Soudure, combustible…
De nouveaux retards
pour l’EPR de Flamanville
qui coûtent cher
L’entrée en service de l’EPR d’EDF à Flamanville (Manche) est à nouveau reportée de plusieurs mois et son coût gonfle encore. Alors que seize réacteurs sur cinquante-six sont toujours à l’arrêt en France.
La centrale nucléaire de Flamanville (Manche) est encore en cours de construction. | STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE |
La situation devient décidément tendue pour EDF. Le géant français de l’électricité, exploitant du deuxième parc nucléaire mondial après celui des États-Unis, est confronté à la fois à l’indisponibilité, exceptionnellement élevée, de seize réacteurs sur cinquante-six en France et à une envolée du cours de l’électricité sur le marché de gros où il est désormais contraint de s’approvisionner à prix d’or.
Déjà, en 2020, avant les arrêts inopinés de Civaux et Chooz (les deux centrales les plus récentes et les plus puissantes, assurant 10 % de la production française) pour défauts constatés dans des soudures, la désorganisation liée à la pandémie avait réduit de 12 % la production nucléaire. Et voilà que l’EPR de Flamanville, la seule nouvelle centrale devant entrer en service dans un parc presque entièrement âgé de 35 à 40 ans, est à nouveau victime d’aléas. Une grève à l’appel de la puissante CGT viendra couronner le tout le 25 janvier.
Une entrée en service en 2024 ?
EDF a annoncé, hier, que le chargement du combustible dans le cœur de l’EPR de Flamanville est décalé de fin 2022 « au second trimestre 2023 ». Aucune date de mise en service n’est annoncée. Jusqu’à présent fixée à la mi-2023, elle pourrait donc être reportée à 2024. Soit douze ans de retard sur la date initiale.
300 millions de plus, sans les frais
Le coût de l’EPR est alourdi de 300 millions et porté à 12,7
milliards d’euros, contre trois milliards estimés au lancement du
projet, en 2004. La cour des comptes, affirmait, en juillet 2020, qu’il faudra y ajouter des coûts complémentaires qui pourraient atteindre près de 6,7 milliards d’euros à la mise en service du réacteur »,
dont environ 4,2 milliards de frais financiers ».
Encore des problèmes de soudures
Entre autres causes de retard citées par EDF, la reprise des soudures du circuit secondaire principal de refroidissement du réacteur, qui ne sera achevée qu’en août au lieu d’avril 2022. EDF ne mentionne pas, en revanche, la reprise des soudures des « piquages » (raccordements) sur le circuit primaire. À la pose de « colliers », proposée par EDF, l’Autorité de sûreté nucléaire n’a donné, en novembre 2021, qu’un accord de principe.
Les conséquences de Taishan
EDF mentionne également le retour d’expérience sur l’aléa technique » signalé en juin sur le réacteur n° 1 de Taishan,
l’EPR chinois,
premier à être entré en service, en 2018, et dérivé de celui de
Flamanville. Les écologistes de la Criirad et de Greenpeace soupçonnent
que la fuite radioactive provient d’un défaut de conception de la cuve.
EDF a assuré, hier, qu’elle a été causée par la rupture de dispositifs maintenant les crayons de combustible dans les assemblages ».
Un problème déjà rencontré et résolu sur le parc français et qui ne remet pas en cause le modèle EPR ».
Greenpeace demande un moratoire sur les travaux
de Flamanville et une évaluation en toute indépendance de la viabilité des réacteurs EPR ».
Coup dur pour Lévy et Macron
Le 8 novembre 2021, au Sénat, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, affirmait encore qu’EDF était déterminé à charger le combustible à la fin 2022 »,
un objectif « sans marge ».
Il ajoutait qu’EDF était prêt » à honorer la commande, déjà controversée, de six EPR
qu’il pousse auprès du gouvernement. Ce nouvel aléa à Flamanville ne
peut qu’embarrasser Emmanuel Macron qui, le 9 novembre, annonçait sa
volonté de relancer la construction de réacteurs nucléaires. Le candidat
écologiste, Yannick Jadot, assure que le lancement de nouveaux EPR voulu par Emmanuel Macron présage de nouveaux fiascos ».
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