Jean Monestier Le Soler, le 06.11.12
19,
avenue Jean Jaurès
66270 LE
SOLER
06 83
99 03 25
à Monsieur le Président de la République
Palais
de l’Elysée
55,
rue du Faubourg St HONORE
75008
PARIS
Réf : 12U06LTB
Objet :
Aéroport de Notre Dame des Landes.
Monsieur le Président de la République,
En tant que
citoyen, je suis atterré par l’entêtement du gouvernement à poursuivre envers
et contre tout la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes.
Alors que
ce 21ème siècle est placé sous le signe de la montée en puissance
accélérée de l’effet de serre dû aux activités humaines, qui va rendre
inéluctablement la Terre inhabitable si nous ne changeons pas fondamentalement
notre attitude vis-à-vis des énergies fossiles, ce gouvernement continue à
soutenir comme si de rien n’était le développement forcené de l’aviation
civile.
Nantes est
déjà pourvue d’un aéroport dont les capacités sont largement excédentaires. Des
professionnels ont pris position sur l’inutilité actuelle de ce projet. Des
élus et des citoyens aussi. Mais ce gouvernement n’en a cure. Malgré la
politique affichée d’économie budgétaire, il gaspille dans cette entreprise
l’argent public et les moyens de toutes sortes qui ne vont pas tarder à manquer
pour organiser collectivement notre résilience lors de la catastrophe
écologique totale qui s’amorce.
Dans son
livre passionnant sur « Les décisions absurdes », Christian Morel, sociologue
des décisions fiables dans les secteurs hospitaliers, aéronautiques, et autres,
cite un facteur qui compromet nettement la sécurité des atterrissages d’avions
de ligne : la « destinationite ». Il s’agit du fait que, plus la
destination du vol est proche, plus il devient difficile pour les pilotes de
décider de repousser l’atterrissage, par exemple pour se dérouter vers un autre aéroport en cas de forte pluie. On a
même fait l’hypothèse, chez les pilotes d’avions de chasse, d’une sorte
d’hypnose, qui les pousse, comme on l’a constaté, à se fracasser sur leur cible
avec leur appareil, ce qui est incontestablement absurde.
Sans
vouloir discuter de la pertinence de ce projet au siècle dernier, c'est-à-dire
il y a plus de trente ans, il est certain qu’il est facile pour ce gouvernement de
s’enfermer aujourd’hui dans la fixation sur l’objectif de construire Notre-Dame
des Landes. Les contrats signés, toutes ces longues procédures menées à terme,
l’invocation verticale d’un « ordre public » qui peut se permettre
d’ignorer les signaux faibles, la force policière illimitée positionnée sur le
terrain, tous les leviers disponibles permettent à la
« destinationite » de jouer à plein. Prenez garde à ne pas
« vous fracasser sur l’objectif avec votre appareil » … d’Etat.
En tout
cas, abstraction fait de celles de vos actions que je soutiens, comme de
nombreux citoyens, je ne vous pardonnerai jamais d’avoir détruit, sans respect
pour la biosphère, qui est le substrat sans lequel nous ne pouvons vivre, 2000
hectares de sol de haute valeur agronomique, qui manqueront cruellement quand
l’agriculture industrielle actuelle aura fini de s’autodétruire dans l’épuisement
obstiné des ressources fossiles, et la consumation aveugle de notre patrimoine
bio écologique. Je n’oublie pas l’artificialisation rapide du sol de notre pays
pour diverses causes, à raison, comme vous le savez, de la superficie moyenne
d’un département tous les 7 à 10 ans.
Espérant
encore toutefois dans un revirement qui témoignerait d’une reprise d’autonomie
authentique de votre pensée vis-à-vis des idéologies économiques et techniques
mortifères qui nous piègent, je vous prie d’agréer,
Monsieur le
Président de la République, l’expression de mes très
Respectueuses et Sincères Salutations Citoyennes.
Jean Monestier :
Diplômé en économie auprès de l’Université de Toulouse,
Artiste-Auteur-Indépendant
Militant de la Transition
Amorce de
bibliographie :
Christian Morel, Les décisions absurdes II, Gallimard 2012, pages 62 à 65 et 231 à 232,
Wladimir
Vernadsky, La biosphère, coll. Points Science S147, Seuil 2002,
Tim
Jackson, Prospérité sans croissance,
Etopia/De Boeck 2011.
Copie à de nombreux amis et
associations, y compris socialistes.
Texte disponible sous forme
numérique.
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