Tarification
progressive de l’eau, préservation des écosystèmes, adaptation de
l’agriculture…
Des parades existent pour éviter les sécheresses récurrentes.
La France peut éviter le scénario cauchemardesque de pénuries d’eau à
répétition. A condition d’avoir les bonnes clés. La construction de
barrages a longtemps été le réflexe premier, et certains agriculteurs
continuent à en demander : stocker de l’eau en période d’abondance pour
s’en servir dans les périodes sèches est une idée séduisante. Mais les
retenues artificielles telles que les barrages ou les bassines ne sont
pas la panacée. Une partie du liquide accumulé s’évapore et rien ne sert
de construire des barrages s’il n’y a rien pour les remplir. Pire, lors
des longues sécheresses, les gros ouvrages peuvent participer à
l’assèchement des rivières en aval en retenant le peu d’eau disponible.
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Pertes et fuites le long des réseaux
Reste que les solutions qui reposent sur la nature sont les plus adaptées. L’eau n’est jamais aussi bien stockée que quand elle est absorbée par les nappes souterraines via les champs, les arbres, les zones humides (prairies, marais, tourbières…). D’où l’importance de préserver, restaurer et multiplier ces écosystèmes. C’est aussi le cas en milieu urbain, où l’enjeu est d’abord de désimperméabiliser pour que la pluie s’infiltre.
En parallèle, l’or bleu doit être moins et mieux consommé : optimiser les systèmes déjà existants, éviter les pertes et fuites le long des réseaux, mais surtout faire baisser la demande. Agriculteurs et industriels commencent à revoir les pratiques en profondeur. « On vit une révolution dans les systèmes de culture avec l’agriculture de conservation des sols ou l’agroforesterie », précise Sami Bouarfa, chercheur en sciences de l’eau à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. Il devient inévitable de décaler certaines plantations dans le temps ou géographiquement, notamment en viticulture. Voire d’en arrêter certaines, comme le décrié maïs irrigué.
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« Guerre de l’eau »
Le partage équitable est la dernière clé. Le rapport parlementaire recommande de couvrir entièrement la France avec des schémas d’aménagement et de gestion des eaux pour planifier les futurs besoins et usages, dans le respect de l’environnement, à l’échelle locale. Il insiste sur la nécessité de mettre tous les acteurs concernés autour de la table, avec un accès aux mêmes documents au moins quinze jours à l’avance pour pouvoir les décrypter.
« Si on n’y prend pas garde, la guerre de l’eau va s’inviter chez nous parce qu’il y a des gens dont la vie dépend de l’accès à la ressource », avertit Loïc Prud’homme.
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