Des
infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il
s'est passé en août 2016 autour des Zones A Défendre : on y parle de
Notre-Dame-Des-Landes et de plein d'autres choses.
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle
PROJET D’AYRAULT – PORT de NOTRE DAME
DES LANDES (44)
Source :
ZAD.nadir.org et médias
août
2016
Et ailleurs : Bure (55) –
Vintimille (06) – Gaillac (81) – ROD à Varsovie (Pologne) –
Mexique -
ZAD
de NDDL - 44
Infos du 1er au 7 août
Samedi
6 août
►Sur
la zone, l’été bat son plein : sous le soleil, plein de gens
se rencontrent, découvrent la zone et la lutte, discutent, plein de
chantiers s’activent - constructions, récoltes, aménagements.
Infos du 8 au 14 août
Mardi
2 août
►Il
fait toujours beau sur la ZAD... et les invitations à y passer sont
nombreuses :
voir l’agenda pour les prochains rdv...
N’oubliez pas de consulter les infos pour arriver ici et les conseils si vous voulez
passer
quelques temps à découvrir la lutte d’ici.
Ça
y est, ça commence à sentir la rentrée :
►Mardi prochain, avec une AG de préparation de la mobilisation du 8 octobre : à
20h30 à la Vache Rit pour s’organiser :
appel à tou.te.s les motivé.e.s !
►Des
charpentiers se
retrouvent la semaine prochaine pour participer à la
préparation
de hangars, qui pourraient être monté à l’occasion de cette
mobilisation
►L’université
d’été des luttes est pour bientôt, même si le PS ne sait
plus s’il en fera une ou pas
►Des
invitations à
des we de formation à l’action et la désobéissance sont
lancées pour tous les we de septembre
►Et
des rencontres intercomités à organiser bientôt
Infos du 15 au 21 août
Vendredi
19 août
10 juillet, le mouvement dans toutes ses composantes s'est
réunit en assemblée pour
commencer à organiser une grande
mobilisation à l'automne.
La dernière assemblée a rédigé le premier appel qui suit :
La dernière assemblée a rédigé le premier appel qui suit :
« Le gouvernement a donné rendez-vous à l'automne prochain pour expulser la zad de
ses
habitants et démarrer les travaux de l'aéroport. Nous ne les
laisserons pas faire !
Nous donnons rendez-vous de notre côté
à toutes celles et ceux qui veulent défendre
ce bocage et ce qui
s'y vit le 8
octobre
prochain."
Infos du 22 au 31 août
►C’est parti pour le chantier hangar ! Sous un soleil de plomb, une bonne soixantaine de motivé.e.s s’activent à découper du bois avec pour objectif la construction d’une grange de 200 mètres carrés, qui sera assemblée lors du rassemblement du 8 octobre. Pour celles et ceux qui voudraient rencontrer les charpentier.ères le vendredi soir sera le moment d’une fête collective aux Fosses Noires : concerts, bar et discussion sont prévues jusqu’à tard. Tout le weekend illes accueilleront sur le chantier les personnes curieuses des techniques de charpente traditionnelle.
►Ca
s’active ailleurs sur la zad, chantier à la Quaterelle, aux Vraies
Rouges... une chose est sure : ici on continue à construire en dur
sans s’inquiéter des menaces gouvernementales.
►La
chaleur est toujours au rdv et le chantier hangar avance
tranquillement le jour tandis que les nuits se remplissent de
chouettes ambiances arrosées de bonnes bières du coin dans le bar
improvisé pour l’occasion aux fosses. Pendant ce temps-là, à la
Wardine, une Horde a débarquée, prête à nous enrichir de
méditations collectives et autres ateliers du bien-être à la
musique, en passant par un peu de clownesqueries. A Bellevue,
l’inter-luttes se conjugue au basque cette semaine avec une joyeuse
petite bande remontée du fin fond du sud pour échanger sur des
pratiques, des idées, des envies, des modes de vie, des luttes
communes...
►On
va pas perdre du temps au point de parler du gouvernement, fait bien
trop beau pour s’encombrer de vieux corbeaux !
Vendredi
26 août
►Nous
sommes très heureus.e.s de vous annoncer la naissance imminente du
Taslu, une
bibliothèque pour la zad..
►A
lire ici : un article sur le chantier
"charpente" de la semaine
ET
AILLEURS
Infos du 1er au 7 août
Du
8 au 19 août : Deuxième manche de l’été d’urgence à Bure
!
Aux confins de la Meuse, il se trame quelque chose. Depuis le début de l’été, nous avons multiplié les manifestations contre la poubelle nucléaire et son monde. Nous nous sommes rassemblé.e.s à plusieurs milliers devant le « laboratoire » et avons occupé, pendant 3 semaines, le bois Lejuc pour bloquer les travaux. La résistance au projet CIGEO a trouvé le point de ralliement qui lui manquait. Un nouveau front s’ouvre contre le diktat des aménageurs.
Tout au long de ces semaines, nous avons été de plus en plus nombreux-euses. Des personnes venues de toute la France et d’Europe ont convergé vers Bure pour de grands rassemblements festifs. Beaucoup de vies ont été bouleversées par les événements récents. Certain.e.s habitant.e.s se sont retrouvé.e.s à dormir sur les barricades, dans la chaleur du mois de juillet. Des paysan.ne.s ont bloqué les voies d’accès avec leurs tracteurs. Des gen.te.s d’ici et d’ailleurs sont présent.e.s au quotidien, pour quelques jours, ou pour s’installer progressivement.
Aux confins de la Meuse, il se trame quelque chose. Depuis le début de l’été, nous avons multiplié les manifestations contre la poubelle nucléaire et son monde. Nous nous sommes rassemblé.e.s à plusieurs milliers devant le « laboratoire » et avons occupé, pendant 3 semaines, le bois Lejuc pour bloquer les travaux. La résistance au projet CIGEO a trouvé le point de ralliement qui lui manquait. Un nouveau front s’ouvre contre le diktat des aménageurs.
Tout au long de ces semaines, nous avons été de plus en plus nombreux-euses. Des personnes venues de toute la France et d’Europe ont convergé vers Bure pour de grands rassemblements festifs. Beaucoup de vies ont été bouleversées par les événements récents. Certain.e.s habitant.e.s se sont retrouvé.e.s à dormir sur les barricades, dans la chaleur du mois de juillet. Des paysan.ne.s ont bloqué les voies d’accès avec leurs tracteurs. Des gen.te.s d’ici et d’ailleurs sont présent.e.s au quotidien, pour quelques jours, ou pour s’installer progressivement.
Ils plongent dans la lutte et s’attachent à cette terre qu’ils ne connaissaient pas il y a encore deux mois, décidés à peupler ce territoire hostile d’une joie indestructible.
Après nos premiers succès, nous avons aussi essuyé des coups au moral et sur les corps. Nous avons été expulsé.e.s de la forêt, puis nous y sommes retourné.e.s, fort.e.s d’une énergie collective encore jamais ressentie. L’intensité du mouvement a poussé l’Andra, derrière sa propagande bien rôdée, à révéler son vrai visage répressif : des manifestant.e.s ont été blessé.e.s par les flashballs des gendarmes, par les manches de pioche des vigiles ou placé.e.s en garde à vue. A l’orée du bois, l’agence érige maintenant des murs et des barbelés. Les hélicoptères de la gendarmerie survolent les villages. Plus que jamais, à Bure, l’été d’urgence est déclaré.
*#Occupybure *
Une première étape a été franchie. Nous devons désormais penser au coup d’après et enraciner la résistance. Nous appelons à deux semaines de rencontres, du 8 au 19 août pour poursuivre les chantiers en cours, à l’ancienne Gare de Luméville (à 5 kilomètres de Bure). Nous y installerons un campement pour construire, échanger et s’organiser sur le long terme. Venez avec vos envies, vos idées et votre matériel. Nous imaginons promenades, blocages, débats, jeux grandeur nature, ateliers…
Toutes les énergies seront les bienvenues pour faire le procès du nucléaire et de son monde !
Le week-end du 12-13-14 août sera le point d’orgue du campement.
Vendredi 12 août au soir : concerts ; samedi 13 : ballades et présentation de la lutte et dimanche 14, à 11h : grande manifestation contre le projet CIGEO et l’accaparement du bois Lejuc.
Retrouvons-nous massivement à Bure pour ensevelir la poubelle nucléaire sous une irréversible marée humaine !
*C’est maintenant que ça se passe !!! * *ANDRA, DEGAGE ! RESISTANCE ET AFFOUAGES ! CONSTIPONS LE NUCLEAIRE ET LE CAPITALISME !*
Déchets nucléaires à Bure: la justice réclame la suspension des travaux
C’est une victoire
juridique d’importance pour les opposants à l’enfouissement des
déchets nucléaires. Le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc a
réclamé la suspension des travaux de l’Agence nationale de
gestion des déchets radioactifs (Andra) dans le bois Lejuc, à Bure,
dans la Meuse.
C'est là, à la frontière
entre la Meuse et la Haute-Marne, que l'Andra envisage de créer un
site d'enfouissement de déchets nucléaires, un projet
baptisé Cigéo. Elle avait commencé au mois de juin la
construction d'un mur et d'une large voie d'accès dans le bois
Lejuc, mais huit associations et quatre habitants de
Mandres-en-Barrois, la commune voisine de Bure,
ont assigné l'agence en référé le 25 juillet. « Ces
travaux de défrichement ont été réalisés en violation du code
forestier, sans demande auprès de l’administration concernée et
sans aucun affichage réglementaire »,
expliquaient alors les associations.
Les associations ont quant à elle qualifié la décision de justice de « rappel à l’ordre cinglant et historique ». Dans un communiqué commun, elles attaquent une nouvelle fois les méthodes de l'Andra. « Travaux illégaux, embauche de mercenaires pour “protéger” le mur : les manœuvres et manipulations […] pour imposer Cigéo sont maintenant exposées au grand jour. Cette décision marque également le bien-fondé et la légitimité de la mobilisation de plusieurs centaines de personnes et des habitants qui s’opposaient depuis plusieurs semaines aux travaux de l’Andra », poursuit le communiqué.
Lors de l'audience, qui s'est tenue au tribunal de grande instance le 28 juillet, l'Andra avait estimé être « contrainte de protéger sa propriété » et avait dénoncé « l'occupation illégale du bois ». Estimant que la destruction de l'état boisé du lieu n'était pas démontrée, elle avait assuré ne réaliser que des « investigations géologiques autorisées et l'installation d'une clôture ». La décision avait été mise en délibéré.
Le tribunal a donc considéré ce lundi 1er août que l'Andra a bel et bien procédé à un défrichement, et que les travaux engagés nécessitaient une autorisation de la préfecture dont l'agence ne disposait pas. En conséquence, le TGI réclame « de suspendre tous travaux de défrichement » des parcelles concernées, « jusqu'à obtention d'une autorisation exécutoire » conforme au code forestier.
Par ailleurs, la justice enjoint à Andra de « remettre en état les parcelles [...] défrichées, par la suppression du géotextile, de l'empierrement et de la clôture en murs de béton et par la replantation dans le respect d'aménagement du plan forestier du bois Lejuc », dans un délai de six mois, « sauf autorisation de défrichement obtenue par l'Andra dans ce délai ». L'Andra a également été condamnée à verser 1 500 euros aux requérants au titre des frais exposés.
Le projet Cigeo prévoit l'enfouissement à 500 mètres sous terre et pour une durée indéterminée des déchets les plus radioactifs et ceux ayant la durée de vie la plus longue. Il suscite une opposition depuis deux décennies, mais la mobilisation des opposants s'est accrue ces derniers mois, tant au plan local que national (lire notre reportage ici).
Au mois de juin dernier, l'Andra a commencé des travaux dans le bois, et a défriché, depuis, environ sept hectares. Plusieurs dizaines de militants antinucléaire ont alors décidé d'occuper la forêt pour ralentir les travaux, considérant que l'ancien bois communal avait été acquis par l'Andra de manière litigieuse. Après leur expulsion, les travaux ont repris et un mur en béton a été édifié par l'agence, confortée par le vote – par une vingtaine de députés le 11 juillet – d'une proposition de loi sur la « réversibilité » de l'enfouissement des déchets.
L'Andra dispose désormais de six mois pour remettre le site en état et peut encore demander une autorisation de la préfecture pour reprendre les travaux. Mais, concrètement, cette autorisation ne peut être délivrée qu'après une longue procédure incluant vraisemblablement une étude d'impact et une enquête publique. Autrement dit, les travaux ne devraient pas reprendre avant plusieurs mois.
Un recours contre l'arrêté
municipal autorisant la construction du mur est en préparation, et
les associations et opposants à Cigéo annoncent « d'autres
recours en préparation ». Une « grande
manifestation » est également annoncée sur place le
14 août. « Cela commence très, très mal pour
Cigéo », veut croire Étienne Ambroselli.
Aurélie
Delmas - Médiapart
►des nouvelles de Bure :
hier, première historique : le tribunal de grande instance de
Bar-le-Duc a rendu un jugement qui interrompt provisoirement tous
travaux dans le Bois Lejuc et qui demande la remise en état des
lieux dans un délai de 6 mois si aucun arrêté préfectoral ne
vient autoriser les défrichements d’ici là. A lire ici le
communiqué
des associations à l’initiative de la plainte
►Les
chantiers de résistance et de lutte continuent quand même, avec un
programme du
8 au 18 août à voir ici
►Nous étions des habitant.e.s et
collectifs de la zad à participer au Forum Civique Européen à
Longo Maï.
Nous diffusons à ce titre ce communiqué sur la
situation à Vintimille que nous avons cossigné :
Vintimille : les migrants débordent le dispositif frontalier
Communiqué de solidarité du congrès du
Forum civique européen
Nous étions réunis à plus de 400 personnes de différents collectifs, mouvements et associations des 4 coins du monde cette semaine à Longo maï, près de Forcalquier, pour le Congrès du Forum Civique Européen (FCE). Nous tenons à réagir fortement après les évènements des ces derniers jours sur la frontière franco-italienne.
Depuis des mois, les mesures de répression des migrants se renforcent, notamment à Vintimille. Le passage de la frontière franco-italienne est de plus en plus dur et la solidarité avec les réfugiés toujours plus criminalisée. La tension est encore montée d’un cran. Dans la nuit du 4 août 2016, environs 300 migrants ont décidé de quitter le centre de la croix rouge italienne et de se diriger vers la frontière. Ils voulaient exiger collectivement son ouverture et la libération d’un de leur compagnon placé en centre de rétention administrative dans le sud de l’Italie.
Alors que la police italienne les évacuait violemment, plus de 200 personnes ont réussi à leur échapper. Ils sont parvenus à passer la frontière à la nage ou à pied, sous les charges et les tirs de gaz lacrymogènes de la police italienne d’un côté et française de l’autre. Après une chasse à l’homme dans plusieurs villes avoisinantes, plus de 144 migrants ont été arrêtés et maintenus en détention dans les containers de la Police aux Frontières (PAF) de Menton Garavan ou ramenés de force en Italie..
La police française a empêché les journalistes de France 3 et de certains organes de presse de prendre des photos. Elle a détruit une partie de leur matériel pour tenter de cacher le fait qu’elle avait alors perdu le contrôle de la frontière. Au cours de ces évènements, 17 personnes parmis celles venues en soutien, notamment pour apporter de l’eau aux migrants massés au soleil, ont aussi été arrêtées, à la fois coté italien et français. Comme cela se pratique de plus en plus couramment pour faire obstacle à la solidarité, 2 d’entre eux ont reçu des restrictions administrative de territoire : interdiction de se rendre dans les 16 communes de la province de Vintimille en tant qu’italien, et interdiction de territoire italien pour 5 ans en tant qu’étrangers. Depuis, les soutiens « no borders » sont accusés dans les médias et par certains politiques d’avoir « encadré » et « fomenté la révolte ».
Depuis le congrès du Forum Civique Européen et en tant que personnes, collectifs et associations actifs aux cotés des migrants, nous voulons affirmer notre solidarité entière avec tout ceux qui sont actuellement détenus et chassés de chaque coté de la frontière. Nous voulons aussi participer à rétablir quelques vérités :
Contrairement à ce qu’impliquent certains réflexes de pensée nauséabonds, les migrants sont tout à fait à même de s’organiser de manière autonome pour tenter de passer la frontière et pour énoncer leurs revendications. Ils n’en ont tout simplement pas le choix après avoir enduré les plus grands risques pour arriver jusqu’ici et échapper aux guerres, à la pauvreté, et aux dégradations environnementales entraînés par les politiques post-coloniales et marchandes. Cette semaine, la police a été débordée à la frontière par une initiative collective des migrants. Ce n’est pas la première fois à Vintimille, et c’est une petite victoire face aux renforcement des politiques racistes et sécuritaires que les migrants subissent de plein fouet.
La mise en avant et la criminalisation des « no borders », dans ce contexte, sert avant tout à invisibiliser l’initiative des migrants. En réalité, depuis un an, la multiplication des arrestations et des interdictions de territoires pour les soutiens rendent de plus en plus difficile les manifestations de solidarité.
Nous appelons néanmoins à continuer à agir en accord avec les revendications des migrants : contre les frontières et pour la liberté de circulation, pour la possibilité de vivre là où ils le souhaitent et de rejoindre leurs proches.
Contre les contrôles, persécutions, détentions et l’exercice du racisme d’État, contre l’idéologie de la guerre, la militarisation et les politiques économiques qui les entraînent.
Nous appelons dans un premier temps à
manifester ce dimanche à Vintimille à 15h
Signataires : les
collectifs, associations et individus réunis à l’occasion du
congrès du FCE
Infos du 8 au 14 août
Vendredi
12 août
Vivre de squat, d'échanges et récup'
Gaillac (Tarn), de notre envoyé spécial.- 6 h 45, un lundi de la fin juin. Gaillac s’ébroue. La place de la Libération est encore vide, le soleil tourne sur les façades de briques ocre et rose. En costume-cravate, seuls au volant de leurs voitures, les cadres défilent, direction Toulouse, parfois Albi. Quelques vignerons se rendent aux vignes. Et justement, une Citroën ZX antique se profile à l’horizon. À bord, Justine, 25 ans, peu diserte, et Flora, 33 ans, les yeux encore baignés de sommeil. Dix kilomètres de route bordés de platanes vers Cahuzac-sur-Vère. De chaque côté, la vigne, et les caves coopératives. Un rond-point orné d’une sculpture moderne annonce fièrement l’invention, ici même en 1984, du sécateur électrique. Puis un chemin de terre, le long d’un champ de blé, et la vigne, qui s’étend sur une parcelle de plus d’un hectare. Dans le coffre, des atomiseurs pour asperger les feuilles d’un domaine pas comme les autres. Il s'agit d'une vigne collective : 1 hectare et 23 ares de mauzac (blanc), 25 ares de duras (rouge), prêtés par un vigneron du coin, qui les a en fermage et récolte un peu d’aide en échange. C’est aussi lui qui se charge de la vinification.
La « vigne co’ », comme l'appellent ceux qui l'entretiennent, fonctionne avec « 8 personnes en tout, 4 sur 5 sont vraiment mobilisées, on met la main à la pâte et on donne 50 euros par an pour acheter ce qu’on ne peut pas récupérer pour le traitement, puis les vendanges, et tout le reste », explique Flora, ancienne salariée d’une revue parisienne et dernière arrivée dans le collectif. Sa serpe à la main, Justine part désherber.
Gaillac, au petit matin. Juin 2016 © Pierre Puchot |
Arrive
Fabrice, 29 ans, au volant de sa Volvo, muni des outils et des
produits nécessaires au traitement de la vigne, « tout bio,
évidemment. Bon, on met un peu de soufre quand même. En 2014, on
n’a pas traité, et pfffiou, le mildiou nous a tout bouffé, pas de
vin pendant deux ans. Horrible ». Une petite odeur près de
sa voiture, âcre, différente de celle de l’essence :
Fabrice roule à l’huile de friture, « l’huile de kebab,
mes deux véhicules [une Mercedes 307 et la Volvo six cylindres ;
seuls les vieux véhicules peuvent rouler à l'huile de friture]
tournent à ça, ça marche très bien, on peut tout à fait se
passer de gasoil, à hauteur de 98 %, après le démarrage,
disons ».
Fabrice et Justine vivent
aujourd'hui sans salaire, sans vendre non plus leur force de travail.
Entre deux colocations, Justine habite à Gaillac, où
elle est hébergée gratuitement en échange de menus travaux.
Fabrice réside dans un mobil-home qu'il a acquis, sur un terrain
qu'il possède avec six de ses amis. La seule facture de Fabrice ?
Son téléphone, qui lui coûte deux euros. Fabrice affirme être
totalement autosuffisant : il récupère l’eau de pluie et en
tire du puits, roule à l’huile de friture, génère de
l’électricité grâce à ses panneaux solaires, produit sa propre
nourriture et use de la « récup' » pour ce qui lui
manque. Fabrice et Justine s'efforcent ainsi de vivre des produits
qu'ils cultivent et qu'ils récupèrent, sur les marchés, à la
sortie des déchetteries et des supermarchés. La « récup' »,
toujours la « récup' », obsession du quotidien, base de
leur économie, antithèse du consumérisme qu’ils dénoncent, de
ces produits « inutiles qu’on nous fait acheter et qui se
pètent pour un rien », peste Justine. Alors ils n’achètent
rien : « si, de temps en temps le tabac, mais je vais
bientôt arrêter de fumer », glisse Justine, qui utilise
pour cela une partie infime de ses économies, un héritage familial
de 5 000 euros.
Justine et Fabrice
abordent l'aide sociale et les revenus de solidarité de manière
différente, sans pour autant que la question ne les divise. À 25
ans, Justine a droit au RSA mais n'en a pas encore fait la demande.
La question la tourmente : le demandera-t-elle, elle qui n’a
ni voiture, ni loyer, ne déclare pas d’impôts, n’est pas
inscrite à la Sécurité sociale, et s’applique depuis trois ans à
ne laisser aucune trace dans le système marchand, et étatique ?
« J’hésite : avec le RSA, je pourrais davantage
contribuer à la coloc', verser un loyer, aider les gens qui
m’hébergent. Je vais sans doute le faire. Mais 450 euros par mois,
je ne saurai pas quoi en faire : si c’est pour acheter un truc
qui va être cassé en deux minutes, ou qui va me faire devenir
feignante… Et puis, je n’ai pas envie de pointer, de quémander,
et d’alimenter les bases de données de notre cher gouvernement. »
Fabrice, lui, touche le RSA et n'en éprouve aucune gêne, car il le
« redistribue quasiment entièrement » à ceux
dont il estime qu'ils en ont besoin, à travers les caisses de grève
ou de généreuses contributions aux communautés qu'il fréquente.
« Avec l'argent du RSA, je me suis aussi abonné à sept
journaux, comme le CQFD, ou Bat kid à Toulouse, et le
Saxifage, le journal de Gaillac, pour en faire profiter tout
le monde autour de moi, explique le jeune homme. Je ne me sens
pas profiteur, puisque l’argent va à la collectivité. Je n'en ai
pas besoin, mon modèle de vie ne repose pas là-dessus. Je capte cet
argent pour le réorienter là où cela me paraît le plus juste. »
Ce matin-là, un autre
acolyte les a rejoints et toute la troupe s’active durant quatre
heures dans les vignes, face au soleil rasant. Un gros travail, qu’il
n’est pas question de monnayer. Le vin produit ici n'est pas vendu,
il sert à l'« autosuffisance en pinard » des
membres de la « vigne co' ». Le monde marchand ne fait
plus partie de l’univers de Justine et Fabrice, depuis plusieurs
années déjà.
Fabrice avait tout
pourtant pour faire carrière dans l’entreprise la plus
prestigieuse de la région : Airbus. Originaire du
« Gaillacois », rétif à l’apprentissage
scolaire, il s’oriente à 16 ans vers l’école privée du
constructeur aéronautique pour un CAP ajusteur-monteur en
aéronautique. Le jeune homme n’en garde pas un grand souvenir :
« Une formation disciplinaire, semi-militaire : un
règlement interne strict, pas de short, pas de pantalon trop long,
pas de piercing, de cheveux trop courts ou trop longs ; ils ont
même renvoyé un pote chez lui parce qu’il était mal rasé… une
bonne ambiance. Dès l’école aussi, on nous expliquait qu’on
allait entrer dans une grande famille. Un avant-goût de ce qui se
passait dans l’entreprise. C’est spécial, Airbus. »
En 2005, à 18 ans, il
touche un salaire de 1 450 euros, plus important que celui
de sa mère, secrétaire, et de son père, infirmer à Albi. Il
déclare 18 000 euros de revenus lors de sa première année.
« Sauf que ça ne me plaisait pas. Le boulot en lui-même
n’était pas mal, basé sur un vrai savoir-faire. Mais après
l’école, c’était pire. Le mot “Jeune”, “c’est bien,
Jeune”, “tais-toi, Jeune”, c’était assez particulier. Et
puis les chefs qui viennent te voir pour que tu achètes des actions,
les syndicats aussi. J’avais bien senti que derrière cette culture
d’entreprise, il y avait des choses louches. »
« Ça me fait peur de travailler »
Un matin, le réveil sonne, Fabrice l’ignore. Il démissionne, au grand dam de sa famille. Une nouvelle vie commence. En colocation à Toulouse, Fabrice loge avec des étudiants plus âgés que lui, « qui se questionnent, mais pas militants pour un sou ». Ils l’initient à la « récup' » : « Ça marchait plutôt bien : encore tout dernièrement, on a récupéré 500 litres d'huile de friture ; comme je ne roule pas beaucoup, ça me fait plusieurs mois. »
La mère de sa petite amie est impliquée dans le réseau Nature et progrès (association proactive dans le développement de l’agriculture bio), dans le réseau du Sel (le service d’échange libre), et la création des premières Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne). Fabrice découvre un nouveau monde, a envie d’apprendre, de repasser le bac, de s'inscrire à l’université. Il rencontre aussi Mohamed, palestinien, Karim, égyptien, qui effectuent leurs études en droit international à Toulouse, « pour essayer de faire avancer les problématiques dans leurs pays. Karim nous conseille d’aller en Égypte, de profiter de la vie pas chère là-bas, pour poursuivre nos études. Le père de Lætitia était égyptien… Finalement, on est partis vivre à Alexandrie en 2007. J'avais 20 ans. Moubarak était encore là [le président égyptien déchu en 2011], j’ai eu l’impression de me retrouver dans 1984. Mais pour moi, ce fut vraiment une renaissance ». Le couple y restera huit mois.
Une séance de traitement de la « vigne co' ». Juin 2016 © Pierre Puchot |
De
retour à Gaillac, en 2010, Fabrice s’initie à la fabrication du
vin dans une première vigne collective, fabrique ses premières
toilettes sèches, apprend à gérer un compost, à s’occuper des
animaux. Puis le couple se sépare, Fabrice part étudier la
musicologie à Dijon, puis à Salamanque (Espagne). Deuxième
déclic. « Après Airbus, je n’ai pas vraiment
retravaillé, quelques jours par-ci, par-là, dans le bâtiment, dans
la vigne, parce qu’on me le proposait. À Dijon, j’avais ma
bourse d’études, et la CAF (Caisse d'allocations familiales).
En Espagne, c’était plus dur, il y a un vrai business Erasmus
là-bas, il fallait donner le loyer et les factures en argent
liquide. Tout cet argent juste pour avoir un toit, dormir, avoir de
l’eau, ça m’a paru absurde. Je me suis dit à ce moment que plus
jamais je ne paierais pour dormir quelque part, et pour avoir de
l’eau. »
En 2014, sa licence en
poche, Fabrice a conservé presque la totalité de son « butin »
d’Airbus, 12 000 euros mis de côté après son année dans
l’entreprise : « Je n’allais pas dans les bars, je
n’ai jamais été dépensier. Je volais souvent la nourriture
dans les supermarchés. C’est une fierté, vu tout le mal que font
ces entreprises-là aux producteurs, qu’elles étranglent avec des
prix ridiculement bas, et aux consommateurs, qu’elles
empoisonnent. »
Contre 200 euros, Fabrice
achète finalement une caravane qu’il retape. L’hiver, il part en
voyage, en Irlande, en stop, puis aménage un mobil-home, offert par
un couple chez qui il a travaillé en maraîchage, trois ans plus
tôt : « Je l’ai ramené grâce au tracteur d’un
ami. Dans ce mode de vie, tout se fait grâce au groupe, à
l’entraide. Pareil pour le terrain que j'occupe aujourd'hui :
depuis quelque temps, je ressentais le besoin d’avoir de la terre,
et un ami a trouvé ce qu’il me fallait : 15 hectares
inconstructibles contre 45 000 euros. J’avais les économies
d’Airbus, j’ai avancé un peu d’argent pour les autres et on a
pu l’acheter, à sept, en groupement foncier agricole (GFA) pour
emménager dessus. »
Clarinettiste et
guitariste, membre d’une fanfare semi-professionnelle qui se
produit régulièrement, Fabrice souhaite donner gratuitement des
cours de musique aux enfants, pour transmettre en dehors des cadres
habituels du salariat. Il construit également un four itinérant
pour fournir du pain aux manifestants pendant les défilés contre la
loi El Khomri, ou dans le cadre d'un collectif d’artistes
nomades baptisé la « caravane intergalactique », qu'il a
rejoint il y a deux ans. Le travail salarié, en revanche, « plus
jamais : j’ai été très déçu d'Airbus, j’étais
malheureux. Et puis, cette histoire d’avion militaire, tu te dis :
“C’est pas possible, qu’est-ce que je fais là !”
Aujourd’hui, ça me fait peur de travailler, parce que j’ai
l’impression que je participe à un système que je hais où il y
en a qui se gavent quand d’autres n’ont rien ; je n’ai pas
non plus envie de faire pousser cette nourriture pleine de pesticides
cancérigènes ; de reproduire une école qui forme trop à la
chaîne, dans des classes surchargées. L’école ne nous prépare
pas à vivre ensemble, elle ne promeut que la réussite
professionnelle individuelle. À aucun moment, les profs ne posent la
question : “De quelle société vous auriez
envie ? Comment, collectivement, peut-on améliorer les
choses ?” Mon choix, c’est une solution individuelle
pour en sortir. Ce matin, j’ai mis le réveil à 5 h 30
pour tout préparer pour la vigne. Je suis prêt à faire des heures,
mais pas pour Airbus et ses actionnaires. »
« C’est loin, Paris. On a beau dire, c’est du papier, des images »
Toutes les trois rangées de ceps pulvérisées, Fabrice doit recharger son pulvérisateur. À son passage, Justine lève la tête. Plus méfiante que Fabrice, elle est aussi plus directe et concise. Pour elle, le déclic fut la Zad de Notre-Dame-des-Landes : « J’habitais à Lyon, on s’était un peu mobilisés avec des copains de la fac contre la loi Fioraso [loi du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche], puis je suis allée manifester à Nantes le 22 février 2014 contre l'aéroport, et on a passé une semaine à la Zad. Ça a été un gros questionnement de vie. À la veille de repartir pour reprendre les cours, on nous a proposé de rester, et je me suis rendu compte que ce que je prenais pour une évidence, le retour à la fac, n’en était pas une du tout. Du coup, j’ai arrêté la fac. »
Suit le printemps de Sivens, contre le projet de construction du barrage, où elle passe une semaine, « dans une cabane toute seule. Aller chercher mon eau au puits, j’ai adoré ça ! J'ai réellement pris conscience que j’en avais assez de passer mon temps assise sur une chaise entre quatre murs. J’avais toujours aimé la campagne, mais je n’avais pas eu d’accroche pour m’en rendre compte vraiment. J’avais ce côté un peu adolescente rebelle, un attrait pour les squats, le refus de la discipline, tout ça. Du coup, je ne voulais pas non plus faire une formation dans le maraîchage, j’étais incapable de rester en place ».
Centre-ville de Gaillac. Juin 2016. © Pierre Puchot |
Justine
a arrêté les études en première année de master philosophie.
« J’aimais bien la philo, mais pas les cours. J’ai
vraiment apprécié les lectures. Deleuze, Foucault, Rousseau,
Bachelard. En première année de master, il y a avait un cours sur
la philosophie de l’imaginaire. Cela consiste à chercher à
qualifier et à comprendre comment se structure la vie imaginale, et
relier la raison, la perception et la connaissance. Moi, je voulais
le faire sur la cartographie : c’est à la fois un support
sémiologique et un témoin des connaissances de notre temps. »
De Deleuze, elle retient Mille Plateaux – le second des deux
volumes ayant pour sous-titre « Capitalisme et
schizophrénie », issu de la collaboration entre le
philosophe Gilles Deleuze et le philosophe et psychanalyste Félix
Guattari –, et « toute cette boîte à outils qu’il
mettait en place, ces concepts qui paraissaient sortir de l’approche
très cartésienne avec un sujet d’étude que l’on essaie de
creuser. Ce qu’essaie de faire Deleuze, c’est beaucoup plus
abstrait, chaotique, et instinctif. Dans la philosophie classique, on
va attendre d’apprendre comment penser avant de penser. Chez
Deleuze, il faut d’abord sentir, pour ensuite organiser ce que tu
en es en train de penser. De ses concepts, je m’en sers tous
les jours, ça m’a configuré l’esprit, en quelque sorte ».
Vue de Gaillac par le Tarn. Juin 2016 © PP |
Fabrice
voyageant durant l’hiver, il fut présent sur la Zad de Sivens
pendant les travaux, à partir du 1er septembre 2014,
jusqu’en décembre. « On était à la maison de la forêt,
on entendait les tronçonneuses. Et là, ça a été le début de la
violence, on prenait des coups de matraque tout le temps. C’était
dur de voir l’acharnement de la police, de l’administration, à
dire que ça venait d’ailleurs, comme si tous les zadistes ne
venaient pas de la région… Toute cette énergie développée pour
un projet qui n’est que “business”. Et qu’ils en arrivent à
tuer quelqu’un [le manifestant Rémi Fraisse – ndlr] pour
ça, pour rien, c'est terrible, et absurde. » Pour
lui, Sivens a creusé un fossé au sein de la population de la
région. « D’un côté, les gens sont arrivés de toute la
région et même du Lot, de l’Aveyron… mais en face aussi, cela a
soudé l’extrême-droite, les anciens du Sac qui étaient
endormis : les intimidations, la casse de pare-brise,
toutes les histoires de chasse à l’homme dans les bois, de
courses-poursuites en pleine nuit. Encore aujourd’hui, il y a de
l’ambiance. Un exemple : des gens ont caché du grillage dans
le champ d’un agriculteur antibarrage, son foin est plein de fer,
il ne peut pas le donner aux vaches… »
« À force de tout remettre en question, tu peux devenir fou »
Justine et Fabrice vivent sans argent ou presque. Mais leur autonomie ne signifie pas pour autant fermeture au monde ni même autarcie. Dans une rue étroite du centre-ville de Gaillac, se niche la coloc' de Flora et Justine, une institution locale sans clé, toujours porte ouverte. Ils sont neuf à habiter là. Jadis, à son retour d'Égypte, Fabrice y a lui-même passé quelque temps. Plus de dix pièces, un jardin intérieur, le fatras dédiés à la « récup’ », la pièce pour le bois de l’hiver. Sur le bord d’une étagère, un livre-recueil de témoignages de la Zad, bordés de poèmes d'écrivains célèbres. À un texte indigné de l’avocat de la famille de Rémi Fraisse succède un poème de Walt Whitman : « Je crois qu’une feuille d’herbe n’est pas moindre que la journée des étoiles » (extrait d’un texte intitulé « Chant de moi-même »).
De la vie collective, Justine rejette parfois certaines expériences de radicalité. Notamment un jour, avec des militants végans : « On passait des heures et des heures à discuter de la manière dont on allait faire le jardin, le plus en accord avec la nature. Et au final, un an après, on ne cultivait toujours pas grand-chose. Je ne suis pas contre le véganisme, seulement contre les végans radicaux. À force de tout remettre en question, tu peux devenir fou si tu n’as pas quelques repères. Après, il y a deux solutions ; soit on choisit d’intégrer nos réflexions dans notre mode de vie et on avance. Soit on va toujours plus loin et on se coupe du monde. C’est le danger de ce type de processus. »
Quand on lui parle de son avenir, Justine dit : « Je n’en sais rien. Ce que j’aimerais, c’est continuer dans des projets collectifs, si possible dans le domaine agricole, comme la “vigne co'”. Quand tu fais ton propre raisin, non seulement il est meilleur parce que c’est toi qui le fais, mais en plus parce que tu sais ce que tu mets, et surtout ne mets pas dedans. On fait aussi des patates, des oignons. On va voir comment on s’organise à plusieurs, dans une optique d’autonomie. » Autonomie, par rapport à quoi ? « Au système marchand. On est aussi dans une dynamique de réappropriation des savoirs. Les évidences qui n’en sont plus quand tu vis à la ville : comment faire pousser une patate, tailler la vigne, quel bois utiliser pour fabriquer une cuillère, quelles plantes sont consommables. Tous ces savoirs sont soit folklorisés, soit oubliés. L’idée, c’est de les faire vivre. » Justine ne se projette pas non plus avec des enfants, préférant passer du temps avec ceux « qui sont déjà présents. Je vis en collectif, les contacts que j’ai avec les enfants des amis, ça me va très bien. Et je n’ai vraiment pas envie d’être obligée de travailler pour nourrir des gamins ».
Le bar "Au comptoir du china-bulle". Gaillac, Juin 2016 © PP |
Après
la Zad, il a fallu reconstruire, apporter du lien entre une
population parfois très hostile aux militants antibarrage et des
zadistes traumatisés par la mort de Rémi Fraisse. D’où l’idée
du bar « Au
Comptoir du Chinabulle », un café associatif pour « chiner
et buller », où
Justine et Fabrice se réunissent souvent. Ce lundi après-midi, jour
de fermeture, ils sont trois à bricoler la machine à café, ranger,
aérer ce magnifique espace aux poutres saillantes, loué jadis par
un antiquaire, au cœur de Gaillac. Passé une première pièce, le
bar, s’ouvre un espace tout en longueur pourvu d’une scène et
d’un coin dédié aux enfants, ainsi qu’une cuisine. Aménagée
sommairement, la cave sert, elle, de coulisses aux artistes qui
attirent souvent plusieurs centaines de personnes.
Dans
le coin près du bar, à côté du poste « Internet gratuit »,
on s’assoit pour relire le même livre de Walt Whitman : « Et
une souris est assez miraculeuse pour ébranler des sextillions
d’incroyants… » En cet été 2016, loin des
manifestations post-Sivens, Gaillac a repris son petit train-train,
ses conversations chasse et rugby à la terrasse du Café des sports.
Lentement toutefois, la ville s’éveille, dans le sillage de
Justine et Fabrice, deux jeunesses, deux projets de vie dévoués à
tester les marges, une avant-garde pour inventer un monde meilleur, à
écart de l’économie marchande.
Pierre
Puchot - Médiapart
►Du
côté de Bure, c’est aussi un we de luttes et de
chantiers !
Pour suivre les infos directement :http//vmc.camp
Pour suivre les infos directement :http//vmc.camp
Des nouvelles de plus loin :
►Le collectif ROD menacé de destruction.
Projet de jardins communautaires à Varsovie, en Pologne, porté par un collectif proche du réseau européen de Reclaim the Fields, ROD lutte contre la privatisation de la terre, le “land-grabbing” et contre la commercialisation des ressources, est menacé de destruction.
"L’urbanisation n’est pas le progrès ! Nous nous opposons à la destruction irresponsable de ces jardins ! Nous exigeons que les terrains de ROD soient préservés !"
Pour plus d’infos et les soutenir :https://reclaimthefieldspl.noblogs.org/
►Un récit reçu de Vintimille, à propos de la répression, à lire ici :
Infos du 15 au 21 août
Jeudi
18 août
Des
nouvelles fraîches ici : http://vmc.camp/
Infos du 22 au 31 août
Mardi
23 août
►Des
nouvelles d’ailleurs : Lutte
communautaire et répression politique au Mexique.
Un bulletin de
soutien aux personnes emprisonnées là bas pour leur participation
aux luttes indigènes est dispo en fin d’article.
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