Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan. Mais pas que. Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...
BLOG EN COURS D'ACTUALISATION... ...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...
Made in Perpignan traite depuis son émergence l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse
qui sévit dans les Pyrénées-Orientales. Cette fois, nous vous livrons
le récit de l’intérieur de l’abattage d’un troupeau. Ce troupeau,
c’était celui d’Orensie, éleveuse installée à Prats-de-Mollo dans le
Haut Vallespir. Ses 42 vaches ont toutes été tuées, ce mercredi 3
décembre. Un seul cas positif avait été diagnostiqué. Il a justifié
l’abattage de tous les autres animaux. Lors de leur mise à mort, ils
étaient pourtant vaccinés depuis 28 jours*. Reportage.
Les vaches sont déjà réveillées.
Debout, elles attendent dans les premiers rayons du jour que quelqu’un
vienne leur apporter du foin et de l’enrubanné. A quelques centaines de
mètres, en contrebas, les humains sont encore à l’abri du froid mordant.
Dans le mas d’Orensie Sunyach, éleveuse de vaches allaitantes,
l’ambiance est pesante, suspendue. Chacun regarde le fond de sa tasse de
café et repousse le moment. Ce moment où il va falloir y aller :
nourrir les bêtes pour ce qui sera leur dernier repas.
A 7h30, Orensie sort de sa maison.
Interloquée, elle découvre une vingtaine de gendarmes postés dans son
jardin. La tension monte d’un cran. « C’était à 9h que vous deviez
arriver ! Je ne veux pas voir un seul véhicule monter près de mes vaches
! » L’éleveuse le martèle : elle veut que tout le monde respecte ses
bêtes. « On va leur mettre à manger. J’en ai pour une heure à faire mon
petit train-train, tranquille, comme d’habitude. C’est important qu’on
respecte ça, pour que les bêtes ne soient pas stressées. Je veux qu’on
respecte au moins ça ! Parce que moi, clairement, on ne m’a pas
respectée ! ».
Un abattage décrété en moins de 24 heures
Orensie Sunyach est encore sous le
choc. En moins de 24h, sa vie entière a été bouleversée. Le mercredi 26
novembre, deux nodules sont apparus sur les mamelles de l’une de ses
vaches. Après analyse en laboratoire, le verdict tombe et révèle que la
bête est positive à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC Bovine). On
lui annonce dans la foulée que son troupeau va être abattu. Pendant
plusieurs jours, elle n’a plus de nouvelles. Malgré des appels en tous
sens, elle n’a aucune information concrète sur la suite. Il lui faut
attendre le mardi 2 décembre et un rendez-vous fixé avec la Direction
départementale de la protection des populations (un service relevant de
la préfecture) pour découvrir que son monde s’effondre : non seulement
c’est la totalité de son troupeau qui va être « dépeuplé » mais en plus,
l’abattage aura lieu… dès le lendemain matin. Une course contre la
montre s’engage immédiatement.
L’éleveuse s’appuie sur sa sœur,
Ophélie Sunyach, fonctionnaire dans le service urbanisme d’une
collectivité. Sa connaissance des procédures et des rouages de
l’administration permettent aux deux soeurs de déposer dans des temps
records un recours et un référé liberté. Le référé liberté n’est pas
suspensif ni concluant dans les temps. Le recours, quant à lui, ne sera
jugé que… le 22 décembre.
« C’est
inhumain, confie Ophélie. Moi aussi, mon métier est d’appliquer la loi.
Donc je suis très bien placée pour le savoir : on peut garder un visage
humain ! Mais ici, la DDPP se contente de dire : ‘de toute façon vous
serez indemnisée et vous recommencerez’, c’est abject ce qu’ils font ».
Une fois les vaches nourries, un
premier camion monte. Dépêché sur place par la mairie de Prats-de-Mollo,
il apporte des barrières métalliques. Deux éleveurs arrivent également
en 4×4. Mandatés par la Chambre d’agriculture, ils sont chargés
d’expertiser les animaux pour estimer la valeur du troupeau. Ce rôle est
normalement dévolu à un expert. Cette fois, l’opération d’abattage
s’est décidée tellement rapidement qu’aucun d’eux n’a pu se rendre
disponible.
Alors qu’ils prennent le temps de
regarder chaque animal, les deux éleveurs précisent que la réalité
administrative ne correspond en rien à la réalité paysanne. « Comme si
la valeur d’un troupeau se limitait à la somme des carcasses de chaque
animal…, lâche l’un des deux hommes. Dans des élevages extensifs comme
ceux des Pyrénées-Orientales, les animaux sont adaptés au territoire,
elles connaissent les chemins des pâturages d’estive, les points d’eau
et savent se repérer dans les massifs, c’est inestimable ça ! ». Une
valeur immatérielle qui sera détruite en quelques heures seulement.
La sous-préfète de Céret vivement interpellée
En milieu de matinée, tout est prêt.
Les secondes s’égrènent et le contraste est sidérant entre la beauté de
ce cadre montagneux et la violence des opérations à venir. L’éleveuse,
ses proches et les rares personnes présentes attendent maintenant les
agents chargés de l’abattage. On distribue des gobelets de café chaud.
C’est le moment que choisit la sous-préfète de l’arrondissement de
Céret, Clara Thomas, pour faire une apparition, avec quatre gendarmes
sur les talons. L’accueil est glacial.
« Ouais c’est ça, qu’elle vienne voir,
qu’elle vienne salir ses santiags », lâche un ami de la famille en
pointant les bottes de cuir blanc immaculées de la représentante de
l’Etat. Orensie, l’éleveuse, interpelle ensuite vivement Clara Thomas :
« Regardez-les mes vaches ! Regardez-les bien ! Il n’y en a pas une en
mauvais état ! ».
La sous-préfète tente de répondre que
c’est l’application de la politique sanitaire… Elle est immédiatement
rabrouée : « On n’en a rien à foutre de cette politique sanitaire
européenne ! Toute la réglementation vise à préserver les marchés et les
exportations. Nous, sur cette exploitation, on vend exclusivement en
local et en circuit court, à des clients des Pyrénées-Orientales. Mais
on ne nous considère pas. On ne nous respecte pas. Ce sont des décisions
qui ont un impact grave sur la vie des gens. Il vient de là le mal-être
agricole ! ». Pour Orensie, pas de doute : « Tous ces abattages sont
tellement inhumains que le résultat est connu d’avance. Désormais, des
éleveurs vont cacher des nodules ! ». La sous-préfète n’insiste pas et
s’éclipse rapidement.
Les gendarmes tentent d’empêcher les photos
Les opérations vont pouvoir démarrer.
Deux vétérinaires arrivent et préparent les produits. Les animaux sont
calmes. Les humains aussi. Deux gendarmes sont présents, au plus près.
Une dizaine d’autres se tiennent en retrait, visiblement vigilants. Six
agents de la DDPP, complètent le dispositif. Ils s’équipent de la tête
aux pieds (combinaison, charlotte, couvre-bottes…) et surveillent
scrupuleusement les opérations. Une personne de la MSA, la sécurité
sociale agricole, propose soutien et information à l’éleveuse. Ce n’est
pas le moment, lui assène Orensie.
Soudain, les gendarmes s’agitent. Un
drone émerge dans le ciel. Les forces de l’ordre tentent de repérer si
quelqu’un dans l’assistance en est le pilote. Suspicieux, ils scrutent
les mains de chacun. La plus haut-gradée explique à l’assistance que
« les images sont formellement interdites et la moindre photo ou vidéo
montrant un agent de l’Etat fera l’objet d’une plainte ». Documenter la
façon dont les animaux sont mis à mort dans nos zones rurales serait
donc interdit ? Peut-on accepter un simple « circulez, il n’y a rien à
voir » ? Ou bien peut on peut considérer qu’il faut regarder en face les
impacts d’une doctrine d’éradication de la DNC, qui interroge et met à
genoux des familles entières.
Au même moment, les bovins passent
dans le couloir par petits groupes. Les vétérinaires leur administrent
une injection de sédatif. Les vaches sortent un peu plus loin, dans un
parc aménagé de hautes barrières mobiles. Il faut une dizaine de minutes
pour que le produit fasse effet. Les animaux bavent, titubent et
finissent par se coucher, vaincus. La scène est difficile, parfois
insoutenable. Une fois au sol, les bêtes reçoivent une seconde
injection. Létale.
Et soudain, plus un bruit
Un agent de la DDPP marque alors d’une
croix peinte à la bombe les animaux piqués. Un autre vérifie s’ils sont
bien morts. Un troisième entoure alors la croix d’un grand cercle.
L’animal est officiellement abattu, la case est cochée.
Les bruits s’estompent. Déjà, les
meuglements et les sons de cloche ont disparu. Les humains aussi se
taisent. C’est terminé : 42 vaches gisent au sol. Un silence total se
fait, même les oiseaux semblent avoir disparu. Plus tard, un tractopelle
et des camions amèneront les cadavres à l’équarrissage. Enfin, une
société chargée de tout désinfecter, carcasses et matériel, passera
mettre un point final aux opérations.
Avant de repartir en direction de sa
maison, Orensie prend le temps de donner une caresse à chacune de ses
bêtes. Le plus dur commence maintenant.
* Droit de réponse de la préfecture des Pyrénées-Orientales
Ses services indiquent que l’éleveuse a dû être mise en demeure
pour vacciner son troupeau. Par ailleurs, la préfecture indique que
l’éleveuse bénéficie du dispositif d’accompagnement psychologique et
financier mis en place.
Concernant la date de l’abattage : « Madame Sunyach a été
informée le vendredi 28 novembre de la nécessité de procéder à
l’abattage, mais aucune discussion n’a été possible quant à la date. Le
message transmis à la DDPP a reçu une réponse le dimanche 30 et une
proposition de rendez-vous a été faite pour le lundi après-midi ou le
mardi matin. Mme Sunyach a indiqué ne pas être disponible le lundi. »
Concernant le référé : Le référé a été rejeté par une ordonnance
du tribunal administratif de Montpellier notifié le 3 décembre à 8h48,
soit plus de 2h avant le début des opérations d’abattage.
Concernant l’absence des experts : « Madame Sunyach n’avait pas
contacté les experts avant le mardi, alors qu’elle aurait pu le faire
depuis le vendredi 28 lorsqu’elle a été informée de la décision
d’abattage lors de la délivrance de l’Arrêté Préfectoral portant
déclaration d’infection. »
Un mercredi sur deux, retrouvez les enquêtes, reportages et entretiens de Mediapart sur l'écologie. Pour recevoir cette lettre gratuite, il vous suffit, si ce n'est pas déjà fait, de vousinscrire ici
EDITO
PFAS : la partie émergée de l’iceberg
Elles sont connues depuis les années 1930, sont employées massivement
dans l’industrie depuis les années 1970, mais ne faisaient toujours pas
l’objet d’une surveillance systématique. Les molécules PFAS –
substances per- et polyfluoroalkylées – doivent enfin, à partir du 12
janvier, être surveillées dans les eaux françaises, comme le veut la
nouvelle directive européenne sur la qualité de l’eau potable. Ou du
moins certaines d’entre elles, une poignée au sein d’un océan de ces «
polluants éternels » : 20 PFAS seront mesurés, avec une norme fixée à
0,1 microgramme par litre (µg/l).
Par endroits, les
autorités n'ont pas attendu que l’obligation entre en vigueur pour s’y
mettre. C’est le cas dans les Vosges et les Ardennes, où il est interdit
ou déconseillé de consommer l’eau au robinet dans certaines communes
depuis quelques mois.
Elles sont connues depuis les années 1930, sont employées massivement
dans l’industrie depuis les années 1970, mais ne faisaient toujours pas
l’objet d’une surveillance systématique. Les molécules PFAS –
substances per- et polyfluoroalkylées – doivent enfin, à partir du 12
janvier, être surveillées dans les eaux françaises, comme le veut la
nouvelle directive européenne sur la qualité de l’eau potable. Ou du
moins certaines d’entre elles, une poignée au sein d’un océan de ces «
polluants éternels » : 20 PFAS seront mesurés, avec une norme fixée à
0,1 microgramme par litre (µg/l).
Par endroits, les
autorités n'ont pas attendu que l’obligation entre en vigueur pour s’y
mettre. C’est le cas dans les Vosges et les Ardennes, où il est interdit
ou déconseillé de consommer l’eau au robinet dans certaines communes
depuis quelques mois.
Elles sont connues depuis les années 1930, sont employées massivement
dans l’industrie depuis les années 1970, mais ne faisaient toujours pas
l’objet d’une surveillance systématique. Les molécules PFAS –
substances per- et polyfluoroalkylées – doivent enfin, à partir du 12
janvier, être surveillées dans les eaux françaises, comme le veut la
nouvelle directive européenne sur la qualité de l’eau potable. Ou du
moins certaines d’entre elles, une poignée au sein d’un océan de ces «
polluants éternels » : 20 PFAS seront mesurés, avec une norme fixée à
0,1 microgramme par litre (µg/l).
Par endroits, les
autorités n'ont pas attendu que l’obligation entre en vigueur pour s’y
mettre. C’est le cas dans les Vosges et les Ardennes, où il est interdit
ou déconseillé de consommer l’eau au robinet dans certaines communes
depuis quelques mois.
Elles sont connues depuis les années 1930, sont employées massivement
dans l’industrie depuis les années 1970, mais ne faisaient toujours pas
l’objet d’une surveillance systématique. Les molécules PFAS –
substances per- et polyfluoroalkylées – doivent enfin, à partir du 12
janvier, être surveillées dans les eaux françaises, comme le veut la
nouvelle directive européenne sur la qualité de l’eau potable. Ou du
moins certaines d’entre elles, une poignée au sein d’un océan de ces «
polluants éternels » : 20 PFAS seront mesurés, avec une norme fixée à
0,1 microgramme par litre (µg/l).
Par endroits, les
autorités n'ont pas attendu que l’obligation entre en vigueur pour s’y
mettre. C’est le cas dans les Vosges et les Ardennes, où il est interdit
ou déconseillé de consommer l’eau au robinet dans certaines communes
depuis quelques mois.
Aux Arrentès-de-Corcieux, raconte
Estelle Lavresse, qui s’est rendue sur place, la concentration en PFAS
dépasse plus de sept fois la norme, et l’eau du robinet a été interdite à
la consommation pour l’ensemble de la population. À Tendon, où la
concentration est plus faible (0,14 µg/l), la préfecture a limité
l’interdiction aux publics vulnérables – enfants de moins de 2 ans,
femmes enceintes, personnes âgées ou immunodéprimées. Dans les deux
localités, des distributions d’eau en bouteille ont été mises en place.
Comment en est-on arrivés là ?
Si l’origine de la contamination de l’eau n’est pas officiellement
établie, tout converge vers la piste des boues d’épandage, utilisées
comme engrais dans les champs à proximité des sources de captage d’eau
potable. Des boues provenant d’une station d’épuration des déchets d’une
usine textile utilisant des PFAS.
Polluer les champs et
polluer l’eau qui coule au robinet, après avoir pollué lors de la
conception d’objets du quotidien : voilà la boucle infernale à laquelle
conduisent des procédés de fabrication depuis des décennies.
Le Poulpe, partenaire de Mediapart, a d’ailleurs révélé la semaine dernière le contenu d’une étude, fruit « d’investigations
sur les eaux souterraines », commandée par le géant chimique allemand
BASF à la demande de l’État français. Soixante-cinq nouveaux
prélèvements ont été menés au printemps dernier dans les nappes
souterraines sous le site normand BASF, à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, et
dans les environs. À proximité de la station d’épuration, d’où partent
vers la Seine les effluents contaminés de la plateforme chimique, un
taux exceptionnel de pollution au TFA a été identifié, plus de sept fois
supérieur à la limite sanitaire indicative pour l’eau potable en
France.
Or le TFA, minuscule produit de dégradation de
pesticides, est un des PFAS les plus difficiles à éliminer de
l’environnement. Très mobile et facilement soluble, c’est une substance
qui se retrouve massivement dans les réseaux d’eau. C’est précisément ce
que révèle le dernier rapport de l’Anses, publié ce mercredi 3 décembre
: le TFA a été mesuré dans 92 % des échantillons analysés par l’agence
sanitaire.
Ce n’est toutefois que la partie émergée de
l’iceberg : 44 % du réseau de distribution d’eau potable français n’a
toujours pas fait l’objet de mesures, peut-on lire dans l’article de Jade Lindgaard.
Et ce n’est pas le détricotage en cours de la loi PFAS votée en début
d’année qui va permettre de combler ces lacunes : le 3 septembre, alors
que le gouvernement Bayrou sortant signait ses derniers textes
d’application, écrivions-nous,
un arrêté définissant la première campagne d’analyse des PFAS dans les
eaux usées retenait un nombre limité de ces polluants éternels. Le TFA
n’y figurait pas.
Sous
nos yeux en Limousin, nous observons ces dernières années nos forêts
dévastées par des machines, abattant feuillus comme résineux.
Dans le même temps, des projets mortifères touchant à nos forêts se
voient annulés quand un seul, Biosyl, persiste.
Contrairement à la plupart des territoires, il reste encore en Limousin
une biodiversité forestière avec de bonnes nouvelles, dont des images
inédites sont visibles dans le film.
C'est pourquoi il est urgent de la préserver et de s’opposer à toutes
formes de destruction de l’environnement.
Ce film existe pour alerter et sauver nos forêts et leurs habitants.
D'une
promotion du projet de nettoyage ethnique nommé "Gaza-plage", en
passant par des invités étalant leurs théories complotistes
d'extrême-droite sans contradicteur jusqu'à une éditorialiste proférant
quatre fausses informations consécutivement : France info a bel et bien
terminé sa mue en Cnews.
Alix Bouilhaguet, éditorialiste politique à France info avait décidé
le dimanche 9 novembre de lâcher toutes les fakes news possibles sur
Zohran Mamdani, nouveau maire de New-York et sur l'UNRAW, l'office de
secours et de travaux des Nations Unis pour les réfugiés de Palestine
dans le Proche Orient. Alix Bouilhaguet, sans cligner des yeux,
affirmait à propos de Zohran Mamdani : « Il est ouvertement
pro-Palestinien [...] il a repris le slogan "mondialiser l'intifada", en
clair "faire la guerre aux juifs partout dans le monde. [...] Quand on
lui demande de condamner le 7 octobre, souvent il botte en touche et il
répète que le problème c'est l'occupation pratiquée par Israël, est ce
que ça, ça ne vous choque pas ? ». Face à elle, Manuel Bompard rétablit
la vérité sur ces trois fausses informations. Zohran Mamdani n'a jamais
utilisé l'expression "mondialiser l'intifada". Il a condamné le 7
octobre clairement. Par contre je vais rajouter une précision importante
: d'après l'encyclopédie Universalis, le mot Intifada est un mot arabe
désignant la lutte sans armes à feu menée par les jeunes Palestiniens
contre l'occupation israélienne. C'est quand même incroyable cette
propension des éditorialistes français à dévoyer un mot pour lui ajouter
une signification antisémite. Ceux qui nous chantent le refrain du
"droit d'Israël à se défendre" alors que ce pays viole le Droit
International et les droits humains depuis 1948 sont les mêmes qui
refusent aux Palestiniens le droit de se défendre même dans une lutte
sans arme : l'intifada.
Après avoir rétabli les faits, Manuel
Bompard demande à Alix Bouilhaguet de donner des informations exactes et
non des approximations. L'éditorialiste enchaîne : « Alors une
information exacte : il [Zohran Mamdani] lève des fonds pour l'UNRWA,
une agence onusienne qui est accusée de collusion avec le Hamas. » Pour
rappel, cette accusation provenait de l'État d'Israël qui n'a jamais
fourni aucune preuve. L'enquête indépendante, dont les résultats furent
connus en avril 2024, avait conclu qu'aucun élément ne permettait de
lier l'UNRAW aux crimes du 7 octobre et qu'il n'y avait aucune preuve de
lien avec le Hamas. Cette séquence "avalanche de désinformation"
devient une sale habitude chez France info qui a donc décidé depuis des
mois de radicaliser son discours à l'extrême-droite, devenant une pâle
copie de Cnews. En tant que contribuables, nous sommes en droit
d’attendre du service public qu'il nous délivre des informations
sourcées et vérifiées. Et il est de bon ton de rappeler quelques lois
pour dissuader les chaînes d'informations de répandre leur fiel :
• Loi n°2018-1202 sur la manipulation de l'information.
• Loi n° 72-546 sur l'incitation à la haine en raison de l'appartenance ethnique ou religieuse.
• les articles 29 et 23 de la loi du 29 juillet 1881 sur la diffamation publique.
Le 16 novembre, soit une semaine plus tard, après avoir laissé infuser
les multiples fake news, Alix Bouilhaguet "s'excuse". Et les guillemets
ici sont de rigueur car sa prise de parole n'est en réalité qu'un ajout
du mensonge aux mensonges. Je la cite : "Lors de l'interview, il y a
effectivement eu des formules imprécises et parfois inexactes. Si j'ai
pu heurter les auditeurs et les téléspectateurs, je m'en excuse mais il
n'y a eu de ma part aucune intention partisane, aucune volonté de
déformer les faits sur des questions qui sont effectivement extrêmement
complexes". La présentatrice, Alexandra Bensaïd ajoute une invective
sous forme de menace : "Et pour clore cette mise au point, j'ajoute que
le harcèlement en ligne est inacceptable, il est aussi puni par la
loi". Interpeler France Info sur un flot de désinformation impliquant
potentiellement le viol de trois lois n'est pas du harcèlement, c'est
une exigence de rigueur que nous demandons à une chaine se disant
"d'informations". Revenons sur les non-excuses d'Alix Bouilhaguet : il
ne s'agissait aucunement de "formules imprécises" mais d'accusations
graves visant le nouveau maire de New-York et l'UNRWA. Le "il y a" met
une distance entre elle et les propos tenus. Ces mots ne sont pas
descendus du ciel comme par magie, ils ont été pensés, ils ont été mis
par écrit lors d'un comité de rédaction et ils ont été prononcés par la
bouche de la rédactrice en chef. La forme conditionnelle qui suit "si
j'ai pu heurter" n'a rien à faire ici : vous avez heurté une partie de
vos téléspectateurs en diffamant et stigmatisant un homme parce qu'il
est musulman et dénonce un génocide, vous avez heurté une partie de
votre audience en proférant de graves accusations contre l'UNRWA car
elle vient en aide aux Palestiniens.
Le samedi 1er
novembre, deux policiers accusés de viol par une femme dans une geôle du
tribunal de Bobigny ont été mis en examen et placés en détention
provisoire. Leur sentiment d'impunité était si fort qu'ils ont non
seulement violé cette femme dans l'enceinte même du tribunal mais que
l'un d'entre eux a aussi filmé une partie de l'agression avec son
téléphone. Mais il serait naïf de croire que ce viol filmé d'une femme
par deux policiers est un acte isolé de deux "brebis galeuses". Au mois
de juin 2025, le magazine Disclose et L’Oeil du 20 heures (France 2),
publiait une enquête révélant les témoignages de 57 femmes qui avaient
été victimes de violences sexuelles commises par les fonctionnaires
chargés de recueillir leurs plaintes. Un scandale ignoré par le
ministère de l’intérieur pour évidemment protéger le bras armé de
l'État. En ce mois de novembre 2025 étaient aussi révélées par Mediapart
et Libération, 84 heures d'enregistrement vidéo des caméras portées par
les gendarmes en mission à Sainte Soline. 84 heures révélant
l'intention des gendarmes de tuer ou mutiler des manifestants, leurs
paroles trahissant leur violence. Ces enregistrements prouvent que
Gérald Darmanin avait menti lorsqu'il déclarait : « Je pense, quant à
moi, que ce ne sont évidemment pas les forces de l’ordre, qui n’ont eu
recours à la violence que d’une manière légitime et proportionnée ». En
voici un échantillon :
« Il y a un mec de Aurillac il lui a
mis une cartouche de LBD en pleine tête. Il l’a shooté pleine tête a 10
mètres. Le mec il était sec. »
« C’est un trou de terre, il y aura eu des morts juste pour un trou de terre. Après tant que c’est des morts de chez eux ».
« En tendu. En tendu. Baisse ton canon, putain ! » « Devant, tendu, vous balancez en tendu ! »
« Je compte plus les mecs qu’on éborgne, un vrai kiff »
« T’en crèves deux trois, ça calme »
« Tiens, dans ta gueule fils de pute »
« il faudrait « les tuer »
Rappeler ces faits nous permet de remettre du contexte dans le sketch
de Pierre Emmanuel Barré sur Radio Nova le dimanche 9 novembre. Sketch
où l'humoriste qualifie les forces de l’ordre françaises de "violeurs" et de "meurtriers" suite aux nombreuses actualités révélées depuis le début du mois. Voici la citation complète : "Des
viols, des mutilations, des meurtres, et des types qui se filment en
train de faire tout ça en rigolant… En fait, la police et la
gendarmerie, c’est Daech avec la sécurité de l’emploi". Le ministre
de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a saisi la justice suite à ces propos
qu'il juge "inqualifiables". Pour rappel, concernant les violences
policières où des menaces de mort ont été prononcées par les forces de
l'ordre, les mots et les actes du notre ministre n'ont pas été aussi
forts : il avait déclaré qu' il n'était "pas content". Le samedi 15
novembre, France Info décide de traiter cette actualité. Paul Melun,
essayiste et chroniqueur régulier sur la chaine, déclare : "ce n'est pas
une chronique humoristique, c'est une chronique politique [...] Le
problème c'est que ce discours trouve un écho dans une partie de la
société et met une cible dans le dos des personnes visées".
Premièrement, il semble découvrir que l'humour est politique.
Deuxièmement, il prétend qu'une chronique humoristique met une cible
dans le dos des forces de l'ordre, ces mêmes policiers et gendarmes
violents qui, eux, ont réellement ciblé des manifestants avec des armes
létales. Paul Melun est donc davantage ému par les mots d'un humoriste
que par les viols, les mutilations et tentatives de meurtres
bien réelles commises par les forces de l'ordre de notre pays.
Le 10 novembre, France info affichait le graphique d'un sondage
représentant une projection du résultat du premier tour 2027. Et bien
que la chaîne ait fini par s'excuser en minimisant le problème, le
nombre "d'erreurs" laisse penser qu'il s'agit d'une grotesque tentative
de manipulation des masses : le 6,5% d'Hollande fait la même taille que
le 12% de Mélenchon. Le 6% de Zemmour est deux fois plus petit que le
6,5% d'Hollande et plus petit que le 5,5 de Xavier Bertrand. Le 5,5% de
Tondelier est aussi deux fois plus petit que le 5,5 de Xavier Bertrand.
Intéressons nous aux noms des candidats. Pourquoi François Hollande ? Il
est plus probable que cela soit Faure ou le gagnant du résultat de la
primaire. Pourquoi Xavier Bertrand pour les LR alors qu'ils n'ont même
pas entamé les démarches d'une primaire ? En 2022 au premier tour, le RN
avait fait 8 133 628 voix, si on considère le même nombre de
participants au premier tour 2027, le 35 % de Bardella revient à 12 425
000 électeurs, comme si le RN gagnait 4,3 millions d'électeurs en plus.
Et LFI perdrait donc plus de 3 millions d'électeurs.
Mais sur
France info, la situation s'était empirée bien avant cela. Lorsque le
dimanche 26 janvier, après que France info ait titré « 200 otages
Palestiniens retrouvent la liberté », c’est le branle-bas de combat chez
tous les défenseurs d’Israël. En tête de file, Caroline Yadan, députée
de la 8e circonscription des Français établis hors de France, qui
s’offusque sur la plateforme d’extrême droite X. La députée a estimé
qu'appeler des Palestiniens « otages » était « une injure à ce qui fait
notre humanité », était « abject » et « inacceptable ». Or, ce qui est
abjecte et inacceptable, ce sont les crimes d'Israël recensés par les
organisations de défense des droits humains et les organes des Nations
Unies. Face à l'offensive de tous les pro Israël de vouloir effacer des
crimes contre l'humanité, on va remettre du sens dans les mots : « Plus
de 500 enfants palestiniens sont envoyés, chaque année, en prison par
les autorités israéliennes. Dès l’âge de 12 ans, ils peuvent se
retrouver devant une cour militaire. Illégales, ces conditions
d’incarcération se sont encore durcies depuis le 7 octobre ». « Israël
et territoires palestiniens occupés. Des détenu·e·s palestiniens sont
soumis à des actes de torture et des traitements dégradants, sur fond de
multiplication des arrestations arbitraires ». (Amnesty International, Quand Israël emprisonne les enfants palestiniens, ou l'autre visage de la répression, 15/02/2024).
Comment ces civils arrêtés arbitrairement, détenus illégalement et
torturés peuvent-ils être qualifiés de « prisonniers » ? Ceux qu’on
s’évertue à appeler « prisonniers palestiniens » servent de monnaie
d’échange pour faire libérer des otages israéliens, et c’est précisément
cela la définition d’un otage : « Personne qu'une armée, un
gouvernement livre à la partie adverse ou détient, en garantie de
l'exécution d'un traité, d'une promesse».
L'employé ayant eu
le courage d'appeler les Palestiniens "otages", a été suspendu. C’est
non seulement ce que nous apprenions dans un tweet de France Info mais
aussi dans un tweet de Muriel Attal, directrice de la Communication chez
France Télévisions : « On a immédiatement réagi Caroline. La direction de l’info et ftv ont été des lucky luke
» smiley content, cœur. En deux tweets, l’un d’une députée et l’autre
d’une cadre de France Télévision lui répondant, nous avons la
confirmation qu'il est interdit de dire « OTAGES PALESTINIENS ». Que
l'ordre est donné directement par le gouvernement aux chaines
d’information de déshumaniser et criminaliser les Palestiniens. Cette
ingérence politique visant à faire accepter des crimes contre l'humanité
est insupportable. C’est, de plus, une énième attaque à la liberté de
la presse menaçant tous les journalistes qui iraient à contresens de la
propagande imposée par les gouvernements français et israélien. Au même
moment de l'autre côté de l'Atlantique, Trump parle de "ménage" en
déplaçant les Palestiniens en Jordanie et en Égypte, et là encore il
faut remettre du sens dans les mots : il s'agit d'une épuration
ethnique. Le nettoyage ou épuration ethnique est une tentative de
création de zones géographiques à homogénéité ethnique par la violence,
la déportation ou le déplacement forcé. L'expression désigne une
politique visant à faire disparaître d'un territoire un groupe ethnique.
Encore une fois, la presse mainstream française reprend les mots de
Trump, et à aucun moment ne qualifiera le projet trumpiste de «
nettoyage ethnique ». Et ceci nous amène à une séquence lunaire sur les opportunités touristiques à "Gaza Riviera" au mois de février, toujours sur France info.
Le présentateur, Julien Benedetto interviewe un représentant des
métiers du tourisme sur la possibilité de déporter 2 millions de
Gazaouis pour transformer Gaza en nouvelle Côte d’Azur. Frank Delvau, le
professionnel pro-génocide du Tourisme, répond à la question avec le
même enthousiasme que celui de Joseph Mengele quand il se remémorait les
crématoires fumants. Il frétille et est même satisfait que Trump prenne
l’exemple de la Riviera française. C’est aussi ça les patriotes si
fiers de ces nations construites sur le pillage des richesses,
l’esclavage et les crimes coloniaux. Pour comprendre à quel point le
traitement de l'information "Gaza-plage" sur France Info ou ailleurs
n'est ni une erreur ni une maladresse mais une réelle volonté de
repousser la fenêtre d’Overton (les limites du dicible) afin de faire
accepter à l'opinion public une épuration ethnique et donc un crime
contre l'humanité. Explications : ce sujet a été décidé et validé en
conférence de rédaction. Toutes les parties prenantes ont travaillé
dessus : le rédacteur en chef, chef d'édition, chargé de production, les
journalistes, le ou la réal, le présentateur et dans le cas de France
info : l'invité Frank Delvau. Autant de personnes qui a un moment n'ont
pas pris la mesure du scandale ? Peu probable. Il est évident qu'il y a
un parti pris de certaines "chaînes d'info" pour la politique
génocidaire d'Israël qui tend à déshumaniser les Palestiniens.
Au mois de mars, l’éditorialiste Nathalie Saint-Cricq devient directrice
de la rédaction nationale de France Télévisions. Dans un article de l'Humanité
nous apprenions qu'aucun employé n'avait été prévenu de cette
nomination, attisant la colère des syndicats. Sous couvert d'anonymat un
journaliste de France Télévision témoignera auprès du journal
l'Humanité : "Nathalie Saint-Cricq représente l’ostracisation, le
contraire du pluralisme, et le management toxique très présent ...".
Lorsque Aurore Bergé, qui était présidente du groupe Macroniste à
l’Assemblée Nationale, avait été nommée en 2022 au conseil
d’administration de France Télévisions, les syndicats avaient dénoncé « une volonté de reprise en main politique
». Saint Criq a toujours été une envoyée spéciale pour le sauvetage du
Macronisme. Lors des mobilisations historiques contre la réforme des
retraites, elle avait déclaré que la révolte repose, entre autres, sur
le fait « [qu’]il
y a le style Macron, qui est un style… bon… il réussit, il est jeune,
il est diplômé, il est riche, il n’a pas… voilà, ça c’est quelque chose
qui naturellement peut énerver les gens ». Elle ne parlera jamais de
la destruction méthodiques des conquis sociaux. Non ! Son argument ô
combien objectif est : tous les gueux sont jaloux. Le 17 mars 2024,
Nathalie Saint-Cricq, au cours de l’émission « Questions politiques »
ira jusqu'à calomnier les étudiants de Science po mobilisés pour la
Palestine. Poussant des cris d'orfraies en cœur avec la meute
médiatique pourvoyeuse de fake news, Saint Criq accusera les étudiants d'antisémitisme
et de violences sur une élève de confession juive. Même une fois la
fake news débunkée, Saint Criq ne fera ni commentaire, ni mea culpa,
l'essentiel étant de criminaliser les soutiens de la Palestine dénonçant
le génocide.
Au mois de mai, France info sort un article sur Gaza.
Dès le titre de l'article, France info nous fait une belle
démonstration de la Novlangue journalistique : "Nourriture, médicaments,
carburant... Quelles sont les conséquences après deux mois de blocus
total d'Israël dans la bande de Gaza ? ". À noter qu'à la date où j'écris
ces lignes (28 octobre), France Info a modifié le titre de son article :
"Risque de famine", "quasiment plus d'antidouleurs"... Quelles sont les
conséquences après deux mois de blocus total d'Israël dans la bande de
Gaza ? "
Dès les premiers mots, c'est à se demander s'ils ne feraient pas un
concours chez France info pour ne jamais dire les mots : génocide,
colonisation, nettoyage ethnique et crimes contre l'humanité. Et ils
sont assez idiots pour poser la question : quelles sont les conséquences
? Au hasard je dirai : la famine, la maladie et in fine,
l'extermination d'un peuple. Premier paragraphe, le sommet de
l'ignominie. Quoi de mieux, dès le début de l'article, que de restituer
les éléments de langage de la propagande du gouvernement génocidaire ? :
"Nous intensifions notre attaque contre le Hamas à Gaza. Nous sommes en
voie de le vaincre." David Mencer, porte-parole au sein du gouvernement
israélien, a défendu avec ces mots la nouvelle étape de l'offensive de
l'Etat hébreu contre le mouvement islamiste palestinien, lundi 5 mai. Ce
plan de "conquête" comprendra le fait "d'étendre [l'offensive] et le
contrôle des territoires, mais pas d'occuper", "un déplacement de la
population gazaouie vers le Sud pour sa propre protection", ainsi que
"des frappes puissantes contre le Hamas". Et l'on retrouve la recette
habituelle : "contrôle du territoire" pour ne pas dire colonisation,
"déplacement de la population" pour ne pas dire : déportation et
nettoyage ethnique, "frappes puissantes contre le Hamas" pour ne pas
dire "extermination de civils". Si le titre pose la question des
conséquences de la situation humanitaire catastrophique, pourquoi ne pas
commencer l'article par un bilan humain, pourquoi vouloir restituer les
explications et justifications mensongères de l'État génocidaire ?
Début du second paragraphe : "En parallèle, le gouvernement israélien
entend mettre en place un nouveau modèle de distribution d'aide dans la
bande de Gaza, d'après l'ONU. Il s'agira d'"acheminer l'aide humanitaire
par l'intermédiaire de centres contrôlés par l'armée", et non par des
acteurs humanitaires tels que des ONG ou des agences onusiennes." Pour
rappel l'aide humanitaire était bloquée depuis le 2 mars, c'est une
famine organisée, une pénurie de médicaments voulue, comment peut-on
croire que le gouvernement israélien mettra en place une distribution
d'aide à Gaza ? Si la fin du paragraphe se termine bien par un point de
vue critique de la part de l'ONU sur cette "distribution d'aide", il
aurait été plus honnête commencer le paragraphe en prenant une distance
critique sur les déclarations du gouvernement génocidaire et de mettre
en perspective les multiples pillages et destructions de l'aide
humanitaire déjà opérés par les colons israéliens.
Pendant
douze paragraphes France info nous restitue "fidèlement" la situation
critique à Gaza, parsemée de témoignages d'humanitaires sur la
malnutrition et les pénuries de médicaments organisées par Israël
conduisant 2,1 millions de personnes à la famine, la maladie ou la mort.
Mais la performance dans ces paragraphes est de ne jamais dire les mots
: "génocide, intention génocidaire, colonisation, nettoyage ethnique ou
crimes contre l'humanité". Ce n'est pas moi qui emploie ces mots au
hasard pour qualifier la situation à Gaza, c'est le Droit International.
Puis au 14ième paragraphe, l'avant dernier, face aux preuves de
l'horreur et l'inhumanité du gouvernement israélien, il aurait été
dommage de ne pas restituer un de leur énième mensonge afin de semer le
doute dans les esprits : "Malgré ces effets déjà tangibles, Israël
n'infléchit pas sa position, convaincu qu'une partie de l'aide
humanitaire profite au Hamas. "Le blocage de cette aide est l'un des
principaux leviers de pression" face au mouvement islamiste, a récemment
déclaré le ministre de la Défense, Israël Katz. Lors de son
point-presse, lundi, David Mencer a répété que le Hamas avait "détourné
de l'aide". A Gaza, l'Ocha n'a pourtant aucune preuve d'un "détournement
à grande échelle". AUCUNE PREUVE... mais les médias continuent
d'égrainer la propagande israélienne. Ultime paragraphe : "7 octobre" et
"les otages Israéliens" sont mentionnés avant les 2,1 millions de
personnes en proie à la famine, avant les dizaines de milliers de civils
Palestiniens déjà massacrés. Mais de tous les articles de cette presse
mainstream, je n'ai quasiment jamais lu que ce blocage de l'aide
humanitaire, cette famine organisée et les bombardements étaient aussi
une condamnation à mort pour les otages Israéliens. Il serait peut-être
temps de restituer les paroles de Netanyahou nous prouvant son
désintérêt total pour les otages, son projet de génocide et de nettoyage
ethnique, achevant ainsi le projet colonial d'Israël depuis 1948 : «
Gaza sera totalement détruite ».
Et voilà que le 9 juin, une
journaliste de France info vient couvrir la manifestation de soutien à
la Palestine et aux membres d'équipage de la Freedom Flotilla, un homme
se place derrière elle et crie "facho". Elle lui assène un coup. Elle
récolte ce qu'elle et sa chaîne de propagandistes ont semé. Bien sûr,
tous les médias pro-Israël titrent "une journaliste agressée" se
gardant bien de dire qu'elle a donné le premier coup. Le 10 juin, tous
les médias français mainstream ont repris la propagande israélienne. Les
Français de la #FreedomFlotilla, dont Rima Hassan, n’ont pas refusé
d’être rapatriés en France. "Ils ont refusé de signer un document dans
lequel ils devaient reconnaître être entrés illégalement sur le
territoire israélien, condition fixée par Israël pour leur libération".
Un document inacceptable : - L'arrestation par Israël de la
flottille a eu lieu dans les eaux internationales. Gaza a le droit de
recevoir de l'aide humanitaire. - La flottille n'est pas entrée sur
le territoire israélien et n'en a pas eu l'intention : la bande de Gaza
n’en fait pas partie.
Le 3 octobre, France info recevait sur son plateau Nora Bussigny,
"journaliste" au Point et à Franc Tireur, venue faire la promotion de
son livre "les nouveaux antisémites". Les deux médias auxquels elle
contribue sont connus pour leur islamophobie, leur négationnisme du
génocide et leur propagande en faveur d'Israël.
Mais pas seulement, Franc Tireur s'illustrera aussi dans l'antisémitisme en allant jusqu'à titrer un article "Juifs mais trop"
pour critiquer une association juive qui s'opposent à la politique
colonialiste et génocidaire de Netanyahou. Toute la théorie exposée dans
les livres de Bussigny repose sur son "infiltration" au sein de
l'extrême-gauche, elle tend à démontrer que cette dernière est liée à
des réseaux islamistes et que les pro-Palestiniens dénonçant le génocide
sont en réalité des antisémites. Pour nous "infiltrer", elle s'était
déguisée, affublée d'une perruque rose... fin de la blague. Dans ses
livres, Bussigny ne définit aucune méthodologie d'enquête. Elle omet
aussi de dire que la gauche radicale a déjà théorisé l'antisémitisme
structurel présent en France mais cela ne va pas dans le sens de son récit
donc elle passe sous silence, entre autres, le recueil "contre l'antisémitisme et ses instrumentalisations"
co-écrit par neuf personnes : auteur.e.s, maitre de conférences,
philosophe, juifs décoloniaux. Lorsqu'elle est invitée sur le plateau
de France info, il n'y a aucune parole contradictoire, aucune question
travaillée, Nora est en terrain conquis, là pour régurgiter son
idéologie, ses mensonges. Elle peut ainsi déclarer : "L'intersectionnalité peut présenter certaines dérives et une hiérarchie
des luttes". Alors que l'intersectionnalité en sociologie est exactement
l'inverse de cela. Sur le site d'Oxfam,
nous pouvons en un clic lire la définition sociologique de ce terme :
"L’intersectionnalité désigne la situation de personnes subissant
simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination qui
s’entrecroisent, se recoupent et s’intensifient mutuellement." C'est la
prise en considération de toutes les formes de discrimination sans
hiérarchie entre ses dernières.
Le 19 octobre, France info invite Michel Onfray pour parler de la
théorie complotiste d'extrême-droite du "grand remplacement" sans aucune
contradiction face à lui. Si je maintiens que cette théorie est un
énorme mensonge c'est parce que je me fie aux chiffres : pour qu'existe
le "grand remplacement", il faudrait au moins qu’en longue période, la
dynamique du solde migratoire (c’est-à-dire la différence entre les
arrivées de personnes étrangères en France et les départs) l’emporte sur
celle du solde naturel (c’est-à-dire la différence entre le nombre de
naissances et le nombre de décès sur le territoire français). Ce n’est
pas ce que l’on observe : "Sur
la décennie écoulée (2010–2019), la population française a augmenté en
moyenne de 3,7 personnes pour 1000 habitants, dont 3,3 en raison du
solde naturel et seulement 0,4 en raison du solde migratoire. » Le
25 octobre France info recevait en interview et titrait dans son bandeau
"Gilbert Collard : mémoire d'un avocat sans filtre". "Sans filtre" pour
ne pas dire islamophobe, homophobe et pourvoyeur de fake news sur les militants anti-RN en leur inventant des slogans antisémites.
Et enfin sur France info, il y a celui que nous pourrions appeler "la
boussole", celui qui n'indique pas le nord mais le virage de la chaîne à
l'extrême-droite : Patrice Romedenne. Sur son compte X, il relaie les
sites racistes Frontières, Fdesouche ou Boulevard Voltaire. Ce
présentateur affirme que Cyril Dion est un « fou furieux », que Ian
Brossat est un « clodo », que le « wokisme assassine notre culture » et
il pose la question « Qui a donné la nationalité française à Rima Hassan
? ». Lors d'une interview il a interrompu Jean-François Corty, président
de Médecins du Monde lorsque ce dernier évoquait le « génocide en cours
» à Gaza en lui assenant « Je vous laisse la responsabilité du terme
génocide ». Lors d'une intervention, il a affirmé que l’enquête
d'Haaretz établissant que l’armée israélienne avait tiré sur les
Gazaouis lors de distributions alimentaires reposait sur des accusations
du Hamas alors qu’il s’agissait de témoignages de soldats israéliens.
Nous sommes le 28 novembre 2025, France info achève ainsi
son processus de mutation en un organe de propagande d'extrême-droite.
Il est étonnant que Cnews n'ait pas encore dénoncé ce flagrant plagiat.
De notre côté, il est essentiel de répertorier toutes leurs apologies de
crimes contre l'humanité, tous leurs mensonges, leur désinformation et
leurs tentatives de déshumanisation d'un peuple : pour un devoir de
mémoire quand, dans un futur proche, la direction de France info fera
mine d'avoir oublié ses heures sombres.