Neuvième chronique illustrée pour savoir ce qui s'est passé sur la ZAD et aussi ce qui s'est dit et fait autour du projet d'aéroport inutile, imposé et destructeur à Notre Dame Des Landes pendant ce mois d'août 2013.
Merci encore à l'auteur partie prenante du Collectif Conflent 66 en soutien à NDDL.
Infos de la semaine : du 1er au 4 août
Jeudi
1er
août
Jean-Paul
Naud (2e élu avec une écharpe tricolore en partant de la gauche),
lors d'une manifestation contre le projet d'aéroport, en 2010.©
Archives PO
|
Notre-Dame-de-la-poudrière.
Lundi, Jean-Paul Naud, maire (sans étiquette) de
Notre-Dame-des-Landes, a décoché un arrêté interdisant le
déroulement du « Zad’nard déchaîné », manifestation
prévue à partir de vendredi sur le site dédié au projet de nouvel
aéroport. Cet événement, orchestré par les zadistes -
militants altermondialistes et anticapitalistes campant sur la zone -
se veut le pendant alternatif du rassemblement organisé ce
week-end par les opposants historiques. Festival qui verra défiler
des artistes comme Sanseverino, Tryo ou Lo'Jo.
Selon
Jean-Paul Naud, la manifestation est illégale, car elle « n’a
fait l’objet d’aucune déclaration de la part des
organisateurs ». L'élu indique
que «
les services communaux et la brigade de gendarmerie de Blain sont
chargés de l’application »
de cet arrêté. Même si on peine à croire que les autorités
mobilisent des forces de l'ordre pour évacuer le site.
Scission
Des
tensions se font également jour entre les opposants historiques et
les zadistes, même si officiellement, chacun récuse cette analyse.
Dominique Fresneau, porte-parole de l’Acipa - l’une des
principales associations luttant contre le projet - déplore sans
fard la concomitance des festivals : « C’est
d’autant plus regrettable qu’on laisse toujours une place aux
zadistes lors de notre grand rassemblement estival, et c’est
évidemment le cas ce week-end ».
Samedi, une tentative de médiation a tourné court.
Une
partie des zadistes va donc faire scission. « C’est
gênant pour nous comme pour eux, même si ce n’est pas le même
public qui est visé,
reprend Dominique Fresneau.
Il y aura du gros son sur leur manif.
Nous,
c’est clair que l’on n’a pas pris l’option d’amener un
festival techno sur place. Reste à espérer que les gens suivront la
bonne signalétique pour ne pas être déçus. »
Presse
Océan –
31-07-13
Vendredi
2 août
C’est la fourmilière à
différents endroits par ici, entre les préparations du "On ne
lâche rien" organisé par la Coord du "ZADnard déchaîné",
des rencontres des comités et autres, semaine antispéciste...
Samedi
3 août
Le ZADnard déchainé (sans
autorisation municipale) :
Le festival officiel de l’ACIPA et de la Coordination : |
Aéroport. Week-end de rassemblement sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes
L'association d'opposants à
l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, l'Acipa,
organise un grand
week-end de rassemblement à Notre-Dames-des-Landes. Vingt-quatre
groupes et artistes se produiront bénévolement avec en têtes
d’affiche Sanseverino, Tryo et le groupe de world music Lo’jo.
Des forums et des débats animeront l’ensemble du week-end sous les
chapiteaux, avec pour thèmes centraux les grands projets inutiles,
l’aménagement du territoire et la transition énergétique.
Le
site choisi, un champ de 11 hectares non loin du carrefour des
Ardillières, se situe au nord de la ZAD et de la désormais fameuse
route D281 longtemps bloquée par les opposants radicaux. L’entrée
est soumise à une participation de soutien libre.
Parallèlement, les Zadistes
organisent un
festival "off" "en soutien à la programmation
officielle". Le maire de Notre-Dame-des-Landes a pris un
arrêté interdisant ce festival qui n'a fait l'objet d'aucune
demande d'autorisation.
L'appel
d'Europe-Ecologie-Les Verts
Europe
Écologie Les Verts, en Loire-Atlantique, appelle à participer
massivement au rassemblement. « Pour compléter les actions
juridiques et les recours administratifs, nous invitons tous les
citoyens opposés au projet d’un aéroport inutile économiquement
et nuisible écologiquement à rejoindre ce week-end de mobilisation
», expliquent les élus écologistes. A noter également la présence
d’élus EELV de Bretagne : Anne-Marie Boudou, Janick Moriceau et
Gaëlle Rougier, René Louail, conseillers régionaux et Michèle Le
Tallec, co-secrétaire et porte-parole EELV Bretagne.
Un
millier de cerfs-volants
500
bénévoles sont mobilisés tout au long de ce week-end. 200 comités
de soutien, venus de toute la France, sont réunis pour participer à
une quarantaine de forums. Ce dimanche matin, le ciel de
Notre-Dame-des-Landes sera constellé d'un millier de cerfs-volants.
Presse
Océan – 13H30
Dimanche
4 août
La presse parle d’affluence
timide au festival estival de la coordination des associations et
partis politiques contre l’aéroport. 5000 personnes samedi selon
Ouest torchon. Ça doit bien rigoler dans les préfectures et bureaux
des gens de la haute... Nous, on pourrait être déçu ou inquiet si
on en oubliait qu’on ne gagne pas une lutte à coups de
recensements mais en construisant un rapport de force et que pour ça,
le nombre n’est pas forcément l’élément clé...
Pendant
ce temps-là, la capitale verte coupe des platanes (42 à
priori) et les élague pour optimiser ses places de parking,
boulevard de la prairie aux ducs.
La
mobilisation POUR l’aéroport ("des ailes pour l’ouest")
continue :
- Pfff.... AH AH AH ! D’en bas on pourrait croire à un moustique écrasé dans un rond bleu mais il s’agit d’un oui et d’un avion.... Un petit conseil : chacun ses méthodes, laissez nous l’affichage et gardez les bons vieux pots de vins et lobbying divers, ça vous réussit mieux !
Aéroport. Rassemblement NDDL : 40 000 personnes selon les organisateurs
Le rassemblement festif de Notre-Dame-des-Landes "est un succès" d'après les organisateurs qui expliquent avoir comptabilisé 15 000 personnes pour la journée d'hier et 40 000 sur l'ensemble des deux jours. Aujourd'hui à 14h30 " ce chiffre était déjà atteint" assure Julien Durand, président de l'Acipa. Les gendarmes quant à eux recensaient 8 000 personnes aujourd'hui à 18 heures. Sur les onze hectares que couvre le festival militant, concerts, débats, conférences ou encore projections de films s'enchaînent sous les chapiteaux et sur la scène. Ce soir le chanteur Sanseverino donnera de la voix à partir de 22h30.
Presse Océan – 19H24
Infos de la semaine : du 5 au 11 août
Lundi 5 août
Pari gagné à Notre-Dame-des-Landes
Combien étaient-ils dans les prés de Notre-Dame-des-Landes pour protester contre l’aéroport ? 40 000 assurent les organisateurs de l’Acipa. 17 000 selon la préfecture. Du simple au double. Comment arrive-t-on à un tel écart ? Une certitude : la mobilisation n’a pas réuni les 50 000 festivaliers attendus par les opposants les plus optimistes. « C’était sans doute un peu imprudent d’afficher ce chiffre, convient Ronan Dantec, sénateur EELV. Si la fréquentation n’atteint pas des sommets, l’enjeu n’était pas un record d’affluence. Il fallait avant tout passer les messages. Beaucoup ont le sentiment que c’est gagné. Mais il faut rester mobilisés. L’État a rouvert des espaces de dialogue. »
© Frédéric GirouL'affluence importante de ce week-end montre que la mobilisation des opposants à l'aéroport ne faiblit pas.De 30 000 à 40 000 personnes ont participé ce week-end au rassemblement contre le futur aéroport.Après un démarrage un peu lent, dans l'après-midi de samedi, des milliers de militants (entre 30 000 et 40 000) se sont retrouvés à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), tout au long du week-end, pour réaffirmer leur opposition au projet d'aéroport. Pari gagné pour les organisateurs qui espéraient 40 000 à 50 000 personnes et qui savaient que l'affluence constituait l'enjeu majeur de ce rassemblement estival.Pour Julien Durand, porte-parole de l'Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes), c'est « une très belle édition, avec des gens très différents. Il y a eu aussi beaucoup de débats. Samedi soir, on a fini la soirée avec plus de 15 000 personnes, ça fait plaisir. »Autre motif de satisfaction, « un rajeunissement. Les jeunes sont sans doute davantage venus pour les concerts. Mais on les a aussi vus dans les forums : la relève est assurée... »Anne-Marie Chabod, coprésidente et cofondatrice de l'Acipa, association organisatrice, se souvient en souriant des premières années, « où on invitait les gens à venir avec leur pique-nique. La scène, c'était une remorque agricole... » En 13 ans, ce rassemblement estival a changé de braquet. Notamment, ce week-end, avec la venue bénévole de plusieurs têtes d'affiches : Tryo, Sanseverino, Bernard Lubat... De quoi conforter des militants déterminés à enterrer ce projet d'aéroport, au nord de l'agglomération nantaise.Un festival Off, organisé par des opposants plus radicaux, a eu lieu à quelques kilomètres de là. Interdit par la municipalité, il s'est déroulé sans encombre mais avec beaucoup moins de participants.Anne-Lise FLEURY. Ouest-France – 05-08-13 - 05:30Le week-end à Notre Dame des Landes, des lumières dans le ciel et de l’espoir
Le grand rassemblement festif contre le projet d’aéroport et les projets inutiles s’est déroulé les 3 et 4 août. Une superbe ambiance, ici racontée.
Reportage, Notre Dame des Landes
Lettre à toi qui aurais dû venir à Notre Dame des LandesJe sais que ce sont les vacances et que la date n’était pas pratique pour toi, mais franchement, tu aurais dû venir à Notre Dame des Landes, ce week-end des 3 et 4 août. On était presque 40 000 sur les deux jours ! Bien loin des prévisions pessimistes relayées par les principaux médias, la semaine dernière... Et j’ai d’ailleurs bien peur qu’ils ne te racontent aujourd’hui que le dixième de ce qu’on a pu y vivre réellement. Parce qu’une nouvelle fois, ce grand rassemblement fut une belle réussite.Pour l’occasion, les organisateurs de l’ACIPA avaient aménagé un grand champ de onze hectares, à cinq cents mètres au nord de la ZAD, pas très loin du carrefour des Ardillières. C’était très bien organisé, il y avait différents emplacements de parking et un grand camping géant, avec des points d’eau et des toilettes sèches. Et sur le site même de l’événement, ils avaient installé des chapiteaux et des barnums, de multiples stands, des bars au quatre coins, en plus bien sûr de la grande scène et de sa régie. Il y avait même des tables de ping-pong et des terrains de jeux pour les enfants ! Et pour gérer tout ça, il n’y avait pas loin de 500 bénévoles.Comme d’habitude, tu me connais, je ne savais pas où donner de la tête. Le programme était dense, avec trente-huit conférences-débats-forums officiels... On a pu discuter de plein de sujets ; bien entendu, on a beaucoup parlé du dossier de Notre-Dame-des-Landes en tant que tel – avec les enjeux du partenariat public-privé, la question de son financement, les failles juridiques, etc.On a aussi abordé les sujets de l’accaparement des terres avec la Confédération Paysanne, de la justice climatique avec Bizi ! ou de la tendance à la métropolisation avec le COSTIF (Coordination pour la solidarité des territoires d’Ile-de-France et contre le Grand Paris). Cela ne nous a pas empêché non plus d’évoquer de grands concepts de l’écologie politique autour de l’anti-productivisme et de la décroissance, avec Michel Lepesant (Mouvement des objecteurs de croissance) ou Vincent Liégey (Parti pour la Décroissance). Il y avait de quoi s’abreuver aussi avec Le Passager Clandestin, qui présentait son nouveau livre sur les Grands Projets Inutiles. Quelques jours après le troisième forum européen contre les GPI, tout cela a permis d’avoir une vision plus précise de la situation conceptuelle et pratique des résistances citoyennes en France et en Europe. Tout le monde était réuni pour donner un sens global et collectif à la démarche de lutte contre l’aéroport de NDDL. Ils étaient nombreux à s’exprimer : politiques, associatifs, syndicats, médias, éditeurs, etc., on comptait près de cinquante structures présentes.Moi, ce que j’aime bien dans ce genre de contexte, c’est la panoplie d’ateliers et d’animations, à côté, qui donne à voir les choses autrement. Niveau imagination et créativité, on était bien servi : les Amis de la Terre avaient organisé un jeu de rôle sur le financement des Grands Projets européens au stand Climat, tandis que Désiré Prunier nous jouait « Notre Dame d’Hollande et les Vincicrates » dans une conférence gesticulée qui valait sûrement mieux que quelques grands discours...J’ai aussi beaucoup ri quand j’ai vu les hommes-patates scander à qui veut l’entendre leur slogan « Oui aux patates, non au tarmac » !Et je ne te parle pas du Dragon du réchauffement climatique personnalisé par Bizi ! et qui déambulait dimanche pour cracher ses flammes et alerter tout un chacun sur le risque des hausses de la température mondiale...Samedi soir, l’ambiance était plutôt romantique : l’envol de centaines de lanternes célestes au coucher du soleil a teinté d’une jolie lueur d’espoir le ciel nantais.Celui-ci, comme une allégorie évidente du combat, s’est vu le lendemain matin colorié par mille cerfs-volants fabriqués à la main par un ancien habitant de NDDL. L’action avait un message : « Le ciel – comme la terre – restera libre à Notre Dame des Landes ». Tout ça au doux son des cornemuses bretonnes, je peux te dire que le tableau n’appelait qu’à l’évasion...De musique, il en fut aussi question tout le week-end, avec plus de vingt concerts différents. Les artistes jouaient bénévolement, et rends-toi donc compte : les organisateurs ont reçu plus de 150 sollicitations ! Plutôt que de jaser sur Tri Yann qui a publiquement soutenu le projet d’aéroport à NDDL la semaine dernière, on ferait mieux de parler de tous ceux qui étaient là, car le panel était éclectique et talentueux.On a découvert des groupes locaux, avec les Génisses dans l’maïs. On a dansé quelques fest-noz avec Lo Cor de la Plana. On a vibré sur la world music façon Lo’Jo et Gnawa Diffusion. On s’est rappelé nos tendres années de jeunesse quand Tryo a repris la main verte. Et on a même fait des slams sur la musique punk des Ramoneurs de Menhir ! Tu vois, il y en avait pour tous les goûts, et tous les âges. A l’image de la manifestation, multiculturelle et intergénérationnelle. C’est Christian, un paysan du Larzac et membre de la Via Campesina, qui me l’a dit à l’issue d’un énième pogo : « Se retrouver entre cheveux blancs, tout le temps, c’est chiant » !Et puis, après, il y a tous les interstices qu’offrent de tels rendez-vous. Le charme de ces grandes manifestations vient aussi des rencontres improbables qu’elles offrent. Comme celle de ce jeune cycliste, Jordi, 16 ans, parti tout seul depuis chez lui, à Rodez, dimanche dernier pour rejoindre Notre Dame des Landes. Plus de 500 km sur un vélo qu’il avait lui-même confectionné avec le collectif Vélorution. S’il était encore à prouver qu’on peut être jeune et engagé intelligemment...Sinon, j’ai pensé à toi, j’ai croisé ce bon vieux Camille, toujours plus zadiste dans l’âme. Il venait retrouver de vieux camarades et écouter quelques concerts. Comme quoi, il n’y avait pas de problèmes particuliers à l’égard des zadistes ce week-end. Je te dis ça, parce que l’organisation simultanément sur la ZAD d’un Off – qui a été interdit par la préfecture de police – avait semblé raviver la tension. Les gens veulent souvent opposer les zadistes aux autres comités organisés tels que l’ACIPA. Mais c’est plus compliqué que ça. J’en discutais avec Emmanuelle, qui est membre active d’un comité de soutien local à NDDL, elle connaît bien la ZAD. Elle fait souvent le pont entre ces deux mondes. Opposer les uns aux autres est la meilleure stratégie pour diviser et casser la convergence des résistances au projet d’aéroport !D’ailleurs, Camille m’a emmené faire un tour chez les zadistes. Cette mosaïque de profils et d’alternatives ne désemplit pas. Ils sont toujours près de trois cents à y vivre au quotidien, à expérimenter d’autres modes de vie en communauté. La résistance à la force militaire, notamment lors de l’opération César en novembre dernier, doit beaucoup à ceux qu’on qualifie de « marginaux », vagabonds modernes. Tant qu’il y aura ces cabanes en bois, il y aura de l’espoir, je te le dis.Enfin, bref, tu l’auras compris, c’était un beau week-end à Notre-Dame-des-Landes. Ne te fie pas trop à ce qu’on en dira dans les médias : bien sûr, l’affluence par rapport aux objectifs initiaux était moindre. Ce n’était pas le Larzac 2003, certes, mais était-ce là l’enjeu du rassemblement ? Je préfère voir la sérénité qui émanait des participants, elle traduit bien cette confiance en l’avenir et l’issue positive du combat. Et puis cette douce euphorie qui s’emparait parfois de la foule réunie autour des artistes... n’est-ce pas cela la force joyeusement subversive du militantisme face au pouvoir austère et conservateur de quelques-uns ?Il y avait comme une odeur de bonheur dans ce rassemblement militant. C’est ça, je crois, le convivialisme. Et entre nous, il y a quand même parfois des signes qui ne trompent pas : à voir toutes les étoiles filantes qui zèbraient ces belles nuits d’août, je me suis dit qu’en effet, il y avait d’autres manières de tracer le ciel...Ce n’est toujours qu’une question de perspective : on peut aussi prendre le temps, revenir aux éléments essentiels, contempler et apprécier. Cela m’a rappelé le dicton : « Tout peut encore arriver, même le meilleur ». Il n’en tient qu’à toi et moi, à nous.Barnabé Binctin – Reporterre – 05-08-13Notre-Dame des Landes, Lip et le droit de savoir
Dans le droit fil de sa quatrième Rencontre avec Médiapart, CAMédia a participé samedi 3 août au rassemblement de Notre-Dame des Landes, haut lieu de réinvention démocratique dans les luttes et les institutions.
© Denis Lafontaine
Nous y avons présenté le film de Christian Rouaud Lip ou l’imagination au pouvoir et animé un bref débat. Pourquoi se référer à une lutte d’il y a quarante ans pour sauver les emplois dans un site industriel ? Parce que nous pensons qu'elle peut nourrir celles que mènent aujourd’hui des paysans et des citoyens pour sauver un cadre de vie dans un site rural et naturel. Lip, et à la même époque, le combat du Larzac contre l’extension du camp militaire et celui de Plogoff contre l’implantation d’une centrale nucléaire, sont riches d’une expérience qu’il faut arracher à l’oubli. A travers les décennies, on y retrouve l’initiative populaire autonome, le déploiement de mille ressources imaginatives, pour se réapproprier des biens communs. Notre-Dame des Landes prend le relais de cette tradition de lutte créative.
© Denis Lafontaine
© Denis LafontaineEn tant qu’abonnés de Médiapart, nous sommes tout particulièrement sensibles à l’importance d’une information de qualité pour éclairer l’action et la réflexion. Le film de Christian Rouaud met bien en évidence cet aspect des choses : les informations décisives que les ouvriers découvrent eux-mêmes en fouillant dans la serviette d’un administrateur, le rôle de la presse qui s’intéresse aux événements à partir du moment où la lutte s’engage dans des voies nouvelles, le réseau de bénévoles qui aident les Lip à réaliser leur communication écrite, les portes ouvertes en permanence pour que le grand public comprenne les enjeux et apporte son soutien...En toute logique indignée, nous avons invité les personnes présentes à signer la pétition « Le droit de savoir » contre la censure que subit Médiapart, dont nous avons affiché le texte.Ensuite nous avons eu le loisir de circuler à travers le vaste champ de chaume et y découvrir les débats sous les chapiteaux, les stands des associations, les panneaux des comités de soutien, les concerts.© Denis Lafontaine © Denis Lafontaine La Parisienne Libérée, en pleine forme, a bien sûr chanté « Le fol aéroport de Notre-Dame des landes »et nous a fait sauter sur « les deux pieds en même temps », comme le recommande le premier ministre, au son de « Le nouveau modèle français ».© Denis Lafontaine
Les photos de Denis Lafontaine nous offrent les instants, les portraits, les rêves de la fête et du débat pris sur le vif.Pour tirer un bilan des deux jours du rassemblement, nous avons interrogé Gilles Denigot, participant à la rencontre de Montluel, et membre de l’ACIPA – Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes. Pour lui, le succès du rassemblement – 15 000 personnes samedi, 40 000 personnes dimanche – confirme que le « socle » de la lutte fonctionne très bien. Ce socle repose sur trois piliers : un pilier militant, un pilier politique et un pilier juridique.© Denis Lafontaine© Denis LafontaineDu point de vue militant, le rassemblement confirme que la mobilisation des paysans et des citoyens se consolide, depuis l’automne 2012 (17 novembre, réoccupation des lieux, 11 mai, chaîne humaine, actions à chacune desquelles avaient participé 40 000 personnes). Une nouveauté importante : beaucoup de jeunes sont venus cette fois-ci, pour les concerts mais aussi pour participer aux débats sous les chapiteaux.Du point de vue politique, le collectif de 1200 élus qui doutent de l’opportunité de l’aéroport a enregistré beaucoup de nouvelles adhésions. Les élus qui ne connaissaient pas son existence commencent à en être informés – ce qui accentue les tiraillements et oblige les membres des partis, des appareils, à réfléchir.Du point de vue juridique, la commission européenne, en décembre 2012, a engagé une procédure précontentieuse envers la France qui viole certaines directives, entre autres sur la protection des zones humides. La cour de cassation, en janvier 2013, a donné un répit de dix-huit mois à deux ans sans expulsions des occupants en titre.Le gouvernement, pour calmer le jeu, en novembre 2012, a créé trois commissions : une commission de dialogue, une commission agricole, une commission d’experts scientifiques. Ces trois instances concluent en avril 2013 qu’il faut arrêter immédiatement les opérations en cours (fouilles archéologiques, expulsions, démolitions) et retirer les forces de police. L’Etat est embarrassé. Si l’ACIPA est confiante, elle ne relâche pas sa vigilance et s’attend à mener bataille pendant longtemps, des années peut-être.© Denis Lafontaine
Lip, entreprise viable, a été coulée par décision politique lorsque Giscard-d'Estaing est arrivé au pouvoir. Lip a été puni pour que son exemple d’auto-organisation inventive ne se répande pas. Elu en 1981, François Mitterrand a tenu ses promesses et mis fin aux projets militaire au Larzac et nucléaire à Plogoff. François Hollande s’inspirera-t-il de Giscard d’Estaing ou de Mitterrand, pour Notre-Dame des Landes ?Les mobilisations seront déterminantes dans la prise de décision politique.Chantal Evano, Roger Evano, Denis Lafontaine© Denis LafontaineCollectif CAMédia – Médiapart – 05-08-13Mardi 6 aoûtUne farce poétique et fabuleuse sur l’aménagement, l’urbanisme et la marchandise, les appels d’offres, et qui aurait comme sous-titre en néon coloré, lettrage clignotant à tour de rôle sous l’enseigne principale. Un peu comme à Las Vegas. De quoi la ZAD est-elle le nom ? De quoi la métropole est-elle le nom ? Un feuilleton en neuf épisodes. Le premier épisode a été mis en ligne le samedi 3 août 2013 à 10 heures depuis Notre-Dame-des-Landes et les autres épisodes le seront tous les 9 jours. Bonne lecture.INFOreçu :Je viens de croiser un collègue qui assure de source sure (mais à vérifier) que 25 camions-toupie neufs sont arrivés chez le transporteur ROUXEL à Vannes qui semble être le futur transporteur de béton pour le futur aéroport......peut être que par là-bas quelqu’un peut aller vérifier....reçu : Beurk !un facho qui s’affiche et affiche sur NDDL :Quelle tête de con.... et en plus, de la façon qu’il affiche son drapeau, ça fait plutôt « drapeau en berne »Mercredi 7 aoûtLes rencontres intercomités se sont terminées hier soir, de prochains rendez-vous ont été fixés : compte-rendu à suivre bientôt ! Les semaines pour la libération animale et de construction en terre crue se poursuivent, et plein d’autres trucs ...Vendredi 9 aoûtBonne nouvelle sur le front de l’aéroport. Le Conseil Général de l’Environnement et du Développement durable (CGEDD), siégeant en formation d’Autorité Environnementale, a rendu une décision le 29 juillet dernier, au sujet du permis de construire de l’aérogare dans le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.Paru sur le site du CGEDD le 05 août 2013, cet organisme (présidé par Philippe MARTIN, Ministre de l’Ecologie et du Développement durable !) considère :- que les impacts et les mesures environnementales correspondant à l’aérogare n’ont pu être suffisamment appréciés !
- que l’étude d’impact de 2006 doit être actualisée, avec TOUTES les constructions retenues dans le projet, en raison de l’ancienneté de l’étude d’impact existante et sur tous les points qui ont été précisés ou qui ont évolué depuis 2006 !
Infos de la semaine : du 12 au 18 août
Dimanche 18 aoûtCe matin vers 7h des individuEs sont venus se défouler sur la ZAD. Un four situé au niveau des Planchettes a été incendié. Un feu a également été lancé sur une des chicanes placée à proximité. Heureusement des copinEs vivant sur les lieux ont réagi avec rapidité et ont pu limiter les dégâts. Ces tentatives minables d’intimidation ne nous effraient pas mais on ne peut qu’être plein de colère face à ces actions qui mettent en jeu la vie des habitantEs.Plus réjouissant, les personnes parties diffuser des appels à se retrouver pour discuter samedi prochain (Rencontres entre habitantEs de la ZAD et des bourgs alentours) ont été bien accueillies. Comme quoi la volonté de réduire la tension est partagée. L’ACIPA s’est jointe à l’évènement. Venez nombreuSEs !
Infos de la semaine : du 19 au 25 août
Lundi 19 aoûtCommuniqué à propos de la marche des veilleurs
La marche des veilleurs projette de venir aux abords de Notre-Dame-des-Landes le 28 août[1]. En tant qu’individus, groupes et associations en lutte contre le projet d’aéroport et/ou son monde, nous voulons leur signifier qu’illes ne sont pas les bienvenu-e-s, ni ici, ni ailleurs.La marche des veilleurs est une émanation de la contestation contre le mariage pour tou-te-s. Elle refuse l’égalité des droits entre les homos et les hétéros. Ce mouvement porte des valeurs homophobes et peine à cacher ses liens avec l’extrême droite.Nous luttons contre un projet d’aéroport mais aussi pour une société où chacun-e avons notre place. Pour nous il est hors de question que la lutte contre l’aéroport serve de vitrine à des idées homo/lesbophobes et nationalistes.Ni Vinci, ni veilleurs !Premiers signataires :collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par le projet d’aéroport (COPAIN) collectif vigilance aéroport du pays de Redon et de Vilaine comité anti répression comité nantais contre l’aéroport (CNCA) des occupant-e-s de la ZAD groupe non-mixte meufs gouines trans de la ZAD[1]. selon son site officiel, la marche projette maintenant d’aller à Nantes le 28 en faisant toujours référence à la lutte contre l’aéroport. Un rassemblement est prévu pour "ne pas leur laisser l’espace"Vendredi 23 aoûtCe matin, un huissier est passé au Haut Fay, une ferme occupée à l’est de la ZAD pour délivrer une ordonnance de quitter les lieux pour le 29 avril 2014 suite à la décision du Tribunal d’Instance de Nantes qui a accordé un délai de 6 mois et 2 mois en bonus... Délai qui court donc officiellement à partir d’aujourd’hui... Les pneus de la voiture de l’huissier auraient fait « pchiit ».Samedi 24 aoûtDeux réunions se tenaient ce samedi. Peu, trop peu de personnes se sont déplacées à la Gaité à 18h pour parler d’agriculture différente. Espérons qu’un prochain rendez vous aura plus de succès tant la question du comment cultiver la terre parait pour beaucoup ici primordiale.La rencontre avec les habitantEs des alentours, à la Paquelais, a en revanche attiré près de 150 personnes. Les problèmes ont été soulevés et notamment celui de la circulation sur la D281, les problèmes de vols. Beaucoup de pistes de réflexion ont été mises en place. Un public varié s’était déplacé et on était loin de la langue de bois. La discussion s’est bien passée malgré quelques bouffées de chaleur de part et d’autre. Il reste encore beaucoup à faire mais on espère que le débat se continuera à travers les réunions paysannes de Sème Ta Zad ou lors des AG des opposantEs à la Vacherit (à 20h, un mardi sur deux, la prochaine mardi prochain).Infos de la semaine : du 26 au 31 août
Jeudi 29 aoûtAujourd’hui, les habitant-e-s du chenil du Moulin de Rohanne ont (été) déménagés. La maison aurait été réouverte... probablement plus de nouvelles bientôt !Samedi 31 aoûtAujourd’hui et demain, une grosse récolte de patates est prévue aux Rosiers. Passez filer un coup de main !.Le journaliste Hervé Kempf quitte le journal Le Monde après s’être fait refuser des articles sur la lutte contre l’aéroport
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