Muguet arraché :
Les Soulèvements
de la Terre
vivement critiqués
12 juin 2023
Près de 3 000 personnes, vélos et tracteurs se sont mobilisés le 11 juin contre les carrières de sable et de granulats en Loire-Atlantique. Une action largement critiquée par la droite.
« L.R.E.M. Libérez les Radis Et la Mâche. »
Dimanche 11 juin, à l’appel des Soulèvements de la Terre, du collectif Carrière du Tahun, du Cri du bocage soudanais, de la Camil et de la Tête dans le sable, quelque 3 000 personnes (selon les organisateurs) ont organisé une action pour dénoncer l’exploitation de carrières de sable et de granulats en Loire-Atlantique. Pour ce faire, les manifestants ont ciblé des exploitations de maraîchage industriel. Ils ont notamment arraché les plants de muguet, de la mâche et les tuyaux d’irrigation avant de semer des graines de sarrasin sur leur trajet pour dénoncer l’utilisation de sable dans l’agriculture industrielle.
« Nous demandons d’urgence un moratoire sur les carrières de sable, granulats et usines d’enrobés », ont-ils exigé dans un communiqué.
Une action critiquée par les agriculteurs locaux, notamment Régis Chevallier, patron d’une entreprise de maraîchage industriel à coopérative Océane. « Aujourd’hui je pleure. Les zadistes ont détruit nos serres expérimentales en sol vivant et cultures sans pesticides. En toute impunité... » Sur TF1, Cyril Pogu, président du comité départemental du développement maraîcher de Loire-Atlantique, a affirmé que les agriculteurs cultivaient les « salades du futur » moins gourmandes en eau et en engrais. « Et encore une fois, ce qui est choquant, c’est qu’on ne peut pas avoir de débat avec des gens comme ça, on est face à des extrémistes, c’est vraiment dommage et gratuit. » La climatologue Valérie Masson-Delmotte a déclaré sur Twitter que ces destructions la plongeaient « dans une complète incompréhension », tout comme le chercheur Serge Zaka.
Des hommes politiques de droite, comme Éric Ciotti, sont également montés au créneau. « Des activistes d’extrême gauche ont saccagé les expérimentations des maraîchers qui visent à comprendre comment nourrir la France demain », a déclaré le président des Républicains. Le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a soutenu les agriculteurs « une nouvelle fois touchés par une minorité extrémiste ».
De leur côté, Les Soulèvements de la Terre ont publié une explication sur Twitter, justifiant leur action. Ils expliquent notamment que « la consommation d’eau de ce secteur, dont le pic se situe en pleine sécheresse estivale, est en particulier largement supérieure à celle des 40 000 habitants d’une des communautés de communes concernées. Principalement pour du muguet qui ne se mange pas et de la mâche exportée. »
Léna Lazare, l’une de leurs porte-parole, a expliqué que l’action « a été organisée par des paysans bios du coin qui n’en peuvent plus de l’agro-industrie ». Elle assure que « la fédération des maraîchers nantais exploite les sols, empoisonne l’eau et s’accapare les terres, empêchant les jeunes paysans de s’installer ». De plus, selon Les Soulèvements de la Terre, le maraîchage intensif consommerait 500 000 tonnes de sable chaque année.
« Détruire et reconstruire sans cesse pour les seuls profits de l’industrie du béton »
Mais l’agriculture n’est pas la seule consommatrice de sable et cette action visait également l’industrie du béton. Dans ce département, une vingtaine de carrières extraient déjà plusieurs millions de tonnes de sable et de granulat par an, selon Les Soulèvements de la Terre. « Pourtant, à Puceul, Soudan, Guémené-Penfao et Saint-Colomban, des géants industriels (Lafarge-Holcim, GSM et Pigeon) ont encore des projets d’extension, de création ou de réouverture de carrières et autres usines d’enrobés/béton », a dénoncé le mouvement, qui alerte sur la consommation non « durable » de sable, « une ressource non renouvelable qui met, au minimum, plusieurs millénaires à se former ».
Le groupe Pigeon a obtenu en janvier 2022 une autorisation d’exploiter pour une usine d’enrobés pour l’entretien des routes à Puceul. À Soudan, c’est un projet de carrière de sable de 44 hectares dédié à l’extraction d’environ 100 000 tonnes de sable par an, toujours porté par Pigeon, qui suscite l’opposition.
Pigeon réclame également depuis 2015 l’autorisation de réexploiter la carrière de Tahun à Guémené-Penfao et d’y enfouir des déchets inertes du bâtiment, alors que le site n’est plus exploité depuis trente-cinq ans et abrite désormais une étendue d’eau bordée d’arbres. À Saint-Colomban, GSM et Lafarge demandent l’extension d’une carrière de sable et de granulats. Un site déjà visé à plusieurs reprises en février, en juillet et en septembre 2022 par les collectifs d’opposants.
Les deux cortèges ont convergé pour se rassembler dans l’après-midi devant le CHU de Nantes où était présent le collectif Hosto debout !, opposé à la construction d’un nouveau CHU (Centre hospitier universitaire) sur l’île de Nantes. Le cortège réuni s’est alors dirigé jusque devant les locaux de Nantes Métropole, où les manifestants ont recouvert la porte d’entrée du bâtiment avec un mélange de paille et de terre. « Une manière symbolique de marquer qu’il est temps de passer à la construction écologique et à la rénovation plutôt que de détruire et reconstruire sans cesse pour les seuls profits de l’industrie du béton », ont expliqué les organisateurs.
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