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mercredi 3 décembre 2025

Pour l’État, les femmes migrantes victimes de violences sont suspectes


Pour l’État, 

les femmes migrantes 

victimes de violences 

sont suspectes


Chère amie, Cher ami,

 

Je m’appelle Anna, et je suis bénévole depuis 2019 à La Cimade. J’accompagne spécifiquement les femmes qui ont été ou sont victimes de violences de genre (violences conjugales, mariage forcé, mutilation génitale féminine, prostitution...).

Je les accompagne dans leur demande de titre de séjour ou d’asile, selon leur situation. 

Une grande partie de ces femmes sont venues en France rejoindre un conjoint et leur titre de séjour dépend de leur couple. Dès lors que la vie commune est rompue du fait des violences, leur droit au séjour en France est mis en péril. 

Dans la loi, il existe des dispositions qui permettent aux femmes victimes de violences d’obtenir ou de renouveler leur titre de séjour si elles apportent des preuves de ces violences, comme un dépôt de plainte, un passage aux unités médico-judiciaires, ou encore un accompagnement par une structure spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences. 

Mais ces dispositions demeurent lacunaires, et ne protègent que les femmes mariées, venues avec le bon visa, ou celles qui sont en très grand danger. Toutes les autres, les concubines, les femmes pacsées, celles qui sont victimes en dehors du couple, ne sont pas protégées.

De plus, il y a toujours la suspicion qui est là lorsqu’il s’agit de femmes étrangères : elles agiraient par opportunisme, elles inventeraient les faits pour se faire passer pour une victime et accéder à des papiers. 

On constate une surenchère absurde dans les demandes de preuves des violences exigées : des préfectures demandent des condamnations pénales des conjoints ou des ordonnances de protection alors que ce n’est pas obligatoire. Ces demandes abusives contraignent des femmes à rester auprès de leur conjoint maltraitant, parfois au péril de leur vie. 

Je pense à D., que j’ai accompagné pendant plusieurs années. D. était mariée à un homme ayant le statut de réfugié. Elle a deux enfants scolarisés en France. Victime de graves violences, elle a dû quitter le domicile pour sa sécurité et celle de ses fils. Malgré une plainte, 3 mains courantes déposées contre son mari, les suivis psychologiques, le rapport d’enquête de la police et l’accompagnement par des associations, la préfecture a rejeté sa demande de titre de séjour. Le motif : aucune disposition ne permet aux conjointes de réfugié de maintenir leur droit au séjour lorsqu’elles sont victimes de violences. 

Après un long combat de plusieurs années durant lequel nous l'avons accompagné sans relâche, et la condamnation du mari, ses demandes ont fini par aboutir. En déverrouillant sa situation, elle a pu suivre une formation, et trouver un logement et un travail en Savoie. Les violences ont pris fin mais elle est chaque jour confrontée au racisme quotidien, et subit la double peine d'être à la fois une femme et d’être d'origine étrangère.

Des milliers de femmes comme D. sont prises au piège d’un système qui ne fait que se durcir. Elles sont contraintes à choisir entre violences et précarité et à plonger davantage dans la vulnérabilité.

Face à l’absurdité des situations, à la violence qui s’aggrave jour après jour pour les personnes étrangères, l’accompagnement devient de plus en plus complexe mais aussi primordial. Si nous ne poursuivons pas cet accompagnement, qui le fera ?

Pour continuer ce combat contre un système de plus en plus inhumain, nos équipes de La Cimade ont besoin d’être soutenues.

Grâce à vos dons, nous pouvons recevoir une formation continue, pour pouvoir comprendre et maîtriser des règles de plus en plus complexes et accompagner avec force des milliers de femmes vulnérables. J’espère que vous pourrez soutenir La Cimade en cette fin d’année.

Vous pouvez cliquer sur ce lien pour nous faire un don immédiatement.

 

Merci d'affirmer votre solidarité à nos côtés,

 

Anna,

Bénévole au sein de la permanence juridique pour les femmes et personnes étrangères victimes de violences à Paris



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