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dimanche 1 mai 2016
"Les surfaces d’OGM diminuent en 2015" et "Moins d’OGM transgéniques pour bientôt plus de « nouveaux OGM cachés » ?"
Pour la première fois en
20 ans, les surfaces d’OGM ont diminué en 2015. Pour l’ISAAA cette
baisse est due à la chute des prix du maïs, du soja et du canola.
Dans
son rapport, l’ISAAA émet l’hypothèse que la diminution des prix des
principales cultures concernées par les OGM, que sont le soja, le maïs
et le canola, serait à l’origine de la baisse des surfaces mondiales.
Les États-Unis restent leaders
En 2015, le premier pays cultivateur d’OGM reste les États-Unis avec
une surface de 70,9 Mha. Cependant, cette surface est en baisse de près
de 3 Mha. Le podium est complété par le Brésil avec 44,2 Mha, qui a vu
sa surface augmenter à l’inverse des États-Unis, et l’Argentine qui
compte 24,5 Mha. Parmi les dix pays qui cultivent le plus d’OGM,
viennent ensuite l’Inde (11,6 Mha), le Canada (11 Mha), la Chine
(3,7 Mha), le Paraguay (3,6 Mha), le Pakistan (2,9 Mha), l’Afrique du
Sud (2,3 Mha) et l’Uruguay (1,4 Mha).
Les chiffres de
l’ISAAA indiquent que, pour la quatrième année consécutive, les pays en
développement représentent une plus grande surface cultivée en OGM que
les pays riches. Cependant, le jour de la publication du rapport, le
Burkina Faso, pays pionnier dans le coton génétiquement modifié en
Afrique, a annoncé l’arrêt de la culture de cet OGM.
Les surfaces européennes en baisse
Comme pour la tendance mondiale, la surface en OGM en Europe a
diminué. Elle est passée de 143 016 ha en 2014 à 116 870 ha en 2015.
L’Espagne reste le pays européen qui cultive le plus de maïs BT avec
107 749 ha. Les autres états européens cultivant des OGM sont le
Portugal, la République tchèque, la Slovaquie et la Roumanie.
À
l’occasion de la vingtième année de commercialisation de semence OGM,
l’ISAAA précise que, durant cette période, 2 milliards d’hectares d’OGM
ont été cultivés dans le monde. L’organisation évoque également la
première autorisation, en 2015, de mise sur le marché d’un OGM animal,
sous la forme d’un saumon qui atteint sa taille adulte en deux fois
moins de temps que le même animal non-OGM.
Les surfaces cultivées avec des plantes transgéniques ont diminué
légèrement pour la première fois dans le monde passant de 181,5 millions
d’hectares en 2014 à 179,7 millions d’hectares en 2015 (soit une baisse
de près de 1%). C’est la première fois depuis 1996, date des premiers
semis, que les surfaces sont estimées à la baisse par l’Isaaa, un
organisme issu des grands semenciers et qui promeut les biotechnologies
végétales dans les pays du Sud. L’Isaaa en profite pour encenser les
"nouveaux OGM".
La
géographie des plantes génétiquement modifiées (PGM) transgéniques n’a
pas évolué : États-Unis, Brésil, Argentine et Canada représentent
toujours plus de 80% des cultures mondiales, l’Europe 0,06% [1] et en Afrique, l’enthousiasme s’est refroidi, notamment avec l’abandon annoncé par le Burkina Faso du coton GM [2]...
Aucun changement majeur non plus au niveau des variétés cultivées et
des modifications génétiques. On retrouve encore et toujours du soja, du
maïs, du coton, du colza qui ont été modifiés pour tolérer des
herbicides ou produire un ou plusieurs insecticides.
L’Isaaa, dans son communiqué de presse [3] et son rapport publié tardivement [4]
essaie de minimiser cette baisse : elle ne l’évoque qu’au 8e
paragraphe, et axe son argumentation sur « l’incroyable » ascension et
progression des PGM transgéniques au cours des 20 dernières années.
L’Isaaa explique cette baisse par une baisse globale des surfaces
agricoles au niveau international du fait des prix bas pour les cultures
de base en 2015. L’Isaaa est confiante : elle « prévoit que la superficie totale des cultures augmentera dès lors que les prix des cultures remonteront » et souligne que « le Canada a déjà prévu que les surfaces en colza en 2016 retrouveront leur niveau de 2014 ».
Cette explication est, selon nos propres informations, légèrement
mensongère : aux États-Unis, les surfaces de maïs et de coton
transgéniques ont diminué en pourcentage, passant de 93% à 92% pour le
maïs et de 96% à 94% pour le coton. De même au Burkina Faso, les
surfaces en coton Bt ont diminué drastiquement suite à une décision de
la filière dans son ensemble face à des fibres d’une piètre qualité.
L’autre facteur mis en exergue par l’Isaaa est la sécheresse qui a
sévi en Afrique du Sud, en 2015, laquelle a conduit à une diminution de
23 % des surfaces transgéniques dans ce pays. Or, les publicités de
l’industrie biotechnologique ont toujours affirmé que les plantes
transgéniques se comportaient en situation de stress environnemental
soit exactement comme des plantes conventionnelles, soit mieux. L’Isaaa
en profite donc pour faire la promotion des maïs modifiés pour mieux
tolérer le stress hydrique, prévus pour 2017. L’échec d’une plante
transgénique ne remet donc pas en cause, à ses yeux, le modèle
socio-économique lié à ces cultures mais sert uniquement à vanter de
nouvelles innovations. Or, de plus en plus d’acteurs s’accordent sur le
fait que la résilience de l’agriculture par rapport au changement
climatique ne passera pas par une technologie, mais par une
revalorisation des pratiques paysannes, qui utilisent des populations
hétérogènes, et donc plus adaptables à leur milieu local…
Les nouveaux OGM en promo !
Loin de prendre en compte une nécessaire remise en cause d’un modèle
basé sur les monocultures et les variétés à « haut rendement », l’Isaaa
vend dès à présent une nouvelle étape dans l’artificialisation du
vivant. L’Isaaa conclut en effet son communiqué en évoquant les
nouvelles techniques de modification génétique du vivant, notamment la
technologie Crispr/Cas9 en termes élogieux : elle disposerait « d’avantages
comparatifs significatifs par rapport aux cultures conventionnelles et
aux OGM dans quatre domaines : la précision, la vitesse, le coût et la
réglementation ». Concernant le coût et la vitesse, ces avantages
n’en sont que pour les industries développant ces produits ; la
précision améliorée est loin de faire l’unanimité ; quant à la
réglementation, rien n’est encore joué et la société civile au niveau
international tente d’éviter que ces nouveaux OGM soient cachés, et
considérés comme une technique classique de sélection variétale. L’Isaaa
se fait donc le chantre de ces nouveaux OGM et affirme sans aucune
référence que « lorsqu’elle [Crispr/Cas9] est combinée avec d’autres
progrès en matière de sélection variétale, Crispr permettrait
d’augmenter la productivité des cultures selon une « intensification durable » sur les 1,5 milliard d’hectares de terres arables, et apporter une contribution essentielle à la sécurité alimentaire mondiale ».
Les OGM transgéniques ne progressent plus, mais les entreprises
semencières ont déjà en tête de continuer à vendre des semences « OGM »
brevetées – en espérant ne plus avoir à passer par les fourches caudines
de l’évaluation et de l’étiquetage (dans les pays qui l’imposent).
L’Isaaa, d’ailleurs, annonce dans son rapport que la première plante
issue de ces nouvelles techniques de biotechnologies, le colza SU, a été
cultivée pour la première fois en Amérique du Nord.
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