On a reçu ça :
"Ci-joint un commentaire envoyé à l'Indép sur la "guerre" à la "cabanisation", et la lettre de lecteur sur laquelle je m'appuie..
Amitiés."
Jean Monestier Le Soler, le 26.11.2015
Objet : Cabanisation.
J’ai beaucoup apprécié la justesse des observations de Dominique Longville, publiées dans l’Indépendant du 15 novembre au sujet de la « guerre à la cabanisation ».
Il y a sans doute aujourd’hui une relance de cette politique, mais je pense régulièrement depuis des années aux résidents du camping Agua Dulce, souvent des gens âgés ayant peu de moyens - on parle des petits revenus, mais il y a des bien encore plus petites retraites, d’autant plus petites quand il s’agit de pensions de réversions - qui furent chassés de leurs logis à l’heure du laitier par une compagnie de gendarmes mobiles.
Ces personnes avaient créé, dans des mobile-homes installés à l’année, une vie collective modeste qui faisait que l’existence valait encore la peine d’être vécue.
Cette vie collective, authentique et non fabriquée, qui devient tellement rare à notre époque de guerre de tous contre tous, où les administrations, « pour notre bien », nous enferment dans un corset toujours plus serré de normes et de contraintes rigides, où la peur psychotique de la mort, pourtant inévitable, le dispute au plaisir discrètement sadique de contraindre les autres.
On avait offert à certaines de les reloger… pour quelques mois.
Combien sont mortes d’isolement et de chagrin ?
Pourquoi n’auraient-elles pu signer une décharge, comme quand on quitte un hôpital malgré les conseils des médecins, pour assumer la vie pauvre mais conviviale qu’elles avaient préférée à une déchéance urbaine misérable ?
Il est d’ailleurs curieux que cette « guerre », qui n’est qu’une démonstration dérisoire de force régalienne à côté des moyens immenses qu’il va falloir déployer face au réchauffement climatique et à ses conséquences, ne semble pas être aussi radicale dans l’Aude, département moins touristique, et encore moins dans le Nord, où les campings à l’année logeaient des ouvriers du tunnel sous la Manche, et où l’on pouvait héberger, près d’une maison trop petite, une grand-mère venue passer sa fin de vie près de sa famille dans un mobile-home confortable installé sur le terrain adjacent.
Ne faudrait-il pas exercer un peu de discernement dans ces interprétations locales de la volonté étatique ?
N’y aurait-il pas de précieux savoir faire chez ceux qui savent construire un abri en urgence avec des palettes, de la terre, des objets récupérés ?
A l’heure où des milliers de réfugiés pourraient se déplacer brusquement sur nos propres territoires (pensons à l’exode provoqué par Katrina), une certaine autonomie « résidentielle » sera peut-être vitale à côté de l’autonomie « alimentaire », qui reste obstinément un impensé de la plupart de nos élus et décideurs.
La leçon des camps d’Argelès et de Rivesaltes n’a-t-elle donc servi à rien ?
La résilience ne serait-elle pas une qualité face aux catastrophes annoncées ?
Jean Monestier.
Défenseur d’une biosphère habitable.
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