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mercredi 14 mai 2025

Des plantes, pas de tombes. Les cimetières naturels protègent la biodiversité


Des plantes, pas de tombes. 

Les cimetières naturels 

protègent la biodiversité

 

En plus de favoriser la biodiversité, les cimetières écologiques permettent de limiter la pollution des sols.
 

6 mai 2025

 

Des plantes à la place des pierres tombales, des cercueils biodégradables : le cimetière écologique d’Ivry-sur-Seine est un refuge pour la biodiversité. Depuis quelques années, des initiatives similaires essaiment en France.

 

Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), reportage

« On a presque l’impression d’être dans un jardin », dit Anne, retraitée. Pourtant, c’est bien dans le cimetière naturel d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) que cette habituée se promène. Ici, pas de tombes en marbre ou de plaques funéraires ornées de pots de fleurs. Les sépultures sont recouvertes de terre, sur laquelle des fleurs et des plantes peuvent pousser.

C’est à l’extrémité de ce cimetière parisien que se trouve le carré écologique, caché derrière des haies. Une fois sur place, impossible de le rater : à côté des tombes grises en granit et en marbre, l’écrin de verdure dénote. « La première fois que je l’ai vu, je n’ai pas compris de quoi il s’agissait », se rappelle Anne.

Une soixantaine de stèles en bois jalonnent le cimetière. © NnoMan Cadoret / Reporterre

Ici, les tombes les plus anciennes se confondent avec la nature : « On pourrait presque marcher dessus par mégarde. » Aucun chemin délimité par des graviers ou des pavés ne slalome entre les tombes. Seules des stèles en bois indiquent la présence des sépultures — une soixantaine au total.

« On a presque l’impression d’être dans un jardin »

Cette parcelle de 1 560 m2, inaugurée en 2019, dégage une atmosphère de quiétude. En fond sonore, on y entend le chant des oiseaux et le bruissement du vent. Les insectes viennent butiner les tulipes et les jonquilles plantées sur les tombes.

L’herbe pousse librement, parsemée de marguerites et de pissenlits. Au printemps, les feuilles viennent vêtir les taillis. Dans ce lieu de recueillement, la vie est présente partout. Elle fait oublier la route, située à quelques mètres à peine, l’effervescence de la ville et les barres d’immeubles voisines. « Les sépultures en pierre ou marbre donnent l’impression que la mort est impersonnelle, froide. Ici, elle paraît au contraire naturelle », observe Anne.

Dans les cimetières naturels, les cercueils biodégradables sont déposés directement dans le sol creusé. © NnoMan Cadoret / Reporterre

Pas de microplastiques dans les cercueils

Dans un cimetière naturel, les défunts sont inhumés en pleine terre, dans un cercueil en carton ou en bois non traité, biodégradable et issu d’une filière durable. Le cercueil est déposé directement dans le sol creusé. Les corps ne reçoivent pas (ou peu) de soins de conservation.

Généralement, les défunts sont habillés avec des vêtements en fibre végétale (comme le lin ou le chanvre) et les sépultures sont recouvertes de plantations locales, peu gourmandes en eau. Ces conditions sont définies dans un cahier des charges. Celui d’Ivry-sur-Seine est consultable à la conservation du cimetière.

Lire aussi : Cadavres non décomposés, cimetières engorgés

Si la réglementation peut varier d’une commune à l’autre, l’objectif reste le même : faire du cimetière un réservoir de biodiversité et limiter l’impact sur l’environnement des défunts. Selon une étude de la Chambre syndicale nationale de l’art funéraire publiée en 2024, une inhumation traditionnelle émet 620 kg de CO2.

Une autre datant de 2017 avance le chiffre de 833 kg, soit l’équivalent d’un trajet en voiture de 4 000 km.

« Même mort, on pollue encore »

C’est sans compter la pollution des sols liée aux produits chimiques injectés dans les corps pour les préserver, ou aux microplastiques contenus dans les cercueils classiques et les vêtements.

En plus d’être plus respectueuses de l’environnement, les inhumations dans les cimetières naturels coûtent moins cher. À Ivry, une concession de dix ans dans le carré écologique coûte 343 euros, contre 440 euros dans la partie traditionnelle. Il n’y a pas non plus de monument en pierre à financer, dont le prix s’élève souvent à plusieurs milliers d’euros.

« Même mort, on pollue encore », soupire Maxime. Cet étudiant est venu visiter le carré écologique d’Ivry-sur-Seine après avoir entendu un reportage à la radio, « un peu par curiosité ». Il voudrait laisser le moins de traces sur l’environnement après sa mort. « Je ne m’attendais pas à trouver cet endroit aussi beau et vivant. C’est rassurant d’imaginer sa dernière demeure ici ».

En France, le premier cimetière naturel a vu le jour en 2014, à Niort (Deux-Sèvres), dans le quartier de Souché. Pour Amanda Clot, conservatrice des cimetières de la ville, il représente « bien plus qu’un lieu d’inhumation. C’est un refuge pour la biodiversité, un îlot de fraîcheur, un lieu de balade. Au printemps, c’est très coloré. L’été, les gens viennent cueillir les cerises, les abricots, les pêches des arbres fruitiers qu’on a planté ».

Changer les regards sur la mort

Le concept de cimetière naturel reste largement méconnu. Aujourd’hui, seulement une dizaine existent en France. À Ivry-sur-Seine, cela ne concerne que 61 emplacements - achetés depuis 2019 - sur les 157 disponibles, alors que la nécropole compte 48 000 concessions. Et rares sont les visiteurs qui s’aventurent jusqu’au carré écologique. « Je n’en ai jamais entendu parler », témoigne Milan, qui vient pourtant nourrir bénévolement les chats du cimetière depuis plus de dix ans.

Ces cimetières, qui limitent l’impact des obsèques sur l’environnement, questionnent aussi notre rapport à la mort. © NnoMan Cadoret / Reporterre
 

« La mort, c’est un sujet tabou. Déroger aux traditions, ça fait peur aux gens », dit Stephen Charlieu, adjoint au maire de Neauphle-le-Château (Yvelines), où la ville a inauguré en janvier un cimetière naturel.

Aucune sépulture n’y est installée pour le moment, mais l’élu ne se montre pas inquiet : « Il y a environ cinq décès par an » sur la commune et plusieurs habitants « ont montré un intérêt pour ce nouveau lieu d’inhumation en venant se renseigner ».

Selon Amanda Clot, il est essentiel de « montrer que d’autres lieux d’inhumation sont possibles, afin de changer de regard sur le cimetière ». Elle se réjouit que de nouvelles communes, comme celle d’Ivry-sur-Seine, viennent lui demander conseil.

Lire aussi : « L’écologie naît d’une conscience de la mort : en maltraitant la planète, on se conduit à notre fin »

« Dans un cimetière traditionnel, on veut garder le corps intact le plus longtemps possible, se battre contre la mort. C’est comme si on essayait de toucher du doigt l’éternité », poursuit la conservatrice. En plus de préserver la biodiversité, les cimetières naturels permettraient donc d’accepter que les vies humaines font aussi partie d’un cycle.

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Source : https://reporterre.net/Des-plantes-pas-de-tombes-Les-cimetieres-naturels-protegent-la-biodiversite

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