Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
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lundi 5 novembre 2018

Chronique des ZAD du mois d'octobre 2018 (deuxième partie)

(Suite de la chronique des ZAD d'octobre du vendredi 19 octobre au lundi 29 octobre 2018)




Vendredi 19 octobre




Amassada : OCCUPER L’AMASSADA !!!



Nous qui occupons l’Amassada, nous qui luttons depuis 10 ans contre ce nœud européen du transport de l’électricité qu’est le projet de transformateur Sud Aveyron (2100 MW), maillon essentiel aux branchements des mille éoliennes des trois département alentour, appelons un maximum de gens à nous rejoindre ! Les expulsions qui suivront le verdict de la juge des expropriations rendu prochainement devraient se faire dans un délai de deux mois (épuisement des recours). Nous ne maîtrisons pas ce délai, car il dépend du respect de la loi par les forces de l’ordre…. C’est pourquoi nous nous organisons dès maintenant pour qu’un maximum de personnes nous rejoignent, ou se relaient sur le terrain. De semaine en semaine, l’occupation trouve son rythme, invente un quotidien passionnant, pense et construit son auto-défense.

DATES A VENIR

* Jeudi 18 octobre : 18h00 des nouvelles des réseaux de solidarité contre les frontières dans la vallée de la Roya.

* Mercredi 24 octobre 20h00 Projection du film « Stan et Ulysse » de B. Hennot https://www.stanetulysse.com/ sur un maquis de résistants belges pendant la seconde guerre mondiale. Où comment être toujours inventif face à l’ennemi. En présence du réalisateur. Ce film est aussi projeté mardi 23 au cinéma de Millau à 20h45. http://www.cineode.fr/cinemas-millau/film/254013/#infos


* Samedi 27 octobre 14h30 Assemblée d’occupation, ouverte à tous et à toutes, car l’important c’est de coordonner celles et ceux qui habitent là avec celles et ceux qui sont à l’extérieur.


 !!!!!! SOLIDARITE TOTALE AVEC LA PLAINE à MARSEILLE qui résiste en ce moment à l’aménagement du quartier et sa gentrification plus d’infos sur : https://lundi.am/Le-vol-noir-des-corbeaux-sur-la-Plaine-Alessi-Dell-Umbria




Aussi non nous avons toujours besoin de  [1]] : gazinières, planches, palettes, bois, visserie...


N’hésitez pas à nous écrire et à nous envoyer ce que vous jugerez bon à la Boîte aux lettres de l’Amassada : parcelle 15900, 12400 Saint Victor et Melvieu


MERCI et à très vite

PAS RES NOS ARRESTA 
 

douze.noblogs.org amassada@riseup.net


Tribune de soutien à Bure : Nous appelons à une réaction massive face à la criminalisation de la lutte contre la poubelle nucléaire à Bure !


Nous, associations de lutte contre la poubelle nucléaire CIGEO, collectifs et habitant-e-s, appelons à une signature large de cette tribune par des organisations nationales et régionales, collectifs, personnalités publiques, pour :


 mettre fin à la criminalisation de la lutte à Bure et des autres mobilisations et espaces d’opposition en France 

 construire une résistance à cet effet 

 en finir avec la peur et le silence


Bure est devenu un gigantesque laboratoire répressif. Asphyxier ce combat légitime contre l’ordre nucléaire est un test pour mieux réprimer les autres luttes à l’avenir. Nous sommes tous-tes concerné-e-s.

noussommestousdesmalfaiteurs.noblogs.org


►La Plaine à Marseille/ Grosse mobilisation et appel à la tempête ce samedi suite au début du massacre de la place de la Plaine à Marseille.

Toutes les infos sur https://laplaine.noblogs.org/
Quelques vidéos :
 https://www.youtube.com/watch?v=wm7SKPbu63I
 https://vimeo.com/209358238

des articles :
 https://lundi.am/Marseille-la-Plaine-Appel-a-la-tempete
 https://lundi.am/Le-vol-noir-des-corbeaux-sur-la-Plaine-Alessi-Dell-Umbria



Lecture : News, lectures et autres infos des médias mainstream. Histoire de s’informer, de rire ou de pleurer, avec des flics de moins en mois blessés, Danone à la Transition Ecologique, des citoyen.ne.s qui offrent leur temps libre à la gendarmerie, des zones de luttes en émergence et des projets abandonnés,...

 

Loire-Atlantique : Réservistes, ils consacrent leur temps libre à la gendarmerie. SECURITE Près de 500 habitants de Loire-Atlantique renforcent plusieurs fois par an les gendarmes professionnels en tant que réserviste… : https://www.20minutes.fr/nantes/2356319-20181018-loire-atlantique-reservistes-consacrent-temps-libre-gendarmerie

A Romainville, tout le monde déteste les tronçonneuses : https://www.liberation.fr/france/2018/10/17/a-romainville-tout-le-monde-deteste-les-tronconneuses_1686031

L’Etat abandonne le projet d’A45 entre Lyon et Saint-Etienne : https://www.lemoniteur.fr/article/l-etat-abandonne-le-projet-d-a45-entre-lyon-et-saint-etienne.1998389

Quand le ministre PS Didier Guillaume souhaitait que "l’armée évacue la Zad" : https://www.presseocean.fr/actualite/nddl-quand-le-ministre-didier-guillaume-souhaitait-que-larmee-evacue-la-zad-17-10-2018-284504

Carte des ZAD en France : qui succédera à Notre-Dame-des-Landes ? : https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/infographie-carte-des-zad-en-france-qui-succedera-a-notre-dame-des-landes-146451.html

Le nombre de policiers et de gendarmes tués dans l’exercice de leurs fonctions a reculé en 2017 : https://www.20minutes.fr/societe/2354819-20181016-nombre-policiers-gendarmes-tues-exercice-fonctions-recule-2017

La directrice de la com’ de Danone nommée secrétaire d’État à la Transition écologique : https://www.bfmtv.com/economie/la-directrice-de-la-com-de-danone-nommee-secretaire-d-etat-a-la-transition-ecologique-1545240.html

La Plaine : une « zone à défendre » au coeur de Marseille résiste à la mairie et aux promoteurs immobiliers : https://www.bastamag.net/La-Plaine-une-zone-a-defendre-au-coeur-de-Marseille-resiste-a-la-mairie-et-aux


Samedi 20 octobre

À Marseille, 

La Plaine s’embrase contre la coupe des arbres




Ce samedi 20 octobre, à Marseille, l’Assemblée de la Plaine, appelle à la manifestation pour une « ville vivante, verte et populaire ». Cette mobilisation se lève contre un projet urbain sur la place de la Plaine : depuis une semaine, CRS et habitants se confrontent. Des dizaines d’arbres ont déjà été coupés.


Marseille (Bouches-du-Rhône), reportage
Les arbres sont tombés. Ils avaient le défaut de ne pas correspondre au plan masse de la requalification de la Place Jean Jaurès, l’endroit que tout le monde à Marseille appelle : La Plaine. Tout s’est déroulé le mardi 16 octobre. En ce jour nuageux, l’équipe d’élagueurs se déplaçait d’arbre en arbre, escortée des CRS qui repoussaient les opposants au projet. Environ 150 personnes entonnaient des chants des supporters de l’Olympique de Marseille : « Aux arbres ! Aux arbres ! Nous sommes les Marseillais et on va rien lâcher. Allez la Plaine euh ! Allez la Plaineuh ! ». Pourtant malgré les hués qui accompagnent le bruit des tronçonneuses, une quarantaine d’arbre ont été abattus.



Dans l’assistance, certaines personnes n’arrivaient pas à contenir leurs larmes. « Couper des arbres en bonne santé, à Marseille, c’est illogique, je ne comprends pas », disait une militante ; « quand on réhabilite, on fait avec le vivant, avec l’histoire. Je suis pour la réhabilitation de la place mais pas sa destruction ». Plus loin, Marianne, 31 ans native et habitante du quartier, semblait méditer, émue devant un tronc coupé : « C’est triste, ces arbres, ces bancs, c’est le symbole de mon adolescence, on venait boire des bières. J’ai peur qu’en refaisant le quartier tout beau, que ça fasse comme dans le quartier de la Joliette, c’est pour les touristes, mais le soir il n’y a plus rien. C’est bien que ce soit joli, mais il faut que ça serve à quelque chose. »




L’enjeu ? Un tract l’expliquait - c’est un des derniers en date, ils sont distribués lors de l’Assemblée de la Plaine qui se tient tous les jours - ; il est intitulé « Sauvons la Plaine », et l’on y lit que le projet prévoit « l’abattage de 87 arbres sains, de grande taille et qui ont plus de 20 ans, ce qui n’est pas en cohérence avec les prescriptions de l’AVAP (aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine en droit de l’urbanisme ndlr), comme avec celles du code de l’environnement ». Une militante, Christine, déplorait : « Nous avons lancé une manifestation festive, pacifique, de toute façon qu’est ce qu’on peut faire face à des robocops ? La meilleure chose qu’on a à démontrer c’est la joie de vivre. La violence ne vient pas de nous ».

Depuis le 11 octobre et le début de l’encerclement de la place par des buses de béton, deux compagnies de CRS, soit 120 policiers, occupent les lieux du matin au soir. La contestation du projet a conduit à 15 interpellations avec des remises en liberté plus ou moins rapides. Un homme est toujours incarcéré à la prison des Baumettes en attendant sa comparution le 12 novembre 2018 au TGI de Marseille pour outrage à agents.




Du côté de la Soleam (aménageur public de l’aire métropolitaine marseillaise), on confirme que la quasi totalité des 46 arbres qui devait être abattus l’ont été mardi 16 octobre, « à part un ou deux spécimens ». 43 arbres à transplanter vont être retirés dans les semaines à venir. « Je comprends qu’émotionnellement parlant, c’est dur. Mais nous refaisons un paysage, il y aura plus d’arbre après les travaux qu’avant », dit à Reporterre Gérard Chenoz, le président de la Soleam et adjoint au maire de Marseille (LR). « On va passer de 950m² de surface plantée à 1.200m², je ne comprends pas toute cette hystérie, c’est irrationnel, il faut que la raison reprenne. La semaine prochaine, nous allons communiquer sur le prix que coûtent ces agitateurs en argent public. Nous mobilisons deux compagnies de CRS qui faut faire manger, etc. Il faut que ça cesse, nous ne sommes pas à Notre-Dame-des-Landes ! »

    Une bataille contre la gentrification du centre-ville




Mais au-delà de la requalification de la place, c’est un modèle de société qui se joue. Depuis 2012 et l’apparition de la vidéo-surveillance dans le quartier, l’Assemblée de la Plaine se réunit, réfléchit aux changement de la ville et organise des actions. La place, qu’elle juge abandonnée depuis des années, a été réappropriée par habitants du quartier. Ils ont pris les choses en main pour remplacer la mairie défaillante et construit des tables en bois, des bancs pour le jardin d’enfant. Mais les citoyens n’ont pas pu remplacer la force publique pour l’éclairage. Depuis des années, la place est plongée dans l’obscurité la nuit tombée. Selon les membres de l’Assemblée de la Plaine, c’est un moyen pour la mairie de laisser pourrir la situation. Faux, répond Gérard Chenoz : le manque d’éclairage serait dû à la défaillance des réseaux électriques. Conclusion : « au lieu de mettre des pansements nous avons voulu tout refaire ». 
 
« Nous ne sommes pas contre la réhabilitation », plaide Dan, pendant qu’au second plan, sur la place, un CRS utilise un des urinoirs mis en place par les habitants du quartier. « Faire propre, mettre des toilettes, tout le monde est pour, mais pas pour une requalification qui va changer les liens du quartier »,

« Marseille est une exception avec son centre-ville populaire », explique Bruno Le Dantec, auteur de La ville sans nom, Marseille dans la bouche de ceux qui l’assassinent (Ed. Le chien rouge). « Les bourgeois marseillais ne vivent pas dans le centre. Ces grands travaux résultent d’un état d’esprit phobique, il y a une peur du populaire. Ils pensent que les classes populaires qui font vivre le centre-ville n’ont pas de légitimité sociale, ils fantasment, ils pensent que si c’est populaire, c’est sale ». Bruno Le Dantec en veut pour preuve « la destruction de l’économie de bazar dans l’histoire de la ville. » Il prend l’exemple du bazar de Belsunce qui a été « éradiqué. Parce que la ville et la Chambre de commerce considérait que ce n’était pas une économie valorisable. Mais les élus auraient pu considérer cette activité populaire comme une richesse économique. » 
 
Sur La Plaine, jusqu’au 11 octobre dernier, le marché quasi-quotidien était certainement le plus mélangé sociologiquement. « Mais là encore, la volonté de monter en gamme de la mairie va casser les dynamiques. Ils sont en train de casser quelque chose qui fonctionne. Pour la mairie, un centre populaire est un problème, alors que pour nous, c’est une solution. Bien sûr il faut en prendre soin, il faut l’améliorer, mais pas en avoir peur ». Derrière ces travaux, les militants de l’Assemblée de la Plaine voient un accélérateur de gentrification - c’est-à-dire un embourgeoisement du quartier.

« Ce sont des fantasmes ! », répond Gérard Chenoz de la Soleam. « Vous demandez aux forains de La Plaine si ils veulent que ça ne sente pas la pisse le matin et que les trottoirs ne soient pas défoncés, il vont vous dire oui. Ils veulent aussi une montée en gamme ». Mais les forains pourront-ils revenir après les travaux ? « Il n’y aura pas de hausse des loyers spécifique à la Place Jean-Jaurès pour les kiosques à nourriture », répond M. Chenoz.

Les travaux vont-ils générer une augmentation des prix de l’immobilier et une gentrification du quartier ? « Mais non, on aimerait que les prix augmentent avec tous les efforts que nous faisons pour enrichir la ville, mais nous n’avons pas réalisé ces travaux pour je ne sais quel opérateur puisse faire une plus-value. D’ailleurs ce sont les propriétaires actuels qui vont en profiter », se défend Gérard Chenoz. Selon lui, les travaux de la Plaine ont été motivé par l’opération d’urbanisme Grand centre-ville. L’idée ? Créer une promenade « apaisée » depuis le Vieux-Port en passant par Noailles et le Cours Julien jusqu’à La Plaine.

« Mais Marseille doit rester populaire, ce côté mélangé, c’est ce qui plaît aux visiteurs. Nous avons fait des enquêtes auprès d’étrangers, ils nous ont dit qu’ils adoraient les petites boutiques de Noailles (quartier cosmopolite où les produits viennent du monde entier). Donc, on ne veut pas que ça disparaisse », souhaite rassurer Gérard Chenoz. « Après on ne pourra pas empêcher la population qui veut foutre le bordel de le faire. Mais là c’est ce que je leur ai dit pendant la concertation qui tournait au pugilat : la vision du monde de ceux qui veulent l’abolition de la propriété privé en fumant des joints, ce n’est pas la nôtre. Ce genre de problèmes, ça se règle dans les urnes ». 
 
L’élu de la ville donne rendez-vous dans trois ans, quand à la fin des travaux des arbres de plus de 20 ans vont être replantés et apporter de nouveau l’ombre sur la place. Mais pour l’heure, dans le parc à enfants amputé de ses arbres, entouré de CRS et emmené à disparaître pendant les travaux. Un enfant demande à sa maman : « Pourquoi ils ont coupé les arbres ? ».

Samedi, la manifestation répondra aux aménageurs.





Au mépris du climat et du rapport du GIEC,  
Vinci a lancé les travaux de l’autoroute GCO 



Le chantier du GCO (Grand contournement ouest de Strasbourg) a été lancé par Vinci de manière précipitée et spectaculaire cette semaine du lundi 15 octobre. Les engins ont commencé à creuser la colline de Vendenheim pour y réaliser une tranchée couverte.
Une noria d’engins de chantier (scrapers, bulldozers, niveleuses) creusent à grande vitesse la colline du Matterberg, là où passerait la future autoroute A355.

D’autres travaux sont prévus à Ittenheim. Ailleurs, le concessionnaire Arcos (groupe Vinci) va d’abord réaliser des pistes d’accès latérales, pour faciliter les accès au chantier, des ouvrages temporaires aussi sur la Bruche et sur le canal de la Marne-au-Rhin.

D’autres travaux parsèment déjà les 24 kilomètres du tracé de la future A355. Il s’agit de la réalisation des bases travaux secondaires et tertiaires, étant entendu que le quartier général, la base vie, est à Duttlenheim. Le chantier comptera environ 400 ouvriers au printemps prochain et doit durer 36 mois. Il a pris un an de retard en raison de la mobilisation contre l’autoroute qui s’est traduite par de nombreuses manifestations, occupations de site et guérilla juridique. D’ailleurs, plusieurs affaires sont encore en attente au tribunal administratif de Strasbourg.

Arcos vise une mise en service de cette autoroute au cours du second semestre 2021.

    Une grève de la faim à partir du lundi 22 octobre


De son côté, le collectif GCO Non merci a écrit au président Emmanuel Macron pour lui demander un moratoire le temps de remettre à plat le dossier de ce projet, qui est aussi en attente de jugements. « Au moment où le GIEC appelle à des ’transformations sans précédent’ pour limiter le réchauffement climatique, que dans son nouveau rapport, il souligne à plusieurs reprises la nécessité de réduire drastiquement la demande en énergie des bâtiments, de l’industrie et des transports, est-il encore pensable de poursuivre la construction d’une infrastructure relevant d’une conception des déplacements routiers datant du siècle dernier ? (...) L’absolue urgence climatique justifie cette demande de moratoire car le projet de GCO va absolument à contre sens par rapport aux transformations radicales demandées par les scientifiques. »

En l’absence de réponse de M. Macron, le collectif annonce le lancement d’une grève de la faim lundi 22 octobre.
Sources : - DNA - GCO Non merci sur Reporterre







Infos du 22 au 28 octobre



Lundi 22 octobre


Une cabane de Notre-Dame-des-Landes installée à La Plaine



Samedi 20 octobre, des habitants de la Zad de Notre-Dame-des-Landes ont apporté à la Plaine, le quartier en lutte de Marseille, la cabane « le Gourbi 8 », en signe de solidarité avec le mouvement citoyen local.

Plus de 3.000 manifestants d’après les organisateurs ont défilé samedi après-midi dans les rues de Marseille, avant de converger vers la Plaine.

Source : collectif Primitivi sur Reporterre

Bure : Projection à prix libre vendredi 26 octobre à la Maison de Résistance : LA MAISON NE SE LAISSE PAS ABATTRE ET VOUS INVITE À UN MOMENT APÉRO-PROJECTION-DISCUSSION.

Plus d’une trentaine de lieux visités, six film d’environ une heure sur la lutte, les luttes et celleux qui les vivent et les font vivre, un questionnement constructif, un regard vrai. On boit un coup, on mange un morceau, on visionne et on en discute.

Le choix du ou des films projetés sera fait entre nous, en présence d’un des réalisateurs. Plus de détails ici : https://manif-est.info/Apero-projection-discussion-HEDERA-a-Bure-769.html

Rendez-vous VENDREDI 26 OCTOBRE 2018 À PARTIR DE 18H30 à la Maison de Résistance à la poubelle nucléaire (2 rue de l’église à Bure).

Proj et apéro en prix libre, vous pouvez ramener le dessert !

Envie de venir la veille et/ou de passer la journée avec nous, appelez au 03 29 45 41 77 ou par texto sur le 07 55 06 39 72, n’hésitez pas !

HÉDÉRA

_"Pour réaliser ces six films, nous avons défini de manière arbitraire un panel non exhaustif de collectifs portant différentes luttes et modes d’actions, en gardant un contexte francophone proche._

_Après avoir identifié ces collectifs nous avons tenté de favoriser la parole des individuEs qui les composent et de mettre en lumière leurs propres questionnements, tout en essayant de ne pas faire un catalogue et donc d’éviter de localiser les discours._

_L’ensemble du film amène une multitude de sujets et, de ce fait, la majorité d’entre eux sont plutôt abordés que développés, l’idée étant de faire apparaître des problématiques, de les mettre en perspective, tout en gardant la question du lien et de la non hiérarchisation entre toutes ces dynamiques."_

Les auteur-euses

Nous appelons à une réaction massive face à la criminalisation de la lutte contre la poubelle nucléaire à Bure !

https://zad.nadir.org/spip.php?article6177


Bure : Nous appelons à une réaction massive face à la criminalisation de la lutte contre la poubelle nucléaire à Bure !

https://zad.nadir.org/spip.php?article6177

Antiracisme politique : Cases Rebelles - Dire à Lamine. Un film documentaire long-métrage réalisé par le collectif Cases Rebelles, en association avec le collectif Vies Volées (collectif de familles de victimes de crimes policiers). Le tournage a débuté en 2016, quelques semaines avant la 9e commémoration de la mort de Lamine Dieng, étouffé par des policiers le 17 juin 2007 à Paris.

 

Pourtant DIRE À LAMINE n’est pas un film sur les violences policières. C’est un film qui parle de Lamine, qui parle de 10 ans d’absence, 10 années de vie volées.

Comment vit-on avec l’injustice ? Avec la double blessure du crime et de l’absence de procès ? Comment continue-t-on d’exister, de lutter, de résister ? Que faire face à l’impossibilité d’obtenir justice ? Autour d’interviews, d’images d’archives, des membres de la famille et des soutiens racontent. Souvenirs, méditation politique, mises en perspective, analyses historiques se succèdent.

Mais il s’agit aussi de s’adresser à Lamine. C’est le cœur du film. Pourquoi ? Pour conjurer le sort de cette mort dans une solitude absolue. Parce que nous portons, nous vivant.e.s, le devoir d’obtenir réparation, de créer du sens et de la force politique de cette mort inacceptable.

Le film raconte aussi le valeureux combat de femmes noires, de sœurs, de proches dans une quête de vérité et de justice non négociables.

[Tiré du site de Cases Rebelles : https://www.cases-rebelles.org/drie-a-lamine/]
https://zad.nadir.org/spip.php?article6179



Mardi 23 octobre

Près de Strasbourg, 

des opposants au GCO en grève de la faim






Lundi 22 octobre, une dizaine de militants anti-GCO ont commencé une grève de la faim. Ils se sont installés dans une petite église protestante, l’église Saint-Michel, à Bischeim, au nord de Strasbourg.




Lundi 22 octobre, une dizaine de militants anti-GCO ont commencé une grève de la faim. Ils se sont installés dans une petite église protestante, l’église Saint-Michel, à Bischeim, au nord de Strasbourg.

Ils réclament l’arrêt des travaux et la remise à plat du projet de contournement autoroutier de Strasbourg et se disent déterminés à mener leur grève de la faim jusqu’à ce qu’un moratoire soit annoncé pour geler le projet.


Mardi 23 octobre, ils ont reçu la visite et le soutien des eurodéputés Karima Delli et José Bové.


Source  : France Bleu Alsace. Photo : Alsace Nature sur Reporterre


Mexique : Solidarité internationale avec nos camarades en lutte contre l’aéroport à Atenco : en soutien à la campagne internationale “# Yo Prefiero el Lago”, dites Non à la construction du Nouvel Aéroport International de Mexico


APPEL D’URGENCE En soutien à la campagne internationale “# Yo Prefiero el Lago”, dites Non à la construction du Nouvel Aéroport International de Mexico La proposition est de prendre une photo de trainées d’avions dans le ciel et d’écrire “ ton prénom ou ton organisation ” et “ PAS D’AÉROPORT, JE PRÉFÈRE LE CLIMAT ”ou “ YO PREFIERO EL LAGO, NO MAS AEROPUERTOS ” et de l’envoyer à la campagne : # YO PREFIERO EL LAGO pendant le referendum du 25 au 28 Octobre Résumé de la situation actuelle dans la Vallée de (...)

 

Jeudi 25 octobre


►Marseille : la résistance continue à La Plaine. Une vidéo du Gourbi 8, ramené par des camarades de la zad et monté sur place. La cabane a malheureusement été détruite mardi matin mais Gourbi 9 est déjà en préparation. Il y a toujours besoin de monde sur place !!

https://vimeo.com/296300098



Bure est un laboratoire répressif


Retour sur l'association de malfaiteurs qui criminalise les opposant.e.s à la poubelle nucléaire. "Une Association de Malfaiteurs est une sorte de tique qui cherche un point au hasard où se fixer et qui pompe alors tout ce qu’elle trouve jusqu’à satiété".


« Art.265 - Toute association formée, quelle que soit la durée ou le nombre de ses membres, toute entente établie dans le but de préparer ou commettre des crimes contre les personnes ou les propriétés, constitue un crime contre la paix publique. »

Loi sur les Associations de Malfaiteurs, 18 décembre 1893
Le 20 juin 2018, 14 perquisitions sont menées sous commission rogatoire du juge d’instruction Kevin Le Fur pour les motifs suivants :
« Association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un ou plusieurs délits punis de peine de dix ans d’emprisonnement ; dégradations volontaires d’un bien appartenant à autrui par un moyen incendiaire ; groupement formé en vue de la préparation de violences volontaires contre les personnes ou de destruction ou de dégradation de biens ; destructions ou dégradations de biens destinés à l’utilité publique ; violences aggravées par trois circonstances ; participation à un attroupement avec arme ; participation à un attroupement ; organisation d’une manifestation sans déclaration préalable ; participation à un groupement en vue de la préparation d’un ou plusieurs délits punis de 5 ans d’emprisonnement ; détention de substances ou produits explosifs ou engins incendiaires ou éléments, substances destinés à entrer dans la composition de produits ou engins incendiaires ou explosifs. Recel de bien provenant d’un vol aggravé par trois circonstances ».

Huit personnes sont alors placées en garde-à-vue, dont l’une est extraite d’une cellule de Fleury-Merogis et amenée pour 60h à Bar-le-Duc, avant d’être mise en examen et reconduite à Fleury-Merogis ; une autre, un avocat, est perquisitionnée et interpellée à son domicile à Paris, sur accord du bâtonnier, puis conduite également en Meuse pour y être interrogée et détenue 48h avant d’être placée sous le statut de témoin assisté ; une troisième personne est libérée sans poursuites au terme de 48h d’interrogatoires et de détention ; une quatrième est libérée au terme de 48h sous statut de témoin assisté ; les quatre dernières sont mises en examen au terme de 60h d’interrogatoire et de détention puis libérées sous contrôle judiciaire.

En septembre et octobre 2018, deux autres personnes, l’une interpellée chez elle et l’autre convoquée, sont également mises en examen au terme d’une journée de garde-à-vue et libérées sous contrôle judiciaire.




Toutes les personnes mises en examen et placées sous contrôle judiciaire, ont interdiction d’entrer en contact et sont frappées d’interdictions de séjour à périmètres variables, allant des seules communes de Bure et de Saudron jusqu’à la totalité des départements de Meuse et Haute-Marne. Jeu de chaises musicales difficile lorsqu’être présent·e·s dans un même lieu clos peut constituer une suspicion d’entrée en relation, alors que 5 de ces personnes résident et/ou travaillent en Meuse, que deux d’entre elles appartiennent parfois aux mêmes associations, que l’une d’entre elle est co-présidente de la collégiale de la Maison de Résistance et est interdite de Bure. Et que l’ensemble d’entre elles entretiennent des liens de lutte et d’amitié, et sont susceptibles de vouloir prendre part à des réunions ayant trait à la lutte qui les a réunies au départ. 

Dans le même temps, d’autres perquisitions toucheront la Maison associative de Résistance à Bure, un local associatif à Commercy (dans le cadre d’une enquête annexe), l’ancien hébergeur d’un site internet relié à la lutte contre Cigéo, deux anciennes co-présidentes de l’association collégiale Bure Zone Libre en charge de la gérance administrative de la Maison de Résistance à Bure. Plusieurs ancien·ne·s et actuel·le·s membres de l’association collégiale Bure Zone Libre seront par ailleurs auditionné·e·s « librement ». 
 


Ces dernières perquisitions interviennent après une première vague, le 20 septembre 2017, à la Maison de Résistance et dans trois domiciles et un terrain privés, dans le cadre de la même instruction pour Association de Malfaiteurs.

Initialement ouverte pour la seule « tentative d’incendie » et les dégradations commises le 21 juin 2017 dans l’enceinte de l’Hôtel Restaurant du Bindeuil, adossé au laboratoire de l’Andra à Bure, l’instruction s’est adjoint de nouvelles supplétives couvrant la manifestation du 15 août 2017 sur les communes de Bure et de Saudron, les manifestations du 14 au 18 février 2017 entre Bure et le laboratoire de l’Andra et peut-être encore d’autres manifestations plus récentes.

L’histoire judiciaire dira que tout est parti de quelques bris de vitres, des flammes dans un hôtel-restaurant ce matin de juin 2017. Que l’atteinte aux biens et surtout aux personnes (en l’espèce les clients encore assoupis de l’hôtel) était un fait trop grave pour rester impuni, qu’une ligne rouge était franchie. Comme dira l’Andra, hurlant avec les loups dans la presse des lendemains à propos des opposant·e·s à Cigéo : « ils ne nous font plus rire ». En vérité, l’Andra a toujours manqué singulièrement d’humour et les opposant·e·s n’ont pas l’exclusivité de l’usage de l’essence ou de la violence au cours des mois passés. Encore une part de l’histoire militante qui ressortira des cartons judiciaires dans quelques décennies, avec les dossiers de plaintes déposées par les opposant·e·s et classées sans suite par le procureur de la république Olivier Glady.

Mais revenons à nos moutons noirs, si l’instruction prend son point de départ au 21 juin 2017, ne nous leurrons pas que l’association de malfaiteurs attendait déjà son heure pour creuser son trou à côté de celui de l’Andra à Bure. L’été précédent, une première information avait été demandée par le précédent procureur, Rémi Coutin, en juillet 2016, en marge des mobilisations entourant l’occupation, l’expulsion, puis la réoccupation du Bois Lejuc, menacé de disparition par les défrichements de l’Andra. Des tirs de fusée d’artifice avaient alors eu lieu en direction d’un hélicoptère évoluant en altitude. Le procureur brandissait déjà alors les dix ans d’emprisonnement qui fondent l’ouverture d’instructions de bande organisée et d’association de malfaiteurs. Par ailleurs, au cours du printemps de l’année 2017, des agents de la « cellule Bure », notoirement rattachés à la Section de Recherche de Nancy apparaissaient déjà aux côtés des gendarmes locaux de la Brigade de Commercy. Ici et là, goguenards, caméra au poing, ils s’amusaient à interpeller les opposant·e·s par leurs noms et prénoms et à leur donner rendez-vous « bientôt ».

De là à déduire qu’une enquête de renseignement de fond sur la lutte à Bure se déroulait déjà depuis quelques mois, il n’y a qu’un pas qui n’est pas trop hasardeux à franchir. Au mois de février 2017, on pressentait déjà le changement de dimension et de ton lorsque le nouveau Ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, proclamait à la suite de la mobilisation du 14 au 18 février qu’il n’y aurait pas de ZAD à Bure. Une rengaine remartelée par Gérard Collomb un an plus tard, dans la foulée de l’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

    Partout le bruit des bottes


Ce qui est certain c’est qu’en terme de moyens policiers il y a bien un avant et un après juin 2017. Ne serait-ce qu’avec l’installation à plein temps d’un escadron de gendarmes mobiles qui se relaient de toute la France (comme à Calais) tous les mois et demi, à la demande expresse des sénateurs Longuet et Namy de la Meuse. (NDA : Longuet est un des fondateurs d’Occident, mouvement d’extrême droite violent des années 1970 et pour Namy, voir l’article suivant : du beau monde !)

Les réquisitions judiciaires du procureur sont renouvelées automatiquement toutes les 24h et permettent aux gendarmes de contrôler les véhicules et les piétons à tout va, à toute heure du jour et de la nuit, et parfois jusqu’à 4 fois dans une même journée, dans un rayon de 10km autour du laboratoire de l’Andra.

Dans le paysage sud-meusien, apparaîtront aussi dorénavant plus régulièrement l’hélicoptère, des jeeps, des voitures banalisées surmontées d’antennes de 2m qui ralentissent devant les domiciles des opposant·e·s à chaque passage. La Maison de Résistance ainsi que plusieurs domiciles se verront durant plusieurs mois gratifiés d’un fourgon en faction, filmant et notant les allées et venues.




Tel Zeus qui se voit confier la foudre de la divine colère étatique, juges, procureurs et substituts du Tribunal de Grande Instance de Bar-le-Duc peuvent enfin «  faire régner la loi » à Bure, après une insoutenable période de « non-droit » ! À partir des perquisitions de septembre 2017, les convocations pour auditions, les interpellations pour tous prétextes, puis les procès, s’enchaîneront ainsi tout au long du printemps 2018 à un rythme effréné.

Un assesseur, Arthur Schlomoff, l’avait annoncé, sourire aux lèvres, à l’issue d’une audience à l’automne 2017 : « quant aux opposants de Bure, nous nous retrouverons en 2018 ! ». Il a tenu parole : une cinquantaine de procès, des dizaines de mois de sursis, une vingtaine d’interdictions de territoire, plusieurs mois d’emprisonnement ferme, des milliers d’euros d’amende garnissent désormais le tableau de chasse de nos magistrats. Et la série est loin d’être finie …



Tous les 3 mois, dans une ambiance houleuse, une audience-fleuve d’une journée permet au procureur Olivier Glady d’écluser le nombre des opposant·e·s luttant à Bure, à grands coups d’interdictions de territoire et de peines de prison, tandis qu’en toile de fond, l’instruction en Association de Malfaiteurs installe discrètement son nid douillet dans les interstices laissés par une lutte ébranlée et fragmentée par la répression, mais aussi ses maux internes.

    Dans la rue des bons enfants


Des centaines d’écoutes et réquisitions téléphoniques, plusieurs tonnes de saisies de matériels, d‘ordinateurs, de téléphones, de papiers manuscrits scrutés à la loupe, des expertises ADN et signalétiques à tout-va nourrissent des milliers de pages d’élucubrations sur une organisation des opposant·e·s perçue comme « quasi-militaire » (dixit un officier de police judiciaire en audition).

L’épouvantail insurrectionnel n’est jamais bien loin. En 1894, les lois scélérates prenaient comme prétexte une série d’attentats anarchistes meurtriers pour museler l’anarchisme dans toutes ses expressions, qu’il soit pour, contre, ou indifférent à la propagande par le fait et qu’il y ait pris part ou non.



S’ensuivirent, grâce à un fichage sans précédent, des milliers d’arrestations et perquisitions, de déportations vers le bagne et d’interdictions de séjour, des fermetures et interdictions d’éditions de presse et associations libertaires. Les protestations éminentes qui s’élevèrent de plusieurs côtés pour dénoncer le cadre arbitraire et liberticide de ces lois ne suffirent pas à empêcher la traque et la condamnation de nombreux individus dans le cadre d’accusations pour Association de Malfaiteurs, fondée par la loi du 18 décembre 1893. Au contraire, ces lois serviront d’inspiration encore à de multiples reprises dans l’avenir, au cours du 20e siècle, notamment dans les théories contre-insurrectionnelles qui émergent dans les années 50-60 et s’épanouissent dans les deux décennies suivantes sur tous les continents, pour réprimer principalement des cadres de contestation politique.

Le prédicat de départ de l’Association de Malfaiteurs, d’une entente d’un « groupement d’individus formé en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes ou délits punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement », agit comme une prophétie auto-réalisatrice : on présuppose le mobile d’atteinte à la sûreté de l’état, il ne manque plus alors que la commission d’un crime pour justifier du déploiement de l’artillerie lourde de la criminalité organisée et trier le mauvais grain de l’ivraie.

Or, lorsque le mobile est politique, le crime est difficile à caractériser à travers le seul spectre des faits ; alors tout ce qui ne concourt pas à l’établissement d’une sacro-sainte véracité des faits, chère à la méthodologie d’investigation policière, devient immédiatement suspect de duplicité, de dissimulation et donc de complicité. L’équation crime = criminel établit la liste des suspects à partir des personnes présentes sur les lieux du crime avant, pendant et après. Mais, sur un lieu de lutte, la liste des suspects est aussi longue que celle des opposant·e·s et leurs soutiens.

L’Association de Malfaiteurs fige les opposant·e·s dans un ensemble homogène présumé coupable. Et il n’y a qu’à entendre le procureur stigmatiser à chaque occasion qui lui est donnée l’archétype qui serait celui des « gens de Bure » pour saisir à quel point l’ignorance volontaire, indifférente ou inconsciente a rempli les fosses communes de l’histoire des révoltes, fusillées par les préjugés.

Juge, procureur et policier, dissimulés derrière le cache-sexe de la recherche d’un coupable de faits caractérisés et légalement répréhensibles, ne manquent pas une occasion de proclamer derrière leurs bureaux et leurs pupitres « vous comparaissez ici pour des faits et non vos idées, gardez les pour dehors ! ».

Comme si les faits, principalement des outrages, qui sont jugés ces derniers mois sur les bancs du tribunal de Bar-le-Duc, ne découlaient pas d’un contexte politique beaucoup plus global de vexations et humiliations policières, d’un profond sentiment d’injustice devant les deux poids, deux mesures, face à une entreprise, l’Andra, qui défriche illégalement sans sanctions effectives et ses vigiles qui molestent impunément, mais surtout d’une révolte profonde contre un système qui remplit les prisons avec des pauvres, exproprie d’autres pauvres pour leur mettre une poubelle nucléaire au pas de la porte, et enfin mate la révolte des pauvres qui ne se laissent pas faire en utilisant d’autres pauvres qui payent leur pitance en matraquant leurs voisin·e·s et parent·e·s. Car en Meuse, si tu ne trouves pas à t’employer à l’usine ou dans le BTP, il ne te reste plus qu’à signer pour la gendarmerie ou l’armée, si tu ne veux pas ronger ton frein au Pôle-emploi.

Et derrière tous ces faits, « dégradations, outrages, rebellions, violences sur agents dépositaires de la force publique ... » qui s’alignent au long de procès-verbaux policiers, et qui ne rendront jamais assez compte de la réalité d’une situation politique et humaine tellement plus complexe que « coupable » ou « non-coupable », on agite le spectre d’une Association de Malfaiteurs qui favoriserait et encouragerait la commission de ces actes.

« Art. 267 : sera puni de la réclusion quiconque aura sciemment et volontairement favorisé les auteurs des crimes prévus à l’article 263 en leur fournissant des instruments de crime, moyens de correspondance, logement ou lieu de réunion. 
 
Le coupable pourra en outre, être frappé, pour la vie, ou à temps de l’interdiction de séjour établie par l’article 19 de la loi du 27 mai 1993 ».
 
Loi sur les Associations de Malfaiteurs du 18 décembre 1893

Depuis 1893, ça n’a décidément pas beaucoup changé. Prêter sa voiture, participer à l’achat de tissu avant une manifestation, avoir ses empreintes sur une bouteille plastique, son ADN sur une écharpe, être co-propriétaire ou co-gérant·e d’un lieu collectif où sont trouvées des fusées d’artifice, etc. tout devient présomption de culpabilité, de complicité, et donc de participation à une Association de Malfaiteurs. 

Nourrir, accueillir, loger, mettre à disposition des moyens de communication (téléphone, internet, photocopieur, etc.) dans un lieu privé ou collectif relève directement de l’Association de Malfaiteurs, si les personnes accueillies prennent part, ailleurs, à des manifestations où sont commis des actes délictueux.

Dans des lieux et des cadres politiques qui se pensent et se construisent sur le partage et l’échange des biens, sur une désappropriation individuelle au profit du collectif, nous mêlons nos ADN, additionnons nos empreintes, échangeons nos vêtements, nos véhicules, nos outils, nos ordinateurs, nos téléphones. Tout le monde devient suspect et personne ne l’est, mais nous sommes assurément tou·te·s complices politiques dans un autre rapport social au monde que celui auquel se réfèrent nos détracteurs. En instillant la peur de l’accusation, l’Association de Malfaiteurs tente de réassigner chacun·e à la responsabilité et à un recentrement sur la propriété individuelle, d’imposer une dissociation de corps entre nous, et de resserrer le champ sur l’ADN coupable, en l’isolant des usages collectifs.

Art 266 - Les personnes qui se seront rendues coupables du crime mentionné dans le présent article (association de malfaiteurs) seront exemptes de peines si, avant toute poursuite, elles ont révélé aux autorités constituées l’entente établie ou fait connaître l’existence de l’association.
Loi sur les Associations de Malfaiteurs du 18 décembre 1893

Ne rien déclarer, ne pas se dissocier, garder le silence, participe implicitement à l’entente qui sous-tend l’Association de Malfaiteurs. Soit tu désignes le coupable des faits, soit tu es son complice. Soit tu te disculpes, soit on t’inculpe. La charge de la preuve d’innocence incombe à l’accusé·e et non à l’enquêteur, puisque le simple fichage comme opposant·e à Cigéo suffit à fonder une suspicion de culpabilité. Ainsi, être présent·e à la Maison de Résistance ou dans un domicile privé appartenant à des opposant·e·s suffit à justifier une saisie de son matériel informatique et de son téléphone lors d’une perquisition. Et le fait de refuser de fournir ses codes suggère déjà une volonté de dissimulation. Face à la nécessité que vérité soit faite, l’intimité ne compte pas, surtout pas dans un lieu de luttes (fallait y penser avant de venir !).

    Ils m’ont dit résigne-toi mais je n’ai pas pu


Une Association de Malfaiteurs est une sorte de tique qui cherche un point au hasard où se fixer et qui pompe alors tout ce qu’elle trouve jusqu’à satiété. Invisible au départ, elle finit par nous gratter et plus on l’asticote, plus on accroît les risques qu’elle nous inocule son venin. Un venin qui se diffuse lentement, durant des années, et finit par rendre malade l’organisme tout entier.

Au gré des pressions exercées lors d’auditions, de documents extraits de mémoires numériques, de bribes téléphoniques, le parasite prend consistance et donne chair au squelette qui constituait son leitmotiv de départ : la présomption d’une entente criminelle.

Seulement, dans des lieux et cadres collectifs, avec des outils collectifs, des réalités mouvantes, un turn-over important d’individus, le partage des écuelles, des bouteilles, des véhicules, des vêtements, des corps et des cœurs, l’entente n’est pas « caractérisée » ni « manifeste », elle est amicale, viscérale, politique, intellectuelle, affective, de nécessité, multipolaire et en constante recomposition. L’entente d’un jour est la discorde du lendemain et la réconciliation du surlendemain. Chaque individu porte en lui une infinité d’associations en devenir ou en puissance, et chacune de ces associations est un arrachement momentané à un chaos qui se cultive, avec les nécessaires remises en cause de nos identités individuelles et collectives. « Antinucléaires mais pas que », la lutte est portée aussi bien à l’intérieur de nous-mêmes que vers l’extérieur, la violence qu’on nous accuse collectivement de porter vers l’extérieur est une violence que nous nous infligeons aussi à nous-mêmes, dans une atteinte à nos propres biens et à nos propres personnes. Nos ententes ne sont que très éphémères et le fruit de consensus laborieux et insatisfaisants, sinon, nous évoluons et nous vivons au gré de nos affinités et de nos inimitiés, de nos tolérances et de nos intolérances.

L’Association de Malfaiteurs est un monstre grossier qui trace des lignes entre les individus, en tentant de les assigner à des groupes, à des fonctions et rôles définis, à des intentionnalités figées, à des responsabilités dans des espaces géographiques et temporels circonscrits. Dans son échiquier criminel, l’association de malfaiteurs choisit ses pions qui tombent, ses fous qui parlent, ses rois et ses reines qui dirigent. Et si les un·e·s et les autres s’y laissent prendre, tout le monde fait échec et mat : se coucher fait perdre, sacrifier des pièces pour en favoriser d’autres fait perdre, ne plus avancer fait perdre, riposter aveuglément fait perdre. La crainte de tomber, la crainte de la trahison, la crainte des divergences, la crainte des autres tout simplement, est le venin qui s’insinue et nous contamine invariablement, les un·e·s et les autres, venant à bout de la seule entente profonde qui nous traverse tou.t·e·s malgré nos différences d’opinion ou de personnalités : la solidarité !

Il n’y a pas de coupables ou d’innocent·e·s, il n’y a que des ami·e·s, des amant·e·s, des camarades, des voisin·e·s, des gens qui croient, qui luttent, qui pleurent, rient, souffrent et aiment, qui ne sont pas venu·e·s à Bure pour commettre essentiellement des faits délictueux, mais pour agir selon ce qui leur semble tantôt juste, tantôt nécessaire, parfois seul·e·s, parfois à deux ou à plusieurs.

Et toutes ces personnes ne forment certainement pas une seule et vaste entente criminelle, mais des communautés spontanées de cœur, de biens, de vie, de pensées, d’action et de réaction qui se lient chaque matin et se délient chaque soir. Et les moyens de vie et de lutte dont ils se dotent ne sont pas les armes d’une organisation quasi-militaire mais les outils collectifs dont une lutte a besoin pour se faire l’écho des voix multiples qui s’y expriment, pour prendre soin les un·e·s des autres, pour garantir une défense plus équitable de ses droits face à la justice, pour nourrir, abriter et vêtir confortablement tout le monde, d’où qu’il ou elle arrive.

Si nous sommes malfaiteurs, alors soyons innombrables à l’être, à nous fondre les un·e·s dans les autres, à faire des collectifs et réseaux de collectifs, ici et partout ailleurs, en tenant étroitement et affectivement le fil qui nous relie tout·e·s, celui d’une indéfectible solidarité ! 
 
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Vendredi 26 octobre

Dans la Meuse, 

l’affectation douteuse 

de plusieurs millions d’euros


issus de la « cagnotte » nucléaire Cigéo





Depuis la naissance du projet de centre d’enfouissement des déchets nucléaires dans le sous-sol de Bure, l’argent public coule à flot aux confins de la Meuse, finançant infrastructures et projets de « développement local » en tous genres. Pour les communes situées dans un rayon de 10 km autour du site, c’est le jackpot : l’argent abonde directement, chaque année, le budget municipal au prorata du nombre d’habitants. Or, en 2012-2013, un baron local, élu au Sénat, en a fait bénéficier des communes extérieures à ce périmètre, pour plus de 3,6 millions d’euros. Un clientélisme politique aux frontières de la légalité.

Pendant deux ans, un baron de la politique locale en région Lorraine (aujourd’hui Grand-Est) a participé à un tour de passe-passe budgétaire en attribuant plus de 3,5 millions d’euros de fonds publics à des communes de son fief électoral, au delà du cadre prévu par la loi pour les financements concernés. A l’origine de cette opération, la cagnotte de 60 millions d’euros de subventions déversées tous les ans pour « accompagner » le projet Cigéo, un centre d’enfouissement géant que l’État, via l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), cherche à creuser dans les sous-sols de Bure et de Saudron, deux petites communes rurales en Meuse et en Haute-Marne.

Élu local depuis 1985 sous diverses étiquettes centristes, Christian Namy est au centre de cette affaire. Cet homme politique est devenu président du Conseil départemental de la Meuse (Grand-Est) en 2004 et a ensuite été, de 2011 à septembre 2017, l’un des deux sénateurs du département, avant de soutenir la candidature d’emmanuel Macron à la présidentielle. Sous son autorité ont été « réorientés », en deux ans, près de 3,7 millions d’euros. Il n’est pas question ici de dessous-de-table en liquide ou autres dissimulations. Sous l’autorité de l’élu, une partie des « fonds d’accompagnement » du projet Cigéo – destinés à favoriser son « acceptabilité » par la population, notamment en finançant généreusement les infrastructures locales – ont été réaffectés aux budgets de petites communes qui n’y avaient, en principe, pas droit.

Il se trouve, par ailleurs, que les élus locaux qui réclamaient cette faveur étaient aussi des « grands électeurs » de Christian Namy, seuls habilités à voter dans le cadre d’une élection sénatoriale : les conseillers généraux, maires et conseillers municipaux des communes rurales du département. Les dernières tractations se sont même déroulées alors que Christian Namy était en pleine campagne électorale, sur la période 2010-2011. Faut-il y voir un lien de cause à effet ?

    1,8 million par an pour les communes dans un rayon de 10 km


Comme une enquête de Basta ! l’a déjà montré, le projet Cigéo draine beaucoup d’argent public depuis une vingtaine d’années. Dans chaque département (Meuse et Haute-Marne), 30 millions d’euros par an sont versés en guise d’« accompagnement économique » destiné à préparer le terrain pour l’installation du centre d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure, via deux groupements d’intérêt public (Gip). Selon les estimations de Basta !, ce sont au total pas moins de 1,1 milliard d’euros qui auraient été dépensés localement depuis 2000 (lire notre enquête : Un milliard d’euros ont été dépensés pour rendre « socialement acceptable » l’enfouissement de déchets nucléaires). Resté dix ans à la tête du Conseil départemental de la Meuse (2004-2015), Christian Namy a alors été désigné d’office président du GIP « Objectif Meuse », chargé de répartir ces abondants subsides dans ce petit coin de Lorraine.

La loi du 28 juin 2006 sur la « gestion durable des matières et déchets radioactifs » encadre la manière dont chaque Gip distribue les subventions abondées par diverses « taxes additionnelles sur les installations nucléaires ». Le Gip instruit des dossiers proposés par des communes, communautés de communes (Codecom), organismes publics ou parapublics (agences HLM, centres de santé, maisons de retraite, etc.), associations, ou encore par des entreprises privées, et décide lesquels seront financés. La loi autorise également le versement de dotations directes aux budgets des communes à condition que ces municipalités soient distantes de moins de 10 kilomètres du site de l’Andra, et cela « au prorata de leur population » [1]. Pour ces communes, pas besoin de monter de dossiers : chaque année, l’argent tombe dans leurs budgets.


Dans ce périmètre, il n’y a que quinze villages en Meuse et dix-huit en Haute-Marne. Ces communes touchent environ 490 euros par habitant et par an. Cumulées en Meuse, ces dotations représentent 1,8 million d’euros par an – soit 6 % de l’enveloppe annuelle du GIP – et 1,3 million en Haute-Marne. Or dans la Meuse, le Gip a délibérément abondé le budget de communes qui étaient pourtant exclues de ce périmètre défini par la loi.

    3,6 millions versés à des communes hors périmètre


L’attribution de ces fonds apparaît dans les deux rapports d’activité (2012 et 2013) du Gip Objectif Meuse (voir tableaux ci-dessous). Un détail attire d’abord l’attention : les tableaux ne mentionnent aucune référence réglementaire, contrairement aux fonds versés aux communes du périmètre des 10 km, qui font référence au décret de 2010. Pendant ces deux exercices fiscaux, le Gip Meuse a donc voté l’affectation d’une somme totale de 3 676 718 euros à 18 communes extérieures au périmètre. Cela au même taux (490 euros par tête) que les villages qui y sont inclus. Il n’y a donc pas trace d’enrichissement personnel dans cette affaire. En revanche, la recherche d’un bénéfice électoral ne peut être exclue, puisque ces opérations pourraient avoir été utiles à Christian Namy pour gagner du crédit aux yeux de ses « grands électeurs ».


Interrogée par Basta ! sur les conditions légales du déblocage de ces fonds, la directrice générale du Gip Objectif Meuse, Mélanie Varnusson (en poste depuis 2010), explique que l’opération remonte à la fin de l’année 2009. Des maires de communes exclues des dotations directes sollicitent alors le président du Gip, de manière informelle d’abord, puis en prenant position publiquement. « J’ai retrouvé des courriers de novembre 2009, notamment une motion signée par quinze maires demandant de recevoir la même chose que les communes comprises dans les dix kilomètres », nous précise Mélanie Varnusson. Plus tard, les élus se structurent en association, baptisée « Les oubliés des fonds d’accompagnement ». La démarche recevra même le soutien des maires des quinze communes du périmètre des 10 km.


Enfin, en 2011, en pleine campagne sénatoriale, les deux communautés de communes votent à l’unanimité une délibération réclamant une équité totale entre communes sur cette question des aides directes. Arguments à l’appui ? Les projets situés sur des communes extérieures aux 10 km ne peuvent être financés au delà de 80% de leur coût total. La municipalité doit y mettre les 20 % restant, ce que bon nombre de maires affirment ne pas pouvoir assumer.

Selon Mélanie Varnusson, ce déblocage de fonds avait alors été justifié par le président du Gip « sur la base de l’article 13 de la loi de 2006 ». Cet article de portée générale encadre les missions des Gip et les conditions dans lesquelles ils perçoivent et distribuent une partie des « taxes additionnelles » sur les installations nucléaires, mais ne donne pas plus de précisions sur la distribution des dotations directes au prorata du nombre d’habitants. Seul l’article 21 évoque le versement de ces dotations directes sur un périmètre établi, donc, à 10 km autour de l’Andra, le laboratoire qui prépare et expérimente le futur site d’enfouissement. Aucune exception n’y est mentionnée.

    Des réserves formulées par les représentants de l’État


Nous avons cherché à consulter des documents retraçant ces prises de décisions. Rien de concluant dans les rapports annuels d’activité qui sont rendus publics – ils dressent la liste détaillée des fonds versés, au centime d’euro près, mais ne permettent pas d’en savoir plus sur les modalités d’attribution. Aucun verbatim ou compte-rendu n’est produit à l’issue des réunions des trois « instances délibérantes » du Gip (comité exécutif, conseil d’administration et assemblée générale). La directrice d’Objectif Meuse ne nous a fourni que des « délibérations » du conseil d’administration (CA) : de simples notifications de décision de quelques pages, sans mention des motivations ou des arbitrages effectués. En comparaison, le Gip Haute-Marne publie des délibérations bien plus détaillées.

Le CA du 10 novembre 2011 est, en revanche, un moment clé du processus (voir document ci-dessous). Ce jour-là, « le Président [Christian Namy] propose au conseil d’administration » que les fameuses communes exclues « soient bénéficiaires d’une fraction de la taxe d’accompagnement à hauteur de 485,73 euros par habitant ». Proposition approuvée « par six voix pour, une contre, 1 abstention ». S’ensuivront deux délibérations, les 23 mars 2012 et 28 juin 2013, qui avalisent le « versement d’une fraction de la taxe d’accompagnement [...] aux communes membres des Communautés de communes du Val d’Ornois et de Haute-Saulx ». Sans mentionner le fait que ces communes n’entrent pas dans le périmètre des 10 km [2].
Délibération du CA du Gip Objectif Meuse du 10 novembre 2011.
Lors du vote initial de novembre 2011, des réserves sont pourtant formulées par les deux représentants de l’État (réserves visibles également sur le document ci-dessus). D’une part le commissaire du gouvernement – représentant du Préfet de la Meuse – « souhaite que l’encadrement juridique soit précisé si nécessaire lors du prochain Conseil d’administration ». D’autre part l’autorité chargée du contrôle économique et financier de l’État – représentant de Bercy – émet un « avis réservé » sur la question... Ces deux avis indiquent la faiblesse du cadre juridique utilisé pour le déblocage des fonds. Ce qui aurait pu conduire à ajourner le vote jusqu’au prochain CA. Il n’en a rien été. Malgré nos demandes, il n’a pas été possible de savoir si les « précisions » réclamées ont été apportées. En tout état de cause, les versements ont eu lieu, et personne ne s’y est opposé.
L’opération comptable n’a pas été renouvelée en 2014, ni les années suivantes. Le sénateur Namy a par contre déposé une proposition de loi, enregistrée au Sénat le 28 octobre 2013, « visant à modifier l’affectation de la taxe additionnelle à la taxe sur les installations nucléaires de base, dite d’accompagnement », en élargissant son périmètre non seulement aux communes dont une partie serait située dans les 10 km, mais cette fois aux communautés de commune dans leur ensemble. Aucune suite n’y est donnée, Christian Namy étant le seul à la signer. La proposition sonne néanmoins comme un aveu cruel : s’activer à changer la loi après coup, ne revient-il pas à reconnaître que la pratique était irrégulière ?

Nous avons sollicité la réaction de Christian Namy aux questions soulevées par notre enquête, via les services du Gip Meuse d’une part, et du Conseil départemental de la Meuse d’autre part – instances dont il n’est plus membre mais qui lui ont fait suivre nos questions. Aucune réponse ne nous a été apportée. Alors que le palais de justice de Bar-le-Duc est plus souvent occupé à juger des militants pour leurs actions supposées contre Cigéo, il serait intéressant de connaître également la position de la Justice sur ces petits arrangements entre élus locaux.

Jérôme Thorel – Bastamag

Samedi 27 octobre

À Marseille, 

la bataille de la Plaine 

repose la question urbaine :


pour les riches ou pour tout le monde ?




Depuis une dizaine de jours, à Marseille, des habitants de la Plaine bloquent le chantier de réhabilitation de la place voulue par la municipalité. Favorables à une rénovation, ils refusent que change le visage populaire du quartier.

Marseille (Bouches-du-Rhône), correspondance


Peu avant 19 h, dans le quartier de La Plaine, à Marseille, les terrasses des cafés s’animent. Sur la grande place, les minots jouent au football sur un terrain aménagé à la place d’un parking, l’aire de jeux est remplie des cris des enfants et quelques adultes jouent à la pétanque. En ce jeudi 25 octobre, le fond de l’air est estival. S’il n’y avait pas d’énormes plots en béton entourant toute la place, on en oublierait le déluge de CRS des jours précédents, protégeant la coupe d’une quarantaine d’arbres.



Des minots jouant au foot sur un terrain aménagé par les opposants 
sur un ancien parking de la Plaine.

Comme tous les soirs, l’Assemblée de la Plaine vient rappeler qu’ici se mène une lutte contre un projet urbain porté par la majorité municipale. À mesure que la nuit s’installe, ils sont de plus en plus nombreux à rejoindre l’assemblée, qui débat à bâtons rompus sur la suite à donner au mouvement. Depuis trois ans déjà, elle s’inquiète de l’évolution de la place et du devenir de ce quartier vivant et socialement mélangé. Avec l’Assemblée, une myriade de collectifs, d’associations et de personnalités rejettent un projet de réhabilitation de la place voulu par la mairie (LR) de Marseille et confiée à la Soléam (Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine). Avec des travaux prévus pendant deux ans et demi et un budget d’un peu plus de 13 millions d’euros, la Soléam entend donner à la Plaine un nouveau visage. Les promoteurs du projet espèrent une « montée en gamme » du quartier, ce qui fait tiquer les opposants, qui crient à la gentrification. Autrement dit, à l’éviction des pauvres vers des quartiers périphériques, chassés par la hausse des prix de l’immobilier. Exception française, Marseille est une ville où les classes populaires occupent toujours son centre.

    « Son histoire et son identité propre sont menacées »


La Plaine porte le nom cadastral de cours Jean-Jaurès, mais comme d’autres lieux de Marseille, elle a été rebaptisée. Et personne ne l’appelle par le nom qui la désigne sur les plaques de rue. « On monte à La Plaine », puisqu’elle trône au sommet d’une colline du centre-ville. Depuis les années 1990, son quartier, avec les petites rues qui mènent jusqu’au cours Julien, est devenu un lieu incontournable de la vie nocturne marseillaise. La scène musicale locale s’y est épanouie, du Massilia Sound System à la rappeuse Keny Arkana. La grande surface plane a eu plusieurs vies : champ de Mars au Moyen Âge, lieu de foire et de loisir aux XIXe et XXe siècle. Elle a même été le « ventre » de Marseille, avec un marché de gros qui a fini par déménager aux Arnavaux dans les années 1970. Pour Bruno Le Dantec, habitant du quartier et auteur de La ville sans nom, Marseille dans la bouche de ceux qui l’assassine, « c’est un quartier qui a su se réinventer et toujours dépasser ses traumatismes. Mais c’est un quartier à l’alchimie fragile et c’est son histoire et son identité propre qui sont menacées ».




Les travaux s’annonçaient pour octobre. Au début du mois, les forains du marché ont bloqué une partie de la ville pour protester contre l’absence de solution pour continuer à dresser leurs étals. La mairie a finalement consenti à leur donner des places dans deux autres marchés. L’opposition des forains calmée, les travaux devaient commencer. Mais c’était sans compter la mobilisation d’habitants qui ont empêché l’installation des barrières de chantier, sont montés dans les arbres et ont contraint les bûcherons à venir accompagnés de CRS. La morne Plaine a alors connu quelques jours de forte présence policière avec jusqu’à plus de cent agents casqués pour monter la garde. Le 16 octobre, les militants perchés dans les arbres ont été ramenés au sol par une unité spéciale qui a dû les déloger grâce à la grande échelle des marins-pompiers.

    « Marseillais, ne nous laissez pas seuls avec les bobos »


Après la coupe des arbres, une grande manifestation était appelée le samedi 20 octobre. De 2.000 à 6.000 personnes (selon les sources) ont marché entre le Vieux-Port et la Plaine pour défendre des « villes vivantes et populaires ». « La Plaine, c’est un quartier qui accueille, les gens qui viennent faire la fête comme les gens pauvres qui viennent pour le marché populaire. Le projet de la mairie, c’est d’en faire un quartier résidentiel avec des gens qui ont des moyens », disait une habitante rencontrée derrière une banderole « Marseillais, ne nous laissez pas seuls avec les bobos. » Dans un esprit festif et bon enfant, le cortège a fini sa marche sur la Plaine. « Nous sommes venus de la Zad de Notre-Dame-des-Landes avec un cadeau », déclarait alors un zadiste à la foule. Le cadeau en question était une cabane, « le Gourbi 8 », qui a été montée dans la soirée par des dizaines de mains.


Au départ de la manifestation sur le Vieux-Port, le samedi 20 octobre.
Juste à côté, Samia Ghali, sénatrice (PS) des quartiers nord de Marseille et ancienne maire des 15e et 16e arrondissements (avant que le non-cumul des mandats ne lui impose un choix) est venue manifester son soutien. « La Plaine, je l’ai connu avec ma mère. On y descendait des quartiers au marché. C’est mon histoire et je dis simplement que c’est notre patrimoine immatériel qu’il faut protéger », nous confiait celle qui est pressentie pour être tête de liste aux municipales de 2020 pour le PS. Saïd Ahamada, Cathy Racon-Bouzon et Alexandra Louis, trois députés LREM de Marseille sont en revanche favorables aux travaux : « Mettre en valeur la plus grande place de Marseille n’en dépossédera personne », affirment-ils dans un communiqué, tout en regrettant « un manque de concertation ». La majorité municipale semble vouloir passer en force : Gérard Chenoz, président de la Soléam et adjoint du maire, Jean-Claude Gaudin, envisage que les travaux se tiennent derrière des barricades. Les opposants eux-mêmes voudraient une rénovation de la place, qu’ils jugent abandonnée à dessein depuis une dizaine d’années, mais en respectant la vie qui s’y déploie et les usages actuels.

    Des avis contrastés dans le quartier


Dimanche 21 octobre, nettoyage de la place, jardinage et projection en plein air du match de l’Olympique de Marseille étaient au programme. Sur une place censée être en travaux, dans les interstices d’une situation bloquée, des habitants de toutes origines sont venus réinvestir les lieux. Le « Gourbi 8 » n’a pas tenu longtemps : le 23 octobre, vers 3 h 30 du matin, les forces de l’ordre ont délogé brutalement ses quelques occupants et tronçonné la structure, comme ils l’avaient fait des semaines auparavant des grandes tables érigées par des habitants.

Montage du « Gourbi 8 », la cabane offerte par des zadistes de Notre-Dame-des-Landes.

Sur le projet de la mairie et la mobilisation en cours, les avis sont partagés dans le quartier. Assis sur un banc de La Plaine pour se détendre en sirotant une bière, Azzedine, Rinas et « la Glace » souhaiteraient que la place soit « améliorée et pas transformée ». « On aimerait que la police soit plutôt là pour nous protéger et que soient installées des toilettes et des poubelles », nous dit Rinas. Il est 19 h, l’éclairage s’éteint subitement, comme c’est le cas depuis trois ans. « À cette heure-ci, les lumières s’éteignent toujours. On aimerait qu’ils nous remettent de l’éclairage », dit Azzedine. « Cette place est tranquille. J’aime y voir les enfants jouer parce que j’ai laissé des enfants au bled », nous dit « La Glace », originaire de Kabylie. Nous rencontrons ensuite Richard, le primeur installé du côté nord de la place. « Ici, c’est crade, les forains du marché laissent leurs déchets, toutes les nuits il y a des drogués et quand une fanfare qui vient toute la nuit et qu’on appelle les flics, dégun [“personne” en marseillais] ne vient. Il faut que ça change. » Et quand on le questionne sur un manque de concertation de la part de la mairie, il répond sans sourciller, « c’est comme ça à Marseille, on ne nous demande jamais notre avis sur rien ». Beaucoup de ses clients présents ce jeudi soir affichent leur soutien au projet de la mairie. À l’image de Dominique, une habitante d’une cinquantaine d’année, qui « ne [s’était pas rendue] compte que c’est la plus grande place de Marseille, à cause des voitures qui y stationnaient et des grilles autour de l’ilot central », qui ont été enlevées au début des travaux. « Moi, je suis pour le projet s’ils font quelque chose de joli et de plus propre », dit-elle.


« Gardarem La Plana », à la Plaine, le 20 octobre.

Interpellés alors qu’il traversent la place pour rentrer chez eux, Lydia et Alain, un couple de quinquagénaires, se disent « partagés ». Pas franchement sympathisants de l’Assemblée de La Plaine, ils souhaiteraient que la place soit refaite. Mais, « je ne comprends pas trop à qui ce projet s’adresse », dit Lydia. « Les arbres coupés comme ça, c’est inadmissible et dès qu’il y a un mouvement, on envoie des CRS, c’est scandaleux », dit tristement Alain. « Une rénovation, oui, mais pas une transformation », pense un autre Richard, patron de l’institution du bar Le Petit Nice depuis 35 ans. « Il faut proposer des animations simples pour que les gens se sentent bien ici. Vous refaites le sol, vous rénovez les kiosques et vous mettez quelques manèges, comme [au parc] Borély. Ça coûtera beaucoup moins cher, et les travaux ne dureront que six mois », dit-il. Lui craint que les travaux ne fassent mettre la clé sous la porte à beaucoup de commerçants. « Depuis le début du mois, on est déjà à moins 30 % de chiffre d’affaires », dit-il au sujet de son bar.

    Plus d’une centaine d’intellectuels 

    s’engagent contre la mairie


Pour réagir au rouleau compresseur de la mairie et de la Soléam, l’association « Un centre-ville pour tous » a lancé un appel intitulé « Remettons l’aménagement de la ville dans les mains de citoyens ». Comme l’Assemblée de la Plaine, elle demande que les travaux soient publiquement suspendus par la Soléam. Un centre-ville pour tous est une grande routière des combats contre les projets urbains source de gentrification à Marseille, que ce soit dans les quartiers de Belsunce, de Noailles ou encore dans la tristement célèbre rue de la République, vidée de ses habitants par les rachats des fonds de pensions. Des musiciens, des urbanistes, des paysagistes, des architectes, des sociologues, des cinéaste, etc., 120 intellectuels connus à Marseille ont signé le texte proposé par l’association. « Avec cette magnifique manifestation [du samedi 20 octobre], joyeuse, pacifique, nous espérions que la mairie aurait compris. Or, les élus disent que les opposants sont une poignée, fichés par la police », dit Patrick Lacoste, membre d’Un centre-ville pour tous, lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 26 octobre. « Bienvenue au club des punks à chiens et des minorités malfaisantes », ironise, à l’adresse des signataires, Bruno Le Dantec, reprenant les termes de Gérard Chenoz distillés dans la presse locale quelques jours plus tôt. Hugo, membre de l’Assemblée de la Plaine, propose de faire émerger un débat contradictoire dans le quartier, une sorte de « conflictualité fertile dans cet îlot de possibles ». « Ce n’est pas possible de faire de la ville contre ses habitants », explique Patrick Lacoste. Et si la lutte de La Plaine à Marseille donnait le coup d’envoi d’une nouvelle façon de concevoir la ville, avec et pour ces habitants ? C’est ce que portent l’association Un centre-ville pour tous et l’Assemblée de la Plaine, qui doivent d’abord sortir d’un très gros bras de fer.



Infos du 29 au 31 octobre


Lundi 29 octobre

À Hambach, 

des milliers d’activistes débordent la police 

pour en finir avec le charbon





Hambach, en Allemagne, près de Cologne, est devenue le symbole de la lutte contre les énergies fossiles qui dévastent le climat. Ce week-end, une grande manifestation de désobéissance civile a réussi à bloquer la mine. Le but : en finir avec le charbon. Reportage photo.

Hambach (Allemagne), reportage
6.500 activistes écologistes venus de toute l’Europe — dont plus de 300 Français — se sont retrouvés ce week-end près de Cologne en Allemagne. Le but : participer à la plus grande action de désobéissance civile de masse organisée contre le charbon en bloquant les infrastructures de la mine d’Hambach. Celle-ci est une grande mine à ciel ouvert, exploitée par le géant allemand de l’énergie RWE. Des écologistes y luttent depuis des années pour préserver une magnifique forêt, peu à peu détruite par l’avancée de la mine. Le mois dernier, un militant, Steffen M., y est mort lors de l’opération d’évacuation menée par la police.
L’action, organisée par le collectif Ende Gelände (ce qui signifie « jusqu’ici et pas plus loin ») a été un succès. « C’est la plus grande action de désobéissance pour la justice climatique que l’on n’ait jamais vu en Europe », dit Karolina Drzewo, porte-parole d’Ende Gelände.
La mobilisation a eu lieu seulement trois semaines après la publication du rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sur les effets d’un réchauffement climatique de + 1,5 °C. Selon ces experts, sortir des énergies fossiles, responsables de 75 % des émissions de gaz à effet de serre (charbon, gaz, pétrole) est une priorité absolue si l’on veut espérer contenir le réchauffement climatique à + 1,5°C.




Le camp climat organisé pour accueillir les militants et préparer l’action qui était initialement prévue aux abords de la mine a finalement été démantelé par la police 48 heures avant l’action, car l’occupation du terrain n’était pas légale. Il en fallait plus pour démotiver les organisateurs et les militants qui ont remonté le camp en moins de 24 heures, cette fois-ci sur un terrain légal quoique plus éloigné de la mine. Qu’à cela ne tienne, nous marcherons donc 6 kilomètres de plus.

Toute la journée du vendredi 26 octobre était prévue pour la préparation de l’action et la constitution des groupes. Les activistes étaient répartis en cinq ensembles représentant les cinq doigts de la main. Chaque doigt était composé à son tour de groupes affinitaires. Les groupes affinitaires, de 4 à 10 personnes, sont le cœur de l’action. Chaque membre d’un même groupe poursuit le même objectif lors de l’action et veille à la sécurité des autres membres du groupe. Cette organisation permet la sécurité, la responsabilité et l’autonomie de chacun des membres et facilitent la communication du petit comme du grand groupe. C’est aussi un mode d’action et un système qui privilégient le consensus, le droit de veto et l’unanimité au sein du groupe.

Je fais partie du groupe argenté, groupe majoritairement anglophone et où se sont retrouvés la plupart des Français présents pour l’action. Les autres sont les groupes rose, rouge, doré et orange. Les stratégies de chaque doigt sont gardées le plus discrètes possible et peuvent changer au dernier moment pour éviter qu’elles soient identifiées par la police. Les informations qui circulent au sein du camp climat la veille de l’action sont volontairement confuses et contradictoires. À part quelques personnes, très peu de militants savent réellement quel but poursuit leur groupe. Et c’est là toute la difficulté de l’action car il faut à la fois dissimuler les tactiques à la police qui a déployé un dispositif très important et communiquer avec les militants pour qu’ils sachent quoi faire le moment venu afin que l’action soit un succès.

Samedi. C’est le jour J. Il est 6 heures du matin et le camp s’éveille peu à peu. Chacun se prépare et s’active afin d’être à l’heure pour le départ prévue à 8 h.




Certains d’entre eux passeront la prochaine nuit dehors, à occuper la mine ou bloquer les rails des trains approvisionnant la mine de charbon de Hambach. Ils doivent donc s’équiper en conséquence pour manger et rester au chaud car les températures nocturnes avoisinent zéro degré, et l’organisation ne pourra peut-être pas assurer de ravitaillement partout à cause du dispositif policier. Provisions, eau, sac de couchage, tapis de sol, vêtements imperméables, polaires et chaussures de marche sont donc de mise si l’on veut pouvoir aller jusqu’au bout de l’action.

Il est 9 h quand les groupes argenté, doré et rouge se mettent en route, soit environ 4.000 activistes. Je ne sais pas quand ni dans quelle direction sont partis les deux autres groupes.




« On a l’impression de faire quelque chose qui a un impact direct et concret. En bloquant la mine, on arrête son fonctionnement pendant 24 h, l’extraction de charbon, et l’émission de CO2 qui va avec. Et puis c’est une manière d’envoyer un message fort, de dire qu’il y a de plus en plus de gens qui sont mobilisés sur ces questions là et qui sont de plus en plus déterminés à faire bouger les choses » me dit Yan, activiste belge qui participe aux actions d’Ende Gelände depuis trois ans. Il poursuit : « Ces actions sont très utiles car on n’a jamais obtenu aucune victoire ni aucun acquis social sans désobéissance civile. Nous sommes convaincus que c’est une méthode d’action qui doit être massivement utilisée. On doit pouvoir empêcher tous les criminels climatiques et les multinationales d’émettre du C02, bloquer leur infrastructure, perturber leurs activités pour leur faire perdre de l’argent. »




Après environ trois heures de marche, nous sommes arrêtés par un barrage de policiers, sans raison valable puisque nous sommes dans la légalité et que nous n’avons (toujours pas) enfreint la loi. Après une heure de négociations avec les forces de l’ordre, nous repartons finalement avec un itinéraire modifié qui nous impose un détour de six kilomètres pour arriver sur le site de la mine, notre prétendu objectif.

Nous reprenons sagement la route pendant 30 minutes, encadrés par le dispositif policier quand soudain, sans que ni moi, ni la police, ni une partie des militants ne comprennent ce qu’il se passe, l’immense file de militants en blouse blanche quitte la route en courant et se transforme en marée blanche en se déployant dans les champs.

 
Je n’ai jamais vu quelque chose de pareil. Après une course poursuite effrénée, une partie des militants se fait nasser par la police tandis que d’autres réussissent à atteindre une butte derrière laquelle se trouve l’autoroute (fermée aux voitures pour la journée).




Il faut la traverser pour accéder non pas à la mine mais à la voie ferroviaire qui permet d’évacuer le charbon de la mine.




Nous découvrons notre objectif une fois… celui-ci atteint. Toute l’après-midi, plus de 2.500 activistes ont occupé la voie de chemin de fer reliant la mine de charbon d’Hambach et la centrale thermique de RWE. Plus de 1.500 y ont passé la nuit, tandis que près de 300, qui ont tenu le blocage au delà des 24 heures, ont subi une évacuation violente de la part de la police allemande.






J’apprendrai plus tard qu’un groupe d’une cinquantaine d’activistes a également réussi à occuper une excavatrice directement dans la mine.
Mais la cible principale n’était pas la mine. Pourquoi ? Parce que, comprend-on, bloquer les rails était tout aussi efficace. De plus, il était important de varier les tactiques pour surprendre la police, en lui faisant penser que c’est la mine qui était visée. Enfin, le sol de celle-ci était tellement sec cette année qu’il y avait un risque d’incendie, du fait de la présence de lignite dans le sol.





Environ 350 militants ont été arrêtés et placés en garde à vue tout au long de la journée. La majorité a depuis été libérée.

« C’est beau de voir autant de monde se mobiliser pour la défense du climat. Des actions comme celles-ci sont importantes car elles nous permettent d’avoir l’attention médiatique nécessaire pour amener ces sujets sur la table des politiciens. La mobilisation d’aujourd’hui est d’autant plus essentielle qu’il y a actuellement une commission en Allemagne qui réfléchit sur la possibilité de sortir du charbon », conclut Paul, militant et activiste suisse.

 

 

    Nous appelons à une réaction massive face 

    à la criminalisation de la lutte 

    contre la poubelle nucléaire 

    à Bure !




 
[Texte tiré du site Manif Est le 21 octobre 2018 : https://manif-est.info/Nous-appelons-a-une-reaction-massive-face-a-la-criminalisation-de-la-lutte-782.html] 

Nous, associations nationales et locales, collectifs, comités, personnalités, dénonçons la politique de criminalisation et de répression systémique qui s’abat sur les opposant-e-s à la poubelle nucléaire CIGEO à Bure depuis plus d’un an et demi. Pour détruire ce mouvement de résistance vieux de 25 ans, il y a déjà eu plus d’une cinquantaine de (...)

 

    Bure - 10 novembre : 

     

    Appel à organiser les premiers 

     

    "Bals des malfaiteurs" partout !




 
À DIFFUSER PARTOUT ! Un appel à actions décentralisées samedi 10 novembre (lire ci-dessous), pour commencer à reprendre la main et faire corps partout contre la répression délirante qui s’est installée à Bure, quelques jours avant une audience en Cassation autour des contrôles judiciaires de l’association de malfaiteurs ! Retrouvons nous tous-tes le samedi 10 novembre pour des premiers bals des malfaiteurs sur les places et/ou devant les tribunaux ! À diffuser également : "Bure : malfaiteurs ? (...)



(A venir : suite et fin de la chronique avec la journée du mardi 30 octobre 2018)











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