée.
Déplacement
en BUS. voir ICICOVOITURER / ACCUEILLIR ou SE LOGER
Un site permet de répertorier annonces de demandes et propositions d’hébergement, de covoiturage : www.annonces-ndl.org
Un camping (hivernal ...) sera également prévu sur place.
Pour toute question complémentaire concernant l’hébergement : hebergementnddlzad@riseup.net
PARTICIPER
Des
bénévoles sont bienvenus, nombreux s’inscrire sur /
10fev18ndlzad@riseup.net
Cette célébration se déroulera trois jours avant le mardi gras, en pleine période de carnaval. S’il est une fête qui permet de narrer la geste des humbles chahutant les puissants, c’est bien celle-ci. Nous souhaitons donc qu’elle vienne inspirer le ton, le rythme et l’esthétique de la journée. [...] Lire la suite ici
PROGRAMME
DU FEST-NOZ (sur le Champ des bâtons)
POUR
PLUS D’INFOS
Le
rassemblement du 10 février est initié par le mouvement contre
l’aéroport et pour l’avenir de la zad (Naturalistes en lutte,
Copain, habitant.e.s de la zad, Acipa, Coordination des opposants)
Appel à arbres et plantations pour le 10 fev -
Enracinons l’avenir de la zad !
"Le 8 octobre 2016, vous aviez pu vous initier au « planter de bâton », le 10 février 2018, venez parfaire « votre planter de Marron » ! Un des symboles forts de cette journée sera la plantation d’arbres pour que le bocage vive longtemps, pour que nos projets croissent et fleurissent durablement.
Quelques
conseils pour que ce projet se passe au mieux :
Les principaux lieux de plantations seront des haies bocagères et des vergers. Les arbres recherchés sont avant tout des arbres d’espèces sauvages des campagnes, et des fruitiers.
Qu’importe l’essence (éviter d’amener les lauriers palme, buddlejas, cerisiers à grappe, mimosa dangereux pour la nature...) pourvu que vous ayez l’ivresse de voir grandir d’ici quelques années votre arbre sur la ZAD !
En raison de la saison (non propice à la plantation), votre plant sera couvé en pépinière au niveau de Bellevue puis planté dans l’année pour développer des haies forestières ou fruitières.
Nous vous demandons si possible de les étiqueter (espèce, variété, et plus si vous le voulez). Pensez à des étiquettes et des encres qui résistent à la pluie ! - A votre arrivée sur site, déposez votre arbre dans les bétaillères. Attention vous risquez quand même de marcher un peu avec les arbres : il faut qu’ils soient faciles à porter. -Pour ceux qui partiront du Gourbi, le Landes’art s’invite également à la fête du végétal ! Sur le chemin de Suez, dans la continuité de la Riottière, nous vous invitons à participer avec l’artiste, Marie-Hélène Richard, à la finalisation d’une œuvre land’art. Cette œuvre sera pérenne. Vous pourrez venir la voir évoluer dans le temps. Sur ce même circuit , vous pourrez participer à la plantation d’un verger (les arbres seront sur place, à coté de la wardine).
Ne vous embarrassez pas d’outils, vous devrez déjà vous occuper de votre plant
Si vous ne pouvez amener d’arbre, amenez des graines d’arbres ! (en sachet et étiqueté si possible)
Enracinons l’avenir de la zad dans le bocage !"
►Infos traflics :
Pour
l’instant il n’y a plus de contrôles systématiques aux abords
de la ZAD. On ignore si les arrêtés préfectoraux ont été
renouvelés.
►Comités locaux :
RADIO ZEF, radio locale de Blois, a convié le comité NDDL 41, à participer à une émission sur l’ancien projet d’aéroport et sur la zad. A ECOUTER ICI
Appel du collectif syndical à participer,
le 10 février à la manifestation organisée à NDDL
L’avenir de la ZAD, bien commun des luttes, commence tout de suite
Comme
vous le savez, le gouvernement a décidé d’abandonner le projet de
transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique vers le site de
Notre-Dame-des-Landes. Le rapport de forces a payé et fait plier le
gouvernement associé à une puissante multinationale du BTP, Vinci.
Une victoire significative. Mais l’avenir de cet espace, que nous
considérons comme un bien commun des luttes, a toujours besoin de
soutiens.
Le
10 février, le Collectif syndical invite toutes et tous les
syndicalistes qui veulent exprimer leur solidarité contre toute
perspective d’expulsion d’habitant.e.s de la ZAD à se retrouver
à 11 h, sur le lieu « Le Gourbi » pour déambuler
ensemble jusqu’à Bellevue, où a lieu ce grand rassemblement
visant à poser « les prochains jalons de l’avenir de la zad
de Notre-Dame-des-Landes ».
Nous
vous proposons d’y convier tout.es vos syndiqué.es
Fraternellement,
Le
Collectif Syndical contre l’aéroport et son monde
Fait
à Nantes le 29 janvier 2018
Collectif syndical contre l’aéroport à NDDL et son monde. Créé en 2016 à la suite du mouvement social contre la loi El Khomry, nous sommes plusieurs syndicats et syndiqué -es portant une voix syndicale contre l’aéroport de NDDL et l’expulsion des habitant-es de la ZAD.
Signataires :
Union Départementale Solidaires 44, CNT 44, CGT AGO, Collectif
National des Syndicats CGT de Vinci, CGT Travail-Emploi-FP 44, CGT
CDC et des syndiqués CGT opposés à l’aéroport.
Pour
tout contact : syndicnon@riseup.net
https://blogs.mediapart.fr/collectif-syndical-contre-laeroport-de-nddl/blog
►À Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs, seul un territoire en lutte peut s’opposer à la normalisation industrielle agricole:
https://zad.nadir.org/spip.
https://zad.nadir.org/spip.
NDA :
carte de la D281 pour mieux situer
les lieux
09h30min : Les flics sont allés jusqu’aux entrées de la ZAD sur la RD 281 ce matin. Une voiture brûlée qui nous a été "offerte" cette nuit a été enlevée par des camarades et les flics on reculé jusqu’au Bois Rignoux côté Paquelais. Par contre illes restent du côté des Planchettes avec un mur anti-émeute et des camarades vigilants en face. De notre côté, on compte laisser les cantonniers travailler en respectant les précautions prévues avec les naturalistes, et on veut toujours les plans et les plannings de travaux. Il y a des contrôles dans les environs (NDDL, Bois Rignoux, etc.). Pour les dernières infos écoutez Radio Klaxon !
10h20min : Les flics ne sont PAS en mode expulsion, illes prétendent "protéger" les cantonniers. Des camarades sont sur place derrière une barricade et sont vigilant.e.s. En attendant, merci de ne pas faire tourner de fausses rumeurs ! Toutes les infos sur Radio Klaxon
11h20min : Les flics ont viré le mur anti-émeute sur la RD 281 et les camarades on démonté la moitié de la barricade pour laisser une chicane. On demande toujours aux flics de partir avant de partir nous.
11h30min : Les flics sur la D281 ont reculé jusqu’aux machines des cantonniers.
13h00min : Des photos de ce matin :
Communiqué sur la situation sur la D281 sur la ZAD et sur le dispositif policier
Ce
matin un dispositif policier s’est mis en place pour accompagner
les travaux de défrichage sur la partie nord de la route d281 sur la
zad. Il avait été décidé collectivement par les occupant.e.s de
laisser faire les travaux sur la route en respectant les précautions
prévues avec les naturalistes. Nous souhaitons par ailleurs toujours
les plannings de travaux et le rapport environnemental. A partir du
moment où aucune intervention sur des habitats n’est programmée,
nous ne souhaitons pas faire monter la tension ni avec les
ouvrier.e.s ni avec le dispositif policier. Nous demandons aux
personnes qui arriveront pour la mobilisation du 10 d’être
conscient de ces enjeux et à la Préfecture de cesser de faire
monter la tension de son côté. Nous souhaitons que le dispositif
policier reparte au plus vite, que les travaux se fassent sans lui en
tenant compte de nos demandes à ce sujet et que la situation ne se
fige pas.
A
faire tourner sur les résaux sociaux !
17h00min : Les flics sont partis, on discute de la suite...
19h00min : Appel à être vigilant-e-s sur la route demain matin à 7h à Lama Fâché (croisement de RD281 et la route des Fosses Noires)
Aujourd’hui,
contrairement à ce qui avait été demandé en échange de la levée
du blocage des travaux, une dizaine de poids lourds bâchés des
flics sont entrés sur la ZAD, pour « protéger les travaux »
qui n’étaient pas bloqués, en fouillant un lieu de vie au
passage, ce que nous avons vécu comme une provocation.
Nous
appelons tou.te.s les sympathisant.es du mouvement contre l’aéroport
et pour l’avenir de la ZAD à venir demain pour des rassemblements
pacifiques pour veiller à ce que les travailleurs passent sans les
flics et pour protéger tous les lieux de vie pour empêcher toute
tentative d’expulsion.
Des
occupant.e.s de la ZAD
Infotraflic :
Une
certaine quantité de flics a re-débarqué sur la route ce matin,
par plusieurs accès (Bois Rignoux et Epine), à priori au moins une
quinzaine de bâchés en tout, plus d’autres véhicules d’assistance
technique. Un mur anti-émeute est en train d’être monté aux
Planchettes.
Les keufs disent qu’ils vont rester toute la journée pour assurer
le déroulement des travaux, à priori ils veulent finir dans la
journée.
Infotraflic :
Infotraflic :
Donc
les flics comptent rester là, ils sont plutôt en mode "apaisement",
ils ont posé les boucliers à terre, viré leurs casques. Ils se
positionnent quoi. Ils ont accueilli les machines qui ont commencé
les travaux. Une autre partie arpente la route avec des détecteurs
de métaux.
2
tracteurs bloquent l’entrée de la route des fosses noires, une
quarantaine de personnes sur place. n’hésitez pas à passer nous
voir
Une
personne a été plaquée au sol sur le chemin de l’Epine.
A
Bison, les flics ont arrêté d’avancer, ils sont à 150m au sud et
200m au nord de Bison.
Infotraflic : 9h30 : Situation calmo-tendue, des keufs un peu partout arpentent la route, il y des gens postés un peu partout autour, et tout ce joyeux petit monde écoute klaxon (à priori, même les flics, alors d’ailleurs on leur fait une playlist un peu dédicacée). A priori pas de contrôles, mais y aurait une physionimiste à Lama, du coup ils sont sans doute aussi vachement là pour faire du fichage. Gaffe à vous ! Le directeur de cabinet de la préfète a débarqué il n’y a pas longtemps, on ne sait pas encore trop pourquoi.
Les
travaux ont commencé à Lama et s’avancent en direction des
Planchettes.
10h00 : le "dir cab" est toujours là, sans pour autant qu’il serve à grand chose. Il ne sait pas dire quand les travaux vont finir. Evidemment, il pense que ça se passe mieux parce qu’il y a les keufs.
10h00 : le "dir cab" est toujours là, sans pour autant qu’il serve à grand chose. Il ne sait pas dire quand les travaux vont finir. Evidemment, il pense que ça se passe mieux parce qu’il y a les keufs.
On
n’est pas d’accord, et on veut toujours que les flics partent !
D’ailleurs,
ils sont aussi rentrés dans les champs pour "protéger"
leurs machines. Encore une limite qu’on avait posé, et qui a été
dépassée.
Keufs,
hors de nos lieux, hors de nos vies
Infotraflic :10h25 : les travailleurs disent qu’ils prévoient de finir les travaux jusqu’à Lama aujourd’hui, puis qu’ils reviendraient demain pour faire la partie sud (Lama-Bison). Un flic a dit qu’ils revenaient demain, le dir-cab avait l’air de dire ça aussi.
Infotraflic : 12h10 : Des flics commencent à remonter dans leurs véhicules et à repartir (ceux qui étaient côté Planchettes) vers les Ardillières. Les travaux continuent par ailleurs.
Et
quand même, on aurait bien aimé plus de neige !
►Pour
des retours sur la journée, on a pas encore vraiment eu le temps de
se poser à plusieurs pour raconter. Des micros-témoignages déjà
entendues ressortent :
une personne plaquée à terre avec son vélo à l’aube sur le chemin de l’épine, et des dires des copain-es là-bas, les flics profitaient de la nuit pour mettre la pression
certains flics armés lourdement (genre des famas)
des insultes sexistes à la sortie ("t’es qu’une salope", "on va vous niquer", des grands classiques...)
une personne plaquée à terre avec son vélo à l’aube sur le chemin de l’épine, et des dires des copain-es là-bas, les flics profitaient de la nuit pour mettre la pression
certains flics armés lourdement (genre des famas)
des insultes sexistes à la sortie ("t’es qu’une salope", "on va vous niquer", des grands classiques...)
Infotraflic :
Salut
à tou.tes et bon matin. Ici, on s’est encore réveillé.es au
bruit de l’hélico puis au bruit des bottes sur la route. Les flics
sont arrivés par le sud (au bois Rignoux) et ont commencé à
remonter la route avec au moins une vingtaine de véhicules (bachés,
4x4, fourgons...) jusqu’au point où les travaux ont été arrêtés
hier (au niveau du Sabot), poussant au passage vers le Lama les
copains qui étaient à Bison fumé. Les keufs ont aussi ramené un
gros joujou, une espèce de fourgon armé d’un bras téléscopique
de 2-3 m, au bout duquel il y a une caméra, et peut-être d’autres
trucs genre des micros. Sans doute que c’est pour compléter le
drone...
Voilà,
maintenant, fonctionnariat oblige, on attend 9h pour le début des
travaux.
8h55 : augmentation des effectifs, des renforts de keufs arrivent en véhicules. Puis les véhicules de la dde sont arrivés par le bois rignoux. Le cortège de machines ressemble à celui d’hier.
9h10 : Les machines se sont arrêtées et commencent le déblayage du bord de la route au niveau de Bison fumé. La physio des flics est avec les machines de débroussaillage. Si ça se déroule comme hier, du côté où les machines débroussaillent, les flics se déploient dans les champs en sécurisant un périmètre de 20-25 m pour soit-disant "éviter les projections". C’est le genre de manœuvre où on redoute des débordements policiers et on invite donc les copines/copains alentours à venir nous aider à protéger les lieux de vie.
Au
dernier décompte de flics, on en était à environ 28 véhicules
entre Lama et Bois Rignoux.
11h00 : Les travaux continuent côté Est de la route (côté Jessy-Sabot) et ont dépassé la cabane du Jessy et sont maintenant à une trentaine de mètres du Sabot. Paraît que ça se passe plutôt bien. Ils feront ensuite le côté ouest (100 noms) de la route. Tout ça sous une petite neige de flocons vraiment trop beaux, en forme d’étoiles et tout. Et à la douce écoute des morceaux du ZSR.
Pour
l’instant, aucun contrôle n’a été signalé aux abords de la
zone. Merci de prévenir si c’est le cas !
Infotraflic :
Aujourd’hui
flics se sont positionnés au sud de Bison Futé sur la D281 et les
travaux ont continué à l’extérieur de la ZAD côté La
Paquelais. A priori illes ont fini l’étape du défrichage et ne
reviendraient probablement pas demain matin.
La Zad vivra
Le
projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes abandonné, le défi
qui se pose maintenant à la Zad est la pérennité vivante du
mouvement. Les auteur(e)s de cette tribune expliquent les tensions
nées de la réouverture de la « route des chicanes » et
décrivent une gestion collective « de la surface la plus
importante possible » des terres, en se dirigeant vers une
« assise légale ».
Des
habitant.e.s des lieux suivants : le Moulin de Rohanne, la
Rolandière, les 100 noms, la Hulotte, Saint-Jean du Tertre, les
Fosses noires, la Baraka et Nantes réunis dans le CMDO (Conseil pour
le maintien des occupations).
« Il
n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes »,
disions-nous souvent, pour démontrer notre entêtement, pour en
faire une prophétie. Le 17 janvier, cet énoncé a été
inscrit en lettres capitales dans un pays entier. C’est maintenant
une phrase toute bête, mais qui signe un fait historique d’une
ampleur inégalée ces 40 dernières années : la première
grande victoire politique de toute une génération. Il aura fallu
remonter à la lutte des paysans du Larzac pour lui trouver un
équivalent, tant notre présent en est avare. Et c’est un mauvais
comparant, puisque ici, c’est contre une succession de
gouvernements hostiles que nous l’avons emporté, sans qu’aucun
candidat n’inscrive l’abandon dans son programme. Sans excès de
pacifisme, également, ce que n’ont pas manqué de souligner les
chroniqueurs s’en référant au statut emblématique de zone de
« non-droit » de la Zad et à sa défense acharnée
en 2012. Il serait erroné de croire que seules les pierres et les
barricades ont permis de gagner. Pourtant c’est bien leur usage qui
a rendu la décision d’abandon à la fois aussi impérieuse et
aussi dure à avaler pour Macron. « Céder la Zad aux
radicaux », voilà ce que les éditorialistes ont reproché
au président, occultant le fait qu’un mouvement de lutte dans son
entier ait bataillé un demi-siècle durant en usant de toutes les
formes de résistance légales ou illégales. Pour éviter
l’humiliation, l’État a donc monté une pièce de théâtre un
peu branlante : une médiation, d’abord, puis une foule de
réunions avec les élus locaux, et enfin le mime d’une expulsion
avortée, pour faire oublier ses menaces, ses renoncements, ses
reniements, pour étouffer le oui vainqueur à la consultation de
2016, bref le caractère scandaleux d’une telle déculottée.
Malgré tous ces efforts, la victoire scintille au milieu des ordures
médiatiques et politiciennes. Elle n’a eu à dire que deux petits
mots : « Et toc ! »
- Le 17 janvier 2018, à Notre-Dame-des-Landes.
Ce que ces mots font de bien dans une époque où tout nous porte à croire qu’il est vain de se battre, chacun peut le sentir. Leur insolence est proportionnelle à la pression constante pesant sur le bocage depuis presque une décennie, ou au sein des manifestations de rue dans les villes de France. Le 17 janvier, des messages nous sont parvenus de toute l’Europe, tant l’expérience de la Zad est emblématique, du fait de sa durée, de sa consistance, de sa capacité d’agrégation et de son audace. Mais ce qui nous toucha plus encore, ce furent les accolades que nous donnèrent les anciens sous le hangar de la Vacherit, celles et ceux qui avaient gagné au Pellerin, au Carnet, à Plogoff et qui levaient leurs verres au retour de cette saine peur des notables de ne plus pouvoir mener leurs grands projets dans ce pays.
Si
nous étions à nouveau en danger imminent d’expulsion, tous
s’engagent à venir rebarricader les routes qui mènent à la Zad
Chargé de notre histoire avec ses fameuses chicanes à la fois poétiques et chaotiques, ses dessins meulés dans le goudron, ses ronces qui regagnent sur le bitume, ses usages improbables… et les désaccords qu’elle engendrait cycliquement entre nous. Car si elle était ouverte à la circulation, elle n’était pas toujours facile à emprunter, notamment pour les paysans qui peinaient parfois à y faire passer leurs machines agricoles. Elle générait également angoisses et rancœurs de la part de nombre de nos voisins, du fait de comportements parfois hostiles de certains barricadiers, et beaucoup se sont résignés à ne plus l’emprunter. Une fois l’abandon prononcé, il devenait impossible de continuer à défendre avec force les chicanes de la route alors que les villageois se prononçaient pour son ouverture totale et qu’une partie très importante du mouvement estimait ce geste nécessaire afin d’être en position de maintenir une lutte pour l’avenir de la Zad. L’État a donc tenté de jouer sur ce point de discorde pour ne pas totalement perdre la face. Nous étions alors nombreux à nous dire que si nous ne rouvrions pas la route, l’intervention promise était fort probable. Elle aurait offert au gouvernement le récit dont il rêvait : les fameux « 50 radicaux » dont la presse faisait ses choux gras, à côté des barricades, coupés du reste du mouvement qui refusait de s’engager à ce sujet. Cela aurait pu ensuite servir de tremplin à des arrestations ou à l’expulsion de certains habitats. Dans les jours qui ont suivi l’abandon, le déblayage de la D281 est devenu le point nodal autour duquel se jouerait l’éclatement définitif du mouvement ou la possibilité de le voir croître et perdurer au-delà du 17 janvier. Devait-on prendre le risque de tout perdre — l’expérience de la Zad, une défense unie des lieux occupés, un avenir commun avec les autres composantes — pour un symbole ? Nous avons en assemblée décidé que non, sans possibilité pour cette fois de parvenir à un consensus. Certains ont très mal pris cette résolution, et il a fallu de longues discussions, tournant souvent à la franche engueulade, pour finalement démonter les deux cabanes construites sur la route. L’une d’elles est en reconstruction dans un champ bordant la D281. Mais les tensions autour de la route et des travaux de réfection subsistent.
Sur
la « route des chicanes » - les Planchettes - en janvier
2018 avant sa réouverture totale.
Bien
que nous ne soyons pas habitués à vaincre, nous ne sommes pas pris
de court par la victoire contre l’aéroport. Nous avions eu il y a
des années déjà une intuition fondamentale : une victoire,
cela se construit. Ainsi, bien qu’elle ait constitué une forme de
rupture, ce qu’elle met en branle avait été réfléchi par le
mouvement dès l’issue de l’opération César. Nous n’avons
pas
à inventer dans l’urgence ce que nous voulons arracher, le texte
des « six
points pour l’avenir de la Zad »
l’avait énoncé dès 2015. C’était un glissement fondamental :
d’une lutte contre un projet, nous passions lentement à une lutte
pour pérenniser et amplifier ce que nous avions édifié sur ce
territoire au travers du combat. Et depuis le 17 janvier, c’est
l’horizon commun que nous partageons.
La fin de la déclaration d’utilité publique le 9 février bouleverse le statut des terres de la Zad. Sur les 1.650 hectares de l’emprise aéroportuaire, 450 sont cultivés de longue date par les paysannes et paysans résistants qui entendent bien retrouver leurs droits. 270 ont été arrachés à la gestion de la chambre d’agriculture par le mouvement pour y mener des expériences agricoles collectives. Et 530 hectares de terres sont toujours redistribués temporairement aux agriculteurs qui ont signé un accord amiable avec Vinci. À ce titre, ceux-ci avaient touché des compensations financières et obtenu pour certains des parcelles en dehors de la zone. Pourtant, ils continuent à exploiter et à percevoir la PAC sur ces terres qu’ils ont cédées à Vinci, touchant ainsi le beurre et l’argent du beurre. Les plus avides pourraient dorénavant revendiquer la priorité sur de futurs baux et profiter des terres sauvées de haute lutte par le mouvement pour agrandir leur exploitation.
Il
importe pourtant pour l’avenir immédiat que ce démontage ait été
l’occasion de renouveler une promesse solennelle prononcée par
toutes les composantes : si nous étions à nouveau en danger
imminent d’expulsion, tous s’engagent à venir rebarricader les
routes qui mènent à la Zad. Et cela aussi souvent que nécessaire.
C’est ainsi que le mouvement répond par le haut à la fois à ses
dissensus internes et au pouvoir, pour qui la D281 peut servir à son
tour de symbole pour énoncer un « retour à l’ordre ».
Symbole factice car la zone est toujours occupée, mais leurre
suffisant pour que l’État accepte l’ouverture de négociations
sur l’avenir des lieux. En ce qui nous concerne, nous retenons de
cet épisode difficile une démonstration supplémentaire de la
volonté de ceux qui ne sont pas occupants de s’engager pour
continuer avec nous après l’abandon. Ce n’était pas une
évidence à l’heure où l’objectif initial de certains avait été
atteint. Ce l’est d’autant moins quand les relations humaines se
crispent durement. Mais la continuité de la présence de ces
camarades marque, plus que jamais, le désir de futur commun. Ce
désir autrefois improbable a pris corps au cours des années de
danger et de défis partagés, de chantiers et de fêtes. Autant
d’expériences sensibles qui ont bouleversé les prêts-à-penser
politiques et les frontières de chaque composante. Autant de refus
de se résigner à un simple retour à la normale. Cependant, il ne
faut pas considérer ce désir de continuer au-delà de l’aéroport
comme un acquis, mais comme un équilibre fragile dont nous devons
prendre soin, car c’est lui qui alimentera maintenant la lutte.
Occuper
de nouveaux terrains et y installer des projets à même rabattre la
convoitise des « cumulards » et l’arrogance des
gouvernants
Pour
y parvenir, nous pouvons désormais nous appuyer sur la légitimité
que nous venons d’acquérir : il a été admis que nous avions
raison. De nombreuses conséquences en découlent. Par exemple, la
défense inconditionnelle de l’amnistie pour tous les inculpés du
mouvement anti-aéroport. Mais aussi et surtout un principe simple :
celles et ceux qui ont permis que ce territoire ne soit pas détruit
sont les plus à même de le prendre en charge.
La fin de la déclaration d’utilité publique le 9 février bouleverse le statut des terres de la Zad. Sur les 1.650 hectares de l’emprise aéroportuaire, 450 sont cultivés de longue date par les paysannes et paysans résistants qui entendent bien retrouver leurs droits. 270 ont été arrachés à la gestion de la chambre d’agriculture par le mouvement pour y mener des expériences agricoles collectives. Et 530 hectares de terres sont toujours redistribués temporairement aux agriculteurs qui ont signé un accord amiable avec Vinci. À ce titre, ceux-ci avaient touché des compensations financières et obtenu pour certains des parcelles en dehors de la zone. Pourtant, ils continuent à exploiter et à percevoir la PAC sur ces terres qu’ils ont cédées à Vinci, touchant ainsi le beurre et l’argent du beurre. Les plus avides pourraient dorénavant revendiquer la priorité sur de futurs baux et profiter des terres sauvées de haute lutte par le mouvement pour agrandir leur exploitation.
Par
ailleurs, les anciens propriétaires en lutte qui ont refusé tout
accord avec Vinci pourront retrouver leurs biens expropriés et
choisir de leur redonner un usage classique, ou plus collectif en les
faisant entrer dans une entité foncière commune. La bataille pour
les terres se place donc au cœur de la lutte pour les mois voire les
années à venir.
Le
défi qui se pose maintenant au mouvement de manière brûlante tient
à la possibilité d’une gestion collective de la surface la plus
importante possible et de prévenir un risque d’éclatement.
Car
si la surface de la Zad se trouvait par trop morcelée, la
conséquence pourrait être la fin progressive de la force commune
qui bouillonne ici, pour faire place à une somme éparpillée
d’individus ou de groupes poursuivant chacun des objectifs propres.
On imagine que les plus isolés pourraient être expulsés, et que
d’autres seraient acculés à rentrer petit à petit dans les
cadres économiques que la Zad a si bien su faire exploser jusqu’ici.
Une portion importante des terres pourrait repartir à des formes
d’agriculture productivistes et peu soucieuses de l’adéquation
qui s’est trouvée ici entre les activités humaines et le soin du
bocage. Et ce sont bien sûr les institutions agricoles classiques
qui les reprendraient en main. C’est pourquoi dès ce printemps
nous devrons continuer à occuper de nouveaux terrains et à y
installer des projets à même de rabattre la convoitise des
« cumulards » et l’arrogance des gouvernants qui
menacent d’expulser des lieux de vie dès le 1er avril.
Créer des précédents qui continuent à repousser le seuil de ce que les institutions peuvent accepter
Télécharger la carte
pour mieux la lire :
- Carte des communs de la Zad.
C’est pourquoi nous avons
également l’ambition de faire entrer les terres de la Zad dans une
entité issue du mouvement de lutte. La décision consistant à lui
donner une forme légale est l’aboutissement de discussions entre
les composantes et l’assemblée. C’était le choix que nous
pouvions assumer tous ensemble, en conciliant les objectifs des uns
et des autres, et donc en maintenant un rapport de force dans le
futur. Cette entité viserait à englober le fourmillement de la Zad
pour en maintenir la richesse, véritable manteau sous lequel les
marges d’invention et de liberté pourraient continuer à se
développer. Elle ne serait qu’une forme, la plus cohérente
possible bien sûr avec nos désirs. L’essentiel résidera encore
et toujours dans la manière dont on habite à la fois cette forme et
ce territoire.
Ce
choix de se diriger vers une assise légale a été pour beaucoup ici
contre-intuitif, remuant au plus profond les prérequis politiques
d’une bonne partie des occupants. Il nous a obligés à nous
demander sérieusement ce à quoi on tenait. À nous demander ce qui
permettrait encore à l’avenir d’assurer la pérennité de toutes
les activités et de tous les lieux de vie. Nous sommes certains que
ces questions complexes ne se résolvent pas par des diatribes
défiantes sur la trahison supposée des uns ou des autres et par un
fatalisme radical sur des lendemains aseptisés. Nous ne pouvons nous
satisfaire des prophéties autoréalisatrices qui prédisent que les
expériences de commune libre finissent à tout coup écrasées ou
réintégrées. Nous pensons au contraire qu’il s’agit, dans ce
moment de basculement, de discerner ce qui permettra au mieux une
fidélité aux promesses que l’on s’est faites pas à pas sur
l’avenir. Le pari en cours est loin d’être encore gagné. Il
nécessite une confiance inouïe entre nous, entre les composantes,
les personnes. Confiance dans nos buts, dans nos pratiques, et dans
le respect que chacun leur porte. Une telle confiance est un fait
rare de nos jours. Nous sommes bien conscients du fait que toute
légalisation comprend bien évidemment des risques de normalisation.
Mais ce que l’on envisage prend plutôt le chemin inverse :
créer des précédents qui continuent à repousser le seuil de ce
que les institutions peuvent accepter. En espérant que ces coins
enfoncés dans la rigidité du droit français servent à bien
d’autres que nous à l’avenir. C’est parce que nous croyons en
cette hypothèse que nous avons décidé d’aller défendre notre
vision de l’avenir de la Zad face à l’État au sein d’une
délégation commune regroupant toutes les composantes. Ceci plutôt
que de laisser place à des tractations séparées qui pousseraient
ceux qui s’y prêteraient à la défense d’intérêts singuliers
et donc parfois clivants. Cette délégation sera l’émanation des
assemblées du mouvement, qui continueront, parallèlement, à mener
les actions nécessaires pour arracher ce que les négociations
n’assureraient pas.
- La deuxième partie de cette tribune sera publiée demain, vendredi
Pour
contacter les auteurs : et-toc(arobase)riseup.net
sur
Reporterre
Lire
aussi : A
la Zad, on expérimente la société sans Etat (01-10-2016)
Vendredi
9 février
Curieuse, accueillante et aventureuse, la Zad est sans limite
Au
cœur de la vie de la Zad, expliquent les auteur.e.s de cette
tribune, se trouve un rapport singulier à la propriété du
territoire, approchant celui des communs. Le combat qui suit
l’abandon du projet d’aéroport vise la maîtrise collective des
terres et à « faire vivre cette manière de les partager, et
redonner ainsi un tout autre sens à l’idée de travail ou
d’activité ».
Voici
la deuxième partie de la tribune « La Zad vivra » dont
nous avons publié le
premier volet jeudi.
Le
poêle soudé dans un chauffe-eau ne parvient pas à tiédir
l’atmosphère de la grande salle de la Wardine. La centaine de
personnes prend place, qui dans un canapé, qui sur un banc. Derrière
leur cercle tirant sur l’ovale, les murs entièrement recouverts de
peintures renvoient à une ambiance plus proche du concert punk que
de la réunion. La petite foule est bigarrée, en âge, en style, en
mode de vie. Une paysanne prend la parole. Sa ferme se situe à une
trentaine de kilomètres de la Zad, pourtant, lorsqu’elle évoque
ces 1.650 hectares, on pourrait croire qu’elle y est née et
qu’elle compte y finir sa vie. C’est comme ça qu’elle en
parle, c’est à ce point qu’elle y tient.
On
dit souvent « le territoire appartient à ceux qui y
vivent », pour marquer une rupture avec les velléités
technocratiques de l’État. Ici, c’est bien plus que ça. Il
appartient à un mouvement, non par la propriété, mais par le
combat. Et depuis l’abandon, la salle de l’assemblée est
toujours aussi pleine, remplie de ces gens qui formeront le cœur non
pas juridique, mais réel, de l’entité que nous appelons de nos
vœux et qui lutteront pour que les façons de vivre que l’on a
bâties ici perdurent et s’approfondissent. Ces dernières reposent
sur un type de partage pour le moins inhabituel.
S’il
existe en effet un endroit où la possession de capital n’est pas
source d’orgueil et de valorisation, c’est bien cette zone.
Beaucoup de choses y sont d’ailleurs gratuites, on peut utiliser
des tracteurs, des outils ou des livres sans jamais mettre la main à
la poche. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas comme partout
circulation de monnaie. C’est son usage qui diffère, et son
symbolisme : nous voudrions que payer ne soit pas le
remboursement facile d’une absence d’implication dans le commun,
un dédouanement. S’il y a un peu d’argent, donc, il y a par
contre une lutte acharnée et quotidienne contre la logique
économique qui voudrait que chaque geste entre dans un calcul de
valeur. Nous tentons au contraire de lui substituer nos liens, nos
attachements, la confiance et un certain sens de l’engagement. La
réciprocité scrupuleuse n’est pas exigée, car les échanges ne
sont pas pensés à l’échelle individuelle, mais à celle du
territoire. Si le boulanger donne un pain à une personne du Zad
social rap, il ne calcule pas à combien de couplets se chiffre sa
farine. La première ligne de comptabilité des services rendus n’a
pas encore été écrite. Évidemment, rien ne nous garantit que tous
jouent le jeu ; c’est à la fois un pari et une question
d’équilibre. Le soin apporté à la qualité des relations et des
perspectives communes conjure bien mieux l’économie que le
bannissement du moindre euro…
C’est indémêlable, et c’est tant mieux
C’est
ainsi que l’on conçoit la production, mais aussi l’espace :
les prés, les forêts, les fours à pain, les ateliers… Comme des
communs. Cela ne veut pas dire que tout est indifféremment à tous.
Celles et ceux qui ont construit, qui entretiennent ou utilisent
régulièrement des espaces, s’y projetant pour plusieurs années,
n’ont évidemment pas le même poids quand il s’agit de décider
ce qui y adviendra. L’usage vient empêcher que le chaos ne prenne
la place de la propriété. Parallèlement, le mouvement déploie son
inventivité afin que les besoins des nouveaux venus désirant
s’impliquer soient satisfaits. La bataille qui s’ouvre
aujourd’hui n’est donc pas uniquement un combat pour les terres,
pour le foncier, mais surtout pour faire vivre cette manière de les
partager, et redonner ainsi un tout autre sens à l’idée de
travail ou d’activité. Et ce faisant elle dépasse de loin les
seuls 1.650 hectares de la Zad.
Il
y a quelques mois, en passant le long du chemin de Suez, on pouvait
entendre des chants résonner en basque, en breton, en italien, en
occitan, en polonais, et parfois même en français. Ils émanaient
du chantier de l’AmbaZada, un double hangar destiné à devenir
l’ambassade des luttes et des peuples du monde entier à la Zad.
Cette idée a vu le jour au sein du comité de soutien basque, qui a
organisé des « brigades » venues nombreuses
participer à la construction de l’édifice avec des occupants. Des
groupes pourront y passer quelques jours ou semaines, y parler de
leurs combats, s’y organiser avec nous, tout en buvant un verre au
bar. Nous pourrons y approfondir la coordination entre les luttes
territoriales qui s’est formée l’an dernier, et ainsi être plus
forts, nombreux et organisés partout où un projet menace une
contrée.
Ces
dernières semaines, nous entendons beaucoup parler d’une
pacification de la Zad, et de son avenir de « zone agricole
alternative ». Il ne serait plus à l’ordre du jour de
lutter ici puisque aéroport il n’y aura pas. D’autres disent
que désormais, Notre-Dame-des-Landes pourrait devenir une base
d’appui matérielle pour les autres luttes, puisque le front a
disparu. Nous préférons quant à nous ne pas opposer front et base,
car les deux sont ici intimement liés. C’est la conjugaison des
traditions offensives des paysans locaux et de l’assise de la Zad
qui ont permis d’assurer une production importante et de l’apporter
sur les piquets de grève à Nantes. C’est encore cette hybridation
qui portera son énergie jusqu’aux bois de Bure, au quartier libre
des Lentillères, aux collines de Roybon ou sur le causse de
Saint-Victor. De même, la force matérielle de la Zad (menuiserie,
meunerie, forge, conserverie, radio pirate, barnums, sonos,
tractopelle et semences…) grossit et se constitue grâce à l’appui
d’agriculteurs et salariés en lutte.
C’est
indémêlable, et c’est tant mieux. Car conserver et densifier ces
liens-là nous met à l’abri d’un devenir agricole pacifié tout
autant que d’une zone radicale à la marge. Ce sont bien encore et
toujours la circulation et l’échange qui permettront à la Zad de
ne pas se refermer. Plus elle vit curieuse, accueillante et
aventureuse, et plus son territoire réel s’étend bien au-delà de
son périmètre.
Une saison vient de se finir sans que l’on ait encore basculé dans la suivante
Il
n’existe nulle part ailleurs dans le pays un espace tel que celui
de la Zad, regroupant autant de capacités matérielles tournées
vers la lutte. Cœur d’une circulation réelle, il est aussi celui
d’une circulation des idées et des imaginaires, des projections
les plus folles. L’assise temporelle et matérielle qui manque tant
à nos combats et que l’on pourrait enraciner ces prochains mois
permettrait à la fois de donner une tout autre ampleur aux mille
activités qui existent à la Zad, et de concrétiser ces
projections. Créer un hameau ouvrier avec nos camarades
syndicalistes (respectant le style architectural de la Zad !),
rendre les habitats existants à la fois toujours plus commodes et
plus loufoques, greffer des fruitiers dans toutes les haies du
bocage, constituer un troupeau-école pour apprendre l’élevage,
ouvrir un centre social, un centre de soin, une maison des anciens,
agrandir la bibliothèque, construire un hammam, faire entrer des
terres hors Zad dans l’entité, rendre régional voire national le
réseau de ravitaillement des luttes, se doter d’une imprimerie…
La liste est longue de toutes les envies que nous inspirent ces
quelques centaines d’hectares. Elle est ouverte également aux
vôtres : les terres que nous allons occuper au printemps
attendent des installations, qu’elles soient ou non agricoles. Il
nous est difficile de mesurer aujourd’hui tous les bouleversements
que l’abandon va engendrer. Une saison vient de se finir sans que
l’on ait encore basculé dans la suivante. Ce temps nouveau, nous
devons l’arracher, le construire, l’inventer. Et c’est avec nos
rêves qu’on façonnera ces métamorphoses.
Rendez-vous
le 31 mars en cas de menaces d’expulsion et au printemps pour
se projeter sur de nouvelles terres !
18h01min : Infotraflic :
Contrôles de flics à l’entrée de la Pâquelais au niveau parking Jules Verne, entrée Bois Rignoux au niveau de l’arrêt de bus.
Il n’ y a plus de contrôle à
Vigneux mais ils semblent changer de points régulièrement autour de
la zone
►Pas
DUP !!!
La presse relaie des points d’interrogations : « que deviendra la ZAD et les zadistes du point de vue du droit » se demande l’Humanité. Alors que l’Obs enflamme sa flute sans sommation : « la résistance et l’insurrection semblent être la réponse aux maux politiques et étatiques ». Brrrrref...Quoi que nous réserve l’avenir, on ne pourra pas nous enlever qu’on se sera bien marré-es (même si pas seulement, hein !). Et qu’on a bien l’intention de continuer. Alors rendez vous dès demain pour la suite….
Entre Notre-Dame-des-Landes et le Larzac, une longue histoire de soutien
Des
milliers de personnes sont attendues à Notre-Dame-des-Landes samedi
10 février pour la fête de la victoire, au lendemain de
l’expiration de la déclaration d’utilité publique de
l’aéroport. Ces quarante ans de lutte doivent autant au
Larzac que des mobilisations du Grand Ouest.
Novembre
2012, manifestation de réoccupation de la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes après l’échec de l’évacuation des
occupant·e·s par les gendarmes. Une banderole accrochée à
l’arrière d’une bétaillère : « Gardarem nostra
dona ». Nous garderons Notre dame (des landes), comme les
paysan·ne·s de l’Aveyron proclamèrent pendant toutes les
années 1970 : « Gardarem lou Larzac ».
10
février 2018, après l’abandon du projet d’aéroport par le
gouvernement, des milliers de personnes sont attendues dans le bocage
de la ZAD pour fêter la victoire et « enraciner l’avenir »,
au lendemain de l’expiration de la déclaration d’utilité
publique de l’aéroport. Pour les plus ancien·ne·s, la
manifestation aura des airs de victoire du Larzac. En mai 1981, avec
l’arrivée de la gauche au pouvoir, le plan d’extension du camp
militaire du Larzac avait été mis à l’arrêt, après dix ans de
mobilisation.
Pendant
tout ce temps, les échanges n’ont pas cessé entre la lutte
antimilitaire du plateau et les paysans-travailleurs de
Loire-Atlantique emmenés par le leader syndical Bernard Lambert.
Préparation
de la fête de la victoire de Notre-Dame-des-Landes, le 9 février
2018 (©Vladimir Vasiliev)
En
2003, lorsqu’un autre gouvernement socialiste, conduit par Lionel
Jospin, relance le projet d’aéroport en organisant une enquête
publique, des habitant·e·s du Larzac reprennent contact avec Julien
Durand, paysan et militant du village, pour proposer leur aide et
partager leur expérience. Une rencontre s’organise sur le plateau.
« On a comparé les deux situations et on a discuté d’un
système de lutte. » L’idée naît ainsi de créer
des comités locaux de soutien.
Entre
le Larzac et Notre-Dame-des-Landes, les liens sont anciens, fournis
et agités. Ces luttes compagnes se sont beaucoup apportées l’une
à l’autre. Mais cette transmission ne concerne pas directement
tout le mouvement contre l’aéroport. Pour une partie des
occupant·e·s de la ZAD, le Larzac d’aujourd’hui est un
repoussoir : légal, normalisé, amadoué par le système. Et
représenté par un seul leader, José Bové, star des médias et élu
au Parlement européen. Tout ce qu’elles et ils ne veulent pas
devenir. Pourtant, la société collective des terres du Larzac
(SCTL), qui gère les terres gagnées par la lutte, sert aujourd’hui
de référence aux anti-aéroport pour imaginer un système foncier
permettant que perdure la liberté autogestionnaire de la ZAD.
Quand
les 103 paysans du Larzac entrent en rébellion contre l’armée qui
veut étendre son camp d’entraînement, à l'Ouest, le bocage est
secoué de conflits entre propriétaires fonciers et fermiers qui
leur louent leurs terres. En 1973, lors de la grande marche du
Larzac, les Paysans travailleurs sont en première ligne. Ce
mouvement militant veut rapprocher milieux ruraux et ouvriers autour
de l’idée de la valeur d’usage contre les inégalités et
l’exploitation générée par la propriété privée. Il a été
fondé et est dirigé par une figure centrale en Loire-Atlantique,
Bernard Lambert, syndicaliste paysan puis député, auteur des
Paysans dans la lutte des classes. Sur le plateau, il déclare
une phrase devenue l’emblème du syndicalisme agricole de gauche :
« Jamais plus les paysans ne seront des Versaillais. C’est
pourquoi nous sommes ici pour fêter le mariage des Lip et du
Larzac. » Et veut croire que « le Larzac sera le
laboratoire foncier de la France ».
Julien
Durand, au local de l'ACIPA, Notre-Dame-des-Landes, 9 février 2018
©Vladimir Vasiliev
L’année
suivante, en 1974, l’État crée une zone d’aménagement différé
autour de Notre-Dame-des-Landes, en prévision de la construction
d’un aéroport. « C’est Bernard Lambert qui nous a
prévenus le premier, se souvient Julien Durand. En tant que
responsable syndical, il avait eu accès à une carte de futurs
aménagements. « Sur Notre-Dame-des-Landes, il y a un
point, je ne sais pas ce qu’il en sortira. » Le
leader syndical est proche de paysans de la zone, Alphonse et Joseph
Fresneau. Il s’y rend et y passe du temps. Il fut « mon
père spirituel en syndicalisme », considère Julien
Durand.
Un
comité Larzac se crée dans le département, des paysan·ne·s
participent à la construction de la bergerie de la Blaquière, grand
moment d’action collective sur le plateau. « On peignait
sur les routes d'ici : “Larzac-Notre-Dame-des-Landes :
même combat” », se souvient Julien Durand. Entre les
deux creusets de lutte, Michel Tarin, paysan de Notre-Dame joue un
rôle-clé. En 2012, il participe à la longue grève de la faim des
anti-aéroport, qui arrache un accord de moratoire sur les expulsions
au candidat socialiste François Hollande. Il est mort en 2015.
« Quand la zone d’aménagement différé a été créée
en 1974, j’ai pris une claque, décrit Julien Durand. Pour
nous, c’était une lettre de licenciement collectif. La terre était
notre usine. On s’est battu contre, sur cette base. On allait à la
messe et on sortait avant la fin pour distribuer des tracts contre
l’aéroport ou pour une lutte foncière. On était taxés de
rouges. »
Après
l’annonce de l’abandon en janvier 2018, des paysan·ne·s du
Larzac ont fait passer au maire de Notre-Dame-des-Landes une note sur
les STECAL, les secteurs de taille et de capacité d’accueil
limitée, un dispositif créé par la loi ALUR de Cécile Duflot qui
autorise l’habitat léger dans des secteurs couverts par les plans
locaux d’urbanisme. Les échanges d’expertise continuent entre
les deux terres de lutte paysanne.
En
1981, année de l’abandon de l’extension du camp militaire, une
délégation du Larzac avait voyagé jusqu’au Japon ou des paysans
se mobilisaient contre la destruction annoncée de leurs terres au
profit de l’aéroport de Narita. C’était l’une des grandes
luttes paysannes de l’époque. Elle fut perdue par les agriculteurs
japonais. Mais sa mémoire se prolonge dans les rassemblements contre
l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où un documentaire sur la
lutte japonaise est montré. Encore une correspondance.
« Je suis un paléo-zadiste ! »
« Je
suis un paléo-zadiste ! J’étais un occupant sans droit ni
titre », sur le plateau du Larzac sourit José Bové. Le
paysan a écrit un texte avec le député LREM Matthieu Orphelin
imaginant un projet d’« agriculture durable et de
biodiversité » pour la ZAD. En coulisses, il rencontre des
conseillers ministériels au sujet de l’avenir de la zone. Il est
toujours sociétaire de la SCTL du Larzac, étudié de près
aujourd’hui par l’assemblée des usages de la ZAD, qui regroupe
les différentes composantes du mouvement anti-aéroport (ACIPA,
les agriculteurs de COPAINS, les naturalistes en lutte, la
coordination et des habitant·e·s de la ZAD).
Cette
structure, c’est une conquête du mouvement du Larzac, qui permet
un usage foncier collectivement géré. « On voulait une
alternative, que les paysans soient capables de gérer eux-mêmes les
usages des terres, résume José Bové. L’idée de base,
c’est de créer des conseils municipaux des terres. L’idée de
génie a été le transfert des terres via un bail
emphytéotique. » L’État reste propriétaire, il
loue les terres à la SCTL qui prend en charge toutes les obligations
du propriétaire sauf le droit de vente. Conséquence : les
terres ne sont pas vendables, pas cessibles, et sont indivisibles.
José
Bové retrace la genèse de cette innovation juridique : si des
paysans voulaient se détacher de la propriété agricole « c’est
qu’on savait que tout le monde ne pouvait pas acheter. Si tu
achètes, les banques se retrouvent au cœur du système et à chaque
génération tu dois rembourser. D’où l’idée plutôt de gérer
les usages, comme pour un commerçant qui n’achète pas ses murs,
mais le droit à y exercer son activité de vente ».
Dans
les années 1970 et 1980, la question foncière était fortement
débattue. Elle était l’objet de batailles théoriques chez les
syndicats agricoles et des chercheurs de l’Inra, et de luttes
paysannes contre les conditions économiques difficiles des fermiers.
« Il y avait une pression terrible sur le foncier qui créait
une ébullition sur le terrain et a créé un débat public »,
rappelle José Bové. Dans les fermes et devant les tribunaux des
baux ruraux, se livrent des batailles acharnées autour de la durée
des baux, la valeur des loyers et les critères d’accès au
foncier.
Préparation
de la fête de la victoire de Notre-Dame-des-Landes, le 9 février
2018 (©Vladimir Vasiliev)
Le
mouvement du Larzac et des Paysans travailleurs réclament la
création d’offices fonciers, « des sortes de conseils
municipaux des terres », résume Bové. Le Parti socialiste
en défend une version étatiste, centralisatrice, mais les abandonne
une fois au pouvoir. « Les offices fonciers, au fond c’était
une idée léniniste, commente José Bové aujourd’hui. La
SCTL, c’est une idée libertaire. » Sa forme
particulière « a été formalisée par Daniel Boscheron,
qui était juge à la Cour de cassation, cofondateur du Syndicat de
la magistrature avec Louis Joinet, et Chantal de Crisenoy, chercheuse
à l’INRA sur le foncier ».
L’État
délègue la gestion des terres à la SCTL, qui, à son tour, la loue
aux agriculteurs ou habitant·e·s du plateau qui exercent une
activité. Ce sont des baux de carrière sur vingt ou
trente ans, jusqu’à l’âge de la retraite. « Les
terres et les maisons sont des outils de travail, tu n’y restes pas
si tu n’y travailles plus, précise Bové. Cela a permis
d’améliorer les droits des fermiers : s’ils aménagent et
font des travaux dans des bâtiments qui ne leur appartiennent pas,
ils peuvent, à leur départ, les céder à leur valeur d’usage.
C’est un système de prêt à usage. »
Pour
Julien Durand et ses camarades Paysans travailleurs dans les années
1970 : « L’intérêt des offices fonciers, c’était
d’organiser le portage du foncier par l’État, la région ou le
département. » La lutte des paysans travailleurs en
Loire-Atlantique semble porter ses fruits. Les fermages y sont moins
chers qu’ailleurs. « Ici, il n’y a pas de châtelain,
pas de notaire, pas de médecin, résume Julien Durand, tout
le monde disait Notre-Dame-des-Landes est ingouvernable. »
En
2013, les paysans du Larzac profitent de la présence des socialistes
au pouvoir pour prolonger le bail de la SCTL jusqu’en 2083. Le
ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, se rend sur le
plateau pour la signature. Mais des militant·e·s s’opposent à sa
venue, et dénoncent le soutien du gouvernement à l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes. Des défenseur·e·s de la ZAD vivent
l’épisode comme une trahison. Invité en 2014 au rassemblement
estival des opposant·e·s à l’aéroport, son intervention est
perturbée et le son interrompu.
Julien
Durand, au local de l'ACIPA, Notre-Dame-des-Landes, 9 février 2018
©Vladimir Vasiliev
Ces
heurts, conflits et désaccords n’empêchent pas les nombreux
gestes communs : la mobilisation des tracteurs autour des
manifestant·e·s, la tracto-vélo montant vers Paris en 2015, en
plein état d’urgence pour finir aux portes du château de
Versailles, comme les tracteurs du Larzac étaient montés à la
capitale. Le hangar de l’avenir, avec ses gargouilles de triton et
son « ZAD » écrit en ardoise sur le toit, où
scintille le fantôme de la bergerie construite collectivement sur le
plateau de l’Aveyron.
Ce
sont deux mouvements et deux histoires distinctes. Mais les échanges
permanents entre elles montrent un partage d’outils de lutte et
d’imaginaire. La ZAD de Notre-Dame-des-Landes n’est pas un ovni
d’extraterrestres squatteurs qui s’est un jour posé sur le
bocage de la périphérie nantaise. Elle s’enracine dans une
histoire longue et dense, où les un·e·s sont redevables des
autres.
Jade
Lindgaard – Médiapart
NDA :
En bonus pour ce 10 février, le
film « Tous au Larzac » de 2011 racontant la lutte vue du
côté des paysans du Larzac
https://youtu.be/zurxTVEiYBg
La Parisienne Libérée : « Les zadistes »
Profitant
du carnaval, le président se déguise en grenouille et adresse un
discours passionné aux habitants de la ZAD : les zadistes sont
courageux, les zadistes sont formidables, les zadistes sont
sensibles, les zadistes sont uniques !
Pour des récits de la journée de rassemblement, on a une dépêche AFP reprise par tous les merdias mainstream, qui n’a rien trouvé de plus original que de nous ressortir la même soupe insipide sur la soit-disant "minorité radicale". Minorité certes (le off était organisé par des gens vivant plutôt à l’Est de la zad), radicale, pas plus que nous tou.tes ! N’en déplaise aux semeurs de division...
Mais il y en a quand même qui ont pris la peine de se bouger ! Récit de la journée et de l’ambiance, et questionnements pour l’avenir dans le Monde.
Dans Libé on lit comment cette lutte s’est inspirée de mille et unes autres, et pourquoi ça en fait une lutte unique
Et ici et là encore quelques articles (dont ici des photos et ici de la radio) pour finir ce premier dimanche de la zad pas DUP ;) (avec une mention spéciale ’franche marade’ en lisant le Dauphiné libéré, ça arrive pas si souvent...)
►Merci
à toutes et tous de vous êtes déplacé.es jusqu’ici pour fêter
la fin du projet d’aéroport, et l’enracinement de la zad !
Malgré le froid, la boue, et même un peu de pluie le soir, des
dizaines de milliers de personnes ont arpenté la zad et sont venues
échanger avec nous sur la lutte pour l’avenir de la zone. Des
intercomités sont d’ailleurs en cours à la wardine, pour
continuer d’y réfléchir ensemble.
Pour
rigoler un peu sur les décomptes, les organisateur-trices annoncent
30 000 à 40 000 personnes, la préfecture.... 8000 !
APPEL A PROTEGER LES LIEUX DE VIE
On
vient de vivre une semaine d’occupation militaire, fouilles des
lieux de vie, contrôles, harcèlement et surveillance par drone,
hélico, appareils video et micro directionnels.
Suite
à des discussions collectives, on était plein à se mettre d’accord
le samedi 29 dans une réunion appelée largement pour que les
travaux aient lieu dans de bonnes conditions. Nous ne voulons plus de
la présence policière, et nous voulons de la transparence autour
des étapes de travaux et les rapports environnementaux, et aussi
qu’ils respectent leurs engagements avec les naturalistes en lutte.
Merci
de votre soutien !
Des
occupant.e s réuni.es le 11/02
Infos
du 12
au 18
février
VIDÉO - A Notre-Dame-des-Landes, la fête de la victoire
De
la joie, immense, et de l’énergie, inépuisable. Samedi
10 février, on a fêté sur la Zad la victoire de
Notre-Dame-des-Landes. Reportage vidéo.
Notre-Dame-des-Landes
(Loire-Atlantique), reportage
Quelle
fête, les ami.e.s ! Ce samedi 12 février, il y avait plus
de 20.000 personnes, venues de toute la France, venues fêter sur la
Zad la victoire sur le projet d’aéroport. Une magnifique victoire,
couronnant près de cinquante ans de lutte ! C’était la joie,
et aussi plein d’énergie pour faire reculer les destructeurs du
monde partout en France.
VOIR LA VIDÉO : https://youtu.be/9G1xqk_enUc
Premier bilan et prise de parole commune au nom du mouvement contre l’aéroport
Samedi
10 au moins 30 000 personnes sont déjà arrivées sur la zad pour la
mobilisation du 10 février et pour « enraciner l’avenir ».
Deux cortèges sont parti du Gourbi et Saint-Jean-Du-Tertre avec 8
fanfares et 10 chorales venues de tous le pays, un triton, un
crocodile et un dragon géants, ainsi que diverses représentations
de projets contestés. Tout le monde s’est rassemblé dans un des
champs de la ferme de Bellevue où une effigie du défunt projet
d’aéroport a été brûlée en musique dans l’esprit du carnaval
et dans la joie de la victoire de notre lutte. Des groupes continuent
à affluer, alors que la fête va se poursuivre dans la soirée. Nous
sommes d’ores et déjà entièrement satisfait de cette
mobilisation et de cette démonstration de soutien au projet porté
par les différentes composantes de la lutte pour le futur de ce
territoire unique. Dans un premier temps, cette mobilisation démontre
aussi un refus de toute tentative d’expulsion des habitant.e.s
actuel.le.s de la zad au printemps.
Vous
trouverez ci-dessous le texte de la prise de parole commune du
mouvement de 16h00 énoncée à plusieurs voix sur un chariot de foin
à côté du hangar de l’avenir.
Notre Dame des Landes 10 février 2018 : Enracinons l’avenir !
Prise
de parole commune au nom du mouvement contre l’aéroport (Acipa,
Adeca, Copain44, Naturalistes en lutte, des habitant-e-s de la zad,
Coordination des orgas opposantes)
Bonsoir
à tous/toutes ! Et tout d’abord un immense merci pour votre
présence ! Lorsque nous avons choisi ce slogan pour notre
rassemblement « Nddl enracinons l’avenir » nous étions
encore dans cette interminable période où nous attendions et
espérions l’annonce de l’abandon, sans encore oser y croire.
Nous avons fait ce choix moins parce qu’il nous semblait pertinent
pour tous les cas de figure possibles que parce que depuis de longues
années déjà nous nous projetons vers l’avenir.
Aujourd’hui,
la victoire est totale pour ce qui était la première phase de notre
lutte : l’abandon de l’aéroport confirmée par l’expiration
de la Déclaration d’Utilité Publique (DUP). Nous la fêtons
ensemble aujourd’hui, dans un soulagement immense, dans les cris,
les pleurs, les étreintes avec vous tous/toutes qui nous avez
soutenu-e-s.
Cette
première phase a été une lutte populaire et fraternelle, qui au
fil des années a su faire agir côte à côte ce que nous avons
appelé ses « composantes » formelles ou moins formelles.
Ce sont des paysan-ne-s, des propriétaires, des citoyen-ne-s de la
région, des associations et organisations syndicales (paysannes et
ouvrières), environnementales, citoyennes, politiques, d’élus...
sans oublier des collectifs à base professionnelle (juristes,
pilotes, chefs d’entreprise... ), les bien nommé-e-s
« naturalistes en lutte », les occupant-e-s venus
défendre la zone à partir de 2007, les paysan-ne-s de COPAIN, les
200 collectifs Nddl créés partout en France. Cette liste est non
chronologique et non exhaustive, tant toutes les énergies se sont
interpénétrées avec des formes d’actions très différentes pour
parvenir à la première victoire : l’abandon du projet
d’aéroport. La DUP, cet outil de destruction préméditée, ce
véritable vol de terres au profit d’intérêts privés sous
couvert d’Utilité Publique, a expiré hier. Les mensonges de
l’État et la faillite de ses procédures de décision ont éclaté
aux yeux de tous
Aujourd’hui,
le mouvement a dégagé collectivement la D281 pour rendre à ses
usager.es/voisin.es la possibilité d’une utilisation partagée. Il
faut répondre à leurs besoins de circulation et prendre en compte
les problèmes de sécurité des riverains (ralentisseurs,
limitations de vitesse, corridors pour amphibiens et autres hôtes du
bocage..), tout ceci en discussion entre les services de l’État et
les Naturalistes en Lutte notamment. Les divers chantiers nécessaires
à la remise en état de la route sont en cours, . Ils vont durer
encore plusieurs semaines
Cette
victoire, nous la fêtons dans une ambiance particulière, car nous
sommes trois jours avant le mardi gras, en pleine période de
carnaval. C’est la fête des humbles chahutant les puissants, la
fête des passages, où une saison vient de se finir sans que l’on
ait encore basculé dans la suivante. La fin de cette lutte d’un
demi-siècle contre l’aéroport laisse place à de nouveaux enjeux
et combats, ici et ailleurs. Le carnaval ne célèbre pas un
changement d’ère, il l’accompagne, voire le suscite. Nous sommes
ici pour enraciner l’avenir : car enracinés, nous le sommes
depuis longtemps déjà, enracinés par nos pères et mères dans ces
landes qu’ils ont travaillées, choyées... Ils et elles sont
présent-e-s ici avec nous, comme le sont tant de camarades qui ont
puisé sans compter dans leurs forces pour notre lutte. Nous avons
une pensée très forte pour tous ceux et celles qui nous ont
quitté-e-s avant de voir notre victoire
Enraciné-e-s,
nous le serons plus encore par tous ces arbres dont nous allons
prendre soin et que nous planterons dès que le temps le permettra.
Ces
plantes sont venues de partout, certaines apportées par des
collectifs venu s d’autres luttes. Nous avons très délibérément
placé notre fête de la victoire sous le signe de la solidarité
avec ces collectifs . Cette solidarité s’est construite depuis
longtemps déjà, lorsque nous nous sommes rendu-e-s compte très
concrètement à travers nos rencontres que nous racontions tous et
toutes la même histoire : destruction de terres nourricières
et de bio-diversité, gaspillage d’argent public, mépris des
populations, cadeaux à Vinci ou à d’autres multinationales, sans
compter la folie des projets liés au nucléaire...
Dans
notre fête de ce jour, nous avons tenu à laisser une large parole à
ces luttes sœurs, qui portent leurs messages depuis ce matin dans les
déambulations, qui ont brûlé avec nous les projets dont elles
exigent la disparition. Elles nous ont soutenu-e-s, nous ont
inspiré-e-s autant que nous-mêmes avons pu le faire.
Nous
les invitons à saisir avant leur départ, si elles le souhaitent,
les bâtons plantés le 8 octobre 2016, gages de notre serment de
défendre le bocage de Nddl. Ils deviendront ainsi les gages de notre
solidarité vis-à-vis d’eux. Ils deviendront les canaux de ce
grand réseau de luttes par où circulera notre commune énergie...
Saluons la présence de camarades en lutte contre différents
projets : projet d’enfouissement nucléaire à Bure, LGV
Lyon-Turin, projet de centrale à gaz de Landivisiau, projet de parc
d’attraction de Guipry- Messac, projet de Central Parc de Roybons,
la ferme des mille vaches Pour toutes ces luttes sœurs, nous sommes
là, nous serons là !
Enfin
voici les principaux éléments sur le projet d’avenir commun que
nous envisageons pour la zad. Une délégation commune du mouvement
est prête à le porter auprès des différentes structures
institutionnelles qui se penchent déjà sur la propriété des
terres, sur leur usage et celui des communs de la zad...
Dans
l’objectif de la réalisation de nos six points, nous avons
envisagé deux étapes principales : La première étape qui
s’ouvre aujourd’hui concerne en priorité l’usage des terres et
des communs. Elle a quelques objectifs majeurs.
–
Nous voulons faire entendre le plus rapidement possible notre refus
d’expulsions qui n’ont plus aucune raison d’être une fois acté
l’abandon du projet. La date annoncée du 31 mars est très proche.
Et ce message doit être entendu immédiatement. c’est l’une des
raisons de cette mobilisation.
–
Nous voulons que les habitant-e-s qui le souhaitent puissent se
projeter dans un avenir commun sur la zad,. Cet avenir sera construit
de manière collective et solidaire. Nous veillerons à la sauvegarde
des éléments naturels fragiles.
–
Pour obtenir cela, dans l’immédiat nous exigeons le gel de la
redistribution institutionnelle des terres. afin qu’elles n’aillent
pas à l’agrandissement d’exploitations déjà existantes.
–
La création d’une entité juridique provisoire, reconnue et
représentative de l’ensemble du mouvement, est en cours. Elle doit
permettre de réaliser les actes officiels concernant la zone :
des mandats de gestion des terres ou des communs, des signatures de
convention précaires d’exploitation... Il s’agit de permettre
par le biais de cette association la meilleure protection possible
pour tous les types de projets, agricoles ou non agricoles,
conventionnels ou hors cadre... Cela peut se faire en particulier par
la reconnaissance d’un droit d’expérimentation sur la zone. Il
s’agit d’élargir les possibles.
–
Cette première étape devra également porter une exigence
d’amnistie pour les faits et procédures engagées dans le cadre de
la lutte contre le projet d’aéroport.
Tous
ces points exigeront un important travail collectif, le maintien du
rapport de force que nous avons su créer, et votre soutien à tous
et toutes.
La
deuxième étape doit nous permettre la mise en place d’une entité
pérenne issue du mouvement qui prenne en charge les terres de la
zad. Il nous faut du temps pour bâtir cette structure :
rappelons que la solution pour les terres du Larzac par la création
de la Société Civile des Terres du Larzac a mis trois ans à
s’élaborer.
La
situation est inédite.Il va être très long de démêler les
questions de propriété sur la zone, et nous ne disposons d’aucune
jurisprudence. De nombreuses réflexions, des rencontres avec
d’autres lieux, et d’autres structures (personnes utilisant les
fonds de dotation...) ont déjà eu lieu et vont se poursuivre. Nous
devons exiger du temps.
Nous
nous projetons ensemble dans l’avenir, confiant-e-s face à nos
incertitudes, aux difficultés qui ne manqueront pas de survenir mais
que nous saurons dépasser.
Nous
sommes au premier jour des saisons futures !
►09h30min : zad forever
bonjour,
Après
ce week end de fête dont on vous fait parvenir quelques photos au
plus vite, retour sur la route ce matin pour le feuilleton "travaux
sur fond bleu"
Les
flics sont arrivés vers 7H45 et les machines sont maintenant là,
pour le curage des fossés. ce matin, entre les Planchettes et Lama
faché.
►13h30min
Le
curage des fossés continue. Les flics sont là, des camarades
protègent les lieux de vie.
►Grosvalet
n’a rien de mieux à faire que demander à récupérer les
parcelles de la ZAD, qui avait été rachetées à l’amiable par le
département... (Le
Monde, France
3
►Nouvelles
de la journée sur la route. Ce lundi, les flics sont arrivés un peu
avant 8 heures du matin à une quarantaine de camions, avec comme les
derniers jours, tout leur équipement de fichage. A noter que cette
fois-ci, ils ne paradaient pas avec des fusils-mitrailleurs.
Aujourd’hui encore, nous étions nombreu.ses.x présent.e.s sur la
route pour surveiller les flics (afin d’éviter qu’ils fouillent
des lieux de vie comme ils l’ont fait les semaines passées) et
soutenir les camarades qui habitent en bord de route et qui subissent
la présence policière.
En
plus des occupant.e.s de la zad, il y avait pas mal de personnes
venues pour faire face avec nous à l’occupation militaire de la
zad. La journée s’est déroulée sans incidents. Aux différents
lieux où nous étions, on pouvait entendre des trompettes ou des
copain.e.s chanter. On remercie les personnes qui se sont occupées
du ravitaillement en thé/café/nourriture. Il faisait grand soleil
et certain.e.s nous ont bien fait rire en renvoyant, à l’aide d’un
miroir, les rayons du soleil pour éblouir les flics qui entravaient
la circulation ou cherchaient à nous filmer. Les travaux se sont
déroulés entre Lama Faché et les Planchettes. Les flics sont
partis avec les travailleur.euse.s vers 16H30 et annoncent qu’ils
reviennent demain matin.
►Voici
les infos sur les travaux glanées auprès des services
départementaux en charge des travaux et présents aujourd’hui sur
la route : Les travaux de curage des fossés sont prévus pour
10-15 jours. Le curage n’est pas profond sauf à certains endroits
où ça bouche et là où il y a de grandes souches, principalement
avec une trapézoïdale. Cette étape inclue aussi d’enlever
certaines entrées de champs qui ne sont plus utilisées. Ils
avancent à la vitesse d’1 km linéaire par jour environ.
Après
il y a une prochaine étape avec une entreprise de travaux publics
qui referont les buses qui sont cassées ou bouchées ou pas aux
normes : C’est aussi eux qui feront la chaussée, l’enrobé,
la peinture et la signalisation.
Il
y a encore des obstacles qui empêchent les travaux. Ceux-ci doivent
être réglés dans la semaine, toujours d’après les services
départementaux. Il s’agit de tout ce qui se trouve à moins de 4
mètres du bord du bitume. Ça inclue la cabane des planchettes, la
barricade du sabot et l’est de Bison futé. Tout doit être mis
dans l’alignement des haies. Par exemple le camion dans la haie
doit être reculé de deux mètres, le camion en face de Jessy et la
caravane doivent être reculés de 1 mètre par rapport à la
caravane actuelle. Ils ont aussi dit qu’ils n’autoriseraient pas
de pont levis tant que celui-ci touchera à la chaussée une fois
baissé. Ils veulent enlever le passage piéton en face de Jessy. En
face de Bison est, ils veulent aussi creuser un petit fossé pour que
l’eau s’évacue vers le champ de la discorde.
Ils
ont pour ordre de refaire une route qui soit circulable à 90 km/h et
disent que les ralentisseurs sont dangereux hors agglomération. Ils
précisent que c’est avec la préfecture que l’on doit voir pour
les ralentisseurs
►2 Papis de notre dame des landes font de la Résistance :
►Ambazada :
De
la Bretagne au Pays Basque - Brigade de rencontres et de solidarités
du 24 mars au 1er avril 2018
Communiqué de presse commun post 10 février
au nom du mouvement contre l’aéroport
Communiqué
de presse commun post 10 février au nom du mouvement contre
l’aéroport (Acipa, Adeca, Copain44, Naturalistes en lutte, des
habitant-e-s de la zad, Coordination des organisations opposantes au
projet)
La
fête a été belle ! D’immenses mercis ! La fête a été
belle !
Elle
a rassemblé à Notre-Dame-des-Landes des dizaines de milliers de
personnes (30 à 40 000) venues de toute la France et bien au-delà,
pour marquer ensemble la fin de la Déclaration d’Utilité Publique
et soutenir l’avenir de la zad, dans des conditions météo...
humides. Nous remercions chacun-e , soutien de toutes les initiatives
ou arrivé-e pour une première découverte sur le terrain. Merci
encore aux très nombreuses personnes bénévoles, d’ici et
d’ailleurs, qui ont permis le succès de cette fête. Merci aux
comités de soutien, toujours fidèles à nos mobilisations, merci
pour l’organisation des cars. La lutte a été riche et depuis
longtemps les projets de vie sur la zad intéressent, d’abord par
les échanges qu’ils suscitent.
Après
la victoire sur la première phase de la lutte (abandon de
l’aéroport, expiration de la DUP), le temps est venu de la seconde
phase : poursuivre et développer les activités déjà
engagées, en créer de nouvelles. Ces diverses expérimentations et
constructions, nous voulons les enraciner dès aujourd’hui sans
pression administrative ni policière. Toutes les personnes
participantes à la fête sont venues réaffirmer le refus de toutes
expulsions, l’exigence du gel de la redistribution institutionnelle
des terres et le besoin de temps pour construire l’avenir ;
elles seront vigilantes jusqu’au 31 mars et après.
Un
grand merci aussi pour les arbres et pousses amené-e-s en soutien
pour symboliser l’enracinement dans le bocage : nous les
planterons dès que la nature le permettra.
D’immenses
mercis enfin aux diverses luttes qui sont venues partager notre
joie : nous ne les oublions pas. Elles nous ont dit puiser
auprès de nous de l’espoir. Nous mènerons ensemble les combats
pour bâtir une société qui ne soit pas inféodée au profit, mais
basée sur la solidarité !
La
zad vivra ! 12 février 2018
►On relaie un appel à contribution afin d’écrire une histoire des comités locaux. Parce que sans elles et eux, sans leur force décentralisée et sans leur joyeuse détermination, l’aéroport à NDDL serait sans doute encore dans les tuyaux. Big up, donc, à tous les comités de soutiens avec qui on a partagé tant de beaux moments de lutte. Et avec qui on espère bien continuer !!
La ZAD, unie, jamais ne sera vaincue !
Texte
commun de la CNT 44 et du Collectif nantais contre l’aéroport à
propos de la situation de la ZAD.
Le
gouvernement a plié. C’est rare. Le rapport de forces instauré
depuis des années, dans l’unité des composantes, paysans,
citoyens, associations, zadistes, comité locaux, syndicalistes, a
produit ce qui motive nos luttes : une victoire arrachée aux
pouvoirs, État et collectivités au service d’une multinationale
du BTP. Aussitôt, le Premier ministre a tendu un piège au
mouvement, lui enjoignant de nettoyer la route des chicanes avec un
ultimatum à peine voilé et une menace de le faire par la force si
cette « normalisation » n’était pas exécutée par
les militant.es. Ce qui ne s’est pas fait sans douleur pour une
partie des zadistes vivant autour de cette route et qui n’ont pas
participé aux assemblées où les composantes ont décidé de donner
ce gage de bonne foi à l’État. L’urgence étant d’aborder les
négociations pour obtenir le gel de la redistribution des terres, le
refus des expulsions à la fin de la trêve hivernale, l’amnistie
des militant.es du mouvement qui ont été condamné.es...
Cette
réponse immédiate à l’exigence des autorités pour la route des
chicanes a laissé dans l’amertume des zadistes parmi les plus
précaires. Le mouvement contre l’aéroport et son monde a toujours
affirmé que toutes les formes d’occupation avaient jusqu’ici
leur place, en déployant un sens inventif de la composition et une
attention aux autres. Il faut être vigilant.es maintenant et demain
sur des fractures sociales et politiques qui pourraient s’opérer.
Toute
lutte porte en elle les risques d’avoir ses gagnants et ses
laissé.es pour compte. Comme les salarié.es titulaires embarquant
intérimaires et précaires et les oubliant au moment de recueillir
les gains du rapport de force créé collectivement. Ou les
Katangais, zonards et autre prétendus « voyous » de Mai
68 sacrifiés à la répression après la fin des occupations de
facs.
La
phase qui s’ouvre pour la Zad met sur le devant de la négociation
celles et ceux qui ont des projets agricoles, économiques, activités
qui ont toute raison de demeurer dans la zone à développer, suivant
les héritages de ce mouvement de lutte. Dans un monde où une
certaine valeur travail fonde la légitimité de bien des actes en
société, il serait extrêmement dommageable que le mouvement contre
l’aéroport et son monde oublie que ce n’est pas le seul critère
pour exister et qu’un jugement de classe en arrive à disqualifier
celles et ceux qui n’entrent pas dans ce cadre.
Un
autre monde est possible. Si la ZAD est un bien commun des luttes,
c’est uni.es, jusqu’au bout, que ça le restera.
La CNT Nantes
et le CNCA/Nantes Nécropole
Infos du 19 au 28 février
Lundi
19 février
Nous préférons le vent de révolte à celui de l’aménagement verdâtre des territoires
Déclaration commune lue lors du rassemblement du 10 février 2018 à la zad de NDDL
Ça
y est, ils l’ont abandonné, ce projet d’aéroport à
Notre-Dame-des-Landes. C’est pas trop tôt ! Un peu partout,
on se réjouit de cette victoire, de ce qu’elle représente :
la possibilité de bloquer ces projets d’aménagement absurdes et
destructeurs qu’on voudrait nous imposer, la possibilité d’oser
imaginer à nouveau gagner et défaire le rouleau compresseur de
l’Etat et du profit.
Les
médias posent la question : cet abandon va-t-il renforcer les
autres luttes ? Nous, nous savons déjà que oui. D’ailleurs,
le gouvernement s’y attend lui aussi. Pourquoi sinon Edouard
Philippe, premier ministre, en annonçant le retrait du projet se
serait-il senti obligé d’affirmer que l’État va continuer à
« aménager le pays », en prenant désormais en compte
« une meilleure qualité de vie [et] un plus grand respect de
l’environnement » ? Les voilà déjà à préparer
l’opinion publique à accepter leurs autres projets pourris (et
ceux d’investisseurs privés).
Ce
qu’ils nous préparent en vérité c’est toujours le même
projet. Une guerre généralisée au vivant, au nom de l’économie,
sous couvert d’ « aménagement des territoires ».
Une guerre avec son lot de nouvelles mascarades et d’opérations
policières. Avec son mélange de répression et de « consultation »,
comme ils disent. Qu’ils nous consultent autant qu’ils veulent,
qu’ils essaient ! Quand c’est non, c’est non. A Bure,
Roybon ou l’Amassada, c’est non. Les autoroutes, centres de
commerce ou de loisir, lignes à grande vitesse, centrales biomasse,
projets nucléaires ou d’éolien industriel, éco-quartiers, smart
cities, d’extraction de sable, de minerais ou de souches, c’est
non.
Nous
l’avions déjà dit en décembre lors d’un communiqué commun à
plusieurs territoires en lutte, nous le répétons aujourd’hui :
leur écologie n’est pas la nôtre. Elle est avant tout un prétexte
pour intensifier l’administration et le contrôle des territoires
et de leurs habitants, ces territoires dans lesquels nous vivons.
Leur monde uniforme n’est pas le nôtre, non plus. Que le
capitalisme soit vert Center Parc, noir pétrole, gris béton, jaune
nucléaire ou rouge sang, nous savons qu’il sera toujours couleur
d’uniforme.
À Notre-Dame-des-Landes comme dans tant d’autres endroits, nous ne nous contentons pas de combattre. Nous ne sommes pas ces mercenaires de la cause écolo que dépeignent certains médias, ces djihadistes verts qui n’auraient qu’une seule envie : se battre. Nous nous battons parce que nous avons des mondes à défendre. À Notre-Dame-des-Landes, ce sont d’autres formes d’organisation sociale et politique qui se sont vécues pendant les années de lutte, et aujourd’hui nous déclarons que ce sont elles, avec leur beauté comme leurs difficultés quotidiennes, que nous voulons défendre.
Nous
manifestons notre soutien à l’ensemble du mouvement contre
l’aéroport, à toutes celles et ceux qui vivent dans ce bocage
rebelle que nous aimons tant. Nous manifestons notre soutien à
toutes celles et ceux qui s’organisent pour maintenir une vie
commune sur la zone, pour consolider définitivement dans les temps
qui viennent cet espace hors-normes à distance de l’État, et
assurer que selon le texte en six points, ce soit une entité issue
des différentes composantes du mouvement qui prenne en charge son
avenir.
Nous
ferons tout pour que subsiste à Notre-Dame-des-Landes cette aventure
unique qui en inspire tant d’autres ailleurs, dans tous les
endroits où pulsent nos cœurs farouches. Et nous affirmons que si
l’État se risque à expulser n’importe quel lieu ou habitant-e
de la Zad, en jouant sur la division, il nous trouvera sur son
chemin.
Pour
finir, nous le répétons, et le répéterons encore : les
luttes continuent, se rencontrent, se renforcent. Depuis Dijon, dans
le quartier libre des Lentillères foisonnant depuis 10 ans, nous
comptons bien mettre en échec leur sinistre projet d’éco-quartier
et de capitalisme vert. Depuis Bure, du bois Lejuc occupé jusqu’aux
dizaines de maisons et d’apparts habitées tout autour, nous
continuerons de construire un mouvement de résistance au désert
atomique. Depuis la baie de Lannion comme depuis le plateau de
Millevaches, nous continuerons à nous opposer à l’extension
infinie de l’extractivisme. Depuis Roybon comme depuis l’Amassada,
nous continuerons à préférer le vent de la révolte à celui de
l’aménagement verdâtre des territoires.
À
Notre-Dame-des-Landes comme dans tant d’autres territoires en
lutte, rien n’est fini !
VIVE
LA ZAD ET SES MONDES !
Collectif
de l’Amassada (Saint-Victor et Melvieu)
Collectif
biomasse critique (plateau de millevaches)
Collectif
grains de sable dans la machine (baie de Lannion)
Le
Quartier Libre des Lentillères (Dijon)
Des
opposant.e.s à l’A45 (axe Saint-Étienne - Lyon)
Des
occupant.e.s de la forêt de Roybon (Isère)
►Le groupe (p)artisan.ne.s propose un texte sur l’autonomie, un schéma des interconnections entre activités artisanales sur la zad et des images des ateliers organisés le 10 février, voir ici.
Et
pendant ce temps là à Nantes…
Le
Carnaval des luttes s’est baladé ce samedi à travers les
rues...malheureusement certains portent toujours les mêmes costumes
bleus et ont été particulièrement relous.
Il
y a eu au moins 6 interpellations, violentes, une copine trainée par
les cheveux et frappée à la tête en même temps, un autre plaqué
à terre et frappé, d’autres coups et insultes et plusieurs
personnes qui terminent à Waldeck.
La manif s’est terminée là-bas pour aller soutenir les camarades interpellé.e.s
►Non à la montagne à pellets
La
video de l’affrontement entre le dragon PELLETOX (allié aux autres
monstres froids) et le triton géant de la zad, est enfin en ligne !
Avec
une pensée spéciale pour les camarades de Bure : ni aéroport,
ni usine à biomasse... ni poubelle nucléaire !
La
ZAD vs PELLETOX : EPISODE II https://vimeo.com/256951940
À nos soutiens,
contre la présence policière
sur la D281.
Depuis 3 semaines, la zad vit une énorme présence policière. Sous prétexte d’encadrer des machines de travaux, entre 20 et 50 fourgons des gendarmes mobiles occupent la D281 tous les jours, empêchant les gens d’emprunter la route et engageant une opération de fichage et de harcèlement. Il faut bien imaginer ce que cela représente : des centaines de gendarmes mobiles à quelques mètres de lieux de vie, entravant nos déplacement et nous isolant les un.e.s des autres.
On
constate que cette opération policière a des objectifs moins banals
que protéger une débroussailleuse. Il y a un énorme programme de
fichage et de surveillance : des passages réguliers de l’hélico
et d’un drône, la présence d’un camion avec caméra
télescopique et une antenne d’écoute, des physionomistes, et la
prise d’images vidéo constante. En plus de surveiller et ficher,
les flics ont visité (comprendre par là : entrer et tout
retourner) plusieurs lieux de vie en l’absence de leurs
occupant.e.s, et une voiture a été embarquée. Il y aussi un
objectif d’intimidation, avec un dispositif énorme arrivant
parfois avant l’aube comprenant des camions bâchés la première
semaine avec présence d’armes à feu automatiques, en plus des
unités du PSIG et une unité antiterroriste. On se demande
d’ailleurs combien coûte une telle opération…
Où
on sommes-nous ? Actuellement, les travailleureuses ont
débroussaillé les bords de la route et curé les fossés, et illes
sont en train de refaire des entrées de champs. Ensuite, illes
refont la chaussée, puis la peinture et la signalisation. Les dates
de fin du chantier ne sont pas claires, mais si la situation ne
change pas, cela signifie une présence de gendarmes mobiles sur la
route jusqu’à fin mars, date à laquelle le gouvernement annonce
expulser les « occupants illégaux ».
Des
engagements pris à l’oral devant des occupant.e.s et des
naturalistes par le département n’ont pas été respectés. Le
débroussaillage a été fait plus près que prévu, les fossés
surcreusés malgré le fait que c’est pas la période pour du
curage complet à cause des habitats des amphibiens, et plusieurs
entrées de champs ont été enlevées. De notre côté, il y a eu
plein d’efforts pour que les travaux puissent bien se passer, avec
deux cabanes démontées et une troisième déplacée.
La
position des occupant.e.s, qu’on tient depuis des discussions
collectives entamées au début des travaux, c’est qu’on veut
laisser les travaux validés collectivement se poursuivre. On exige
la transparence autour des travaux, et l’obtention des documents
des travail et d’études, y compris celui de leurs experts
environnementaux, pour validation collective. On exige que la route
soit adaptée pour tout.e.s, y compris les habitant.e.s proches, et
dans cette optique qu’elle soit limitée en vitesse à 50km/h avec
des sections à 30 et des ralentisseurs. Et on exige que les demandes
des naturalistes soient prises en compte.
À
partir d’aujourd’hui, on exige que la présence policière cesse.
L’état profite de ce prétexte pour faire du harcèlement et du
fichage. À quelques jours du début des négociations avec l’état
et à quelques semaines des éventuelles expulsions, leur présence
est une provocation. On peut facilement imaginer que leur stratégie
est d’augmenter la tension sur la zone et d’espérer le dérapage
qui permettra aux médias et au gouvernement de montrer qu’il y a
ici des radicaux à expulser. Si la demande de retrait des policiers
et gendarmes n’est pas entendue, nous nous organiserons pour faire
en sorte qu’ils partent. On demande aux comités de soutien de
rester attentifs.
Il
y a plusieurs vidéos qui témoignent, comme celles-là :
https://www.youtube.com/watch?v=u8tov8RWjbE
https://www.youtube.com/watch?v=W-HOZzcEXkg
Des
occupant.e.s, le 23 février 2018.
AILLEURS
Infos du 1er au 11 février
Jeudi
1er février
Rapport sur les infrastructures :
on se calme sur les grands projets,
et vivent les transports du quotidien
Le
rapport consacré aux infrastructures de transport à l’étude —
parmi lesquelles plusieurs grands projets inutiles et imposés comme
le contournement est de Rouen, les nouvelles lignes TGV dans le
Sud-Ouest et l’autoroute A45 — a été publié jeudi 1 février.
Reporterre le décrypte et vous le propose en téléchargement.
Soupirs
de soulagement du côté des opposants à l’A45 entre Lyon et
Saint-Etienne, grincements de dents chez ceux qui luttent contre le
Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) ou le contournement
est de Rouen. Telles pourraient être les premières réactions à la
lecture du rapport du Conseil
d’orientation des infrastructures (COI),
dévoilé ce jeudi 1er février à 10 h et très
attendu des réfractaires aux grands projets inutiles et imposés –
autoroutes sur des terres agricoles, ligne à grande vitesse
écartelant forêts et zones humides, et autres chantiers titanesques
destructeurs de biodiversité. « Tout
n’est pas possible, il faut choisir, définir des priorités parmi
les projets nombreux espérés par les territoires »,
a rappelé Philippe Duron, président du CIO, en introduction de
cet épais document de 180 pages consacré à l’entretien et
au développement des infrastructures de transport ces
vingt prochaines années
- Le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures
- https://reporterre.net/IMG/pdf/2018.02.01_rapport_coi.pdf
Le
rapport se donne plusieurs lignes directrices : la modernisation
des « transports du quotidien » très dégradés,
tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (une
obligation de la loi de transition énergétique), le tout avec un
budget contraint. Partant de là, il propose trois scénarios
correspondant à trois niveaux de dépense, du plus bas au plus
élevé, et qui conditionnent directement l’avenir des grands
projets d’infrastructures :
Le
scénario 1 prévoit d’affecter 48 milliards d’euros en
vingt ans
à l’Agence de financement des infrastructures de transport de
France (AFITF), soit 2,4 milliards d’euros par an. Ce
budget, en hausse de 25 % par rapport à la période 2012-2016,
reste néanmoins insuffisant pour remettre en état les
infrastructures existantes. Surtout, il exige de mettre en pause tous
les grands projets pour encore cinq à dix ans, et repousse ainsi
leur achèvement à 2050 environ.
Le
scénario 2,
« bâti
pour permettre de satisfaire les priorités fixées par le président
de la République »,
accorde
60 milliards d’euros en vingt ans
à l’AFITF – une hausse de 55 % par rapport à 2012-2016. Il
permettrait « d’améliorer
les mobilités du quotidien pendant une dizaine d’années à un
niveau d’ambition élevé »
et d’avancer dans les premières phases des grands projets.
Plusieurs possibilités de nouvelles recettes sont étudiées pour
rendre cette trajectoire possible : affectation d’une part
plus importante de la taxe intérieure de consommation sur les
produits énergétiques (TICPE – la taxe appliquée à la
pompe pour le gazole et l’essence sans plomb notamment) à l’AFITF,
application plus stricte du principe de pollueur-payeur, notamment
pour les poids lourds et les utilitaires, moindres subventions aux
transports en commun, etc.
Le
scénario 3, avec 80 milliards d’euros en vingt ans
à l’AFITF – soit un doublement du budget 2012-2016 –
permettrait de réaliser tous les grands projets tout en tenant les
objectifs de modernisation de l’existant. Mais « la
majorité du conseil s’interroge sur la possibilité d’atteindre
un tel niveau de dépenses dans le cadre financier et budgétaire que
connaissent actuellement l’Etat et les collectivités territoriales
appelées à financer environ à parité ces projets ».
Plusieurs projets — Lyon-Turin, GCO de Strasbourg, Canal Seine Nord — passés à la trappe
Partant
de là, le rapport passe en revue les projets déjà à l’étude et
qui ont vocation à être cofinancés par l’AFITF. Mais pas un mot
sur le grand
contournement ouest (GCO) de Strasbourg,
qui a obtenu une prolongation jusqu’à 2026 de sa déclaration
d’utilité publique (DUP), malgré
l’avis défavorable du Conseil national de protection de la nature.
Ceux qui se battent contre des chantiers financés par des sociétés
de projet publiques ad
hoc
– à savoir le Grand
Paris Express,
le Charles
de Gaulle Express
et le canal
Seine Nord
– resteront aussi sur leur faim.
Ce
principe exclut également le Lyon-Turin.
Le rapport indique seulement qu’il n’y a pas d’urgence à
développer les nouvelles voies d’accès au tunnel, en particulier
entre Grenay et Saint-Jean-de-Maurienne. « Il
semble peu probable qu’avant dix ans, il y ait matière à
poursuivre les études relatives à ces travaux qui seront au mieux à
engager après 2038 »,
peut-on lire dans le document.
Mais
ce rapport, entre autres chantiers, évoque le sort de plusieurs
grands projets inutiles et imposés suivis de longue date par
Reporterre.
- Le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) saucissonné et étalé
Le
GPSO consiste en la réalisation d’une nouvelle ligne à grande
vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse, et d’une autre entre
Bordeaux et l’Espagne passant par Dax, pour un total de
417 kilomètres. Mauvaise nouvelle pour les opposants à ce
vaste chantier qui
menace
aussi bien la zone humide du bassin du Ciron, responsable du
microclimat du Sauternes, que la forêt du parc naturel régional des
Landes de Gascogne : le rapport valide au moins la portion
Bordeaux-Toulouse. « Même
si dans le cadre des discussions certains membres ont pu s’interroger
sur la possibilité de mettre en œuvre d’autres solutions (…)
qui
permettraient d’apporter une réponse aussi satisfaisante et
peut-être moins coûteuse pour la collectivité, le conseil dans son
ensemble ne conteste pas l’intérêt d’une liaison à grande
vitesse entre la ville capitale et la quatrième métropole nationale
et en soutient la réalisation la plus rapide possible. Il exprime en
revanche en la matière une position beaucoup plus nuancée pour la
ligne nouvelle Bordeaux-Dax. »
Pour
autant, selon le conseil, le projet doit faire l’objet d’un
phasage et étalé dans le temps. Première étape, s’attaquer aux
travaux nécessaires en sortie nord de Toulouse et en sortie sud de
Toulouse, dès cette année selon les scénarios 2 et 3, ou à partir
de 2028 dans le scénario 1. Ensuite, engager le chantier
pour la section Toulouse-Agen sur la période 2023-2027 (scénarios 2
et 3) ou 2033-2037 (scénario 1). S’atteler également à
la réalisation de la section Bordeaux-Agen sur la
période 2023-2027 (scénario 3),
2028-2032 (scénario 2) ou après 2038 (scénario 3).
Les travaux de la portion Bordeaux-Dax, eux, sont repoussés
après 2038.
- La nouvelle ligne Montpellier-Perpignan retardée
Le
projet de ligne nouvelle ferroviaire de 155 kilomètres entre
Montpellier et Perpignan, apte à la grande vitesse, est censé
alléger la section actuelle Montpellier-Béziers, déjà saturée.
Ce projet a déjà donné naissance à une aberration, la
gare de La Mogère, au sud de Montpellier,
bâtie sur des terres agricoles en pleine zone inondable.
Le
conseil estime que ce projet « présente des opportunités
intéressantes » mais estime irréaliste sa réalisation
rapide et suggère la réalisation d’études pour améliorer la
circulation des trains sur la portion de voie saturée entre
Montpellier et Béziers. Il recommande le report du chantier pour la
nouvelle section Montpellier-Béziers à la période
2023-2027 (scénario 3 et 2, selon les priorités retenues)
voire 2033-2037 (scénario 1 et 2, selon les priorités
retenues). La section Montpellier-Perpignan ne devrait pas voir le
jour avant la période 2028-2032 (scénario 3) ou
2032-2037 (scénario 2) et pourrait même être repoussée
après 2038 (scénario 1).
- Le contournement est de Rouen validé
- Le projet de contournement autoroutier de Rouen.
Ce
projet crée un contournement par l’est de l’agglomération
rouennaise en reliant l’A28 au nord (au niveau de Quincampoix)
à l’A13 au sud (au niveau d’Incarville), avec un barreau de
raccordement à Rouen pour
la desserte directe des zones d’activités. « Le
conseil s’est montré partagé sur ce dossier qui rencontre une
opposition locale forte et soulève des questions importantes
d’intégration environnementale »,
peut-on lire dans le document. Las, « la
situation actuelle
[le conseil évoque en annexe du rapport une « congestion
quasi permanente des voies d’accès à l’agglomération »]
est
assez significativement insatisfaisante pour que la poursuite du
projet paraisse opportune ».
Il est donc recommandé de poursuivre les études et procédures et
d’engager le projet dès cette année jusqu’en 2022 (scénarios
2 et 3) ou un peu plus tard, sur la période 2023-2027 (scénario 1).
- L’A45 soumise à un « débat public multimodal »
Le
projet consiste à créer une nouvelle liaison Lyon et Saint-Etienne
pour soulager « l’actuelle
A47 surchargée et dangereuse »
telle qu’elle est décrite dans le rapport. Tant
pis pour la centaine d’espèces protégées recensées sur le
tracé. La signature du contrat de concession, qui suppose une
participation publique de 800 millions d’euros (ou plutôt
1,5 milliards d’euros selon les opposants), est toutefois
suspendue. « Ce
projet continue de diviser très fortement tant les élus que la
société civile de la région Auvergne-Rhône-Alpes »,
observe le conseil. La commission Mobilité 21, elle, avait
pointé le risque que cette nouvelle infrastructure aggrave encore
les embouteillages déjà importants aux abords de l’agglomération
lyonnaise.
Le
rapport recommande donc à l’Etat d’organiser un débat public
multimodal dès 2019, dont l’objectif serait d’évaluer et de
mettre en cohérence tous les projets de transport du territoire
(A45, mais aussi contournement ferroviaire de Lyon et accès au
tunnel Lyon-Turin). Et d’attendre les conclusions de ce débat
avant de signer le contrat de concession.
►Hambach
Soirée de Solidarité avec les Hambi9, AZ Cologne, jeudi 1 féb. 17-23 h. Ce jeudi, une soirée pour discuter, écrire des lettres et envoyer des livres et des zines aura lieu au Centre Autonome à Cologne. Le Café sera ouvert à 19h00 tandis que la fabrication de bannières commencera à 17h00 dehors. Apportez des cartes postales, des zines et des livres, de la peinture et des pinceaux et une carte usb ou sd avec des images et du texte au format jpeg qui pourraient convenir aux bannières. https://foret.hambachforest.org/blog/?noredirect=fr_FR
Le rapport sur les infrastructures plutôt bien accueilli par les associations
Que
faire après un rapport qui loue les « mobilités du
quotidien » et la fin des grands projets d’infrastructures ?
Si les opposants à ces derniers se réjouissent que le document
aille dans leur sens, ils ne se contentent pas de ses conclusions. Et
entendent bien porter sur le devant de la scène leurs propositions
alternatives.
Hier, jeudi 1er février, a été publié le rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI) (infos et téléchargement ici). Présidé par Philippe Duron, le COI annonce, pour reprendre les mots d’Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, lors d’une conférence de presse le même jour, « une rupture historique après des décennies d’une politique des grandes infrastructures, qui avait fini par ne plus prendre en compte les demandes des citoyens ». Finis les grands projets : le tunnel sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin, la ligne Montpellier-Perpignan, l’A45 entre Lyon et Saint-Étienne sont retardés ou mis en pause. Place à la « régénération et à la modernisation » de l’existant afin d’améliorer les « mobilités du quotidien », comme le déclarait Emmanuel Macron le 1er juillet, qui envisageait d’« articuler les mobilités entre le TGV, le TER, le transport urbain, le vélo, la voiture ».
Comment
expliquer cet apparent revirement du gouvernement ? Karima
Delli, membre de la COI et députée écologiste européenne, inscrit
le rapport dans la lignée de la COP 21 : « L’urgence
climatique nécessite la réduction des gaz à effet de serre émis
par le secteur des transports, et le rapport apporte des solutions à
la transition écologique. » « Ce qu’il y a de
bien dans ce rapport, précise l’élue EELV, c’est qu’il
rentre pleinement dans le XXIe siècle, en imaginant des mobilités
agréables et du quotidien à la place des grands projets
infrastructurels. »
Pour
nombre d’opposants à ces projets, c’est surtout l’abandon de
l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes qui a motivé ce basculement.
Pour Laurent Pinatel, représentant de la Confédération paysanne et
opposant à l’autoroute A45, « Notre-Dame-des-Landes a
amené dans le débat public la question du sur-accaparement des
terres agricoles, que l’on prend dorénavant en compte dans les
projets d’infrastructures ». Daniel Ibanez, qui se
réjouit de la mise en pause du Lyon-Turin, voit également dans
Notre-Dame-des-Landes un renouveau démocratique, grâce à la
« réappropriation par la population de son droit
fondamental d’apprécier, et d’évaluer, les grands chantiers
publics ». Un point que rejoint Karima Delli, pour qui
« Notre-Dame-des-Landes a donné la méthode du dialogue et
l’envie de débattre pour sortir des crispations ».
Le contournement est de Rouen
maintenu pour servir les intérêts locaux
de la République en marche ?
Opposant
à l’un des rares grands chantiers maintenus, le contournement est
de Rouen, Guillaume Blavette considère que le rapport Duron obéit à
une logique bien plus politicienne. « Je constate que La
République en marche met la priorité là où elle a des ambitions.
Il s’agit de servir sa clientèle locale. Si le projet se maintient
à Rouen, c’est très certainement parce que le parti espère
conquérir la ville et que Sébastien Lecornu brigue la région
Normandie. » À l’inverse, « le rapport a bloqué
l’A45 et le Lyon-Turin pour faire obstacle à Laurent Wauquiez ».
Néanmoins,
Guillaume Blavette remarque des « signes encourageants »
dans le rapport, qui reconnaît l’existence de « divergences »
au sein des élus locaux, et le « manque de robustesse »
du document. « Le rapport prévoit une réalisation
immédiate de l’autoroute. Or, d’un point de vue technique, c’est
impossible tant que les études, notamment hydro-géologiques, ne
sont pas finies. » En outre, le nombre de camions circulant
à l’est de la ville est nettement inférieur aux prévisions, ce
qui laisse une lueur d’espoir – ironique – au porte-parole du
collectif Non à l’autoroute A133-A134 : « Je
souhaite bonne chance aux concessionnaires autoroutiers prêts à
débourser 500 millions d’euros de leur poche pour un projet qui
pourrait leur faire perdre du pognon ! »
Pour
autant, si la plupart des mouvements d’opposition à ces grands
projets se réjouissent du rapport, aucun ne verse dans l’optimisme
béat. Tous réclament l’abandon officiel des projets, et non leur
simple suspension. « Il faut abroger la déclaration
d’utilité publique pour enterrer définitivement l’A45 et
développer l’existant », dit Laurent Pinatel. D’autant
que les recommandations prétendument nouvelles du COI proviennent en
réalité des arguments des opposants, à l’instar du Collectif des
associations de défense de l’environnement (CADE), qui dans un
communiqué de presse, s’amuse de la décision de suspendre le
grand projet ferroviaire du Sud-Ouest : « Qui a dit
cela ? Le CADE, et dès 1992. » D’où une attitude
sceptique envers les autorités, qu’énonce avec clarté Daniel
Ibanez : « Je n’attends rien de leur part. C’est
nous qui portons les faits et les documents. »
Pour les associations,
le défi est de devenir
force de proposition
Cet
état d’esprit gagne jusqu’aux promoteurs du vélo, apparemment
grand gagnant du rapport. Olivier Schneider, président de la
Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), note
certes « une reconnaissance historique » du vélo
dans les mobilités, mais estime le montant alloué – 350 millions
d’euros sur quatre ans – « insuffisant ».
« Pour mettre en place un système vélo complet et
cohérent, assure-t-il, la FUB demande 200 millions d’euros
par an ». Le président de la fédération regrette surtout
le caractère autoritaire du budget, sur lequel seul le ministère
des Transports aura la mainmise : « Imposer aux
collectivités des pistes cyclables ne tient pas lieu de pédagogie
autour du vélo. »
Dès
lors, que faire après le rapport Duron ? Tous les opposants le
soulignent : il faut profiter de l’occasion pour « remettre
sur la table le débat public, appuyé sur une base documentaire,
autour des vraies priorités régionales, dit Daniel Ibanez, et
non pas se contenter de choisir entre des solutions toutes faites ».
Passer
ainsi de force d’opposition à force de proposition, par exemple en
« relocalisant l’agriculture » à la place de
l’A45, ou en « retirant un million de camions de la
route » dans la vallée de la Maurienne. Et surtout, en
changeant les modalités de la gouvernance des infrastructures. Ce
que dit Olivier Schneider à propos du vélo vaut pour tous les
autres projets : « Un plan vélo conséquent doit
intégrer l’ensemble des acteurs du vélo, et non le seul ministère
des Transports. Il faut y associer les ministères de la Santé, des
Sports, de la Cohésion des territoires, de l’Éducation nationale
pour former les enfants, de l’Intérieur pour prévenir les vols,
mais également les entreprises, les associations d’usagers et,
plus généralement, la société civile. »
L’éolien industriel, faussement écolo mais vraiment répressif
L’éolien industriel s’appuie sur un mensonge majeur, affirme l’auteur de cette tribune : il serait une énergie parfaitement « verte », « propre », « renouvelable ». Les mécanismes de ce discours écoblanchissant ont été analysés par les militants de l’Amassada, lieu emblématique de l’opposition à l’éolien industriel. Ils sont exposés à une vive répression.
Jean-Baptiste
Vidalou est l’auteur de
Être
forêts. Habiter des territoires en lutte
(Zones,
2017). Il a écrit ce texte pour l’Amassada,
lieu emblématique de l’opposition à un grand projet d’éolien
industriel à Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron).
Tous
les jours, nous entendons la même petite musique : « L’énergie
est notre avenir, économisons-la », « L’élec-verte,
vous vous y mettez quand ? », « EDF, changer
l’énergie ensemble »… Propagande des énergéticiens
en tout genre pour nous faire accepter cette idée qu’ils sont et
seront les « sauveurs de l’humanité », ceux qui
répareront, comme on répare une machine en panne, le climat de la
planète. Ceux qui « solutionneront » la hausse
dramatique des températures, ceux qui seront les géo-ingénieurs
prêts à contrôler une « Nature » devenue trop
chaotique. Mais cette caste de grands industriels n’a pas seulement
pour but de poursuivre son extractivisme délirant, de produire de
l’énergie, toujours plus d’énergie — quoi qu’il en coûte
de la vie sur Terre — mais aussi de produire du mensonge. Qu’il y
ait, présentement, une transition énergétique menée par les
grands groupes du nucléaire, du gaz, du pétrole, paraît tellement
grossier qu’il faut un paquet de mensonges bien ficelés pour faire
accepter la farce. Le greenwashing opéré par la prétendue
transition est maintenant dénoncé sur la place publique. Le dernier
livre de Guillaume Pitron, La
guerre des métaux rares. La face cachée de la transition
énergétique et numérique, en est un exemple : notre
mode de vie « high-tech et vert » ne tient que par
les chaînes d’extraction de métaux rares dans les mines de Chine.
Avec les désastres humains et environnementaux qu’on connaît.
Mais ce sont ces « métaux stratégiques », qui
rendent possibles la production de toutes nos batteries de voitures
électriques, nos iPhone, nos écrans plats, nos tablettes et bien
sûr les aimants de nos éoliennes industrielles.
Un coup de semonce répressif
Et
c’est sans doute de tout cela, de toute cette dynamique hétérogène
et créatrice, que le pouvoir en place veut faire table rase, en
donnant un coup de semonce répressif. Car lorsque, le 25 janvier
dernier, 13 habitants et habitantes de plusieurs communes du sud de
l’Aveyron se voient embarqués par un contingent de plus de 80
gendarmes, au prétexte qu’ils auraient participé au blocage d’un
chantier éolien, de quoi s’agit-il sinon
d’un coup de semonce ? Un coup de semonce qui annonce les
opérations policières pour détruire le hameau de l’Amassada,
pour détruire ce qui a été créé depuis trois ans contre
l’implantation du méga transformateur RTE.
Le
dispositif est connu depuis la criminalisation des mouvements sociaux
et le ciblage des militants écologistes par le harcèlement
judiciaire. C’est une technique courante depuis la COP21 pour
affaiblir les contestations. Ici, dans le sud de l’Aveyron, cinq
personnes ont reçu des convocations d’assignation en référé au
tribunal de Rodez. Le groupe Théolia-Futuren-EDF EN, maître d’œuvre
de ce chantier éolien qui a été bloqué le 12 décembre 2017,
demandait à la justice d’interdire à ces cinq personnes un espace
comprenant routes et chemins de randonnée autour du chantier éolien
de Crassous, et ce pendant 14 mois, sous peine d’une amende de
2.000 euros par heure de présence… Le tribunal de grande instance
de Rodez a rejeté, le 1er février, la demande de « référé
d’heure à heure » concernant ces cinq personnes, mais en
précisant que la procédure est bien applicable pendant toute la
durée du chantier. Un coup de semonce donc.
Des militants poursuivis par une société
connue pour « ses magouilles boursières
et les endettements à répétition »
La chose est assez cocasse pour être révélée : l’entreprise Théolia se fait d’abord connaître en 2007 par ses magouilles boursières et les endettements à répétition sur le dos de ses petits actionnaires. Elle détient des parcs éoliens en Allemagne, au Maroc, en France, en Italie. En 2015, l’entreprise change de nom pour devenir Futuren, histoire de « tourner la page » de ses déboires financiers, avant d’être rachetée à 60 % par EDF EN en 2017. Et c’est ce groupe Théolia-Futuren- EDF EN, qui fait maintenant appel à la justice pour intenter une judiciarisation de l’opposition à l’éolien industriel… Elle se permet d’embaucher un huissier de justice et un cabinet d’avocats, Green Law (là aussi, on rigole, la « loi verte »…), dont la spécificité est l’accompagnement juridique des projets d’aménagement et des projets éoliens en particulier. Cabinet dont le but clairement annoncé est de simplifier et d’accélérer les procédures d’implantation de l’éolien industriel.
Il
est quand même piquant, lorsqu’on connaît les moyens mis en œuvre
par les groupes de l’énergie pour masquer aux populations locales
leur « prospection » de nouveaux parcs éoliens,
d’entendre leurs représentants gloser sur la « concertation
nécessaire avec les territoires ». Ce qu’il s’agit
très pragmatiquement pour eux d’opérer, et comme le déclare à
demi-mot, en janvier 2018, le rapport favorable de la commission
d’enquête publique pour le projet RTE de transformateur du sud de
l’Aveyron, c’est de faire passer leurs projets d’aménagement
comme un sacrifice nécessaire des territoires. « La
solidarité nationale, rendue possible par le réseau électrique, et
dans le cadre des projets RTE, doit l’emporter sur le nombre des
habitants impactés par ces projets dans les territoires ruraux. »
Au mépris des habitants s’ajoute donc le vieux chantage de la
« sécurisation » du réseau : sans transfo,
ce sera la coupure, mon petit monsieur…
Mais
ce que RTE fait mine de ne pas comprendre, c’est que la solidarité,
eh bien ! elle ne passe pas par
des lignes THT. Elle passe à même les rencontres entre les
corps, à même la mise en commun de nos idées. Les assemblées de
lutte, ici, comme ailleurs, si elles ont pris comme point de départ
l’opposition au transformateur et aux éoliennes industrielles qui
l’accompagnent, ont été bien au-delà de cette opposition en
politisant tous les aspects de la vie quotidienne. C’est évidemment
à cette légitimité de s’organiser sans eux, de décider sans ses
experts mandatés, que RTE tentera de s’attaquer. Et ils le feront
avec la force de ses juristes et de la police. Mais ils trouveront
devant leurs machines notre solidarité à nous tous. Seule la lutte
transforme.
Pour l’Amassada. sur Reporterre
VISIONNEZ LE FILM « PAS RES NOS ARRESTA »
Ce
film retrace l’histoire de l’Amassada et de l’opposition au
transformateur électrique à Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron).
Être
forêts,
de Jean-Baptiste Vidalou, éditions
Zones, octobre 2017, 144 p., 14 €.
►Amassada :
Avis de non recevoir pour Théolia et sa filiale : La décision de justice suite au procès de lundi 1er février est tombée : la procédure en référé menée par Théolia contre 5 de nos camarades a été rejetée. Pas de condamnation donc, et une fin de non recevoir pour les plaignants. Même si cette nouvelle semble bonne, elle cache cependant la possibilité pour les entreprises privées de recourir de plus en plus à ce genre de procédure abusive, et en toutes circonstances. Gardons l’œil ouvert sur ces dérives, et ne lâchons rien ! Appel Entier ICI.
"Notre-Dame-des-Landes, et après ?" - Depuis la forêt occupée de Roybon
Mercredi
17 janvier 2018
Aujourd’hui
on se réjouit, on danse, on se serre dans les bras et on fait
tourner la nouvelle : le projet d’aéroport à
Notre-Dame-des-Landes est abandonné. Ainsi c’est donc possible de
bloquer ces foutus « grands projets » ! Et
contrairement à ce que dit Retaillleau (sénateur de Vendée et
conseiller régional des Pays de la Loire), ce ne sont pas « les
zadistes qui ont gagné », ce sont les paysan.nes, les
habitant.es, celles et ceux qui se battent depuis plus de quarante
ans contre cette absurdité. Ce sont aussi celles et ceux qui,
poussé.es par leur révolte, sont allé.es s’installer là-bas et
se sont fait paysan.nes à leur tour, habitant.es, gardien.nes. Ce
sont ces liens, cette solidarité et cette force dont nous nous
réjouissons aujourd’hui.
Le
gouvernement a annoncé, en même temps que le retrait de l’aéroport,
que « les squatteurs devront partir d’ici le printemps
prochain ». Quelle illusion de croire qu’il sera possible
d’arracher ces liens, ces vies construites à Notre-Dame depuis
plusieurs années et ancrées aussi profondément dans le sol !
Face
à ceux qui prétendent décider de nos vies, nous résisterons,
comme toujours. Nous serons à Notre- Dame pour défendre la ZAD,
nous serons dans les villes pour crier notre colère, nous serons à
Bure, à l’Amassade, à Roybon, partout où il faudra lutter. Ce
« nous », ce ne sont pas les « mercenaires des
luttes » que dépeignent les médias, ce sont tous ces humains
qui ont encore un peu de bon sens. Tou.tes celles et ceux qui sentent
qu’il y a un truc qui cloche dans ces projets d’aménagement
pharaoniques et polluants, qui brisent nos liens aux autres et au
monde.
Nous
répétons que l’abandon de l’aéroport ne sera pas l’occasion
d’expulser d’autres lieux occupés. Si des négociations sont
mises en place à Notre-Dame pour conserver les terres, nous
accordons notre confiance à TOU.TES celles et ceux qui y habitent,
et nous serons à l’affût de toute tentative de scission ou de
traitements inégaux. Nous comprenons le besoin de pérenniser
certains espaces, autant que nous comprenons le refus du « retour
à l’état de droit » (Puisque l’état central cherche à
nous aménager et que son droit n’est pas juste).
Nous
rappelons aussi que la construction d’une poubelle nucléaire, d’un
méga-centre commercial (Gonnesse) ou d’une LGV (Lyon-Turin) ne
sont pas négociables. Ce sera non, toujours non. Partout en fRance
des gens se battent, occupent, bloquent des projets absurdes. De ces
refus naissent des mondes nouveaux. On bâtit, on cultive, on
organise nos vies ensemble. Nous avons cessé de croire que « la
croissance va reprendre et le chômage baisser », que « demain
ça ira mieux »... Nos vies sont belles MAINTENANT. Nous ne
sommes pas dans le refus de tout, bien au contraire : nous
défendons un certain rapport aux autres, à la terre et au monde.
Nous ne voulons ni « exploiter » ni « aménager »,
nous voulons « faire avec ». Cela bouleverse tout, de
notre intimité jusqu’à notre organisation politique, et c’est
pour cela que nous dérangeons.
Ici
à Roybon nous étions venu empêcher la construction d’une usine à
touristes et la destruction de ce milieu forestier, dénoncer les
magouilles de Pierre et Vacances et leurs fausses promesses. Comme à
Notre-Dame nous nous sommes installé.es et avons tissé des liens.
Et après l’abandon du projet de Center Parcs, nous ne savons pas
encore comment, mais nous resterons. Pour continuer à bâtir des
vies autres, et pour que cette lutte ne soit pas effacée par
l’histoire officielle.
Ceci
est un cri de victoire.
Ceci
est une invitation à se retrouver à Roybon, à Notre-Dame ou
ailleurs.
Ceci
est un encouragement à résister, à bâtir, à vivre.
Assemblée
de lutte contre Center Parcs
GCO :
De
nombreux rassemblements appelés par les opposant.e.s au Grand
Contournement Ouest de Strasbourg dans les prochais jours
Ce
Mercredi
7 février 2018
rendez-vous
devant la préfecture à Strasbourg de 17h à 19h.
A
l’appel d’habitant.e.s de la ZAD et militant.e.s du mouvement
anti-GCO, nous invitons villageois, paysans et élus impactés ou
non, militants du collectif et toutes celles et tous ceux qui
n’acceptent pas le déni de démocratie et qui sont d’accord avec
nous, à nous rassembler
tous les mercredi devant la préfecture* à Strasbourg de 17h à
19h dans un esprit non-violent, pacifiste, mais déterminés :
chacun amène de quoi partager un moment convivial. A vos panneaux,
banderoles et tout ce qui peut nous faire voir et passer des
messages. Soyez imaginatif.
Vendredi
9 février 2018
Une
action « Occupe ton rond-point » : à Vendenheim de
17h à 18h30 -infos
événement ici
Mercredi
14 février 2018
On
remet ça devant la préfecture à Strasbourg de 17h à 19h. A vos
panneaux, banderoles et tout ce qui peut nous faire voir et passer
des messages. Soyez imaginatif.
Vendredi
16 février 2018 Deux
actions « Occupe ton rond-point » programmées :
►à
Wolfisheim de 17h à 18h30 - Rond-point proche de l’A351 (à côté
du Super U) info
événement ici
Vendredi
16 février 2018
au
spot de Kolbsheim : projection-discussion-soutien du
documentaire « Nous
les zadistes RADIS-CO (zad de NDDL) » à partir 19h30 /
projection à 20h suivi d’une bouffe-discussion.
Samedi
17 et dimanche 18 février 2018
CARNA’ZAD
sur la ZAD du moulin à Kolbsheim. Week-end entre ateliers et moments
ludiques.
►EUROPACITY :
Nouvelle enquête publique sur le Triangle de Gonesse
Après
l’enquête publique de juin dernier préalable à la modification
du Plan local d’urbanisme (PLU) par la mairie de Gonesse (Val
d’Oise) et malgré l’avis défavorable rendu par le
commissaire-enquêteur le 30 juillet 2017, la déclaration
d’utilité publique (DUP) se prépare.
Une
nouvelle enquête publique concernant la zone d’aménagement
concerté (ZAC) du Triangle de Gonesse est donc ouverte jusqu’au
21 février. Elle constitue un préalable aux expropriations
devant être mises en œuvre dans le cadre du projet d’aménagement
du triangle de Gonesse et de l’enquête parcellaire préalable pour
obtenir la DUP foncière.
« Notre
détermination pour préparer l’avenir de Gonesse dans le cadre du
Grand Paris sera aussi forte en 2018 », a martelé le maire
(PS) de Gonesse Jean-Pierre Blazy lors de la présentation de ses
vœux à la population le 10 janvier dernier. M. Blazy a
précisé que 40 % du foncier avaient déjà été acquis par
l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France.
Une
réunion publique s’est tenue dans une atmosphère pesante le
31 janvier dans la salle municipale, où une trentaine de
personnes se réclamant d’un collectif des « vrais gens »,
arborant des t-shirts noirs « oui au Triangle de Gonesse »,
ont tenté de peser dans le débat. Seuls quatre élus de Gonesse ont
plaidé pour le projet.
Entre la France et l’Italie, un tunnel d’aberrations économiques
Trois
recours déposés mercredi 7 février contre le projet de tunnel
ferroviaire Lyon-Turin font apparaître des éléments dévastateurs
pour ce chantier à 26 milliards d’euros.
Un
silence de premier ministre en dit parfois plus qu’un long
discours. Lors de sa visite en Savoie en janvier, Édouard Philippe
n’a pas prononcé un mot en public sur le projet de tunnel
ferroviaire Lyon-Turin. L’encombrant dossier à 26 milliards
d’euros, concernant la construction d’un tunnel ferroviaire pour
transporter du fret et des personnes sous les Alpes entre la France
et l’Italie, a été tenu à distance par Matignon. Il avait
pourtant été confirmé par Emmanuel Macron lors d’un sommet
franco-italien à Lyon en septembre, sans que de nouveaux appels
d’offres ne soient lancés.
L’utilité
publique de ce projet pharaonique, fondé par un traité
international signé en 2001 par Paris et Rome, n’a jamais autant
été remise en cause. Dans
un récent rapport, la Commission d’orientation des
infrastructures suggère de reporter la réalisation des accès
français au tunnel : « La démonstration n’a pas été
faite de l’urgence d’engager ces aménagements, dont les
caractéristiques socio-économiques apparaissent à ce stade
clairement défavorables. » En juillet, la ministre des
transports Élisabeth Borne avait
annoncé mettre le Lyon-Turin en pause.
Mercredi
7 février, trois recours doivent être déposés contre la
prorogation de la déclaration d’utilité publique, datant de 2007
et rallongée de cinq ans en décembre 2017. Des riverains et
plusieurs associations saisissent le Conseil d’État et le
gouvernement : Vivre et agir en Maurienne, les Amis de la Terre
et des particuliers opposants au Lyon-Turin. Ce n’est pas la
première fois que le projet franco-italien est attaqué. Mais ces
nouvelles procédures font apparaître des éléments dévastateurs
pour le dossier : insondable flou des estimations de coût,
erreurs abyssales sur les chiffres de fréquentation, absence de
financement avéré.
Où
sont les financements du Lyon-Turin ?
Les
financements du Lyon-Turin se répartissent entre la France (25 %),
l’Italie (35 %) et l’Union européenne (40 %). Pour la
France, la somme s’élèverait à environ 2,2 milliards
d’euros pour le seul tunnel franco-italien, auxquels il faudrait
ajouter 2,57 milliards pour tenir compte de travaux supplémentaires
décidés en 2012.
En
juillet 2016, inaugurant le chantier, Manuel Valls a annoncé que la
France paierait 2,2 milliards d’euros sur dix ans. Mais cet
argent n’a pour l’instant pas été engagé par l’État. C’est
le ministère des transports qui le reconnaît dans une réponse à
la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), saisie
en septembre par Daniel Ibanez, opposant au Lyon-Turin, et Raymond
Avrillier, ancien élu écologiste de la mairie de Grenoble.
Élisabeth
Borne a informé la commission « qu’à ce jour les travaux
définitifs de la section transfrontalière n’avaient pas été
lancés » et que « les engagements financiers de
l’État correspondant à ces travaux n’avaient donc pas encore
été engagés ». Sollicité à ce sujet en décembre par
Mediapart, le ministère n’avait pas répondu à nos questions.
Pourtant, des travaux ont bel et bien commencé (lire
notre article). La galerie de reconnaissance de
Saint-Martin-la-Porte est en cours de creusement, « dans
l’axe et au diamètre du tunnel de base » précise Telt
(Tunnel euralpin Lyon-Turin), le maître d’ouvrage, une société
publique franco-italienne. Trois descenderies – puits donnant accès
au tunnel – ont déjà été réalisées.
Sur
quels fonds sont-ils financés ? Un indice apparaît dans le
droit de réponse d’un élu local, Michel Bouvard, ancien sénateur
et vice-président du conseil départemental de Savoie. Dans le
journal La Maurienne, il explique que les travaux actuels sont
définitifs et qu’ils ont été « basculés » en
travaux de reconnaissance « pour en permettre l’exécution
dans les meilleurs délais et bénéficier du financement de 50 %
de ces travaux par l’Union européenne ». Définitifs ou
provisoires ? La querelle du statut des travaux n’est que la
traduction d’une acrobatie budgétaire. Car de son côté, l’Union
européenne a accordé 813 millions d’euros de subvention au
Lyon-Turin sur l’exercice 2016-2019.
Mais cet argent ne peut venir
qu’en complément des fonds publics nationaux. L’Europe n’a
accepté de payer que 40 % des travaux. Il semble
qu’aujourd’hui, elle en soit la seule source financière.
Surtout, si toute la somme allouée n’a pas été dépensée à
temps, elle n’est pas reportée. C’est le principe « Use
it or loose it ». Si bien que la France a déposé une
demande de prorogation de la subvention jusqu’en 2023.
Ce bricolage budgétaire cache
mal une situation financière et juridique périlleuse pour le projet
de tunnel. Car le traité franco-italien de 2001 – article 16 –
exige la disponibilité des fonds en préalable au lancement des
travaux définitifs. Le Conseil d’État prend très au sérieux
cette question. En 2016, il a annulé la déclaration d’utilité
publique (DUP) de la LGV Limoges-Poitiers car elle ne contenait
« aucune information précise » sur son mode de
financement, entachant ainsi l’évaluation économique du projet
et, in fine, nuisant à l’information de la population.
Pour
Gwénola Brand, avocate de l’un des recours formés par des
opposants à la prorogation de la DUP : « Vous avez le
droit de proroger une DUP si les conditions n’ont pas été
modifiées. Or elles l’ont été. Le projet n’est plus le même :
le tunnel est différent, les coûts sont plus élevés. La Cour des
comptes alerte en 2012 et 2016 sur l’explosion catastrophique et
inquiétante des coûts de ce projet. »
Coûts
impossibles à déterminer
Extrait du
rapport des Ponts et chaussées de 2003 sur les infrastructures de
transport et le Lyon-Turin
Sur
ce graphique, datant d’un rapport de 2003 des Ponts et chaussées
et repris en 2009 par la Cour des comptes, on voit nettement « la
bosse » de dépenses du Lyon-Turin. En contradiction
flagrante avec le discours de l’exécutif sur la priorité aux
investissements pour les transports du quotidien.
Mais
d’un document à l’autre, les coûts du Lyon-Turin varient. En
2006, l’enquête publique estime que le projet coûtera en tout
16,9 milliards d’euros. Mais le tableau d’investissement
présenté dans l’enquête publique sur les accès français au
tunnel, en 2012, chiffre le total à 24 milliards (en valeurs
2009). En 2002, Telt estimait le coût du projet à 12 milliards
d’euros. Mais en 2012, la direction du Trésor l’a réévalué à
26,1 milliard d’euros. Pour Daniel Ibanez, un des requérants
contre la prorogation de la DUP, ce surcoût « doit être
regardé comme une modification substantielle de la rentabilité
interne interdisant toute prorogation de l’utilité publique ».
Il cite l’exemple des travaux d’études et de reconnaissances,
chiffrés à 371 millions d’euros en 2002, mais comptabilisés
à hauteur de 986 millions d’euros dans le bilan comptable de
la société en 2016. Soit trois fois plus.
De
son côté, Telt dément le moindre changement : « Les
faits sont les suivants : en euros constants, l'estimation du
coût de la section sous maîtrise d'ouvrage Telt (tunnel de base et
raccordement aux lignes historiques) n'a pas évolué depuis plus de
10 ans. »
Autre
aberration : le projet change de forme avec les années et les
documents. En 2006, l’enquête publique porte sur la construction
d’un tunnel alors qu’en 2012, la France s’engage pour
33 km de tunnels double tube en plus, appelés Belledonne et
Glandon. En 2006, l’enquête publique présente un tunnel de
53,1 km alors qu’en 2012, Telt annonce 57,5 km. Au départ, la
section commune part de la ville de Saint-Jean-de-Maurienne, pour
ensuite démarrer dans le sillon alpin. Non seulement le projet est
incompréhensible, mais ces modifications permanentes sapent
l’analyse de la rentabilité socio-économique du projet, qui n’est
plus calculée sur le bon périmètre d’investissement, analyse
Daniel Ibanez.
Gwénola
Brand estime que l’« on trouve dans ce dossier des
éléments assez inhabituels. À commencer par le caractère
extrêmement vague des coûts du projet, qui varient dans le temps.
Si vous lisez aujourd’hui l’enquête publique, vous êtes dans
l’incapacité de dire combien va coûter le Lyon-Turin. Vous ne
pouvez pas non plus savoir combien de temps le tunnel fera gagner au
transport de personnes et de marchandises. On y trouve aussi des
éléments très surprenants. Par exemple, le temps de trajet de la
ligne en prévision est indiqué sans prise en compte des temps
d’arrêt en gare et est comparé avec le temps de trajet actuel
avec la prise en compte des arrêts en gare. J’ai rarement vu un
dossier aussi orienté dans la présentation de l’intérêt du
projet. C’est paradoxal compte tenu de l’ampleur de ce projet et
de son coût. On est face à une décision politique ».
Chiffres
de fréquentation gravement erronés
Autre
faille béante du dossier : les prévisions erronées de
circulations routières et ferroviaires de marchandises. En 2006,
l’enquête publique s’attend à 2,8 millions de poids lourds en
2017 dans le trafic des tunnels de Fréjus et du Mont-Blanc. Mais en
2017, n’y passèrent qu’1,4 million de camions, un peu moins de
la moitié. Pour le ferroviaire, en 2006, le maître d’ouvrage
s’attend à 16 millions de tonnes de fret en 2017 sur
l’actuelle ligne de Modane. Mais le maximum constaté a été de
3,5 millions, décrit Daniel Ibanez. Au total, le tonnage de
marchandises ayant circulé aux passages routiers et ferroviaires a
été d’environ 25 millions de tonnes en 2017, contre 61,1 annoncés
par le maître d’ouvrage.
Ces
écarts très significatifs entre estimations prospectives et réalité
observée faussent le bilan socio-économique du projet, déclaré
d’utilité publique. Daniel Ibanez : « Il y a un
arbitrage à faire entre la situation réelle et les prévisions de
fréquentation ferroviaire et routière du maître d’ouvrage. Elles
se sont substantiellement trompées, elles sont hyper exagérées.
Résultat : en tenant compte des chiffres réels de
fréquentation, le projet ne répond plus aux critères d’utilité
socio-économique. »
Les
effets de ce type d’erreurs sont très concrets. En 2015, la LGV
Perpignan-Figueras a été placée en liquidation judiciaire à cause
de ses pertes financières. Le transport de fret n’a atteint que
8 % des prévisions et celui des personnes 15 %, selon le
rapport financier SNCF Réseau de juin 2016.
L’exemple frappe
d’autant plus l’esprit que ce tronçon figure dans le même
corridor européen que le Lyon-Turin, dont le bassin de population
est deux fois moindre. Le prix du kilomètre de ligne était de
24,8 millions d’euros. Si l’on se fonde sur une somme de
10,4 milliards d’euros pour le tunnel de base du Lyon-Turin
(57 km), le coût du kilomètre atteindrait 174 millions
d’euros.
Des
alternatives qui ne sont pas prises au sérieux par les décideurs
Alors
que l’expertise de la haute administration insiste depuis le
départ, en 1998, sur l’absence de saturation et la possibilité de
renforcer les flux sur les rails existants, les gouvernements l’ont
toujours ignoré. En 2003, le Conseil général des ponts et
chaussées et l’Inspection générale des finances estiment qu’« il
est improbable que les infrastructures existantes soient saturées en
2015 ». Au même moment, Réseau ferré de France (RFF)
défend la modernisation des lignes existantes, afin d’améliorer
les capacités de transit.
« Contrairement
à ce qu’il s’est passé pour Notre-Dame-des-Landes, où jusqu’au
bout la DGAC a refusé d’accepter le développement de l’actuel
aéroport, pour le Lyon-Turin, depuis le premier jour la haute
administration a dit que les lignes actuelles n’étaient pas
saturées et répondaient aux besoins », résume Daniel
Ibanez.
Dix-sept
ans après la signature de son traité fondateur, ce dossier
d’aménagement est devenu monstrueux par sa taille et sa
technicité. Mais les questions qu’il soulève sont très simples :
Qui définit l’intérêt général en fonction de quels critères ?
Pourquoi un projet peut-il être modifié après avoir été déclaré
d’utilité publique ? Pourquoi les alertes de l’administration
n’ont-elles pas été entendues ? Comment expliquer que les
gouvernements successifs envisagent de dépenser autant d’argent
public pour un tunnel, alors que les voies de transport environnantes
ne sont pas saturées ? Toutes les failles démocratiques mises
en exergue par les médiateurs au sujet de l’aéroport de
Notre-Dame-des-landes (mauvaise information du public, absence
d’étude sérieuse d’alternatives, vision biaisée de l’intérêt
général) se retrouvent dans le dossier du Lyon-Turin.
Jade
Lindgaard – Médiapart
En Maurienne, le village qui dit non
Privée de ses sources
d'eau, menacée par des mètres cubes de remblais : en
Maurienne, la commune de Villarodin-Bourget, 520 habitants, paie un
lourd tribut à la construction de la ligne ferroviaire. L’opposition
au Lyon-Turin s’y organise.
Villarodin-Bourget
(Savoie), envoyée spéciale.- L’abandon du projet d’aéroport
à Notre-Dame-des-Landes (NDDL) les fait rêver. À quelques
kilomètres en amont de Modane, à l’entrée de la Haute-Maurienne,
les habitants de Villarodin-Bourget combattent eux aussi un de ces
grands projets qu’ils étiquettent « inutiles et
imposés » : le Lyon-Turin ferroviaire. « NDDL,
c’est un peu une jurisprudence. Peut-être va-t-on arrêter de
décider à notre place et enfin s’interroger sur le
bien-fondé d’un projet décidé en 1991 sur la base de prévisions
de trafics surestimées ? », espère le maire adjoint
Philippe Delhomme. Le parallèle avec l’aéroport avorté du
Grand Ouest s’arrête toutefois là. Dans les montagnes savoyardes,
nulle ZAD pour incarner l’opposition et attirer l’attention des
autorités publiques et des médias. Nul signe extérieur
d’insurrection. Juste une commune pacifiquement rebelle, la seule
de la vallée de la Maurienne à oser s’opposer à ce projet d’une
ligne à grande vitesse dont 80 % de l’activité serait
consacrée au fret, et qui nécessite le
percement d’un tunnel de 57 kilomètres sous les Alpes.
Le
conflit de « la descenderie »
Étendue sur deux versants, la commune est située dans le parc national de la Vanoise. Côté ubac, le village de Villarodin et la station de ski de La Norma ; côté adret, Le Bourget. Et au milieu coule une rivière, l’Arc. Sous la neige, on aperçoit vaguement un terre-plein bétonné, en contrebas du Bourget. C’est l’entrée de la « descenderie », l’objet du premier conflit. Cette galerie, réalisée entre 2003 et 2007 par la société Tunnel euralpin Lyon-Turin (Telt), le promoteur chargé de la réalisation de la section transfrontalière, s’enfonce sous la montagne pour rejoindre le tracé du futur tunnel. En phase de construction, la descenderie sera utilisée pour excaver le tunnel de base et remonter les déblais. Une fois l’ouvrage en fonction, elle servira à la ventilation et à l’accès des équipes de maintenance et de secours.
Les quatre années de chantier de la descenderie restent un cauchemar pour les habitants : ballet incessant de camions, de jour comme de nuit, tirs de mines, flots de poussière lâchés par l’unité de concassage… « Ils [les promoteurs du Lyon-Turin] avaient dit que les déblais seraient évacués par bande transporteuse, rappelle le maire, Gilles Margueron, mais elle n’a fonctionné que trois mois, ils ont tout transporté en camions. » « Ils avaient promis de ne pas faire de tirs d’explosifs la nuit, mais on était sans arrêt réveillés », ajoute Philippe Delhomme.
Un
beau matin, Villarodin-Bourget s’est aussi retrouvée « à
sec », les fontaines taries, tout comme une partie du réseau
communal d’eau potable. « En creusant, ils avaient capté
les sources qui alimentaient le village », explique le
maire adjoint. Telt reconnaît la responsabilité du chantier dans
l’assèchement de la commune et, en compensation, construit un
aqueduc de cinq kilomètres pour acheminer l’eau d’une source
d’altitude, sous le col de la Masse. Mais trop peu minéralisée,
celle-ci doit être mélangée à de l’eau venue de La Norma pour
être potable.
Pas
de quoi rassurer les élus locaux. « La
source du col de la Masse n’est pas pérenne car elle provient
de névés. Or ici, nous sommes dans le pôle de sècheresse de la
Savoie, avec un
déficit pluviométrique marqué. S’ils ont préféré financer
une nouvelle canalisation plutôt que de nous rendre les sources,
avance Philippe Delhomme, c’est
qu’ils vont avoir besoin d’eau en quantité phénoménale pour le
forage du tunnel et l’avancée du tunnelier. »
Une interprétation que Telt rejette vigoureusement. « L’eau
ne disparaît pas,
rétorque Éric Vaillaut, responsable de la concertation avec les
collectivités locales. Elle
reste dans le massif. Elle est pompée en permanence dans la
descenderie, puis rejoint des bassins de décantation, avant d’être
rejetée dans l’Arc. »
« D’ailleurs,
l’association de pêche de Villarodin utilise les bassins pour
élever des truites »,
souligne-t-il.
Après les poissons, les moutons
Au
bord de la rivière, justement, se dresse une drôle de colline aux
contours bien réguliers sous la neige : c’est là que Telt a
entassé 500 000 mètres cubes de déblais. « Ils
avaient promis qu’ils seraient stockés provisoirement puis
enterrés ou valorisés pour les voies ferrées », affirme
le maire. Malgré l’opposition vigoureuse des habitants et de la
direction du parc de la Vanoise, le dépôt est resté « dans
une zone à fort risque d’inondation ». « On ne
peut plus s’en débarrasser car la butte a été terrassée,
végétalisée », soupire l’élu. Là encore, Telt se
défend en jouant la carte écolo. Après les poissons, les moutons :
« Aujourd’hui, grâce au succès de la revégétalisation
du site, des agriculteurs y font paître leurs troupeaux »,
vante Éric Vaillaut.
La
commune n’en a pas fini avec les avanies : Telt va implanter
la zone de chantier du tunnel de base dans le secteur des
Moulins, un terrain composé de dizaines de parcelles de jardins en
cours d’expropriation. « On aura une carrière à ciel
ouvert au cœur des trois villages et cela durant dix à quinze ans,
sans parler du défilé des camions, déplore Gilles Margueron.
Pour nous qui vivons essentiellement du tourisme, c’est un coup
dur. » Les élus s’opposent aussi à l’ensevelissement
de la commune sous le monceau de déblais que Telt leur réserve :
3 à 4 millions de mètres cubes devraient être entreposés sur une
zone aujourd’hui recouverte de pins sylvestres. « Telt va
revaloriser un maximum de déblais, sous forme de granulats pour le
béton ou les chaussées, minimise Éric Vaillaut. Notre
objectif n’est pas de les mettre en tas. »
Les
élus de Villarodin ont beau se battre pied à pied contre le projet,
ils enchaînent les défaites : malgré une majorité de voix
contre, qui se sont exprimées durant l’enquête publique en 2010,
et la preuve apportée que les enquêtes d’impact environnemental
avaient été bâclées, le préfet délivre la déclaration
d’utilité publique. La commune écope des déblais honnis. « On
a été obligé par l’État d’inscrire dans notre plan local
d’urbanisme une zone réservée Lyon-Turin », se résigne
le maire. Conséquence, Telt peut racheter les terrains expropriés
pour une bouchée de pain : « De 50 centimes d’euro
le mètre carré pour la bonne terre des jardins de la zone des
Moulins, on a seulement obtenu de monter à 2 euros »,
ajoute Gilles Margueron, amer.
Longtemps,
la majorité des habitants et des élus ont été favorables au
Lyon-Turin, se souvient l’élu, qui dirige l’école de ski de La
Norma. « On pensait que c’était la bonne solution pour
délester l’autoroute des camions. À vrai dire, on ne savait pas
grand-chose du projet », reconnaît-il. En Maurienne, les
habitants sont plutôt taiseux sur le sujet. « Ils ne
bougent pas tant qu’ils n’ont pas un caillou dans leur jardin,
regrette le maire. Alors que le projet concerne toute la région,
les Alpes ! »
Le
fatalisme résigné d’une vallée habituée aux grands chantiers
imposés par l’État – des barrages hydroélectriques à la
construction du tunnel du Fréjus, puis l’autoroute de Maurienne –
le dispute à l’espoir d’une manne économique. Telt fait
miroiter la création de 6 000 à 10 000 emplois
directs et indirects sur les dix ans que durera le chantier de
construction du tunnel, dont une majorité sera réservée aux
Mauriennais. « Mais quid des emplois qui seront
supprimés ? » interroge Philippe Delhomme, qui
évoque, à titre d’exemple, la fermeture annoncée des gares de
Modane et de Saint-Michel-de-Maurienne.
Pour
garder sa liberté d’expression et de contestation, le conseil
municipal a décidé de bloquer l’argent issu de la vente de
terrains communaux expropriés sur un compte à la Caisse des dépôts.
« On n’y touchera pas, assure le maire. On ne veut
pas collaborer au chantier. » Dans cette même logique, les
élus ont aussi voté le refus des aides et compensations financières
que Telt distribue aux communes de Maurienne. Un fonds
d’accompagnement et de soutien territorial (Fast) de 32 millions
d’euros, mis en place par l’État en 2015, est géré par Telt
pour les mesures compensatoires et l’aide au développement
territorial. Quant au « contrat de territoire » Grand
Chantier signé en 2016 par l’État, la Région, le département de
la Savoie et le syndicat du pays de Maurienne, il alloue, d'ici à
2020, 40,7 millions d’euros à l’accompagnement du chantier et du
territoire.aver le tunnel de base et remonter les déblais. Une fois
l’ouvrage en fonction, elle servira à la ventilation et à l’accès
des équipes de maintenance et de secours.
« Comment
voulez-vous que les communes osent s’opposer ensuite ? »
interroge Philippe Delhomme. Même Villarodin-Bourget a cédé une
fois au rouleau compresseur de la tentation, confesse Gilles
Margueron : « On a accepté de l’aide pour la
construction de la maison d’assistance maternelle. » Une
petite brèche qu’Éric Vaillaut ne manque pas de souligner :
« Villarodin-Bourget a profité du Fast pour ce projet. On
sait que le maire ne nous aidera pas, précise-t-il. Mais on
continue de discuter avec lui. »
À
Villarodin-Bourget, l’opposition s’est initialement cristallisée
autour des nuisances, « sur la seule défense de notre
territoire », reconnaît Gilles Margueron. Lorsqu’il est
élu, en 2008, avec une équipe municipale opposée au Lyon-Turin,
mais isolée dans la vallée, il cherche du soutien auprès des NO
TAV du val de Suse, qui connaissent le projet sur le bout des doigts.
Les élus rencontrent aussi la figure de la coordination française
contre le Lyon-Turin, Daniel Ibanez. « Là, on a compris
qu’on nous avait menti : le trafic des camions dans la vallée
n’a pas été multiplié par cinq, comme on nous l’annonçait
dans les années 1990, et il y a bien une solution alternative avec
la ligne ferroviaire existante », résume Philippe
Delhomme.
« Les
élus de Villarodin-Bourget ont constaté que claquer 26 milliards
pour ce projet, c’est irresponsable, confirme Daniel
Ibanez. Les prévisions des promoteurs du Lyon-Turin
tablaient sur un trafic de 2,7 millions de poids lourds par an entre
la France et l’Italie. Aujourd’hui, en cumulé aux tunnels du
Mont-Blanc et du Fréjus, il n’en passe que 1,36 million. Depuis
vingt ans, tous les services de l’État – du Conseil général
des ponts et chaussées à l’Inspection générale des finances –
dénoncent ces hypothèses de trafic surestimées et rappellent que
la ligne ferroviaire existante sous le tunnel du Fréjus n’est ni
saturée ni obsolète. »
À
Villarodin-Bourget, la contestation a mûri au fil des années,
passant du « nymbisme »
à l’opposition franche et globale. La commune remet aujourd’hui
en cause l’utilité publique même d’un projet pharaonique et
irréversible, une fois le tunnel sous les Alpes creusé. Les
préconisations du rapport Duron, remis
au gouvernement jeudi 1er
février, ont de quoi les réjouir. Si la ligne ferroviaire en
elle-même – projet hautement politique et diplomatique puisque
relevant des relations entre la France et l’Italie – n’est
pas remise en cause, le rapport Duron égratigne sa justification, à
savoir les prévisions d’augmentation du trafic de fret entre les
deux pays. « Les
caractéristiques socio-économiques apparaissent à ce stade
clairement défavorables »,
écrit le COI. Il en conclut que les travaux d’accès au tunnel
transfrontalier seront au mieux « à
engager après 2038 ».
Eliane
Patriarca (Médiacités)
sur
Médiapart
Côté italien, le débat s’est émoussé
Plutôt
absente de la campagne électorale, la question de la ligne
Lyon-Turin pourrait resurgir de plus belle après le vote du 4 mars.
Surtout en cas de victoire du Mouvement 5 étoiles, dont le chef de
file a dit vouloir bloquer le projet.
C’est
un
peu Notre-Dame-des-Landes en version transalpine. Le chantier le plus
controversé du pays. En Italie, la question de la construction de la
ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin (appelée TAV, Treno
Alta Velocita) a longtemps été au centre des débats. Voilà une
vingtaine d'années que les habitants du val de Suse protestent
contre ce projet et, depuis cette région du Piémont, le conflit
s'est déplacé vers les hautes sphères de la politique, où les
positions divergent.
Historiquement,
les partis de droite et le Parti démocrate (PD) sont favorables à
la TAV, alors que la gauche plus critique y est opposée. Mais
l'opposition à la construction de la ligne Lyon-Turin a surtout été
un cheval de bataille du Mouvement 5 étoiles. Depuis toujours
opposé au projet, le M5S voit dans la TAV le symbole même de ces
« grands travaux inutiles » qui coûtent cher et
n'apportent rien au pays. Beppe Grillo lui-même s’est rendu
plusieurs fois dans le val de Suse d’où, en
2011, il avait harangué les manifestants NO TAV avec des
déclarations au vitriol : « Ici, l’État est en
train de tester la dictature… ce que nous sommes en train de faire,
c'est une guerre civile. »
Depuis
les élections législatives de 2013, l'attention médiatique autour
de la construction de la ligne Lyon-Turin est progressivement
retombée. La question est absente de la campagne électorale. Mais
tel un vieux serpent de mer, elle devrait bientôt resurgir. Si la
coalition de droite (formée par Forza Italia, la Ligue du Nord et
Fratelli d'Italia) remportait le scrutin du 4 mars, nul doute que le
projet continuerait. Durant ses deux mandats de président du Conseil
(de 2001 à 2006 et de 2008 à 2011), Silvio Berlusconi a poursuivi
le projet de la TAV.
Dans l’éventualité d'un gouvernement mené par le Parti démocrate, là aussi, le projet de la TAV devrait se poursuivre. En 2013, Matteo Renzi écrivait dans son livre Oltre la rottamazione (Au-delà du renouvellement) que « la TAV risqu[ait] d'être un investissement hors d'échelle et hors du temps » et parlait « d'ouvrage inutile ». Mais depuis, de l'eau a coulé sous les ponts puisque sous son mandat, le projet a bel et bien continué. Le programme du PD pour ces élections ne cite pas directement ce dossier mais, en l'état actuel des choses, rien n'indique que les démocrates pourraient changer d'opinion sur la question.
Pour les opposants au projet, l'espoir réside donc surtout dans un éventuel exécutif 5 étoiles ; afin de balayer tous les doutes, le 10 septembre dernier, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement, déclarait que « si nous gouvernons, nous bloquerons la TAV ». Mais si à première vue la ligne du M5S semble claire, force est de constater que le programme du Mouvement version 2018 ne mentionne pas l’arrêt de la TAV. On y parle « de mettre un terme à la période des grands travaux inutiles », mais sans citer explicitement la ligne Lyon-Turin. Un détail peut-être, mais le programme du 5 étoiles en 2013 stipulait lui, noir sur blanc, la volonté d’« arrêter immédiatement la TAV dans le val de Suse ».
Malgré
cet “oubli”, difficile de croire que le Mouvement 5 étoiles
n’arrêterait pas la construction de la ligne Lyon-Turin en cas de
victoire aux élections. En ce sens, la nouvelle candidature au siège
de sénateur, dans les listes du M5S piémontais, du militant NO
TAV Marco Scibona représente un message clair. En réalité, le vrai
problème pour Di Maio consistera à trouver une majorité
parlementaire pour arrêter le projet. Les voix du M5S ne suffiront
sûrement pas ; mais alors, vers qui se tourner ?
Il
faudra nécessairement regarder à gauche du PD, mais la liste Libres
et égaux ne semble pas faire de l'arrêt de la TAV une priorité,
puisque celle-ci n'est jamais citée directement dans son
programme, même si l'on y déclare que les investissements publics
doivent être « diamétralement opposés à la logique des
grands travaux ».
Finalement,
le seul mouvement qui se présente aux élections en citant
explicitement la ligne Lyon-Turin dans son programme est Potere al
Popolo (« le pouvoir au peuple »). Ici, il est écrit
noir
sur blanc qu'il faut aller vers « un
arrêt des grands travaux, en commençant par la TAV en val de
Suse ».
Par ailleurs, le mouvement présente, dans la circonscription du
Piémont, la candidate Nicoletta Dosio, une militante NO TAV de
longue date. Néanmoins, si l'on se fie aux sondages, Potere al
Popolo a peu de chances de faire élire des représentants au
Parlement lors des prochaines élections. Après le 4 mars, le
Mouvement 5 étoiles risque donc de se retrouver sans alliés dans sa
bataille contre la ligne Lyon-Turin. Une situation qui ne fera pas
peur au Mouvement, lequel a jusqu'ici construit son succès grâce à
ses batailles menées en solitaire.
Beniamino
Morante
-
Médiapart
Après NDDL, maintenant Bure !
Il
est clair que le gouvernement se servirait bien de la vitrine de
l’abandon de l’aéroport à NDDL pour avancer au bulldozer sur
les autres grands projets inutiles et imposés comme Bure, étouffer
la lutte sous la pression policière et l’asphyxie judiciaire. Nous
appelons à un week end de mobilisation le 3-4 mars
Au lendemain de la fête pour l’abandon de l’aéroport à Notre dame des Landes le 11 février, alors que nombre d’opposants à la poubelle nucléaire CIGEO étaient parties dans l’ouest, une dizaine de gendarmes s’engouffraient au petit matin dans le bois Lejuc. Travail de reconnaissance pour une future expulsion ou simple provocation ?
Ce
qui est certain, c’est qu’ici à Bure, la tension monte autant
que la lutte s’accroît et se renforce. Les prochains mois vont
être déterminants. Des rumeurs courent dans le Canard enchainé que
Macron souhaiterait expulser la zone au printemps en même temps que
Roybon. Les procès s’enchainent : mi janvier un camarade a
été condamné à un mois de prison ferme pour rébellion au cours
de la perquisition que nous avons subi. Il avait refusé de se lever
de son lit. C’est historique. C’est la première fois qu’un ami
prend du ferme. Le 13 février, deux opposants seront également
jugés pour la destruction du mur illégal construit par l’Agence
nationale de gestion des déchets radioactifs en aout 2016. Cet acte
de sabotage collectif et joyeux avait ouvert la voie à l’occupation
du bois Lejuc pour stopper les travaux de la poubelle nucléaire.
Plus généralement, plane au dessus de nous le délit d’association
de malfaiteurs. Une peine qui peut valoir jusqu’à 10 ans
d’emprisonnement. Est-ce à ce prix là que nous devons payer notre
engagement contre l’un des projets les plus nuisibles de notre
époque ?
Il
est clair que le gouvernement se servirait bien de la vitrine de
l’abandon de l’aéroport à NDDL pour avancer au bulldozer sur
les autres grands projets inutiles et imposés, étouffer la lutte
sous la pression policière et l’asphyxie judiciaire.
Nous
devons être vigilant.e.s. La conflictualité et les projecteurs
médiatiques vont peu à peu se déplacer d’ouest en est. Bure sera
sans aucun doute la seconde manche dans cette bataille que nous
menons corps à corps contre l’État et les aménageurs. Les
autorités seront mieux armées que dans le bocage nantais, ils
auront eu le temps de mûrir leur premier échec et seront renforcés
par le poids du lobby nucléaire.
Face
à ces menaces, nous devons répondre par un sucroit de solidarité
et se préparer à défendre ardemment le bois Lejuc. Partout en
France, des copain.e.s s’organisent, construisent des cabanes,
relayent, informent pour contrer la propagande de l’industrie
atomique. Le mouvement ne cesse de grandir depuis plusieurs années,
et sur place nous n’avons jamais été aussi nombreux, combien
serons nous demain ?!
Nous
appelons à venir à Bure le week-end du 3 et 4 mars pour marcher
vers la forêt et montrer notre soutien aux occupant.e.s du bois
►Syrie
Retour en images sur la mobilisation à Paris samedi, contre le gouvernement turque et les pratiques meurtrières d’Erdogan, notamment sur Afrin, commune de Syrie du Nord. Pour plus d’infos sur ce qu’il se passe à Afrin, ça se passe (entre autres) par ici.
Infos
du 12
au 18
février
Mardi
13 février
À Bure, l’État harcèle les opposants à la poubelle nucléaire
Deux
procès d’antinucléaires s’ouvrent aujourd’hui mardi à
Bar-le-Duc. Ils sont l’écume de vagues répétées d’inculpation
sous les prétextes les plus divers. L’objectif de cette stratégie
judiciaire est de faire taire les opposants à la poubelle nucléaire
de Bure.
Ce
mardi 13 février au tribunal correctionnel de Bar-le-Duc
(Meuse) se joue un nouvel épisode dans la bataille judiciaire que
semblent mener les pouvoirs publics contre les opposants à la
poubelle nucléaire de Bure.
Deux
procès, trois accusés, qui viennent s’ajouter à la longue liste
des interpellés, gardés à vue, mis en examen, condamnés. Premier
volet de cette énième audience, deux sexagénaires, retraités et
militants historiques de la lutte antinucléaire, comparaissent pour
dégradation du bien d’autrui commise en réunion et refus de
prélèvement ADN. D’après l’Agence nationale pour la gestion
des déchets radioactifs (Andra), à l’origine de la plainte, ils
ont activement participé le 14 août 2016 à l’abattage d’un
mur dans le bois Lejuc, censé protéger la zone où elle projetait
alors de réaliser les travaux préparatoires au chantier de Cigéo.
Comme
l’avait raconté Reporterre,
ce jour-là, 400 personnes se sont livrées à « un
acte de sabotage collectif et joyeux »,
renommé poétiquement « la
chute du Bure de Merlin ».
Trois générations étaient présentes, des locaux, des militants
historiques, des jeunes, des paysans, certains masqués, d’autres
non, contre ce mur devenu le symbole du passage en force de l’Andra.
Quelques semaines plus tôt en effet, le tribunal de grande instance
de Bar-le-Duc avait condamné les défrichements illégaux de l’Andra
et enjoint l’agence à réhabiliter la forêt dans un délai de six
mois.
« Des centaines de mauvaises photos pixelisées prises par hélicoptère ne veulent rien dire »
Pourquoi
alors cibler deux personnes en particulier parmi les centaines
présentes ?
D’après
le ministère public, les deux prévenus ont été identifiés grâce
à des photos prises depuis un hélicoptère de la gendarmerie :
« Un
était vu en train de tirer sur une corde afin de faire tomber des
éléments du mur, l’autre apparaissait en train de donner des
directives »,
a détaillé Olivier Glady, procureur, à nos confrères de L’Est
républicain.. L’Andra a chiffré les dégâts à 1,6 million
d’euros.
Pour
Me Ambroselli, l’avocat des deux opposants, « ce procès
vise, en désignant deux boucs émissaires, à diviser l’ensemble
du mouvement. Ils ont choisis de poursuivre non pas des
“casseurs”, non pas des “zadistes”, mais deux
retraités connus comme le loup blanc, engagés de longue date, pour
faire peur à tous les militants associatifs »,
analyse-t-il. Une opposante abonde : « Ce qui gêne les
pouvoirs publics, c’est cette union entre des citoyens qui
privilégient les moyens légaux de lutte, avec d’autres, plus
tournés vers la désobéissance civile. » Faire peur pour
faire taire, attaquer en justice pour diviser sur le terrain.
Car,
pour étayer les faits, le dossier pénal parait bien mince :
« Des centaines de mauvaises photos pixelisées prises par
hélicoptère ne veulent rien dire, estime Me Ambroselli.
S’il faut condamner toutes les personnes qui étaient présentes
le 14 août, on n’a pas fini d’avoir des procès ! »
Une membre de l’équipe juridique de la lutte anti-Cigéo, qui a
épluché le dossier, approuve :« Ce n’est pas à
nous de faire la preuve de notre innocence. Il n’y a pas d’élément
à décharge dans ce dossier ; nulle part, il n’y est fait
mention de l’illégalité du défrichement, de la remise en cause
de la propriété de l’Andra sur le bois. » Sur cette
affaire comme sur les autres, l’Andra n’a fait aucune
communication, préférant « ne pas commenter les procédures
en cours ».
Ce
mardi sera jugé un autre opposant, un Meurthe-et-Mosellan de 22 ans
poursuivi pour diffamation. Dans un témoignage livré au site
Mediapart, il avait accusé un commandant de gendarmerie de
l’avoir étranglé lors d’une manifestation le 18 février
2017.
Voici
ce qu’il écrivait à propos de sa participation à la
manifestation du 18 février, au cours de laquelle des grilles
entourant les bâtiments de l’Andra ont été mises à terre :
« J’ai
voulu faire tomber une grille de plus, alors que le groupe se
repliait (…) Malheureusement, j’ai fini plaqué au sol par un
gendarme. L’interpellation a duré plusieurs longues minutes. Je
n’arrêtais pas de leur parler, d’exprimer l’indignation contre
ce projet (…) Mais le commandant Dubois est venu redonner par sa
présence la force de la soumission qu’incarne sa supériorité
hiérarchique. J’ai continué tout de même à parler, le
commandant m’a étranglé pendant plusieurs longues secondes pour
que je me taise. Je ne pouvais ni respirer ni parler. Des marques de
strangulations seront notées par le médecin pendant ma garde à
vue. »
À la suite de cette déclaration, le commandant Dubois a porté
plainte pour diffamation.
« Tout devient prétexte à jugement : ainsi, on nous construit des carrières judiciaires »
Dégradation
en réunion, diffamation : des procédures « ordinaires »,
pourrait-on dire. Si ces deux procès cristallisent autant
l’attention — un grand rassemblement est prévu devant le
tribunal avec le soutien de plusieurs partis et organisations
syndicales ou associatives —, « c’est
qu’ils reflètent le tournant judiciaire de la répression et la
criminalisation du mouvement »,
estime Jean-Marc Fleury, de l’association des élus de Lorraine et
Champagne-Ardenne opposés à l’enfouissement des déchets
radioactifs (Eodra). En un an, près de quinze procès contre des
opposants anti-Cigéo ont eu lieu, donnant lieu à des condamnations
à des amendes ou à de la prison avec sursis. Lors de la première
audience de l’année, le procureur de la République Olivier Glady
a
d’ailleurs prévenu qu’il n’était pas question « qu’une
partie du territoire de la République échappe à l’application
des règles de droit ».
En
janvier, un militant, vivant à la Maison de la résistance à Bure
lors de la perquisition du 20 septembre 2017, a écopé d’un
mois de prison ferme pour rébellion et refus de test d’alcoolémie.
« C’est tombé sur moi, mais ça aurait pu être n’importe
qui d’autre, observe-t-il. Les gendarmes m’ont réveillé
à 6 h du matin, ils m’ont bousculé, emmené manu militari.
Oui, je me suis cogné la tête contre un mur, j’ai refusé le
contrôle, je n’ai rien déclaré pendant la garde à vue, mais je
ne suis coupable de rien ! C’est absurde, on n’a jamais vu
une condamnation aussi lourde pour aussi peu de choses. »
Certains sont convoqués pour refus de prélèvement d’ADN, d’autres pour outrage. En mars prochain, un opposant connu pour cultiver un grand jardin sera jugé pour « port d’armes » : dans sa camionnette, les gendarmes auraient trouvé… une pelle à tarte, un câble électrique et deux opinels.
« À
défaut de nous reprocher des faits concrets, on se retrouve à
devoir répondre d’un véhicule mal garé ou pour une pelle à
tarte, note un opposant qui préfère rester anonyme. Tout
devient prétexte à jugement : ainsi, on nous construit des
carrières judiciaires. Nous devenons connus de la justice, connus de
la police, et donc suspects de tout. Nous nous retrouvons ainsi la
cible de la surveillance et de la répression. » Ainsi,
cette jeune femme qui, lors d’un banal contrôle d’identité dans
une gare, découvre qu’elle est fichée S et est donc signalée
comme « en lien avec des mouvements violents ».
Son tort : être passée à Bure.
Un
harcèlement judiciaire qui pourrait s’intensifier dans les mois à
venir, à la suite de l’enquête pour association de malfaiteurs
lancée dans la foulée des dégradations commises à
l’hôtel-restaurant de l’Andra à Bure en juin dernier. Dans ce
cadre, cinq
perquisitions ont été menées dans des domiciles d’opposants en
septembre, et les convocations en audition libre se sont succédé.
« Nous
avons de bonnes raisons de penser que ces convocations vont aller en
s’intensifiant au cours de l’année 2018 et qu’elles visent à
nourrir une procédure bien plus lourde destinée à étouffer la
lutte avec sa judiciarisation et une intimidation policière »,
écrit l’équipe juridique du mouvement. « L’association
de malfaiteurs institue un cadre pervers, car tout le monde peut se
retrouver dedans : les associations qui aident financièrement,
les gens qui hébergent, les agriculteurs qui prêtent du matériel.
Cela crée une psychose car tout ce que nous faisons et déclarons
peut être retenu contre nous »,
observe un militant qui s’est penché sur la question.
En parallèle, la pression policière s’intensifie à Bure et alentour
Pour
les associations antinucléaires, « ce
dispositif judiciaire s’appuie sur une motivation politique qui a
pour objectifs de décourager les personnes de plus en plus
nombreuses rejoignant le mouvement antinucléaire et de construire de
toutes pièces une grossière image d’organisation préterroriste,
d’un dangereux réseau de militant-es écologistes français et
même étrangers ».
Face à « cette
pluie de convocations »,
elles ont lancé une pétition
et un appel à la mobilisation dénonçant « une
campagne de diabolisation, uniquement destinée à justifier une
répression de plus en plus lourde » :
désormais, « tout
est prétexte à nous convoquer, devant les gendarmes jusqu’aux
tribunaux. On nous filme, on nous fiche, on prend nos empreintes
digitales et notre ADN, on perquisitionne nos outils de communication
et nos maisons, on nous surveille : on nous harcèle. »
En
parallèle de la judiciarisation de la répression, la pression
policière s’intensifie à Bure et alentour. Au bois Lejuc, les
opposants voient arriver chaque semaine des gendarmes agressifs :
« Certains nous lancent des insultes homophobes, nous
provoquent, ils urinent sur les barricades », témoigne
l’un des habitants. Plusieurs personnes nous ont par ailleurs
indiqué qu’une équipe de gendarmes de Toulouse aurait
explicitement fait référence à la répression menée à Sivens
afin d’intimider les opposants. Pour les gens du coin, il est
devenu impossible de se déplacer sans être contrôlé, filmé,
photographié. Un habitant de Bonnet, à quelques kilomètres de
Bure, nous fait part de sa lassitude : « Des véhicules
banalisés s’arrêtent régulièrement devant chez moi. Pourtant,
ils ont déjà pris des dizaines de photos, connaissent ma plaque
d’immatriculation par cœur. Que veulent-ils de plus ? »
Comme d’autres, il a pris l’habitude lui aussi de filmer et de
photographier ces intrusions. « Témoigner de ce que nous
vivons, c’est notre meilleure réplique », assure-t-il.
Pour
le moment, loin de se scinder, le mouvement semble avoir gardé sa
farouche détermination et son sens de l’humour : ce mardi,
des places pour assister à « la
comédie andra-matique Les inculpés du mur, au théâtre de la
Justice, par la compagnie Les hiboux de Bure »
seront distribuées.
Bure : « Nous sommes tous des tombeurs de mur »
Audience
très politique, mardi 13 février, au tribunal de grande instance de
Bar-le-Duc, où étaient jugés deux hommes pour la démolition d’un
mur érigé par l’agence des déchets nucléaires dans une forêt
de la Meuse, ainsi qu’un troisième militant, pour la publication
d’un billet de blog sur Mediapart.
Bar-le-Duc
(Meuse), envoyée spéciale.- C’est mardi gras et dans la
salle d’audience correctionnelle du tribunal de grande instance de
Bar-le-Duc, la métaphore animalière hante l’esprit du procureur
de la République, Olivier Glady. Le tribunal juge ce matin-là deux
hommes retraités, tous deux prénommés Christian, militants
antinucléaires accusés d’avoir participé en août 2016 à la
démolition du mur de béton que l’agence des déchets radioactifs,
l’Andra, avait érigé dans le bois Lejuc en prévision de travaux
de reconnaissance liés au projet de centre d’enfouissement des
rebuts nucléaires, Cigéo.
Ils
sont poursuivis pour dégradation de bien d’autrui et refus de
prélèvement ADN. Lors de la destruction des plaques de béton,
plusieurs centaines de personnes étaient présentes, dont une grande
partie arboraient des masques de hibou, l’animal totem des
défenseur·e·s de la forêt et opposant·e·s au centre de déchets
nucléaires. « Les fameux hiboux, qu’est-ce qu’ils
assument ?, tonne le procureur. Je ne vois devant le
tribunal que deux prévenus qui ont eu la maladresse ou
l’imprévoyance de ne pas se masquer. Les 198 autres sont bien
planqués. S’ils sont dans la salle, je veux bien m’asseoir
quelques minutes pour les laisser s’avancer. Si ce sont des
volatiles, plutôt que des chouettes de Minerve, ce sont des nuées
de moineaux qui s’envolent dès que les gendarmes arrivent. »
Les
travées de la petite salle du tribunal débordent de monde. Beaucoup
de militant·e·s, plutôt jeunes, et aussi une rangée de gendarmes
en uniforme assis dans le public. Cinq heures d’audience, et un
face-à-face se construit peu à peu entre le procureur de la
République et les opposant·e·s assis·e·s dans la salle, dont
certain·e·s participent à l’occupation du bois Lejuc. L’huissier
fait régner l’ordre dans les bancs, intime le rangement de
quelques téléphones portables et escorte vers la sortie les
personnes jugées trop bruyantes par le juge.
Lucie
Simon, avocate des prévenus : « Ceci est un procès
politique. La manière dont l’enquête a été menée est à
charge. Il y a une confusion entre l’État nucléaire et le
procureur de la République. » Ce dernier lui répond
directement : « J’apprends aujourd’hui que je suis
un vassal de l’État nucléaire », mais « quand
le ministère public agit en rapport avec une poursuite, c’est une
action positive ». Il tient ensuite à « restaurer
son honneur » en affirmant avoir « infligé »
de nombreuses plaintes sans suite à l’Andra et aux
gendarmes : « Pour une poursuite ouverte, il y en a
cinq ou six sans suite », décompte-t-il.
Christian
Vincent et un militant anti-Cigéo, le 13
février 2018 (JL)
Dans
son réquisitoire, il explique : « Quand j’ai pris la
décision de mener ce dossier à terme, je me doutais que cela
secouerait la sphère des opposants, en raison de sa dimension
symbolique. Il ne faudrait quand même pas comparer le bois Lejuc au
mur de Berlin et au rideau de fer… » Sa haute silhouette,
légèrement voûtée, domine depuis son estrade les deux prévenus
qui paraissent tassés sur leur siège et le regardent, l’air
soucieux.
Un
peu plus tard, il critique à haute voix les militant·e·s
anti-Cigéo qui « se font justice eux-mêmes » :
« Qui les a désignés ? Quelle est leur légitimité
électorale ? Je ne me souviens pas avoir jamais été consulté
sur la désignation de gardiens. Qui vous a instaurés nos
gardiens ? »
Les
deux hommes jouent, eux aussi, une partition très engagée. Exerçant
leur droit au silence, ils refusent de répondre aux questions du
juge et lisent chacun une déclaration. « Je ne suis pas
coupable, je n’ai pas dégradé le mur. Oui, j’étais dans les
bois. Je suis fier de cette action et je m’y associe »,
explique Christian Vaugin. « La Meuse n’a-t-elle pas assez
de tombes qu’il lui faille en plus un tombeau radioactif ? »
Quant à son refus de prélèvement ADN, il explique : « Quand
on m’a présenté les photos, au premier regard j’ai compris que
ce n’était pas moi. J’ai accepté qu’on prenne ma photo et mes
empreintes mais pas l’ADN, trop intrusif dans mon intimité. »
Christian Vincent est aussi catégorique : « Je déclare
ne pas avoir participé à cette démolition. Par contre, je salue
ceux qui l’ont fait. » Les discours sont salués par de
longs applaudissements. Ils suscitent la colère de l’avocate de la
partie civile : « Le tribunal n’est pas une tribune.
Quand je parle, on me demande de parler plus fort. Mais on n’est
pas dans une salle de spectacle ! »
Devant
le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, 13 février 2018 (JL).
Leur
témoin, Jean-Marc Fleury, président d’Eodra, l’association des
élus contre l’enfouissement des déchets nucléaires, et ancien
maire de Varney : « Nous sommes tous des tombeurs de
mur. Est-ce un délit ? Je ne le crois pas. Cette émotion est
difficilement compréhensible si on ne l’a pas vécue. La chute de
ce mur, c’est un fait marquant de vingt ans de lutte. Le citoyen a
le droit, le devoir parfois, de s’opposer à un projet d’État. »
Christian
Vincent est soupçonné d’être un instigateur de la démolition du
mur, car les gendarmes croient le reconnaître sur une photo où un
homme sous un bonnet tend le doigt devant lui. Comme s’il donnait
des indications, commente son dossier pénal. « Ou comme
s’il demandait une cigarette », se moque son avocate, ce
qui fait pouffer de rire une jeune femme dans le public, aussitôt
expulsée de la salle. Christian Vaugin, instituteur à la retraite,
est identifié sur une photo par un enquêteur « alors
qu’avec d’autres il tire sur une corde pour faire tomber des
éléments du mur en béton ». Mais l’accusé dément
formellement. Il porte des lunettes, contrairement à l’homme sur
l’image prise par l’hélicoptère des gendarmes.
« Pas à pas, vous approchez de l’outrage au tribunal »
Parmi
les arguments mis en avant par la défense, il y a l’imbroglio
juridique entourant la construction du mur de l’Andra. En juin
2016, l’agence fait clôturer la forêt en vue d’y conduire des
travaux de défrichement. Mais 15 jours plus tard, à la faveur d’un
pique-nique, des militant·e·s occupent le bois. Ils en sont bientôt
expulsés. Et pour éviter qu’ils n’empêchent les travaux,
l’agence fait alors déposer de hautes plaques de béton sur plus
d’un kilomètre de long. Ce sont ces blocs qui sont renversés,
brisés et tagués (« nous sommes un mouvement de masse ! »)
mi-août par plusieurs centaines d’anti-Cigéo – entre 500 et 600
selon les militant·e·s, de 200 à 250 selon la police. Mais
quelques jours plus tard, le tribunal administratif juge que l’Andra
n’avait pas l’autorisation nécessaire à ces travaux. L’agence
a six mois pour se régulariser, sous peine de devoir rendre les
lieux à leur état initial. Comme la cession du bois Lejuc est
également invalidée par la justice, les anti-Cigéo considèrent
que le mur est illégal. « Tous ces agissements peuvent
constituer des infractions pénales », dénonce la défense
des deux accusés, qui pointe que l’Andra a pu bénéficier d’une
transaction pénale alors que les deux Christian sont poursuivis :
« Il y a une inégalité patentée dans le traitement des
dossiers. »
Pour
l’Andra, l’avocate Carine Bourel défend au contraire que
l’obligation de reboisement était assortie d’un délai de six
mois. Les opposant·e·s « vont à l’encontre d’une
décision de justice qu’ils sont eux-mêmes suscitée ».
À ses yeux, « le droit de manifester est essentiel. Mais ce
n’est pas le droit de casser et de dégrader ». L’agence
estime le coût des dégâts à 1,6 million d’euros.
Une
fois entrée dans la technique juridique du dossier, la défense des
prévenus ridiculise la procédure : la photo qui a servi à
identifier l’un des deux Christian sur le lieu du délit est celle
prise au commissariat. Les images prises depuis les hélicos sont
trop pixelisées. Les numéros de téléphone des deux hommes
n’apparaissent pas dans les relevés de bornes téléphoniques des
enquêteurs. Quant aux empreintes ADN qu’ils ont refusé de donner,
« à quoi cela servait-il de les prendre puisque ce sont des
photos qui sont censées les incriminer ? Ce n’est pas un
moyen proportionné de prendre leur ADN », démontre Muriel
Ruef.
Reste
du mur de l'Andra dans le bois Lejuc, janvier 2017 (JL).
Autre
face-à-face, autre querelle : un troisième opposant à Cigéo
était jugé mardi matin. Loïc Schneider, 23 ans, devait répondre
de l’accusation de diffamation portée contre lui par le commandant
de gendarmerie Bruno Dubois pour un
billet de blog publié sur Mediapart. Dans ce texte, le jeune
homme accuse le militaire de l’avoir étranglé lors de son
interpellation, en février 2017, lors d’une action collective
contre l’Andra. « Je
ne pouvais ni respirer, ni parler »,
décrit le militant. Le gendarme dément catégoriquement : « On
a dû utiliser la force proportionnée à la nécessité de le
maîtriser. À aucun moment n’a été exercée de violence
gratuite. »
Et le procureur s’en prend à Mediapart et à sa charte
de participation : « le
diffuseur s’exonère de sa responsabilité »
et « ouvre
le parapluie ».
Le jeune homme a tenu à se défendre seul, sans avocat, « pour
avoir le plus d’espace possible pour s’exprimer. J’ai envie de
dire les choses comme je les entends ».
Il
s’exprime sans respecter les codes du tribunal, s’attirant les
foudres du président – « pas à pas, vous approchez de
l’outrage au tribunal » – et la condescendance du
procureur de la République : « Ça me laisse
embarrassé, il se heurte à des problèmes de connaissance
juridique. » Le ministère public considère que le jeune
homme « est dans un autre monde » et démontre
« une exaltation d’inspiration religieuse, comme s’il
était mû par un fanatisme ». Il imagine que Loïc
Schneider voit dans le commandant « une figure paternelle ».
Le véritable père du prévenu proteste à voix haute. Il est exclu
de la salle. Jugements le 10 avril pour les trois accusés.
Pendant
les audiences, un rassemblement se tient devant l’entrée du
tribunal. Un squelette a été posé sur les marches de l’église
et une marionnette géante représente les « gens d’armes ».
On discute, on chante et on casse la croûte dans les effluves de vin
chaud. Jean-Pierre Simon, agriculteur condamné à deux mois avec
sursis pour avoir prêté un tracteur et une bétaillère aux
militants pour l’occupation du bois Lejuc en juin 2016, est venu
« pour soutenir les Christian, par solidarité. On ne peut
pas les laisser tout seuls sur un acte comme ça. C’est la force du
mouvement de trouver des gens qui s’engagent ». Le
concernant, la pression s’est à peine relâchée. Il raconte qu’un
collègue venu chercher chez lui du matériel agricole s’est fait
suivre pendant 10 km par une voiture de la gendarmerie. Au
moment où les procès s’achèvent, une manifestation commence à
quelques kilomètres de là, à Montier-sur-Saulx, contre la
fermeture du collège. Le maire et les anti-Cigéo accusent le projet
de nucléaire d’accélérer la désertification du territoire.
Jade
Lindgaard - Médiapart
►GCO
Zad du Moulin - Alerte ! En ce 14 février Vinci est venu en force et installe des piquets le long du chemin et dans la forêt.. ‼ Besoin de renforts sur site pour soutenir un maximum les zadistes et montrer que nous ne laisserons pas la forêt de Kolbsheim, se faire raser sans bouger ! » http://zaddumoulin.fr/flash-infos-14-02-2018-alerte-rassemblement
Devant la mobilisation, le projet minier en pays basque nord est abandonné
L’entreprise minière Sudmine a annoncé ce jeudi 15 février l’abandon du projet d’exploration aurifère au Pays basque. Le journal local Mediabask a d’abord publié l’information, avant que Vincent Bru, député MoDem de Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), commune située au cœur du périmètre à prospecter, la confirme dans l’après-midi.
Le
permis exclusif de recherche accordé à Sudmine rencontrait une
forte opposition locale. En septembre dernier, près de 2.000
manifestants avaient défilé à Bayonne pour réclamer son abandon.
En cause : la menace que l’exploitation minière faisait peser
sur les AOP basques – piment d’Espelette, fromage Ossau-Irraty et
porc Kintoa – et le tourisme.
Photo :
Rassemblement des opposants au projet de Sudmine à
Saint-Pée-sur-Nivelle, en juin 2016 (© CADE : Collectif des
associations de défense de l’environnement du Pays basque et du
sud des Landes)
sur
Reporterre
Bure
Force et courage aux camarades de Bure : ils font face à la répression et à la judiciarisation du combat contre la poubelle nucléaire. Maintenant que le projet de NDDL est enfin abandonné, pas question pour le premier sinistre de laisser " des zones s’enkyster sur des parties du territoire national ". Ca rappelle un peu les diatribes baveuses de feu Manuel Valls. On souhaite à Edouard la même trajectoire que son prédecesseur, vers le vide sidéral et au-delà :D
Pourquoi y avait-il un dragon sur la zad le 10 février ?
Tout le monde a vu passer le dragon "PELLETOX" au rassemblement sur la zad samedi dernier, mais bien peu ont eu l’occasion de comprendre ce qu’il faisait là. Cette construction, emmenée par des habitants du plateau de millevaches en Limousin, symbolisait l’usine biomasse Carbon Ingen’R Bugeat-Viam (CIBV) qui menace de s’installer à proximité de chez nous. Cette unité expérimentale se propose de fabriquer un équivalent du charbon à partir du bois vert pour fournir les centrales à charbon EDF et les chaudières urbaines.
L’approvisionnement de l’usine repose essentiellement sur l’arrachage de souches après des coupes à blanc, et nombreux sont ceux qui craignent qu’il se tourne même vers le bois sur pied (notons en passant que les coupes rases sont malheureusement très courantes chez nous, ce qui était déjà largement problématique et sera pourtant encouragé par un tel "débouché" pour les "rémanents" ; quant à l’arrachage de souches et au prélèvement de brachages, c’est une aberration écologique et la promesse d’aggraver la stérilisation des sols à court terme, aussi largement contestée). L’exploitation industrielle de biomasse proposée par CIBV représente pour nous l’ouverture d’un nouveau marché extractiviste surfant sur la vague du "greenwashing" dans un contexte où l’utilisation de cette ressource en remplacement des énergies fossiles a déjà largement démontré l’étendue de son absurdité (en témoignent les éléments fournis par les opposants à diverses centrales biomasse, dont celle de Gardanne, ainsi que les rapports de nombreuses associations comme le FERN).
Notre association « Non à la Montagne-pellets » a étudié le dossier CIBV avec attention, et maintient toute son opposition à la construction de cette usine dans un contexte où le projet avance à grande vitesse (l’enquête publique, largement discutable, étant déjà achevée).
Nous
invitons celles et ceux qui le souhaitent à contribuer dès
maintenant à prendre connaissance de ce projet nuisible (et des
projets similaires), des raisons de notre opposition, et à donner de
l’écho à ces luttes.
N’hésitez
pas à nous contacter pour toutes questions.
Non
à la Montagne-pellets !
A lire également : Lettre ouverte : contre une usine à pellets dans la montagne limousine
Infos du 19 au 28 février
►GCO
Retour
en photos,
vidéos et textes sur le carna’zad organisé par la zad du
moulin ce week-end.
Appel à mobilisation et occupation de la zad du moulin qui subit une pression de plus en plus forte depuis plusieurs semaines et craint que celle-ci redouble dans les jours à venir. PLUS D’INFOS ICI
Sous
l'autorité de la préfète de la Meuse, une opération menée par la
@Gendarmerie
a débuté ce matin à 6h15 visant à mettre fin à l’occupation
illégale du Bois-Lejuc, site destiné au projet d’intérêt
national Cigéo, situé nord de la commune de #Bure.
PARIS (Reuters) - Les opposants qui occupent le site du futur centre d'enfouissement de déchets radioactifs de Bure ont commencé à être évacués jeudi, a annoncé le ministre de l'Intérieur.
RÉSISTER
Suivi
sur vmc.camp (crashé pour l’instant) / burestop.eu / et surtout :
https://manif-est.info/Expulsion-en-cours-au-bois-Lejuc-416.html?lang=fr
À FAIRE TOURNER
MASSIVEMENT !
Le ministre de
l’Intérieur, Gérard Collomb, a lancé l’évacuation du site de
Bure, jeudi matin très tôt. Cette évacuation intervient le jour
même où Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat auprès de Nicolas
Hulot, se rend dans la Meuse. Les associations, qui contestent ce
projet d’enfouissement de déchets hautement radioactifs, excluent
désormais toute rencontre avec le secrétaire d’Etat.
10 h 08 : Témoignage de Jean-Marc Fleury, président de la Coordination nationale des élus opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs (Eodra) : « Hier, la préfecture nous a appelés pour nous proposer de rencontrer le ministre Sébastien Lecornu ce jeudi matin. On a dit oui et on préparait la délégation. Et ce matin, on assiste à l’expulsion ! Permettez-moi de vous le dire, c’est dégueulasse. C’est indigne de la démocratie et de la parole d’un ministre. Tout cela augure mal de la suite. On a l’impression qu’ils font tout pour que ça devienne, ce que ça n’était pas, une Zad. Là, ce qu’ils cherchent, c’est le rapport de force. Est-ce que c’est eux qui pourront garder 500 personnes en permanence sur place ou est-ce que c’est nous ? Maintenant, la question, elle est là. »
10 h 23 : Juliette Geoffreoy, porte-parole du Cedra (Collectif contre l’enfouissement de déchets radioactifs), indique à Reporterre par téléphone : « La zone est complètement bouclée, que ce soit pour les journalistes ou les soutiens potentiels. Il y a 500 gendarmes pour 15 occupants du bois. Évidemment, en agissant en février, le gouvernement savait qu’il y aurait moins de monde.
Côté associatif, on veut rappeler que les expulsions ont lieu alors que la visite de Sébastien Lecornu [Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique] a lieu aujourd’hui et demain. On avait rendez-vous avec Sébastien Lecornu demain matin. Mais une rencontre d’une heure dans un bureau de la préfecture, avec quelques représentants associatifs triés sur le volet, ce n’est pas ça, la concertation ! Il n’y a pas de bons et mauvais opposants, il y a un collectif d’opposants et il faut parler avec tout le monde. Cette concertation est un vrai mensonge, on est choqués et surpris. Par cette action, ils essayent de nous diviser mais nous restons un mouvement uni et déterminé dans ce combat commun.
On a bien vu depuis des semaines que le gouvernement agitait le spectre de l’arrivée de “zadistes violents” à Bure, mais c’était pour légitimer l’usage de la force. L’exécutif se place du côté de l’État de droit, mais il intervient alors que l’Andra [Agence nationale de gestion des déchets radioactifs] a défriché illégalement un bois dont le titre de propriété est toujours contesté. »
Joli
lapsus de l'intérieur, qui confond occupation et évacuation dans sa
déclaration sur #Bure
: « Nous
ne voulions plus qu'un certain nombre de lieux puissent être évacués
indument »
> https://twitter.com/twitter/statuses/966640010823917568
On
a jamais vu ça !
Interdiction de manifester place de la République ! #Lille #BURE #Cigeo
18 h 10 : Le Réseau Sortir du nucléaire, copropriétaire de la Maison de résistance avec l’association Bure zone libre, a annoncé ce jeudi en fin d’après-midi avoir porté plainte pour « violation de domicile ». Les gendarmes « ont procédé à une perquisition des lieux, tout cela sans l’assentiment des habitants de la maison, sans décision du juge des libertés et de la détention et hors la présence des habitants, de représentants de ceux-ci ou de témoins », dénonce-t-il dans un communiqué.
Les
gendarmes tentent de rentrer dans la Maison de résistance de Bure
après avoir chargé dans les rues alentours et fait des sommations.
La situation est très tendue, en parallèle de l’expulsion en
cours dans la forêt. Appel à soutien et lutte partout ! Ce texte
est un premier communiqué, d’autres suivront, d’autres voix,
d’autres témoignages…
Plus
d’une cinquantaine de rassemblements ont lieu en France ce soir en
protestation à l’expulsion (liste sur le site www.vmc.camp)
Ce matin, c’était le grand déploiement des forces de gendarmerie pour déloger les occupants du site de Bure en lutte contre l’installation d’une poubelle nucléaire. Les associations nationales se sont aussitôt mobilisées. Elles ont propagé l’alerte avec une rapidité qui a laissé nos adversaires pantois. Les Insoumis ont relayé du mieux qu’ils pouvaient. Aussitôt ont accouru sur le site tous ceux qui le pouvaient pour défendre le site et les occupants. Caroline Fiat, députée insoumise riveraine, s’y rendit aussitôt en alertant toute la liste des députés insoumis pour qu’ils relaient l’alerte. De son côté, Mathilde Panot, députée insoumise qui coordonne la campagne sur la votation pour sortir du nucléaire, alertait les réseaux insoumis de tout le pays.
Les
craintes sur la viabilité d’une telle installation ont été
encore confirmées par une thèse révélée dans un article du
Monde,
la semaine dernière. Elle est le travail d’un historien des
sciences de l’EHESS qui a été salarié de l’Andra pendant 3
ans. Il a étudié la façon dont les ingénieurs de l’Andra ont
travaillé pour convaincre de la faisabilité et de la sureté d’un
projet comme celui de l’enfouissement des déchets à Bure. Dès le
début des années 2000, les scientifiques ont établi
l’impossibilité d’apporter une preuve scientifique de la sureté
d’une telle installation. En effet, aucun modèle scientifique ne
peut simuler l’évolution du site pendant une période de temps
assez longue.
À partir de là, le travail des scientifiques et ingénieurs de l’Andra consiste à réunir des faisceaux d’indices, à construire des scénarios pour convaincre les décideurs. Quitte à « toiletter » les données. Ainsi, la thèse rapporte dans la bouche d’un cadre de l’Andra à propos d’un phénomène géologique qui créé un risque de fracturation de la roche, les mots suivants : « on a été un peu light ». Ou encore, que pour plus de la moitié des déchets concernés, les connaissances sont estimées par les chercheurs eux-mêmes comme « mauvaises ou nulles ».
Ce vendredi matin, une action de ré-occupation du bois Lejuc est lancée par plusieurs opposants au projet Cigéo. Une journaliste de Reporterre est sur place. Reportage en direct. Et récit de la journée d’hier, en partenariat avec Radio Parleur.
« N’en
déplaise à la préfète de la Meuse et au secrétaire d’État
Sébastien Lecornu qui se pavanaient hier dans le bois lejuc avec les
caméras de BFM TV, disant que l’expulsion était terminée et que
la forêt pouvait de nouveau accueillir les pires rebuts de la
filière nucléaire, des hibous et chouettes de Bure ont profité de
la nuit pour refaire leur nid dans la forêt en haut des arbres »,
ont écrit des opposants au projet Cigéo dans un
communiqué intitulé « Nous sommes là, nous serons
là ! », mis en ligne ce vendredi matin.
16 h 20 - Avec Isabelle, nous sommes redescendus de l’arbre sans encombre, et sommes retournées à travers la forêt jusqu’à notre véhicule. Grande surprise : sur le chemin, nous n’avons croisé aucune âme qui vive, en tout cas aucun gendarme. Une fois revenues à la Maison de la résistance, à Bure, nous constatons que beaucoup de gens sont arrivés, ils sont plus nombreux qu’hier. Sans doute les appels à soutien ont-ils porté leurs fruits. Pendant ce temps, les deux "Hiboux" avec qui nous avons occupé la plate-forme y sont toujours : ils continuent à aménager une cabane à partir de bâches, de palettes et de couvertures. Le ravitaillement va bientôt leur parvenir. En ce qui nous concerne, retour sur Paris, et on vous donne demain matin, sur Reporterre, des compléments de récit sur cette journée. ...
° Un recours contre la deuxième délibération du conseil municipal de Mandres-en-Barois cédant le bois Lejuc à l’Andra attend encore d’être jugé sur le fond ;
° le recours reprochant à l’Andra d’avoir négligé le potentiel géothermique de Bure doit passer devant la Cour de cassation (or, aucun projet d’enfouissement de déchets radioactifs ne doit être fait sur un site pouvant susciter un intérêt pour la géothermie) ;
° le recours contre l’arrêté pris par Ségolène Royal fixant un coût pour Cigéo inférieur à ce qu’a calculé la Cour des comptes est également en attente d’une audience ;
° les recours contre l’arrêté préfectoral actant le changement de propriétaire du bois Lejuc attendent encore une décision de justice ;
° les recours contestant le fait que le bois Lejuc ait été remis par l’Andra dans le régime forestier courent encore ;
° enfin, une plainte contre l’Andra pour défrichement illégal, destruction d’espèces protégées et construction d’un mur sans autorisation d’urbanisme doit aussi être instruite.
Marie Astier - Reporterre
Des
journalistes se trouvent dans les arbres avec des occupant·e·s, qui
racontent leur reprise de la forêt sur leur compte twitter
(@ZIRAdies) et sur leur
blog Sauvons la forêt sur Mediapart.
Ils appellent toutes celles et tous ceux qui le peuvent à converger
vers Bure. Un grand nombre de gendarmes est toujours mobilisé sur
place. L'intervention policière à Bure commence à ressembler à
l'opération César, en 2012, d'évacuation de la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes, qui s'était soldée par un échec pour les
pouvoirs publics devant le grand nombre de personnes qui étaient
venues soutenir les zadistes.
Les associations locales conviées à rencontrer Sébastien Lecornu vendredi matin ont toutes annulé leur venue : « Pour qu’il y ait concertation, il faut qu’il y ait de la confiance. Or là, il n’y a plus du tout de confiance », explique Jean-Marc Fleury. L’élu estime par ailleurs peu « respectueux » de n’avoir été invité que mercredi soir à rencontrer le secrétaire d’État vendredi matin.
Jeudi
après-midi,
lors de la séance de questions au gouvernement, la députée FI
Mathilde Panot a interpellé Nicolas Hulot, présent dans l’hémicycle
au sujet de l’évacuation : « Le
libéralisme d’Emmanuel Macron s’exerce contre nos libertés.
Votre écologie s’exerce contre les écologistes M. le
ministre. »
Le ministre de la transition écologique lui a répondu : « Je
n’ai pas l’impression d’être fondamentalement en porte-à-faux
avec ma conscience. J’aurais préféré ne jamais avoir à traiter
ce sujet-là, qu’on n’arrive pas à cette situation-là avec ces
déchets ultimes dont personne ne veut. »
Cette
forêt est au cœur d’une intense bataille politique entre
promoteurs et détracteurs de Cigéo. Historiquement, elle
appartenait à la commune de Mandres-en-Barrois. Le 2 juillet 2015,
le conseil municipal de ce village meusien a accordé tous pouvoirs à
son maire, Xavier Levet, pour signer l’acte d’échanges entre le
bois communal, le bois Lejuc, et une forêt possédée par l’Andra,
le bois de la Caisse. Mais en février 2017, la justice a annulé la
délibération approuvant la convention d’échange foncier car le
vote avait eu lieu à bulletin secret à la demande du maire (voir
ici notre article).
En mai, le conseil municipal a de nouveau voté, à une voix près cette fois-ci, en faveur de la cession du bois Lejuc à l’Andra, dans une mairie interdite d’accès par des barrages policiers. Cette nouvelle délibération fait aujourd’hui l’objet d’un recours au fond, déposé par le réseau Sortir du nucléaire – après le rejet d’un référé. Dans ces conditions, les opposant·e·s considèrent que l’Andra n’est pas propriétaire de la forêt de la discorde. « Le bois n’appartient pas à l’Andra, affirme leur avocat, Étienne Ambroselli. La nouvelle délibération est incapable de régulariser un titre de propriété a posteriori. » Pour l’agence, au contraire, il ne fait pas de doute qu’elle est propriétaire du bois.
Entre les parties, les désaccords atteignent un paroxysme. Jeudi après-midi, l’Andra s’est réjouie d’une opération « importante qui va permettre de retrouver un climat plus apaisé » et annoncé son intention de nettoyer le bois car « il a été très endommagé ». La phrase peut sonner comme une provocation alors que c’est cette même agence qui, en 2016, a défriché une partie du bois, sans en avoir l’autorisation, afin d’y élever un mur de béton de plus d’un kilomètre de long. Avant que la justice ne la condamne à l’abattre et à remettre la forêt en état si elle ne parvenait pas à régulariser sa situation. Elle a finalement obtenu une transaction pénale avec le procureur de la République (voir ici à ce propos). En un an et demi d'occupation, les « hiboux » du bois Lejuc y ont construit quelques cabanes, au sol ou dans les arbres.
Mais
les autorités ne l'ont jamais vu et il n'a donc jamais été évacué.
L’ordonnance sur requête signifiée aux personnes
présentes
dans la forêt jeudi matin ne comportait pas leurs noms. Elle ne leur
avait pas été présentée auparavant, les empêchant ainsi de se
défendre. Pour Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au
logement, cette manière d’agir « ne
respecte pas le droit à la défense ».
Le DAL dénonce ces pratiques d’expulsions « non
contradictoires »
et rappelle que seule une décision de justice peut permettre
d’enfreindre la trêve hivernale.
500 gendarmes ont procédé le 22 février à l’évacuation du Bois Lejuc, près de Bure (Meuse), occupé par les opposants à la « grosse poubelle nucléaire », le projet de centre d’enfouissement de déchets radioactifs (Cigéo). Selon les autorités, le bois, qui s’étend sur 220 hectares, serait entièrement évacué de ses habitants – y compris celles et ceux qui occupaient des cabanes aménagées à la cime des grands arbres, parfois situées à 20 mètres de hauteur. Des escadrons de gendarmerie tentent désormais d’empêcher l’accès à la forêt. Néanmoins dans la matinée du 23, le compte twitter des opposants continuait à diffuser des vidéos sur place, et revendiquait la présence de militants « partout dans la forêt », appelant à « converger vers le bois » et à « manifester partout en France ».
La
fragilité de ces procédures – de l’acquisition du bois à la
perquisition d’un domicile privé – tranche avec les déclaration
de Sébastien Lecornu, Secrétaire d’État auprès du ministre de
la Transition écologique et solidaire (Nicolas Hulot). « L’État
de droit est en effet la condition absolue de la concertation et
le préalable à une discussion sur le projet. Il ne pourrait en être
autrement »,
a-t-il déclaré à Bar-le-Duc suite à l’évacuation musclée. La
visite du ministre sur place se voulait pourtant « apaisante »
pour aller rencontrer les acteurs du projet Cigeo et les associations
qui s’y opposent, arguments scientifiques
(voir
ici)
et juridiques
à l’appui.
A
relire : A
Bure, habitants et paysans refusent que leur territoire devienne une
« grande poubelle nucléaire »
Force et bêtise : le gouvernement a montré jeudi 22 février deux aspects de son visage. Force brutale, on l’a raconté ici. Mais bêtise, aussi, quand le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, explique dans un lapsus : « Nous ne voulions plus qu’un certain nombre de lieux puissent être évacués indûment. » Ou quand l’Andra annonce qu’elle va « nettoyer le bois » — alors qu’elle veut à terme y installer des bouches d’évacuation des gaz radioactifs… Sébastien Lecornu, secrétaire d’État à la Transition écologique, affirme aussi que « la concertation dure depuis 1990 ». On mettra sur le compte de la jeunesse — M. Lecornu est né en 1986 — cette plaisanterie : dès 1987, l’opposition très vive dans tous les sites pressentis en France par les gouvernements de l’époque a fait reculer ceux-ci, et si Bure a été choisi, c’est essentiellement parce que ce territoire peu peuplé paraissait plus faible.
►Bure - Maintien du WE 3/4 mars : https://zad.nadir.org/spip.php?article5192
►GCO
Appel à mobilisation et occupation de la zad du moulin qui subit une pression de plus en plus forte depuis plusieurs semaines et craint que celle-ci redouble dans les jours à venir. PLUS D’INFOS ICI
►Hambach
Un son de solidarité pour les camarades emprisonné.e.s dans le cadre de la lutte pour défendre la forêt de Hambach contre un projet géant de mine de charbon A ECOUTER ICI
NDA :
Hasard ? Anniversaire de la
manif du 22 février 2014 à Nantes pour NDDL (2 yeux crevés)
Opération policière en cours au Bois Lejuc, à Bure. Les premiers témoignages
Les
gendarmes ont investi ce jeudi 22 février, à 6 h 30 du matin,
le bois Lejuc, près de Bure, site du projet d’enfouissement des
déchets nucléaires. Reporterre recueille les premiers témoignages
d’occupants des bois, dans les arbres.
Réveil
brutal pour les occupants du bois Lejuc, dans lequel l’Andra
(Agence nationale de gestion des déchets radioactifs) voudrait
commencer des travaux : à 6 h 30, les gendarmes ont encerclé
et investi le bois de 220 hectares. De son côté, le ministre de
l’Intérieur Gérard Collomb annonçait l’opération par tweet :
Voici
le témoignage d’un « hibou », recueilli au
téléphone à 8 h par Reporterre :
« Ce
matin, j’ai reçu un appel, et au même moment, j’ai vu de la
lumière venir du sol. Je pensais que c’était des copains, et puis
c’était les gardes mobiles au pied de l’arbre, à 6 h 30. Ils
avaient des Maglight, des lampes très puissantes. Ils exploraient la
forêt, les chemins tout autour, ils ont sécurisé la zone,
comptaient le nombre de barricades, qui sont innombrables.
On
est deux, dans le Grand Chêne, dans une cabane à 25 mètres de
hauteur. On a relevé les cordes. Là, une équipe de cinq gendarmes
mobiles sont au pied de l’arbre. Un hélicoptère tourne non stop.
Je vois onze gardes mobiles, sans casque, qui nous surveillent et
commentent ce qu’on fait, on les entend. Ils se cachent quand on
prend des photos. Je vois aussi deux personnes gradées qui viennent
d’arriver. Là, les gendarmes sont en train d’installer une
caméra, pour nous filmer.
Il
y a sept cabanes comme la nôtre dans le bois. »
Nous
avons recueilli aussi les propos de « Sylvain », un
habitant proche de Bure :
« C’est
une surprise totale : on n’attendait pas d’expulsion avant
la fin de la trêve hivernale. L’Andra ne peut lancer aucun
chantier alors qu’on est en période de nidification des oiseaux,
et il faut faire une étude d’impact avant tout nouveau
défrichement. Et tous les recours ne sont pas épuisés.
Ce
qui se passe est en totale contradiction avec ce qu’a dit Nicolas
Hulot à l’Assemblée nationale il y a quelques mois : il ne
voulait pas de brutalité et il voulait de la concertation. On devait
voir Sébastien Lecornu (secrétaire d’Etat auprès du ministre de
la Transition écologique) vendredi !
On
peut faire le parallèle avec Sivens : ils expulsent alors qu’on
ne sait pas quelle est la situation juridique, puisque tous les
recours ne sont pas épuisés.
On
appelle à des rassemblements ce soir à 18 h devant toutes les
préfectures. »
Reporterre
Pour mémoire :
►Au bois Lejuc, on résiste dans les arbres
Evacuation des opposants au site d'enfouissement de Bure
Les
opposants qui occupent le site du futur centre d'enfouissement de
déchets radioactifs de Bure ont commencé à être évacués jeudi,
a annoncé le ministre de l'Intérieur.
PARIS (Reuters) - Les opposants qui occupent le site du futur centre d'enfouissement de déchets radioactifs de Bure ont commencé à être évacués jeudi, a annoncé le ministre de l'Intérieur.
"Sous
l'autorité de la préfète de la Meuse, une opération menée par la
gendarmerie a débuté ce matin à 6h15 visant à mettre fin à
l'occupation illégale du Bois-Lejuc, site destiné au projet
d'intérêt national Cigéo, situé au nord de la commune de Bure",
a annoncé Gérard Collomb dans un communiqué.
Cette
évacuation "vient mettre à exécution une décision de justice
du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc", précise-t-il.
Dans
un avis rendu en janvier, l'Autorité de sûreté nucléaire a estimé
que le futur centre, dont la mise en service est prévue en 2026 ou
2027, ne pourra pas, en l'état, stocker certains déchets prévus en
raison d'un risque d'incendie.
Reuters
sur Médiapart
Alerte Bure - Evacuation en cours !
FIL
INFO :
06h15 :
15 camions de GM passent. Les GM rentrent par les vigies sud,
sud-est, nord
06h35 :
ils embarquent des gens
07h05 :
Deux camions au Chauffour, sur la route entre la maison et le bois.
des flics entre Ribeaucourt et Nord.
Pas
de contrôles depuis Mandres, mais la route vers la forêt bloquée
par deu fourgons de GM.
07h35 :
Réquisitions pour fouilles des véhicules et contrôles des
passagers à Cirfontaines. Les seules routes bloquées sont celles
qui mènent directement à la forêt -Ribeaucourt/Nord, Mandres/Sud.
Un
hélicoptère tourne en permanence, voitures banalisées à Bure.
08h00 :
Les flics commencent à démonter la vigie Sud.
08h10 :
Les flics commencent à détruire la barricade Sud. Deux bulldozers
dans la forêt.
ACTUALISATION
OPÉRATION D’EXPULSION DU BOIS LEJUC
L’expulsion
de la forêt de Bure est en cours depuis tôt ce matin. Les GM sont
en nombres, il y a déjà eu des arrestations et des personnes
résistent dans les arbres.
L’expulsion
du bois se poursuit.
À
la barricade nord : A priori la moitié des personnes à la
barricade Nord auraient été interpellées, 4 dont on n’a pas de
nouvelles et le reste aurait pu repartir après vérification
d’identité.
La
totalité des gents présents à la vigie sud-est également. Il n’y
a pour l’instant pas de nouvelles de la vigie sud. Une partie des
personnes a pu se replier en sécurité.
Plusieurs
personnes résistent actuellement dans les arbres, une vingtaine de
flics tout en bas.
Sur
le chemin du Chauffour une dizaine de personne est encerclée.
À
08h15 camions militaires et bulldozers ont commencé à rentrer par
la vigie sud pour détruire les installations.
À
08H30 site vmc.camp inaccessible. Nous travaillons dessus et vous
tiendrons au courant par tous les réseaux d’informations. Relais
sur manif-est.info en attendant.
L’Etat
a clairement choisi d’adresser un signal très fort partout en
France et ailleurs pour démultiplier la résistance, en choisissant
le passage en force. Alors que la trêve hivernale n’est pas
terminée. Alors que l’Andra ne pourra commencer aucun travaux dans
le bois du fait de la période de nidification à partir du 15 mars.
Alors qu’un sac de noeuds de recours juridiques et administratives
ligote encore l’éboueur de l’atome : recours administratif
contre la propriété de l’Andra suite à l’échange municipal du
bois du 18 mai 2017 ; nécessité d’évaluation
environnementale prescrite par l’Autorité Environnementale en
octobre 2017, etc l’Agence ne peut pas commencer ses travaux
préparatoires comme ça.. L’Etat répond par une opération
d’expulsion surprise, avec un gros dispositif, avec une propagande
médiatique savamment huilée sur tous les fronts dés le petit
matin.
Le
20 septembre lors de la perquisition sur les différents lieux de vie
à Bure des dizaines de rassemblements avaient fleuri partout en
France, et des comités de lutte s’étaient créé dans la foulée.
Nous devons maintenant continuer de nous organiser sur place et
partout en France. Plus que jamais Bure doit être partout, faire
partie de nous, nous devons être des milliers maintenant à nous
lever contre l’horreur nucléaire et l’atomisation qu’iels nous
préparent, et réagir.
Listes
des rassemblements déjà prévus en France et ailleurs :
À
Bar-le-Duc à 18h, rendez-vous devant la Préfecture
Nantes à 18h devant la préfecture
St-Nazaire à 18h devant la sous-préfecture
Nantes à 18h devant la préfecture
St-Nazaire à 18h devant la sous-préfecture
Plus
d’infos à venir.
Merci
d’envoyer les infos à burepartout at riseup.net et sauvonslaforet
at riseup.net pour coordonner l’organisation de la résistance,
informer sur l’organisation des rassemblements ! Plus d’infos
bientôt !
On
ne nous atomisera jamais ! Que Bure vive partout !
Tel
presse : 07 53 54 07 31
Appel
à rassemblements partout en France ce soir à 18h !
Appel
à la création de comité de lutte partout où c’est possible !
Appel
à converger vers Bure dès maintenant !Le gouvernement lance l'évacuation du site de Bure
Les
opposants qui occupent le site du futur centre d'enfouissement de
déchets radioactifs de Bure ont commencé à être évacués , a
annoncé le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. « Sous
l'autorité de la préfète de la Meuse, une opération menée par la
gendarmerie a débuté ce matin à 6h15 visant à mettre fin à
l'occupation illégale du Bois-Lejuc, site destiné au projet
d'intérêt national Cigéo, situé au nord de la commune de Bure »,
a annoncé Gérard Collomb dans un communiqué publié tôt, jeudi
22 février
Cette évacuation « vient
mettre à exécution une décision de justice du tribunal de grande
instance de Bar-le-Duc », précise-t-il. 500 gendarmes,
dont cinq escadrons de gendarmerie mobile, sont mobilisés pour
mettre à exécution cette décision de justice prise en avril.
C’est
sur ce site de Bure, que le projet Cigéo prévoit d’enfouir
85 000 mètres cubes de déchets nucléaires à haute
activité. De nombreuses associations environnementales ainsi que les
habitants du village sont opposés à ce projet. L’été dernier,
l’Autorité de sûreté nucléaire et de l’Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire avaient conforté leur
opposition, en émettant des doutes sur la fiabilité du site de
stockage souterrain, tel qu’il est, pour l’instant, conçu. La
décision de l’Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs (Andra) de repousser à la mi-2019 la demande
d’autorisation de création de Cigéo semblait également aller
dans leur sens.
L’ordre
d’évacuation a été pris alors que Sébastien Lecornu, secrétaire
d’Etat auprès du ministre de la transition écologique doit se
rendre aujourd’hui dans la Meuse. La porte-parole du collectif Bure
Stop a regretté cette intervention des forces de l’ordre :
« C’est absolument invraisemblable, car la visite de
M. Lecornu était prévue aujourd’hui. Il devait nous
rencontrer demain en tant qu’opposants », a expliqué une
porte-parole du collectif Bure Stop, en excluant désormais toute
rencontre avec le ministre
Après
l’annulation de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le
gouvernement semble vouloir ne pas donner le sentiment qu’il plie
devant les associations écologistes qui contestent de nombreux
projets inutiles, dont celui de Bure. Christophe Castaner,
secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, a
défendu la décision prise par M. Collomb, ce jeudi sur BFM TV.
« Il y a occupation illicite d’un espace par des gens qui
ne sont pas de gentils écologistes dans la forêt, mais des gens qui
vont souvent manifester de façon violente, en se cachant. (…) Ce
projet d’enfouissement est scientifiquement la meilleure solution.
(…) Il n’est pas question qu’on laisse s’enkyster des gens
qui décident ce qui est bon pour la nation, pour eux, contre la
loi. »a-t-il expliqué.
EN DIRECT - Opération policière en cours au Bois Lejuc, à Bure. (Reporterre)
9
h 42 : Cinq
interpellations ont déjà eu lieu. Des bulldozers détruisent les
« vigies »
sud et nord ; des camions bâchés sont là, sans doute pour
emporter les matériaux. Vingt gendarmes sont postés au pied du
Grand chêne. Des contrôles routiers ont lieu sur les routes
environnantes.
9
h 51 : Les
gendarmes investissent le terrain de la Maison de la résistance, à
Bure. Ils n’ont pas de mandat. Sylvain nous raconte :
« Putain,
ils utilisent les gaz lacrymos sur le terrain, j’ai un drone
au-dessus de la tête et j’ai 50 mobiles en face de moi. Ça pue le
gaz lacrymo [il tousse].
Les gens sont barricadés
dans la maison. »
Pour l’heure, les gendarmes ne semblent pas vouloir rentrer dans
cette maison, qui est une propriété privée légalement habitée. À
9 h 56, les gendarmes se retirent.
10 h 08 : Témoignage de Jean-Marc Fleury, président de la Coordination nationale des élus opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs (Eodra) : « Hier, la préfecture nous a appelés pour nous proposer de rencontrer le ministre Sébastien Lecornu ce jeudi matin. On a dit oui et on préparait la délégation. Et ce matin, on assiste à l’expulsion ! Permettez-moi de vous le dire, c’est dégueulasse. C’est indigne de la démocratie et de la parole d’un ministre. Tout cela augure mal de la suite. On a l’impression qu’ils font tout pour que ça devienne, ce que ça n’était pas, une Zad. Là, ce qu’ils cherchent, c’est le rapport de force. Est-ce que c’est eux qui pourront garder 500 personnes en permanence sur place ou est-ce que c’est nous ? Maintenant, la question, elle est là. »
10 h 23 : Juliette Geoffreoy, porte-parole du Cedra (Collectif contre l’enfouissement de déchets radioactifs), indique à Reporterre par téléphone : « La zone est complètement bouclée, que ce soit pour les journalistes ou les soutiens potentiels. Il y a 500 gendarmes pour 15 occupants du bois. Évidemment, en agissant en février, le gouvernement savait qu’il y aurait moins de monde.
Côté associatif, on veut rappeler que les expulsions ont lieu alors que la visite de Sébastien Lecornu [Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique] a lieu aujourd’hui et demain. On avait rendez-vous avec Sébastien Lecornu demain matin. Mais une rencontre d’une heure dans un bureau de la préfecture, avec quelques représentants associatifs triés sur le volet, ce n’est pas ça, la concertation ! Il n’y a pas de bons et mauvais opposants, il y a un collectif d’opposants et il faut parler avec tout le monde. Cette concertation est un vrai mensonge, on est choqués et surpris. Par cette action, ils essayent de nous diviser mais nous restons un mouvement uni et déterminé dans ce combat commun.
On a bien vu depuis des semaines que le gouvernement agitait le spectre de l’arrivée de “zadistes violents” à Bure, mais c’était pour légitimer l’usage de la force. L’exécutif se place du côté de l’État de droit, mais il intervient alors que l’Andra [Agence nationale de gestion des déchets radioactifs] a défriché illégalement un bois dont le titre de propriété est toujours contesté. »
10
h 41 : Dans la Maison de la Résistance : « Nous
sommes soixante dans la maison. Les gendarmes sont en train d’entrer.
Ils sont en tenue anti-émeutes. » La communication
s’interrompt.
11
h 15 :
Finalement, les gendarmes ne sont pas entrés dans la maison, mais...
à l’instant... Ils
défoncent les portes"
11
h 30 : Les
gendarmes ont défoncé les portes de la Maison de la résistance et
perquisitionné au motif qu’ils auraient constaté une violence
volontaire caractérisée en flagrance « mais, en
fait, c’est juste mettre un coup de filet sur tout le monde »,
indique un opposant à Reporterre. Les occupants de la maison sont
regroupés et retranchés sur la mezzanine et les gendarmes menacent
de les attaquer.
11 h 48
— Les gendarmes menacent d’envahir l’étage de la Maison de la
résistance
11
h 56 — Nouveau
témoignage en provenance de l’intérieur de la Maison de la
résistance. « Les gens se tiennent en cercle et
s’agrippent les uns aux autres, les gendarmes essaient de les
exfiltrer un par un, on ne sait pas si c’est pour un contrôle
d’identité ou autre chose. Les gens chantent et résistent. Ça
peut durer un moment. »
12
h 21 : Des
opposant.e.s sont interpellé.e.s un.e à un.e dans la Maison de
résistance à Bure et exfiltré.e.s par le jardin.
12h
30 : Trois
personnes sont en garde à vue à la suite des opérations de police
à #Bure , un certain nombre de personnes au #BoisLejuc dont on est
sans nouvelles
12h
45 - Une trentaine de personnes sont barricadées dans les
dortoirs de la Maison de la résistance. Des contrôles d’identité
sont en cours dans la maison, au rez-de-chaussée. Des dizaines de
gendarmes y ont pénétré. On compte cinq personnes en garde à vue.
L’avocat Me Delalande a demandé à ce qu’elles regroupées dans
la même gendarmerie, pour qu’elles puissent voir leur avocat, dans
le cadre du respect des droits de la défense. Les gendarmes les
dispersent dans différents sites en Meuse.
À
Bure, devant la Maison de la résistance, un peu après 14 h.
14
h 15 :
Selon notre journaliste présente sur place, les gendarmes
poursuivent l’évacuation, un par un, des habitants de la Maison de
la résistance, à Bure. Ils emmènent ensuite ceux dont ils ne
connaissent pas l’identité, laissant libres les autres.Il
resterait une bonne dizaine d’habitants à l’intérieur de la
maison.
15
h 15 : À l’Assemblée nationale, la députée
Mathilde Panot (France insoumise) interroge le ministre de la
Transition écologique, Nicolas Hulot, en rappelant qu’il s’était
déclaré contre Cigéo : « S’il vous reste un brin
de cohérence, pourquoi ne quittez-vous pas ce gouvernement où vous
servez de caution à cette violence contre des citoyens qui défendent
l’intérêt général ? ». Réponse de M. Hulot,
qui affirme que rien n’a été acté à Bure : « Il
faut distinguer les oppositions citoyennes, celles qui sont dans un
cadre légal, et celles qui sont dans un cadre non légal. Il y a là
une question d’ordre public. »
15
h 30 :
Témoignage de « Sylvain » :
« Je
suis sorti de la Maison de résistance. On a subi une expulsion assez
violente. Ils sont entrés à coups de bélier, et ont cassé toutes
les portes, ont tout saccagé. Les gens, une quarantaine, se sont
réfugiés en haut, assis en se tenant les coudes accrochés les uns
aux autres. Plusieurs ont été frappés, étranglés, molestés, les
gendarmes nous ont tous tirés. Ça a été d’une violence assez
rude, ce qu’on
a vécu. Je ne vois pas comment on peut ensuite parler de dialogue
avec la société civile. »
15
h 46 :
Le secrétaire d’État Sébastien Lecornu donne une conférence de
presse à Bar-le-Duc, préfecture de la Meuse :
« Ce
matin, le Gouvernement a rétabli l’ordre pour que la concertation
qui dure depuis 1990 puisse reprendre.
L’Etat de droit est la condition de la concertation et le préalable à une discussion sur le projet. Il ne pourrait en être autrement. «
L’Etat de droit est la condition de la concertation et le préalable à une discussion sur le projet. Il ne pourrait en être autrement. «
15
h 50 :
Le lapsus du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb :
16
h 28 : « Les gendarmes ont quitté la Maison
de résistance à Bure en emportant avec eux les dernières personnes
conduites en vérification d’identité. Sept personnes en garde à
vue à cette heure », indiquent les opposants au projet sur
Twitter
16
h 40 : L’Agence nationale de gestion des déchets
radioactifs (Andra) annonce dans
un communiqué que « les autorités ont sécurisé le
bois Lejuc dont l’Andra est propriétaire et qui était
illégalement occupé par des opposants depuis plusieurs mois ».
« Cette opération va permettre à l’Andra de réaccéder au
bois Lejuc pour le remettre en état », se réjouit
l’agence.
Un communiqué moqué par les opposants au projet : « On veut “nettoyer”, “remettre en état”, c’est juste pour y mettre un héritage radioactif empoisonné pour des milliers d’années pour nos enfants ! Quand l’@Andra_France méprise le monde », a réagi Yannick Rousselet, de Greenpeace sur Twitter.
Un communiqué moqué par les opposants au projet : « On veut “nettoyer”, “remettre en état”, c’est juste pour y mettre un héritage radioactif empoisonné pour des milliers d’années pour nos enfants ! Quand l’@Andra_France méprise le monde », a réagi Yannick Rousselet, de Greenpeace sur Twitter.
17
h 47 : « France nature
environnement condamne l’utilisation de toute forme de violence et
en appelle à une gouvernance enfin renouvelée, pour un projet qui
engage non seulement un territoire, une nation entière mais
également les générations futures », a déclaré
l’association dans un
communiqué.
18
h 00 : Début des rassemblements de
soutien aux opposants à Cigéo expulsés ce jour, devant les
préfectures, un peu partout en France. Sauf à Lille, où le
rassemblement a été interdit, selon Stéphanie Bocquet, d’Europe
Écologie Les Verts.
Interdiction de manifester place de la République ! #Lille #BURE #Cigeo
18 h 10 : Le Réseau Sortir du nucléaire, copropriétaire de la Maison de résistance avec l’association Bure zone libre, a annoncé ce jeudi en fin d’après-midi avoir porté plainte pour « violation de domicile ». Les gendarmes « ont procédé à une perquisition des lieux, tout cela sans l’assentiment des habitants de la maison, sans décision du juge des libertés et de la détention et hors la présence des habitants, de représentants de ceux-ci ou de témoins », dénonce-t-il dans un communiqué.
18
h 38 : Des rassemblements de soutien se sont formés un
peu partout en France.
Bure : appel à résistance, rassemblements, création de comités partout !
Ce
matin à 6h15 a débuté l’expulsion du Bois Lejuc par 500
gendarmes avec grand renfort de communication de la part du ministère
de l’Intérieur, et les chaînes d’infos en continu branchées
sur les images sensationnelles de blindés militaires massés près
de ce bois, de cabanes envahies au petit matin, de gendarmes en
cagoule munis de tronçonneuse et caméras embarquées...
L’opération,
censée mettre à exécution une décision d’expulsabilité rendue
l’année passée par le Tribunal de grande instance de Bar-le-Duc,
intervient avant l’épuisement des recours juridiques (notamment
sur la propriété de l'Andra sur le bois) et avant la fin de la
trêve hivernale alors que plusieurs structures d’habitation et
d’occupation avaient été installées aux abords et au coeur de la
forêt. Alors même également que l’EODRA (association des élus
opposés à l’enfouissement) avait domicilié en janvier son siège
social dans la forêt. L’Andra ne pourra légalement commencer
aucun de ses travaux dans le bois : l’Autorité Environnementale a
prescrit en octobre 2017 à l’Andra la réalisation d’une
évaluation environnementale avant tous travaux préparatoire, la
période de nidification à la mi-mars empêche tous travaux, et
l’Andra n’a pas d’autorisation de défrichement.
Comme
en 2012 à Notre-Dame-des-Landes, les bulldozers suivent
immédiatement les gendarmes, on rase au plus vite les lieux de vie
sans laisser le temps de récupérer tous les effets personnels. Déjà
suite à une première expulsion du bois en juillet 2016 les machines
de l’Andra avaient défriché illégalement une partie conséquente
des arbres avant que l’opposition ne réinvestisse et ne réoccupe
la forêt à la mi-août 2016.
À
cette heure, des arbres restent occupés par plusieurs hiboux. Une
vingtaine de gendarmes mobiles sont en bas. Plusieurs personnes ont
été interpellées lors de l’opération, de multiples vérification
d’identité ont eu lieu, ou sont encerclées sur des chemins menant
à la forêt. Au moins une personne a été placée en garde à vue.
Des affrontements violents ont lieu dans le village de Bure même et
la police tente, sans réquisition et avec des sommations d’entrer
par la force dans la Maison associative de la Résistance.
RÉSISTER
PARTOUT
Cette
expulsion entérinée par le gouvernement Macron intervient dans un
contexte de durcissement dramatique du contexte social à l’encontre
du monde du travail, des étudiants, des migrant-e-s, . C’est la
mise en place d’un modèle industriel et social à l’américaine
qui précarise, piétine allègrement l’environnement et les
populations et s’impose par la force et l’intransigeance. Le
président Macron marche dans les pas de Margaret Thatcher: tolérance
zéro, le message est clair.
Cette
opération foudroyante est avant tout une manœuvre politique à la
mise en scène minutieusement orchestrée pour empêcher que
l’abandon de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne galvanise la
résistance partout en France. Une opération pour tenter d’enrayer
tout le soutien national qui s’organise peu à peu, avec comme
symbole une petite maisonnette crée par le comité de soutien de
Dijon qui devait être installée dans la semaine, la première
cabane d’un comité de soutien. Dans les mots décharnés de la
Préfète, c’est « un projet de construction en dur
manifestant la volonté des opposants de s’installer durablement ».
Nous disons que c’est un mauvais pari. Nous sommes déjà
installé-e-s durablement, dans la forêt et partout autour dans les
villages que nous habitons, mais aussi partout ailleurs en France où
chaque opération de police multiplie les soutiens. Ce matin l’Etat
a choisi d’envoyer un signal très fort qui nous confirme que la
résistance doit continuer de s’organiser partout en France et
au-delà et que Cigéo est un point crucial dans la pérennité d’une
industrie nucléaire qui s’impose par la force sous couvert de
concertation.
Lorsque
nous avons commencé à occuper le bois Lejuc en juin 2016 nous
n’aurions jamais imaginé que nous y serions 1 an et demi plus
tard, que l’Andra devrait reculer, que des dizaines de comités se
créeraient partout en France. Les ministres auront beau jouer le
traditionnel jeu de la dissociation sur BFM entre les « méchants
cagoulés » à nettoyer d’urgence et l’opposition citoyenne
pacifique, ce discours n’a jamais pris à Bure où nous luttons
dans mouvement protéiforme et complémentaire. Tous les médias
parlent de la « ZAD de Bure », pour mieux créer le
parallèle avec NDDL dans l’esprit des gens. Nous avons toujours
dit que s’il y avait une ZAD à Bure, c’était celle de tout un
territoire, partout, parce que l’horreur atomique et le rouleau
compresseur étatique qui la sous-tend ne connaissent pas de
frontières quand il s’agit de broyer les existences des gentes et
leurs territoires de vie au nom du profit et du contrôle.
La
pornographie policière et médiatique des images de destruction et
la mise en scène du « retour à l’Etat de droit » ne
satureront pas nos têtes et nos cœurs, ne recouvrira pas tout ce
qui s’est vécu depuis des années à Bure et tout autour, et ce
qui va se vivre dans les années à venir. Expulser le bois Lejuc ce
matin, c’est taper et attaquer partout toutes celles et ceux qui
sont venu·e·s sur place par milliers dans les années passées et
portent déjà en elles et eux partout, un morceau de Bure.
Chaque
attaque nous renforce dans notre détermination, on ne nous atomisera
jamais !
LES
RENDEZ-VOUS
Ce
texte est un premier communiqué écrit à chaud, d’autres
suivront, d’autres voix, d’autres témoignages. Nous appelons
d’ores et déjà :
- À organiser des rassemblements partout en France ce soir à 18h devant les Préfecture et ailleurs, déjà :
- À Bar-le-Duc, préfecture, à 18h
- À Paris, 18h30 place Saint-Michel
- À Nantes, 18h, devant la Préfecture
- À Saint-Nazaire à 18h30 devant la sous-préfecture
- À Blois devant la Préfecture à 18h
- À Toulouse à 18h devant la Pref
- À Rouen à 18h devant la Pref
- À Nîmes à 18h devant la Préfecture
- À Fougères à 18h devant la sous-préfecture
- À Lyon à 18h devant la Préfecture
- Au Puy-en-Velay à 18h devant la Pref,
- À Longwy à 18h devant la permanence du député 17 route nationale - Villers-la-Montagne
- À Quimper à 18h devant la Préfecture
- À Épinal, 18h, devant la Préfecture
- À Dijon, 18h, place du Bareuzai
- À Limoges, 18h, place de la Préfecture
- À Grenoble, 18h, devant la Préfecture
- À Lille, 18h, place de la République devant la Préfecture
- À Saint-Brieuc, 18h, rassemblement place de la Préfecture
- À Châteaubriand (44), rassemblement devant la sous-préfecture, 14 rue des Vauzelles
- À Tours, 18h, place Jean Jaurès
- À Poitiers (86), 18h, rassemblement devant la Préfecture
- À Agen, 18h, rassemblement devant la Préfecture (adresse à confirmer)
- En Autriche, Vienne, 18h, rassemblement devant l’Ambassade
- À Belfort, 18h devant la préfecture
- À Chambéry, 18h, devant la préfecture
- À Troyes, 18h, devant la Préfecture à Troyes
- À Orléans, 18h devant la préfecture
- À Bourges, 18h devant la préfecture
- À Montargis, 18h devant la préfecture
- À Lorient, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
- À La-Roche-sur-Yon, 18h, rassemblement devant la Préfecture
- À Colmar, 18h, appel à rassemblement devant la Préfecture
- À Mulhouse, 18h, appel à rassemblement devant la Préfecture
- À Loches, 18h, appel à rassemblement devant la Maison d’État
- À Bayonne, 18h, devant la Préfecture
- À Saint-Étienne, 18h, rassemblement devant la Préfecture
- À Annecy, 18h, rassemblement devant la Préfecture
- À Cergy-Préfecture (Val d’Oise, 95), 18h, en haut des escalators de la gare
- À Rennes, 18h, rassemblement devant la place Saint-Anne
- À Ajaccio, 18h15, rassemblement devant la Préfecture
- À Châlons-en-Champagne, 18h15 rassemblement devant la Préfecture
- À Valence, 18h, rassemblement devant la Préfecture
- À Albi (81), 18h, rassemblement devant la Pref
- À Millau (12), 18h, rassemblement devant la Pref
- À Metz, 18h, devant la préfecture
- À Bordeaux, 18h, 2 place de l’esplanade (Préfecture)
- À Besançon, 18h, place de la Préfecture
- À Vannes, 18h, rassemblement de soutien devant la Préfecture
- À Montpellier, 18h, rassemblement place de la Préfecture, 34 place des Martyrs de la Résistance Coutances, 18h30, À Coutances, 18h30, Hôtel de Ville
- À Reims, 18h, rassemblement sous-Préfecture
- À Redon, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
- À Alès, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
- À Laon (Aisne), 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
- À Foix (09), 18, rassemblement devant la Préfecture
- À Oloron-Sainte-Marie (84), rassemblement devant la sous-Préfecture
- À Châlons-sur-Saône (71), 18h, devant la sous-Préfecture
- À Auxerre, 18h, rassemblement devant la Préfecture
- À Saint Gaudens (31), 18h devant la sous Préfecture
- À Clermont Ferrand (63), 18h30 devant la Préfecture
- À Chaumont (52), 18h devant la Préfecture
- À Bruxelles, Belgique, 19h, rassemblement devant l’ambassade
- À Evreux, 18h, rassemblement devant la Préfecture
- À converger à Bure dés maintenant pour celles et ceux qui peuvent pour soutenir : rassemblement à 16h à Mandres-en-Barrois pour la venue du ministre Sébastien Lecornu et à la Préfecture de Bar-le-Duc à 18h.
- À ce que partout des comités de luttes continuent de se créer et s’organiser pour amplifier encore plus la résistance.
- D’autres appels et rendez-vous suivront.
Pour
coordonner et lister les appels à rassemblement et autres
initiatives : écrire à sauvonslaforet at riseup.net et burepartout
at riseup.net
Autres
communiqués :
– Coordination Stop Cigeo :
burestop.eu
– Réseau
Sortir du Nucléaire :
http://www.sortirdunucleaire.org/Expulsion-en-cours-dans-le-Bois-Lejuc
►Un
site où suivre les événements en continu : manif-est.info
►Bure
Point
de situation à Bure à 16h15 :
Les
gendarmes viennent de quitter la Maison de Résistance avec les
derniers opposant.e.s présent.e.s dedans afin de les emmener en
vérification d’identité dans les commissariats environnants.
Les
ami.e.s reprennent possession de lieux pas mal chamboulés par des
tentatives de barricadage des lieux et l’intrusion brutale des
forces de police
Les
premièr.e.s interpellé.e.s de la Maison de résistance sortent
progressivement des commissariats et sont cherché.e.s et
accueilli.e.s par les ami.e.s autour.
5
personnes sont à cette heure toujours placées en garde à vue
Pas
de nouvelles de l’état des lieux au Bois Lejuc à cette heure
Bure : contre la poubelle nucléaire et l’expulsion militaire,
rendez-vous devant les préfectures à 18 heures
Ce matin, c’était le grand déploiement des forces de gendarmerie pour déloger les occupants du site de Bure en lutte contre l’installation d’une poubelle nucléaire. Les associations nationales se sont aussitôt mobilisées. Elles ont propagé l’alerte avec une rapidité qui a laissé nos adversaires pantois. Les Insoumis ont relayé du mieux qu’ils pouvaient. Aussitôt ont accouru sur le site tous ceux qui le pouvaient pour défendre le site et les occupants. Caroline Fiat, députée insoumise riveraine, s’y rendit aussitôt en alertant toute la liste des députés insoumis pour qu’ils relaient l’alerte. De son côté, Mathilde Panot, députée insoumise qui coordonne la campagne sur la votation pour sortir du nucléaire, alertait les réseaux insoumis de tout le pays.
Bure
est un petit village de la Meuse : 82 habitants. C’est aussi le
lieu choisi par l’agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs (ANDRA) pour installer la grande poubelle de la filière
nucléaire française. Il s’agit d’un projet d’enfouissement
des déchets nucléaires que les centrales françaises produisent et
dont les maîtres du nucléaire ne savent plus quoi faire. Ce projet,
appelé « Cigéo », prévoit d’enterrer 85 000 mètres cubes de
déchets hautement radioactifs et à vie longue. Et cela sous une
zone habitée. Curieusement, Nicolas Hulot, qui avait été un
opposant régulier à la construction du site, a désormais considéré
que c’était « la moins mauvaise solution ».
Pourtant,
le 15 janvier dernier, le rapport de l’Autorité de Sureté
Nucléaire (ASN) évaluant ce projet pointe des failles importantes
dans le dossier présenté par l’Agence nationale pour la gestion
des déchets radioactifs (Andra). Il relève notamment le manque de
précisions sur la gestion du problème particulier des « déchets
bituminés ». Il s’agit de boues radioactives emballées dans des
matrices en bitumes. Ce genre de colis pose de sérieux risques
d’incendies. En effet, le bitume utilisé peut, dans certaines
conditions, s’enflammer. Les déchets eux-mêmes peuvent monter en
température dans certains cas.
Dès
lors, l’agence pour la sureté du nucléaire estime qu’un départ
d’incendie est donc possible et qu’il pourrait se propager aux
autres déchets stockés sur le site. Cet accident s’est déjà
constaté sur des sites comparables dans le monde. Par exemple, aux
États-Unis, le site de stockage de déchets radioactifs du Waste
Isolation Pilot Plant, dans le Nouveau-Mexique, a subi un incendie en
2014. À cette occasion, un relâchement de radioactivité dans le
milieu ambiant a été constaté. De façon plus générale, le
rapport de l’ASN pointe le fait que la sécurité du site n’est
pas garantie en cas d’aléas naturels. Enfin, la question de
potentiels actes de malveillance est aussi posée. L’association
Greenpeace a récemment montré dans un rapport les failles de
certaines installations nucléaires.
À partir de là, le travail des scientifiques et ingénieurs de l’Andra consiste à réunir des faisceaux d’indices, à construire des scénarios pour convaincre les décideurs. Quitte à « toiletter » les données. Ainsi, la thèse rapporte dans la bouche d’un cadre de l’Andra à propos d’un phénomène géologique qui créé un risque de fracturation de la roche, les mots suivants : « on a été un peu light ». Ou encore, que pour plus de la moitié des déchets concernés, les connaissances sont estimées par les chercheurs eux-mêmes comme « mauvaises ou nulles ».
En
Suède, récemment, la justice a retoqué un projet d’enfouissement
des déchets radioactifs. Pour la justice suédoise, il était
impossible de prouver que les capsules enfouies ne fuiteraient pas.
La probabilité que le projet conduise à des fuites radioactives
dans le sol était donc non nulle. Ce constat, qui finira par être
partagé en France, montre qu’a l’heure actuelle, après un
demi-siècle d’existence, l’industrie nucléaire n’a pas réussi
à trouver de solution viable pour les déchets qu’elle produit. Et
pourtant, nos dirigeants persistent dans l’entêtement nucléaire,
une industrie dont nous ne maitrisons pas les conséquences. Il est
temps d’arrêter. C’est la seule solution raisonnable.
Ce
soir on se retrouve devant
les préfectures à 18 heures. Et du 11 au 18 mars prochain on
participe à la votation
citoyenne pour la sortie du nucléaire.
Le
blog de Jean Luc Mélenchon
Bure:
évacuation du site du bois Lejuc
Camille,
opposante au projet d’enfouissement de déchets radioactifs à
Bure :
- 01. Bure, évacuation musclée, manifs à 18h : Camille
- Télécharger le MP3 - Écouter dans une nouvelle fenêtre
Jacques
Lerai,
membre de l’association des élus meusiens et haut-marnais opposés
à l’enfouissement des déchets radioactifs et porte-parole du
Collectif Contre l’Enfouissement des déchets Radioactifs
(CEDRA) :
- 02. Bure, évacuation musclée, manifs à 18h : Jacques Lerai
- Télécharger le MP3 - Écouter dans une nouvelle fenêtre
Caroline
Fiat,
députée La France Insoumise de Meurthe-et-Moselle :
- 03. Bure, évacuation musclée, manifs à 18h : Caroline Fiat
- Télécharger le MP3 - Écouter dans une nouvelle fenêtre
►STOP
CIGEO/BURE - Communiqué du 22 février
Lettre
ouverte à M. Sébastien Lecornu, Secrétaire d’État auprès
du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et
solidaire
par
Les associations d’opposant.es citoyen.nes et élu.es :
Burestop55, Bure Zone Libre, Cedra52, Eodra, Habitants vigilants de
Gondrecourt-le-Château, MNE, Mirabel LNE, et des Hiboux de Bure -
LIRE
ICI
►Ce
soir à Nantes, plusieurs centaines de personnes se sont
rassemblées puis ont manifesté contre l’expulsion des camarades
de Bure expulsés ce matin du bois Lejuc et perquisitionnés
►Cette
expulsion ne signe en aucun cas la fin de la résistance à
Bure.
Pour les semaines et mois à venir il va falloir continuer de se coordonner et s'organiser un peu partout.
Il pourrait être bon qu'à l'issue des rassemblements les différentes personnes décident de rendez-vous ultérieurs rapides via leurs comités, ou pour en créer un s'il n'existe pas encore, et qu'on continue de faire le point ensemble à distance, à évaluer les besoins, etc. C'est d'ores et déjà chouette de faire un point sur les ressources matérielles dans chaque ville pour soutenir les personnes expulsées de la forêt.
La situation et la suite seront bientôt précisées mais nous n'en resterons bien sûr pas là. Nous appelons déjà un maximum de monde à converger pour le week-end du 3 & 4 mars qui était initialement prévu pour un « renforcement de l'occupation » et des « rencontres intercomités » (https://vmc.camp/2018/01/18/ ) ! Le programme risque d'évoluer.
Pour les semaines et mois à venir il va falloir continuer de se coordonner et s'organiser un peu partout.
Il pourrait être bon qu'à l'issue des rassemblements les différentes personnes décident de rendez-vous ultérieurs rapides via leurs comités, ou pour en créer un s'il n'existe pas encore, et qu'on continue de faire le point ensemble à distance, à évaluer les besoins, etc. C'est d'ores et déjà chouette de faire un point sur les ressources matérielles dans chaque ville pour soutenir les personnes expulsées de la forêt.
La situation et la suite seront bientôt précisées mais nous n'en resterons bien sûr pas là. Nous appelons déjà un maximum de monde à converger pour le week-end du 3 & 4 mars qui était initialement prévu pour un « renforcement de l'occupation » et des « rencontres intercomités » (https://vmc.camp/2018/01/18/ ) ! Le programme risque d'évoluer.
Lyon-Turin : le gouvernement italien reconnait
que les chiffres du projet sont erronés
Le
gouvernement italien vient de reconnaître, dans un document publié
par l’Observatoire de la Connexion Ferroviaire Lyon-Turin, que
« beaucoup des prévisions officielles de l’Union Européenne
[quant à ce projet] ont été démenties par les faits ».
Les
58 millions de tonnes de fret transportés chaque année par les
camions et 39 millions par rail à l’horizon 2035, chiffres
qu’avançaient les promoteurs du Lyon-Turin, relèvent du domaine
de la fantaisie, comme le montrent les tableaux statistiques sur la
fréquentation réelle du parcours. À l’inverse, ces mêmes
tableaux indiquent que les moins de quinze millions de tonnes de
fret, route et rail confondus, qui traversent le tunnel de Fréjus,
ne représentent qu’un neuvième de la capacité totale dudit
tunnel. La ligne existante est donc suffisante.
Télécharger
le document (en
français):
https://reporterre.net/IMG/pdf/pre_sidence-du-conseil-des-ministres-observatoire-de-la-connection-ferroviaire-lyon-turin-ve_rification-du-mode_le-d_u2019exploitation-pour-le-co_te_-national-italien-.pdf
EXCLUSIF - À Bure, dans un arbre du bois Lejuc,
que les militants ré-occupent
Ce vendredi matin, une action de ré-occupation du bois Lejuc est lancée par plusieurs opposants au projet Cigéo. Une journaliste de Reporterre est sur place. Reportage en direct. Et récit de la journée d’hier, en partenariat avec Radio Parleur.
- Bure (Meuse), reportage
En
ce vendredi matin, aux premières heures, une action de ré-occupation
du bois Lejuc a commencé par plusieurs militants. Afin de témoigner,
je suis dans un arbre, avec deux d’entre eux et une journaliste
belge. Le message des activistes : « Nous ne lâchons
rien et continuons à défendre la forêt. Hier, c’était une
expulsion symbolique, une opération de communication du
gouvernement. »
Un
froid de canard et un thermos... d’eau chaude. Lorène Lavocat à
droite.
Nous sommes arrivés au milieu
de la nuit, et avons assisté au lever du soleil. Le ciel s’est
levé sous la canopée. On entend des oiseaux, et dans le lointain,
des bulldozers.
Toutes
les cabanes n’ont pas été détruites, telle la Communale. Nous
sommes dans une autre cabane intacte, que nous avons retrouvée avec
les cordes d’accès. Il fait très froid. Nous sommes avec deux
habitants du bois, et la journaliste indépendante Isabelle
Masson-Loodts.
10
h 54 - On est toujours en haut de la plate-forme. On n’a
pas vu de policiers, mais un hélicoptère tourne en permanence
autour de nous. On a vu passer d’autres opposants, donc à priori,
il y a du monde dans le bois, mais du haut de l’arbre, il n’est
pas possible de savoir combien. D’autres arbres seraient occupés.
Tous les accès connus des gens qui vivent dans le bois depuis un an
ne sont pas connus des forces de l’ordre. On nous a même apporté
des couvertures, de la nourriture, de l’eau.
11
h 59 - On nous a
rapporté des couvertures en plus. Un nouveau groupe est arrivé en
bas de l’arbre, je pense qu’il s’agit de journalistes. Il y a
une demi-heure, nous avons échangé des cris avec d’autres cabanes
- ce qui indique que d’autres cabanes du bois sont occupées. Je
dirais que nous avons entendu des cris provenant de trois directions
différentes. Nous savons que des gendarmes sont présents dans le
bois parce que nous avons vu des opposants passer en courant, qui
nous l’ont appris. Mais nous n’avons pas vu les gendarmes passer
après eux.
12h30
- Pendant ce temps là, l’avocat des opposant Samuel Delalande fait
le point avec Reporterre sur les personnes arrêtées hier :
« Je suis en contact avec cinq personnes ayant été mises en
garde à vue hier. Trois ont été libérées et sont convoquées au
tribunal correctionnel de Bar-le-Duc le 12 juin prochain, les
deux autres sont transférées devant un juge et passent en
comparution immédiate aujourd’hui. Nous allons demander le report
des jugements pour préparer notre défense. On reproche à ces
personnes des faits d’outrage, de violence, mais ce n’est pas
caractérisé. »
14
h 00
- C’est toujours calme autour de notre cabane. Un petit groupe
d’une personne du bois et de deux journalistes est passé nous
voir. Ils nous ont dit qu’il y avait beaucoup de gendarmes dans le
bois ainsi que des vigiles de l’Andra, et que c’est un
cache-cache pour les éviter.D’autres cabanes sont occupées, mais
il n’y a pas d’expulsion en cours. Peut-être parce que les
gendarmes "grimpeurs" sont déjà repartis. En tout cas,
tout va bien pour l’instant. Et on vient de savourer un petit
déjeuner de dattes, de chocolat et de carottes.
16 h 20 - Avec Isabelle, nous sommes redescendus de l’arbre sans encombre, et sommes retournées à travers la forêt jusqu’à notre véhicule. Grande surprise : sur le chemin, nous n’avons croisé aucune âme qui vive, en tout cas aucun gendarme. Une fois revenues à la Maison de la résistance, à Bure, nous constatons que beaucoup de gens sont arrivés, ils sont plus nombreux qu’hier. Sans doute les appels à soutien ont-ils porté leurs fruits. Pendant ce temps, les deux "Hiboux" avec qui nous avons occupé la plate-forme y sont toujours : ils continuent à aménager une cabane à partir de bâches, de palettes et de couvertures. Le ravitaillement va bientôt leur parvenir. En ce qui nous concerne, retour sur Paris, et on vous donne demain matin, sur Reporterre, des compléments de récit sur cette journée. ...
L’action du gouvernement à Bure est-elle légale ? Rien n’est moins sûr
Jeudi
22 février, à l’aube, les gendarmes ont lancé l’expulsion
des occupants du bois Lejuc, opposés au projet Cigéo de poubelle
nucléaire. Si le gouvernement argue vouloir faire respecter une
décision de justice, les avocats des opposants estiment, eux, que
l’intervention est frappée d’illégalité. Reporterre fait le
point sur ces arguments juridiques.
500
gendarmes pour déloger 15 opposants. (NDA :
33 flics par manifestant !)
C’est une opération de gendarmerie de grande ampleur qui a eu lieu
hier jeudi 22 février dans le bois Lejuc, à Mandres-en-Barois,
dans la Meuse. Les habitants des quelques maisons installées dans la
forêt, qui occupaient le terrain pour s’opposer au projet
d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo, ont été expulsés.
L’intervention a démarré aux environs de 6 heures du matin, puis
s’est poursuivie dans le village voisin de Bure, à la Maison de
résistance, siège du mouvement d’opposition. Selon
les personnes jointes sur place par Reporterre,
puis d’après notre journaliste arrivée à Bure dans la matinée,
la quarantaine de personnes qui s’y étaient regroupées ont été
évacuées une à une du bâtiment. Certaines ont été placées en
garde à vue et réparties dans différentes gendarmeries de la
Meuse.
« Nous
ne voulons plus en France qu’il y ait des lieux de non-droit, où
nous pouvons nous installer en dehors de toute règle, disait,
quelques heures après le début de l’intervention, le ministre de
l’Intérieur, Gérard Collomb, devant les micros et les caméras.
Sur ce lieu, une ordonnance avait été prise par le tribunal
d’instance de Bar-le-Duc, qui avait permis d’utiliser la force
pour expulser ceux qui étaient présents indûment. Donc, nous avons
fait exécuter ce matin cette mesure. »
Les
opposants ne s’attendaient pas à cette opération de gendarmerie.
Ils s’étaient presque habitués à la présence très importante
des forces de l’ordre sur place. Et les conditions juridiques ne
leur paraissaient pas réunies pour une expulsion. S’est-elle
déroulée dans la légalité, comme l’affirment le gouvernement et
l’Andra ? Rien n’est moins sûr.
L’ordonnance d’expulsion est-elle valide ?
Première
interrogation, l’ordonnance évoquée par Gérard Collomb
pouvait-elle s’appliquer pour cette expulsion ? Il s’agit
d’une ordonnance du tribunal d’instance de Bar-le-Duc, délivrée
il y a plus d’un an, en janvier 2017. « Elle n’est plus
valable, estime Me Étienne Ambroselli, avocat des
opposants. Elle a été prononcée contre des gens qui n’habitent
plus dans le bois ! »
Par
ailleurs, cette ordonnance justifiait le recours à une « procédure
non contradictoire » :
l’huissier de justice n’ayant pu identifier les habitants du bois
Lejuc, le tribunal a estimé qu’il pouvait prononcer l’expulsion
sans les entendre. Voilà pourquoi les forces de l’ordre ont pu
débarquer hier matin sans que personne n’ait été prévenu. Mais
depuis la délivrance de l’ordonnance, une association d’élus,
l’Eodra,
a installé son siège dans l’une des maisons construites dans le
bois Lejuc. « Elle
a déclaré ce domicile en préfecture, et pourtant, il ne lui a été
notifié aucune procédure d’expulsion »,
dit Me Ambroselli. Le droit prévoit, quand quelqu’un est menacé
d’expulsion et peut être identifié, qu’il soit prévenu…
« L’association
a subi une violation de domicile. Des gens ont été expulsés en
plein hiver sans aucun respect des règles de base ! La raison
d’État permet de violer allègrement l’État de droit »,
poursuit l’avocat.
« Le
gouvernement applique une décision de justice », a estimé
de son côté, dans l’après-midi, le secrétaire d’État auprès
du ministre de la Transition écologique Sébastien Lecornu. « Ces
occupants illégaux ne bénéficient pas de la trêve hivernale
puisqu’aucun occupant illégal n’était installé à temps plein
sur le site. Il s’agissait de relais organisés par les squatteurs
dans des bivouacs précaires.Tout est fait pour empêcher la
constitution d’une Zad, c’est-à-dire des constructions en dur.
Et je le dis clairement, l’État reviendra autant de fois qu’il
le faudra. »
Le titre de propriété du bois Lejuc contesté
Pour
exiger une expulsion, il faut que le propriétaire revendiqué ait un
titre de propriété valable. Or, la saga judiciaire autour de la
propriété du bois Lejuc est loin d’être terminée : la
contestation devant les tribunaux est toujours en cours. L’Andra
(Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) estime
être la propriétaire du bois : le maire de Mandres-en-Barois a
effectivement signé l’acte faisant de l’agence le maître des
lieux. Mais cet acte est fondé sur une délibération du conseil
municipal du village qui a été annulée par la justice. Si une
deuxième délibération du conseil municipal a bien validé, à
nouveau, le
fait que l’Andra devienne propriétaire des lieux…, aucun
nouvel acte de propriété, appuyé sur cette nouvelle délibération,
n’a encore été signé par le maire. « Cette
expulsion repose sur un acte de propriété de l’Andra qui est
illégal et atteint d’une nullité absolue »,
estime Me Étienne Ambroselli.
De
son côté, l’Andra affirme s’inscrire dans la légalité et cite
les décisions de justice lui ayant donné raison. « L’intervention
des gendarmes dans le bois Lejuc fait suite à plusieurs décisions
de justice de 2017 qui reconnaissent le caractère illégal de
l’occupation du bois Lejuc, bois dont l’Andra est pleinement
propriétaire », a déclaré l’agence dans un communiqué,
hier jeudi dans l’après-midi.
« Violation de domicile » à la Maison de résistance à Bure
Le
contexte de l’intervention à la Maison de résistance de Bure est
aussi fortement contesté par le réseau Sortir du nucléaire,
propriétaire des lieux avec l’association Bure zone libre. Le
premier a déposé plainte hier jeudi pour violation de domicile.
« Fracassant les portes et fenêtres, [les gendarmes]
ont forcé avec brutalité les personnes qui s’y étaient
réfugiées à sortir. Ils ont ensuite procédé à une perquisition
des lieux, tout cela sans l’assentiment des habitants de la maison,
sans décision du juge des libertés et de la détention et hors la
présence des habitants, de représentants de ceux-ci ou de
témoins », a justifié l’association dans un communiqué.
À noter qu’une perquisition demande habituellement la présence
des personnes dont le domicile est perquisitionné.
Devant
la Maison de résistance, à Bure, jeudi 22 février.
Le
procureur de la République de Bar-le-Duc, Olivier Glady, a expliqué
à l’AFP que la perquisition était « commandée par les
événements de la matinée, des violences sur les gendarmes et la
mise en place d’obstacles sur la voie publique à Bure. Les
gendarmes sont entrés dans la Maison de résistance à la recherche
de suspects ».
Les recours contre Cigéo ne sont pas encore épuisés
Enfin,
cette opération a lieu alors que plusieurs procédures judiciaires
menacent toujours l’avenir du projet Cigéo. Par exemple, la
cession du bois Lejuc à l’Andra, les négligences concernant le
potentiel géothermique du sous-sol de Bure, ou le coût annoncé du
projet (voir la liste des procédures dans l’encadré
ci-dessous).
Les
opérations de jeudi matin ont même ravivé l’énergie des avocats
des opposants, qui ont lancé, et vont continuer de lancer, de
nouvelles procédures. Outre la plainte pour violation de domicile
dont nous vous parlions ci-dessus, l’association réseau Sortir du
nucléaire va contester dès aujourd’hui, vendredi 23 février,
l’ordonnance ayant servi de fondation juridique aux expulsions, ou
encore le titre de propriété de l’Andra sur le bois Lejuc devant
le juge civil (il doit déjà passer devant le juge pénal le
10 avril prochain). Et, afin de souligner que l’Andra
elle-même a du mal à respecter le droit, le réseau Sortir du
nucléaire compte bien demander une citation directe du directeur
général de l’Andra, Pierre-Marie Abadie, devant le tribunal
correctionnel de Bar-le-Duc, afin qu’il réponde « personnellement
et pénalement » d’infractions que le réseau reproche à
l’agence : défrichement illégal du bois Lejuc, destruction
illégale d’espèces protégées, et construction sans autorisation
d’urbanisme d’un mur, toujours dans ce même bois
À
fleurets mouchetés, la bataille juridique s’intensifie autant que
celle qui se mène sur le terrain. Malgré cette intervention
surprise, les opposants estiment avoir encore du temps devant eux. En
effet, en
juin 2017, une décision de l’Autorité environnementale a
contraint
l’Andra à reprendre à zéro toutes les procédures pour les
travaux dans le bois Lejuc. « Ils
doivent faire une étude d’impact et une enquête publique, ils
sont très loin de pouvoir légalement faire quoi que ce soit dans ce
bois »,
assure Me Ambroselli. Les « hiboux » peuvent encore
espérer quelque répit.
° Un recours contre la deuxième délibération du conseil municipal de Mandres-en-Barois cédant le bois Lejuc à l’Andra attend encore d’être jugé sur le fond ;
° le recours reprochant à l’Andra d’avoir négligé le potentiel géothermique de Bure doit passer devant la Cour de cassation (or, aucun projet d’enfouissement de déchets radioactifs ne doit être fait sur un site pouvant susciter un intérêt pour la géothermie) ;
° le recours contre l’arrêté pris par Ségolène Royal fixant un coût pour Cigéo inférieur à ce qu’a calculé la Cour des comptes est également en attente d’une audience ;
° les recours contre l’arrêté préfectoral actant le changement de propriétaire du bois Lejuc attendent encore une décision de justice ;
° les recours contestant le fait que le bois Lejuc ait été remis par l’Andra dans le régime forestier courent encore ;
° enfin, une plainte contre l’Andra pour défrichement illégal, destruction d’espèces protégées et construction d’un mur sans autorisation d’urbanisme doit aussi être instruite.
Marie Astier - Reporterre
Evacuation à Bure: le coup de force met fin au dialogue
Le
bois Lejuc est réoccupé par quelques dizaines de personnes vendredi
matin, 24 heures après son évacuation par 500 gendarmes.
L'expulsion des opposant·e·s au projet d’enfouissement de déchets
nucléaires suscite l’indignation des associations locales
anti-Cigéo, des écologistes et d’une partie de la gauche.
A
peine 24 heures après une vaste opération d'évacuation, le bois
Lejuc, proche du village de Bure (Meuse) est réoccupé par quelques
dizaines de personnes, annonce un militant vendredi matin.
L'expulsion la veille d'une quinzaine de personnes par 500 gendarmes
était « une vaste opération politique et médiatique, une
mise en scène passant par des images de la préfète paradant devant
les barricades détruites, mais le bois n'a jamais cessé d'être
occupé, décrit cet opposant au centre d'enfouissement de déchets
nucléaires Cigéo. La forêt s'étend sur 220 hectares, ils ne vont
pas réussir à la garder. »
L’évacuation
forcée du bois Lejuc, occupé depuis un an et demi par des
opposant·e·s au projet d’enfouissement de déchets nucléaires
Cigéo, pourrait avoir l’effet contraire à celui escompté par le
gouvernement. Jeudi matin à l’aube, environ 500 gendarmes ont
évacué la quinzaine de personnes qui se trouvaient dans cette forêt
proche du village de Bure, à la frontière entre la Meuse et la
Haute-Marne.
« Nous
ne voulons plus qu'il y ait en France des lieux qui soient des lieux
de non-droit, et où donc on puisse s'installer en dehors de toute
règle », a déclaré quelques heures plus tard le
ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, selon qui « il
faut bien qu’un jour la loi soit respectée ». Droit dans
ses bottes, Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du
ministère de la transition écologique, en déplacement lui aussi
dans la Meuse ce matin-là, a renchéri par un tweet : « Dans
un État de droit, les oppositions doivent s’exprimer de manière
légale. Depuis ce matin le #BoisLejuc à #Bure est évacué des
occupants illégaux. »
Sollicité
par Mediapart jeudi matin, le ministère de l’intérieur justifie
l’évacuation par un projet d’habitat en dur prévu dans la forêt
– une simple cabane, conteste un opposant –,
l’accroissement des violences et la rupture du dialogue, selon eux.
On peut s’opposer mais dans le respect de l’État de droit,
insiste la place Beauvau. L’entourage de Gérard Collomb assure que
le secrétaire d’État était prévenu de l’opération, et
devrait rencontrer les opposant·e·s agissant dans un cadre légal.
Sauf
que l’intervention musclée, suivie d’une intrusion de gendarmes
mobiles en tenue anti-émeute dans la maison de la résistance,
logement collectif légal appartenant au réseau Sortir du nucléaire
et à l’association Bure Zone Libre, a outré les associations
légalistes d’opposant·e·s au projet. « S’ils pensent
qu’il n’y a pas de lien entre les opposants, ils se trompent !,
explique à Mediapart Jean-Marc Fleury, président d’Eodra,
l’association des élus contre l’enfouissement des déchets
nucléaires, et ancien maire de Varney. Les soi-disant "illégaux"
sont avec nous dans la discussion. On se connaît et on s’apprécie.
Le bois Lejuc n’est pas une ZAD, c’est une occupation symbolique.
Si le ministre pense faire le malin en annonçant avoir évacué 15
ou 16 personnes, demain il y en aura 200 ou 300 à expulser ! Si
demain il y a une ZAD à Bure, les pouvoirs publics n’auront qu’à
s’en prendre à eux-mêmes. »
Toute
légale que soit son association, le président de l’Eodra appelle
à réoccuper le bois : « Il faut le reprendre pour
montrer notre détermination et empêcher l’Andra d’avancer plus
vite que la musique. On y retournera et peut-être qu’on y fera des
choses illégales. »
Porte-parole
du Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs
(Cedra), une association locale historique d’opposant·e·s,
Juliette Geoffroy, explique : « On ne peut pas parler
de dialogue et de concertation, et en même temps faire usage de la
force et de brutalité ! Le gouvernement envoie 500 gendarmes
contre 15 personnes dans le bois. Le 20 septembre dernier, c’était
200 gendarmes pour perquisitionner les dix personnes qui se
trouvaient dans la maison de la résistance à Bure, c’est
innommable. »
Dans
un communiqué commun, huit collectifs locaux anti-Cigéo ont joint
leurs voix à celles des « hiboux de Bure », nom
qu’aiment se donner les occupant·e·s du bois, pour dénoncer « le
signal détestable et très inquiétant quant à la conception de la
concertation » par le gouvernement. « Est-ce ainsi que se
pratique la démocratie ? Visite diplomatique, promesses
d’emploi et de développement nucléaire d’un côté, et,
simultanément, brutalité et répression aveugles envers une
opposition pourtant chaque jour plus confortée ? »
Au
total, une personne a été arrêtée jeudi matin, pour avoir lancé
un cocktail Molotov en direction des gendarmes, selon la préfecture
de la Meuse ; sept personnes ont été placées en garde à vue
selon le procureur de la République et une quarantaine de personnes
conduites au commissariat pour vérifier leur identité, selon la
legal team.
« Elle s’est effondrée avec une majesté incroyable »
« Comment
Nicolas Hulot, qui prétendait “qu’on ne pouvait pas
imposer un projet comme ça par la force”, compte-t-il
justifier cette opération ? a réagi le réseau Sortir du
nucléaire, co-propriétaire de la maison de la résistance à Bure.
Cette opération de police est profondément révoltante, alors
même que les failles techniques de Cigéo sont de notoriété
publique : risque d’incendie souterrain, impossibilité
d’intervenir et récupérer les déchets en cas d’accident,
rejets en surface considérables. »
Des
occupant·e·s du bois ont quant à eux interpellé Sébastien
Lecornu sur Twitter : « Vous avez réussi à leur faire
croire que l'opération de ce matin n'allait pas encore provoquer
plus de “troubles” et rendre difficile la réalisation d'un
projet qui va concentrer une colère décuplée par ce passage en
force à #Bure ? #languedebois dans la #Meuse. «
Conférence
de presse de Sébastien Lecornu, jeudi 22 février (DR).
Les associations locales conviées à rencontrer Sébastien Lecornu vendredi matin ont toutes annulé leur venue : « Pour qu’il y ait concertation, il faut qu’il y ait de la confiance. Or là, il n’y a plus du tout de confiance », explique Jean-Marc Fleury. L’élu estime par ailleurs peu « respectueux » de n’avoir été invité que mercredi soir à rencontrer le secrétaire d’État vendredi matin.
Jeudi,
à 18 heures, des dizaines de rassemblements étaient annoncés
devant les préfectures pour protester contre l’évacuation de la
forêt. Le soir, à Bar-le-Duc, une conférence de presse devait
réunir plusieurs associations s’élevant contre le projet de site
d'enfouissement. De nombreux appels à soutien ont circulé toute la
journée sur les réseaux sociaux : depuis la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes, mais aussi la Confédération paysanne ou
encore l’amassada, un collectif d’opposant·e·s à l’éolien
industriel dans l’Aveyron. « Une fois de plus, le choix du
nucléaire est aujourd’hui synonyme de réponse par la force »,
a dénoncé Greenpeace, qui « condamne toute méthode
violente et toute forme de répression des voix d’opposition à de
tels projets ».
Pour
le sénateur écologiste Ronan Dantec : « Le projet de
#bure, c’est d’un coup le déficit de la SNCF sans aucun service
rendu si ce n’est cacher la poussière radioactive sous le tapis. »
Pour l’eurodéputé Yannick Jadot, « l’urgence,
c’est d’expulser #Bure de la liste des lubies du lobby
nucléaire ». Députée France insoumise (FI) de
Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain a jugé « totalement
injuste » l’évacuation et appelé à la solidarité
« avec ceux qui agissent pour la santé et les biens
communs ! ». Pour France nature environnement (FNE) :
« Aujourd'hui à Bure, une envie profonde de dialogue, ainsi
que l'espoir d'une gouvernance enfin renouvelée, ont été
violemment attaqués par les manœuvres d'un Gouvernement qui vient
de compromettre la possibilité d'avoir ce vendredi 23 à Bar-le-Duc
un échange apaisé et tourné vers les alternatives à
l'enfouissement avec les opposants à Cigéo. »
Mais
une fois cette gêne personnelle formulée, il fait siens les
éléments de langage de ses collègues gouvernementaux : « Il
faut bien distinguer les oppositions citoyennes, qui sont
nécessaires, légitimes, pertinentes et ont montré très souvent
que les raisons d’inquiétudes étaient fondées, celles qui sont
dans le cadre légal et celles qui sont dans un cadre illégal. »
Le
bois Lejuc s’étend sur 221 hectares. Il se trouve à l’aplomb du
futur centre d’enfouissement, où l’agence nationale de gestion
des déchets radioactifs (l’Andra) veut enfouir 500 mètres sous
terre les déchets les plus dangereux du système nucléaire
français. C’est là que sont prévues de sortir les cheminées
d’aération du site souterrain. Depuis deux ans, l’agence veut
donc y conduire des travaux préparatoires, systématiquement bloqués
par les anti-Cigéo, par des recours juridiques ou des actions de
sabotage.
« Week-end de renforcement de l’occupation »
En mai, le conseil municipal a de nouveau voté, à une voix près cette fois-ci, en faveur de la cession du bois Lejuc à l’Andra, dans une mairie interdite d’accès par des barrages policiers. Cette nouvelle délibération fait aujourd’hui l’objet d’un recours au fond, déposé par le réseau Sortir du nucléaire – après le rejet d’un référé. Dans ces conditions, les opposant·e·s considèrent que l’Andra n’est pas propriétaire de la forêt de la discorde. « Le bois n’appartient pas à l’Andra, affirme leur avocat, Étienne Ambroselli. La nouvelle délibération est incapable de régulariser un titre de propriété a posteriori. » Pour l’agence, au contraire, il ne fait pas de doute qu’elle est propriétaire du bois.
Entre les parties, les désaccords atteignent un paroxysme. Jeudi après-midi, l’Andra s’est réjouie d’une opération « importante qui va permettre de retrouver un climat plus apaisé » et annoncé son intention de nettoyer le bois car « il a été très endommagé ». La phrase peut sonner comme une provocation alors que c’est cette même agence qui, en 2016, a défriché une partie du bois, sans en avoir l’autorisation, afin d’y élever un mur de béton de plus d’un kilomètre de long. Avant que la justice ne la condamne à l’abattre et à remettre la forêt en état si elle ne parvenait pas à régulariser sa situation. Elle a finalement obtenu une transaction pénale avec le procureur de la République (voir ici à ce propos). En un an et demi d'occupation, les « hiboux » du bois Lejuc y ont construit quelques cabanes, au sol ou dans les arbres.
Banderole déployée à Poitiers, jeudi 22 février
2018 (DR).
Il
semble bien peu probable que l’évacuation du bois Lejuc éteigne
la contestation de son usage par l’Andra. Ce dernier continue de
faire l’objet de plusieurs recours juridiques : contre la
délibération du conseil municipal de Mandres-en-Barrois, contre son
retrait du régime forestier, contre son défrichement et contre la
transaction pénale après la construction du mur de béton. À la
suite des critiques de l’IRSN, les experts de l’Autorité de
sûreté nucléaire (ASN), l’Andra a annoncé en juillet dernier
qu’elle repoussait d’un an, à mi-2019, le dépôt de la demande
d'autorisation de construction (DAC) de Cigéo. Au plus tôt, sa
construction ne pourrait intervenir qu’en 2022, et son entrée en
fonctionnement en 2027 ou 2028.
Par
ailleurs, le réseau Sortir du nucléaire annonce jeudi vouloir
porter plainte pour violation de domicile après l’intrusion de
dizaines de gendarmes dans la maison de la résistance à Bure. En
fin d’après-midi, la préfecture de la Meuse déclare avoir évacué
tou·te·s les occupant·e·s du bois Lejuc. Mais la légalité de
ces expulsions est contestée par les avocats des opposant·e·s. En
2017, la justice avait rendu un jugement d'expulsion à l'encontre du
seul occupant déclaré de la forêt, Sven Lindstrom.
La
bataille de Bure risque ainsi de s’envenimer dans les prochaine
semaines. Un « week-end de renforcement de l’occupation »
était prévu sur place début mars. « On n'a pas vraiment de
mots pour décrire ce qu’on a ressenti et ce que représente la
destruction de ce lieu qu’on a tant aimé », ont
témoigné par écrit des occupant·e·s du bois, après la
destruction de leur barricade au nord de la forêt. « Quand on
est arrivés au niveau de la barricade, vers 9 heures du matin,
le dispositif policier était en place, le bulldozer était démarré
mais la destruction n’avait pas encore commencé. À notre arrivée,
ils ont éteint leur machine et s’en est suivi un long face-à-face
entre nous et les flics. Au bout de 20 minutes de ce face-à-face,
d’autres véhicules de police sont arrivés en renfort et ils ont
remis en route la machine de destruction. Alors, on s’est postés
au plus près de la barricade. On ne pouvait rien faire d’autre que
de faire face, le cœur serré, sans croire ce qu’on voyait. On n’a
pas pu prendre une vidéo de la destruction de la cuisine du Futur,
faute de place dans l’appareil photo. Elle s’est effondrée avec
une majesté incroyable, sa boule à facette a tenu le coup. »
Sur leur compte Twitter, ils annoncent : « We’ll be
back. »
Jade
Lindgaard -
Médiapart
A Bure, le gouvernement engage la « concertation » avec gendarmes, bulldozers et arrestations
500 gendarmes ont procédé le 22 février à l’évacuation du Bois Lejuc, près de Bure (Meuse), occupé par les opposants à la « grosse poubelle nucléaire », le projet de centre d’enfouissement de déchets radioactifs (Cigéo). Selon les autorités, le bois, qui s’étend sur 220 hectares, serait entièrement évacué de ses habitants – y compris celles et ceux qui occupaient des cabanes aménagées à la cime des grands arbres, parfois situées à 20 mètres de hauteur. Des escadrons de gendarmerie tentent désormais d’empêcher l’accès à la forêt. Néanmoins dans la matinée du 23, le compte twitter des opposants continuait à diffuser des vidéos sur place, et revendiquait la présence de militants « partout dans la forêt », appelant à « converger vers le bois » et à « manifester partout en France ».
Ce
23 février au matin, sept personnes restaient encore en garde à vue
suite à cette évacuation, qui s’est aussi soldée par une
perquisition improvisée – la deuxième en sept mois – dans la
« maison de résistance Bure zone libre », dans le
village de Bure. Présent sur place, le procureur de Bar-le-Duc,
Olivier Glady, connu des opposants pour ses réquisitions à charge
dans les nombreux procès qui ont émaillé la lutte ces derniers
mois, a pris prétexte d’obstacles sur une route pour pénétrer
dans cette habitation privée devenue centre névralgique de
l’organisation collective contre Cigeo.
Les
associations locales, dont le réseau Sortir du nucléaire, ont
décidé de riposter d’abord sur le terrain judiciaire. Le réseau
a annoncé le 22 au soir qu’il portait plainte pour « violation
de domicile », étant copropriétaire de la maison de Bure
depuis des années. La « maison de la résistance » avait
déjà fait l’objet d’une perquisition le 20 septembre... Le bois
Lejuc lui-même fait déjà l’objet de nombreux contentieux depuis
2016. Sa propriété est contestée : l’Agence nationale pour
la gestion des déchets radioactifs (Andra), en charge du projet
Cigéo, a cherché à l’acquérir après un « échange »
voté par le conseil municipal de la commune voisine de
Mandres-en-Barrois. Deux procédures sont en cours, au pénal comme
au civil, et une décision est attendue pour le 10 avril prochain.
État de droit ?
D’autre
part, l’ordonnance d’expulsion produite par le procureur ce 22
février est très fragile : elle date en fait du 26 avril 2017,
et ses termes n’auraient pas été respectés lors de l’évacuation.
Sans oublier le défrichage illégal opéré sur le bois avant
l’occupation, sanctionné par un jugement du 1er aout 2016 du TGI
de Bar-le-Duc. Le 13 février dernier, devant le même tribunal, deux
opposants comparaissaient en correctionnelle pour avoir participé à
la destruction, le 14 août 2016, d’un mur en béton, installé par
l’Andra pour se « protéger des zadistes ». Le
procureur Olivier Glady a réclamé 4 et 5 mois de prison avec sursis
– et 300 euros d’amende pour refus de prélèvement ADN.
Nicolas Hulot apostrophé
La
coordination Stop Cigeo, qui fédère l’action des opposants au
projet de l’Andra, a boycotté le rendez-vous, s’étonnant
d’avoir pris connaissance du programme de la visite du ministre
uniquement par voie de presse, la veille, pour un rendez-vous furtif
vendredi matin… « Étiez-vous au courant de cette
opération musclée, qui accompagne votre visite de façon si
peu glorieuse, crédible, honorable ? », condamne
la coordination dans une lettre ouverte diffusée dans l’après
midi. « Opération filmée, dont les images passent en
boucle sur les médias, preuve que tout était bien anticipé,
et que la propagande est plus importante que l’information…Vous
ne nous rencontrerez pas demain vendredi, car il ne peut plus
être question comme annoncé, de volonté de concertation, ni
de reprendre le dialogue dans ce lourd dossier Cigéo »,
a déclaré Stop Cigeo.
A
Paris, le ministre d’État Nicolas Hulot a été apostrophé lors
de la séance de questions à l’Assemblée nationale par par une
députée de La France insoumise, Mathilde Panot, arborant la photo
montrant Nicolas Hulot, avant qu’il soit ministre, pausant parmi
les opposants à Cigeo. « Je n’ai pas l’impression
d’être en porte-à-faux avec ma conscience. J’aurais préféré
ne jamais avoir à traiter ce sujet là, que l’on arrive pas à
cette situation avec ces déchets dont personne ne veut »,
s’est défendu le ministre, avant d’ajouter : « On
n’a pas brûlé les étapes à Bure. Rien n’est définitif, rien
n’est acté. » En soirée, plus de 70 rassemblements se
sont déroulés partout en France en solidarité avec les opposants.
Jérôme
Thorel – Bastamag -
Photo : ValK
La stupidité autoritaire
Force et bêtise : le gouvernement a montré jeudi 22 février deux aspects de son visage. Force brutale, on l’a raconté ici. Mais bêtise, aussi, quand le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, explique dans un lapsus : « Nous ne voulions plus qu’un certain nombre de lieux puissent être évacués indûment. » Ou quand l’Andra annonce qu’elle va « nettoyer le bois » — alors qu’elle veut à terme y installer des bouches d’évacuation des gaz radioactifs… Sébastien Lecornu, secrétaire d’État à la Transition écologique, affirme aussi que « la concertation dure depuis 1990 ». On mettra sur le compte de la jeunesse — M. Lecornu est né en 1986 — cette plaisanterie : dès 1987, l’opposition très vive dans tous les sites pressentis en France par les gouvernements de l’époque a fait reculer ceux-ci, et si Bure a été choisi, c’est essentiellement parce que ce territoire peu peuplé paraissait plus faible.
Et
en ce qui concerne la concertation à Bure, elle s’exprime par une
répression policière continue depuis des mois — qui témoigne
d’un État policier bien plus que d’un État de droit — et par
le déversement d’argent aux limites de la corruption depuis des
années, dans un territoire à qui on veut faire accepter une
installation occupant à terme 300 hectares d’entreposage en
surface de déchets radioactifs, des galeries souterraines courant
sur 300 km, une émission continu de gaz radioactifs, et la
consommation d’eau de 500 m3 par jour — sans compter les risques,
sur lesquels on va revenir.
La
constante référence à « l’État de droit »
relève du même registre de la plaisanterie sinistre, alors que
presque tous les actes entrepris par le gouvernement ou l’Andra
donnent lieu à des contestations juridiques, où les autorités sont
régulièrement sanctionnées. On se rappelle aussi que M. Macron,
alors ministre de l’Économie, a tenté maintes fois, en 2014 et
2015, de faire passer en douce le projet Cigéo sous forme d’un
« cavalier législatif » — le Conseil
constitutionnel l’avait alors recalé.
La
concertation supposerait que l’on réponde aux questions que posent
les élus et les médias libres aux autorités. Mais quand des
députés demandent au gouvernement la publication de la carte des
sites de déchets nucléaires existant en France ou des informations
sur le projet de stockage en piscine à Belleville-sur-Loire, ils ne
reçoivent pas de réponse.
C’est bien M. Macron qui est en cause, et c’est bien de stupidité qu’il s’agit
La
stupidité autoritaire : voici donc l’attitude adoptée par
M. Macron face au problème lancinant des déchets nucléaires.
C’est bien M. Macron qui est en cause, et c’est bien de
stupidité qu’il s’agit. Expliquons-nous.
On
l’a vu, M. Macron agit depuis des années pour imposer
l’enfouissement des déchets nucléaires, si nécessaire à
l’industrie nucléaire, dont il reste un vigoureux promoteur. Ne
rêve-t-il pas, par exemple, de vendre six réacteurs EPR à l’Inde,
où il se rend dans quelques semaines ? Mais pour cela, il est
indispensable de faire croire que l’on maîtrise toute la chaîne,
dont ce si ennuyeux problème de déchets toxiques pour des centaines
de milliers d’années. De surcroît, la question est si importante
qu’elle relève in fine de la responsabilité du président
de la République.
Mais
pourquoi stupide ? Comme beaucoup de gens très intelligents,
M. Macron croit pouvoir comprendre tous les problèmes, même
ceux dont il ignore l’essentiel. À peu près dénué de culture
scientifique, M. Macron fait comme l’immense majorité de la
classe dirigeante française, il croit ce que lui disent les
« experts » de l’industrie nucléaire. Et donc,
il croit ou fait mine de croire — selon l’élément de langage
repris par tous les ministres et députés qui s’expriment sur le
sujet — qu’il y a « les déchets » et que les
enfouir est « la moins pire des solutions ».
L’ennui,
c’est que cet apparent bon sens est stupide, et que le répéter
revient à entretenir la société dans l’ignorance des enjeux
réels.
Il
n’y a pas les déchets : il y a plusieurs types de déchets
(actinides mineurs, plutonium, Mox, combustible uranium usé, uranium
de retraitement), qui chacun pose des problèmes techniques
différents. Autrement dit, le système français est si intelligent
qu’alors que les autres pays nucléaires ont déjà bien du mal à
se dépêtrer d’un seul type de déchets — le combustible uranium
usé —, nous en avons cinq sur les bras ! Le comprendre
et le dire ferait avancer le débat.
Pourquoi
sommes-nous dans ce casse-tête à cinq branches ? Parce que la
France nucléariste est si intelligente qu’elle s’obstine dans le
retraitement, dont personne d’autre ne veut et qui transforme un
type de déchets en cinq types, à un coût faramineux.
La
moins pire des solutions ? Allons donc ! Pourquoi ne pas
étudier l’entreposage au sec, refaire le point sur la
transmutation des déchets, arrêter le retraitement — et puis,
bien sûr, sortir du nucléaire, qui continue à produire année
après année des dizaines de tonnes de produits hautement
radioactifs ?
Il
faudrait enfin reconnaître que le projet Cigéo est très loin
d’être mûr techniquement, que l’engagement de réversibilité
(reprise éventuelle des déchets enfouis) pose des problèmes pour
l’instant insolubles à un coût raisonnable, que les déchets
bitumés issus de la filière graphite-gaz génèrent un risque
d’incendie très préoccupant, que le Mox oblige à reconfigurer la
physique du stockage, que le coût et le dimensionnement de tout le
projet sont en réalité indéterminés.
En
bref : arrêter
de produire les déchets, arrêter le retraitement, reconfigurer un
éventuel Cigéo, réfléchir aux alternatives
— voilà ce qu’un gouvernement responsable et intelligent
poserait sur la table.
En
reconnaissant que c’est une opposition tenace et réfléchie de
femmes et d’hommes de tous horizons qui permet de poser ces
questions que les nucléaristes prétendent faire taire par les
matraques.
►Bure
LE vendredi 23, après la journée d’expulsion, le Bois Lejuc est réoccupé. Communiqué commun des différentes composantes de la lutte A LIRE ICI.
Bure : une plate-forme dans les arbres évacuée par les gendarmes
A 14h, une des cabanes a été expulsée. Les occupants sont libres, « fatigués mais vont bien ». Un groupe d’opposants devrait partir de la Maison de la résistance afin d’aller soutenir ceux qui restent dans l’arbre restant. Pour l’expulsion, au moins deux pompiers, trois policiers spécialisés dans la grimpe et six gendarmes seraient présents.
Source :
Reporterre
►GCO
Les opposant.e.s au grand contournement ouest de Strasbourg ont préparé un comité d’accueil à la filiale de Vinci pour préparer le chantier. Par ailleurs, l’autorité environnementale a rendu un avis pas vraiment favorable au projet. PLUS D’INFOS ICI.►Bure - Maintien du WE 3/4 mars : https://zad.nadir.org/spip.php?article5192
Selon le Syndicat des avocats de France,
l’opération policière à Bure ne respectait pas le droit
Dans
un communiqué publié le 24 février, le Syndicat des avocats
de France a dénoncé le non-respect du droit par l’action
policière menée le 22 février à Bure par le gouvernement.
Voici son texte :
« Une
fois de plus, les pouvoirs publics choisissent la politique de la
criminalisation des oppositions citoyennes alors que la question de
l’enfouissement des déchets nucléaires mériterait un débat
national d’ampleur eu égard à l’importance et à la complexité
des enjeux.
« L’Etat
croit pouvoir exécuter une décision d’expulsion de nature civile,
en usant d’ordonnances sur requête datant de plus d’un an, sans
que les occupants n’aient reçu le moindre commandement de quitter
les lieux et sans qu’ils puissent utilement saisir un juge avant
l’exécution de cette décision afin de faire entendre leurs
arguments et de bénéficier de délais, alors que l’Etat ne
justifie d’aucune urgence particulière à expulser maintenant et
que les occupants sont parfaitement identifiés.
« Cette
stratégie délibérée d’agir par surprise pour éviter l’office
du juge est contraire au droit au procès équitable. Elle a déjà
été utilisée à Sivens, et déclarée illégale dans un arrêt du
18 avril 2014 de la cour d’appel de Toulouse, comme étant
contraire à l’article 6 de la Convention européenne des droits de
l’Homme. Les leçons des erreurs commises à Notre-Dame-des-Landes
et Sivens n’ont pas été tirées. Une procédure en rétractation
de ladite ordonnance sera déposée dans les prochaines heures au TGI
de Bar-le-Duc.
« En
outre, tout est fait pour empêcher l’exercice des droits de la
défense, dans la mesure où les occupants du bois Lejuc, qui ont été
arrêtés et placés en garde à vue, sont éparpillés dans
plusieurs lieux de privation de liberté. Le SAF s’indigne que des
auditions de garde à vue ont eu lieu sans la présence de l’avocat
sollicité.
« La
maison de la résistance, lieu d’hébergement du réseau local
Sortir du nucléaire et des différents collectifs qui luttent contre
le projet d’enfouissement des déchets nucléaires, a fait l’objet
d’une perquisition sans cadre légal et par la force. Une plainte a
été déposée pour violation de domicile.
« Par
ailleurs, il convient de préciser que la propriété de l’ANDRA
n’est nullement établie à la date d’aujourd’hui. Plusieurs
procédures sont en cours à ce sujet. Le respect de l’Etat de
droit suppose que ces recours soient examinés avant tout projet
d’expulsion, contrairement à ce que déclare le Premier ministre.
« Le
SAF dénonce cette opération d’expulsion par la force qui ne
respecte ni les droits élémentaires des opposants, ni les
procédures ni les concertations sur le terrain entre les différents
acteurs. »
Source :
Syndicat
des avocats de France - Photo :
Serge d’Ignazio (Syndicat
des avocats de France) sur
Reporterre
Lyon-Turin :
une infographie pour tout savoir, en dates et en chiffres,
de ce projet discuté
Laurent
Wauquiez visite le chantier du Lyon-Turin ce lundi 26 février.
L’occasion de faire le point sur un projet hyper-coûteux et à
l’utilité très discutable. En chiffres et en dates, une
infographie pour comprendre le débat sur cette ligne ferroviaire.
Sous
les Alpes, « Frederica » creuse, patauge,
s’enraille dans la roche. Depuis octobre 2016, ce tunnelier de 138
mètres de long et 11,3 mètres de diamètre perce un tunnel de 57
kilomètres pour joindre la France à l’Italie. L’objectif ?
Rapprocher Paris de Milan grâce à une ligne à grande vitesse,
désengorger les routes savoyardes des camions de marchandises, et
améliorer les échanges économiques transalpins. Mais, 27 ans après
son lancement, le projet Lyon-Turin est encore au cœur d’une
guerre des chiffres entre opposants et partisans.
Le
7 février dernier, trois recours ont été déposés contre le
décret prorogeant pour cinq ans la déclaration d’utilité
publique (DUP) de la liaison ferroviaire Lyon-Turin. Le premier a été
adressé au Conseil d’État par Vivre et agir en Maurienne, les
deux autres sont des recours gracieux envoyés au Premier ministre et
au ministère de la Transition écologique et solidaire par
l’association les Amis de la Terre et une coordination d’opposants
au projet. Tous dénoncent le fait que la DUP du Lyon-Turin, établie
en décembre 2007, ne correspond plus au projet actuel, et qu’une
nouvelle enquête publique doit être menée. Et pour cause :
les divergences entre les prévisions de la DUP et les calculs des
opposants sont nombreux.
La
construction du tunnel est évaluée à 8,6 milliards d’euros,
auxquels il faut ajouter le coût de construction de trois autres
tunnels sur le trajet Lyon-Chambéry jusqu’au tunnel
transfrontalier. Il faut aussi compter avec la construction de la
gare internationale de Saint-Jean-de-Maurienne. Soit un total d’un
peu plus de 16 milliards d’euros selon la DUP de 2007. Mais la
Cours des comptes estimait en 2012 le coût total du projet à 26
milliards d’euros, si ce n’est plus. L’addition serait partagée
à 40 % par l’Europe, 35 % par l’Italie et 25 %
pour la France… Et par les voyageurs : il est envisagé
d’augmenter le prix des péages et des billets pour financer une
partie des travaux.
Trafic transfrontalier au point mort
Le
nouveau réseau est destiné à 80 % au transport de fret afin
de désengorger les vallées en Savoie et de réduire la pollution
émise par les poids lourds. Selon les données récoltées par
Daniel Ibanez, économiste et opposant au projet, 80 % de la
pollution actuelle dans la région est émise par les automobiles,
15 % par les transports régionaux, et seulement 5 % par
les camions transfrontaliers. Un calcul auquel s’ajoute la question
des trafics entre la France et l’Italie : si les
pro-Lyon-Turin défendent l’idée que la ligne permettrait de
fluidifier les échanges entre les frontières et d’augmenter leur
volume, ils stagnent pourtant depuis longtemps. « On
s’aperçoit aujourd’hui que les prévisions faites en 2006 pour
justifier l’utilité publique pour 2017 ne se sont pas réalisées.
En 2017, sur les 2.772.000 camions prévus, il n’en est passé que
1.062.000, explique Daniel Ibanez. 16 millions de tonnes de
marchandises étaient prévues sur le rail, il en circule
actuellement 3 millions et demi. Fatalement, la ligne existante n’est
pas saturée. Il y a plus de 20 moyens que nous soulevons dans les
recours pour montrer que la situation est substantiellement
différente, et qu’on ne peut pas proroger une utilité publique si
tout a changé. »
La
question des temps de trajet est également disputée. Aujourd’hui,
il faut sept heures de voyage pour relier Paris et Milan en train. Le
Comité pour la liaison européenne Transalpine prévoit de
raccourcir cette course à quatre heures. Mais l’estimation est
jugée « à la louche » par les opposants, qui ont
calculé que la nouvelle liaison se ferait en 5 h 25, à condition
que le train ne marque aucun arrêt. Soit un gain réel de seulement
1 h 35 au lieu de 3 heures.
Pas
de quoi inquiéter « Frederica », qui continue de
creuser… Quand elle le peut. Arrêté pour maintenance pour le
second hiver d’affilé, le tunnelier est à la peine. Si la date de
mise en service du réseau est toujours fixée à 2030, le retard qui
s’accumule nous éloigne chaque année du bout du tunnel
Lyon-Turin.
(NDA :
pour voir l’infographie,
article sur Reporterre )
►Landivisiau :
News, appel à soutiens et communiqués de l’association "Landivisiau doit dire non à la centrale" : http://www.nonalacentrale-landivisiau.fr/
►GCO :
ZAD du moulin :
Flash
infos de la Zad du Moulin : appels à soutien face aux travaux
en cours. MOBILISATION - BESOIN DE RENFORTS : Nous renouvelons
notre appel à venir renforcer les défenses sur le terrain... sur la
zad du moulin, au vergé ou au spot. Nous rappelons que rien n’est
plié. http://zaddumoulin.fr/flash-infos-26-02-2018-alerte
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire