LE MONDE | 14.11.2013 - Par Editorial du "Monde"
Combien faudra-t-il encore de catastrophes climatiques pour que la lutte contre le réchauffement devienne une véritable priorité ?
Les Etats sont réunis jusqu'au 23 novembre à Varsovie pour la conférence annuelle de la convention climat des Nations unies.
Ils sont censés ouvrir la voie à un accord qu'ils se sont engagés à signer en 2015 à Paris. Mais encore une fois, rien n'est acquis, tant les divisions restent importantes entre les grands pollueurs.
Les négociateurs ont tous fait part de leur émotion après le passage du typhon Haiyan, qui vient de dévaster le centre des Philippines. Tout comme un an plus tôt, ils avaient exprimé leur compassion pour les victimes du cyclone Bopha, qui avait déjà ravagé l'archipel asiatique.
Dans les capitales, la machine humanitaire s'est mise en branle pour venir au secours des rescapés, et donner ainsi le spectacle d'une solidarité réconfortante. Mais cette générosité de court terme ne peut plus suffire.
Tout comme les larmes de crocodile versées par des responsables politiques qui sont aussi les premiers à ne pas assumer des politiques courageuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les scientifiques s'attendent à des événements extrêmes de plus en plus en intenses.
Même s'ils ne peuvent pas aujourd'hui faire le lien direct entre changement climatique et un cyclone en particulier, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, Michel Jarraud, expliquait le 13 novembre que « l'élévation du niveau de la mer rendait déjà les populations côtières plus vulnérables aux tempêtes, ce qui a eu des conséquences tragiques dans le cas des Philippines ».
Il n'y a pas que les Philippines. Il y a tout juste un an, Manhattan, à New York, était sous 4 mètres d'eau, après l'ouragan Sandy, et les Etats-Unis sortaient alors tout juste de leur pire sécheresse en plus de soixante ans…
Dans les mégalopoles chinoises, l'air est devenu irrespirable.
L'Europe nous semble pour l'heure relativement préservée. Mais cela n'aura qu'un temps : à l'été 2012, l'Europe centrale endurait déjà ses pires inondations depuis probablement cinq siècles.
Pour insurmontable qu'il semble, le problème du changement climatique n'est pas insoluble a priori.
Dans son dernier livre, The Climate Casino, l'économiste américain William Nordhaus – qui fut le mentor du Prix Nobel d'économie Paul Krugman – propose la mise en place immédiate d'une taxe sur le carbone qui serait vouée à croître continûment, jusqu'à doubler en 2030.
L'objectif est avant tout de faire du charbon – la source d'énergie la plus polluante et toujours l'une des plus utilisées dans le monde – une ressource trop coûteuse pour être exploitée.
Une part du chemin serait ainsi faite.
A l'heure où la pourtant timide écotaxe met la Bretagne en révolte, on mesure toute la difficulté à instaurer ce genre de contraintes. Mais ne pas le faire conduira, à l'évidence, à des situations plus ingérables encore.
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