Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

mercredi 30 juin 2021

Journée du 04 juillet à Céret

On a reçu ça : 

"Bonjour

Merci de diffuser cette invitation pour participer à une journée festive et de réflexion le DIMANCHE 04 JUILLET avec la participation de MARIE-MONIQUE ROBIN, contre le projet de 4eme pont et pour sauver les terres agricoles menacées.
Marie- Monique ROBIN dédicacera ses livres le samedi 03 JUILLET à 11H00 à la librairie coopérative ''LE CHEVAL DANS L'ARBRE '' "


Journée du 04 juillet à Céret




mardi 29 juin 2021

Mardi 29 juin à 20h30 - Prochaine séance du Lido animée par les Ciné-Rencontres, Prades 66500

 


 

Prochaine séance du Lido
animée par les Ciné-Rencontres


Mardi 29 juin à 20h30

Lien vers la bande-annonce :

 SYNOPSIS

Iran, de nos jours. Maryam, 22 ans, tue accidentellement son mari Nasser, 65 ans. Elle est condamnée à mort. La seule personne qui puisse la sauver est Mona, la fille de Nasser. Il suffirait que Mona accepte de pardonner Maryam en direct devant des millions de spectateurs, lors d’une émission de téléréalité. En Iran cette émission existe, elle a inspiré cette fiction…



Le Nouvel Observateur par François Forestier  : ''La banalité apparente de cette histoire et l’acceptation de cette forme de justice, qui s’apparente au lynchage, sont choquantes. Le pardon, enfant de la charité, peut-il être monnayé, sous l’œil de Dieu complice ? 'Yalda' est le cantique des humiliés.''
 

Positif par Denitza Bantcheva  : ''L’ingéniosité du scénario, riche en rebondissements, ne nuit jamais à la vraisemblance. La mise en scène fait des allers-retours judicieux entre le plateau et les coulisses, en exploitant habilement les lieux de passage. Les deux actrices principales sont excellentes, chacune dans un registre différent.''

 

lundi 28 juin 2021

Lettre d'info de l'Alchimie, lieu culturel associatif de Prades 66500


Bonjour chèr.e.s adhérent.e.s !

 

Le "menu" de la semaine est là ! ;)

Qui dit été dit programme chargé, plein d'activités, plein de nouveautés !

Tout d'abord, ne manquez pas la réouverture des jeudis scène ouverte ! Musikaa !

Aussi, nous aurons grand besoin de votre aide pour ce vendredi ménage, plus on est de fou plus on rit (et plus on est efficace)

Sans oublier que le "ciné" est de retour ! Ce samedi vous pourrez profiter de la projection du film "Ouvrir la voix" de Amandine Gay.

 

Respect du protocole sanitaire obligé !

Le défi est lancé pour réinventer, construire, créer et tout ce que vient avec. La marge de manœuvre dans cette période incertaine existe, à nous de nous en saisir.

Bienvenue, et re-bienvenue à tou.te.s celles.ceux qui veulent faire vivre ce beau projet associatif.

 

LUNDI

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MARDI

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Vos idées ou envies seront une bouffée d'air. Les projets pour  animer ce lieu et ce territoire sont plus que bienvenus.

Les mardis Tatiana est là pour les accompagner et les mettre en place avec vous avec ou sans confinement les projets se doivent de vivre.  

Et ailleurs, contactez -nous par mail à  contact@assoalchimie.org ou par téléphone au 07.83.36.77.31

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Jean vous attend plein d'enthousiasme et d'envie de partager avec vous un moment agréable autour d'une table de jeux ! Avec un p'tit café, une p'tite boisson !

"Le Café Philo du samedi 14h30 à 16h est bientôt de retour !!  À la rencontre de vos pensées ! Anna"

 

Merci et à très vite !

JEUDI

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VENDREDI

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SAMEDI

Petite restauration


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&


Projection du film :

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A VENIR

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Nous lançons un appel au bénévolat actif pour constituer des équipes pour travailler ensemble. Bienvenue à ceux qui veulent investir la gouvernance partagée, elle ne peut s'activer dans l'association que si nous nous l'approprions. Invitation aussi pour venir discuter et apporter sur certains textes de référence, aujourd'hui incomplets.  Nous avons besoin de vos compétences et votre envie de faire vivre ce lieu associatif !

 

N'oubliez pas d'adhérer à l'association de l'Alchimie pour pouvoir participer aux ateliers et pour pouvoir consommer ;) Nous vous attendons !

Pour les ateliers & conférences : PAF: 1 €

 

Vous avez un peu de temps à consacrer à ce joli projet qu'est l'Alchimie ? Devenez bénévole !

Au plaisir de vous voir par ici ou par là

Tatiana & Mona pour L'Alchimie

Contact : contact@assoalchimie.org   07.83.36.77.31

 Copyright © 2021 l'Alchimie
3 Rue de l'Hospice, 66500 Prades, France

samedi 26 juin 2021

Opérateurs contre Gafam : pourquoi la 5G doit tuer le wifi

Opérateurs contre Gafam : 

pourquoi la 5G doit tuer le wifi

 



L'analyse du système technique des fréquences de la 5G et de la 6G, déjà annoncée, révèle un conflit majeur entre opérateurs de télécommunications et Gafam, qui conduit les opérateurs à développer un réseau « tout mobile », fait d’antennes en public, d’antennes au domicile et de satellites. Il devra court-circuiter celui de la fibre et du wifi, trop peu rentable pour les opérateurs.

 

Ce billet est une version longue d’une tribune publiée le 28 Mai dans Le Monde 

Le débat sur la 5G s’est rapidement focalisé sur les questions de santé et sur les conséquences environnementales, ce qui revient souvent à ne parler que des antennes.

Or, l’analyse de tout le système technique des différentes fréquences de la 5G et de son prolongement dans la 6G, déjà en cours de spécifications, fait apparaitre un enjeu de rivalité majeur entre opérateurs de télécommunications et plateformes systémiques (GAFAM), qui conduit les opérateurs à développer un réseau nouveau, « tout mobile », pourrait-on dire.

Ce réseau, fait d’antennes en public, d’antennes au domicile et de satellites, devra court-circuiter celui de la fibre et du WiFi, trop peu rentable pour les opérateurs.

Le mot clé des innovations annoncées dans la 5G est bien là : monétiser toutes ces nouvelles offres très ciblées grâce à la technologie, pour retrouver de la rentabilité et ne plus laisser les GAFAM tirer seuls les bénéfices des investissements faits par les opérateurs dans les infrastructures.

Une fois cette perspective rétablie, on comprend mieux qu’il soit urgent de lancer un débat public, car les conséquences d’un tel changement d’infrastructure sont considérables et modifient toute l’évaluation des enjeux écologiques de la « supposée 5G ».

Un débat pour en cacher un autre : entrer dans la technique

Il était un peu étrange d’entendre un double discours sur la 5G, à la fois « rassuriste », comme on dit désormais (« ce n’est qu’une 4G augmentée nécessaire car le réseau va saturer ») d’un côté, et révolutionnaire de l’autre (« c’est une technologie radicalement disruptive et avant tout industrielle »).

Nous avons mis un certain temps à comprendre qu’en fait ces arguments s’appuient sur deux 5G différentes, la bande de fréquences des 3,5 Ghz qui ne ferait qu’amplifier la 4G, et la bande des 26 Ghz dite millimétrique, jamais utilisée à une large échelle encore mais offrant surtout une latence très réduite (moins de 10 millisecondes), ce qui permet de faire réagir entre eux des capteurs et des effecteurs de façon quasi instantanée.

Elles ont cependant des principes techniques en commun : des centres de données placés près des antennes pour réagir plus vite (edge computing, plus distribué), des antennes de portée plus faible mais qui ciblent mieux leurs destinataires (les terminaux) grâce à du beam forming (et donc une efficacité énergétique au niveau de l’antenne) et grâce à un découpage logique des ressources du réseau (slicing) qui permet de faire varier la capacité fournie selon le destinataire et…. selon son abonnement.

Affiner l’offre techniquement pour mieux monétiser l’accès au réseau

Ce dernier point est toujours resté dans l’ombre jusqu’ici alors que l’on sait que dans tous les services numériques, une granularité plus forte (une distribution plus fine, à la seconde, à la course, etc..) permet de faire payer de façon plus différenciée tous les clients, et cela d’autant plus que tous les calculateurs utiliseront des algorithmes dits d’intelligence artificielle. Cette monétisation permise par la 5G n’est jamais évoquée alors qu’elle entre en rupture avec la 4G (un abonnement illimité pour un arrosage indifférencié des terminaux voisins de l’antenne) et surtout avec le WiFi.

Car personne ne monétise le WiFi en tant que tel, sauf les services et applications des plateformes qui profitent de cette connectivité étendue pour leurs services dits Over The Top, c’est-à-dire indifférents à l’infrastructure.

La fibre n’est pas assez rentable pour les opérateurs et ne profite qu’aux GAFAM

Or, ce point devient clé pour les opérateurs qui se plaignent depuis des années de l’avantage abusif des plateformes qui ne financent rien des travaux d’infrastructures que doivent mettre en place les opérateurs, pour augmenter sans cesse les débits, notamment pour faire passer toujours plus d’images et de vidéos sur les plateformes, sans parler des services de cloud qui captent toujours plus l’activité numérique des entreprises.

Ce débat vigoureux a donné lieu aux USA à des passes d’armes entre les représentants des deux ensembles de firmes, les opérateurs soutenus par Trump qui installa un des leurs à la tête de la FCC en 2017 avec pour mission d’en finir avec la neutralité d’internet, qui empêche un opérateur de repérer (par Deep Packet Inspection) et de facturer les paquets d’un certain type, ce qui se traduisit aussi en France par un conflit entre YouTube et Free en 2015. En Californie, en 2018, en pleine crise des incendies, Verizon a limité le débit des serveurs des sapeurs-pompiers en exigeant un abonnement plus élevé de leur part.

Les opérateurs n’ont pas développé la 5G pour les beaux yeux de l’innovation mais bien pour restaurer leur rentabilité, qui n’est certes pas aussi élevée qu’aux débuts du mobile mais surtout loin d’atteindre les performances des plateformes GAFAM, notamment aux yeux des investisseurs.

Et les tentatives des opérateurs pour sortir de leur rôle et copier le modèle GAFAM en devenant des portails, puis des plateformes et en offrant des bouquets de contenus n’ont pas vraiment marché (cf. Orange en France ou Verizon qui vient de revendre AOL et Yahoo).

Au fond, les opérateurs peuvent se dire qu’ils font tout le travail (technique, de qualité de service, de contraintes légales, comme c’est le cas avec le déploiement de la fibre) pour voir les GAFAM en tirer des bénéfices extraordinaires.

Le WiFi, un bien commun à faire disparaitre

En effet, la fibre n’assure guère de marges nouvelles, et le complément de la fibre, le WiFi, ne fournit aucune occasion de monétisation. Car, bien au-delà des domiciles, le WiFi se répand dans l’espace public et est même soutenu par les collectivités locales ou par des associations militantes qui le considèrent comme un bien commun, hors du système marchand.

Chose totalement inadmissible pour des opérateurs puisque malgré tout le WiFi bénéficie à un moment d’un raccordement au réseau filaire, à savoir la fibre désormais. Bref, les opérateurs sont prêts à avoir la peau du WiFi et pour cela déploieront un autre maillon de la chaine technique dite de la 5G qui n’est jamais évoquée dans les débats actuels.

Comment pénétrer l’intérieur des bâtiments ? Avec des box 5G…. dont on ne parle jamais !

Les fréquences élevées du spectre hertzien ont en effet un défaut majeur, elles pénètrent très mal à l’intérieur des bâtiments, ce qui fait un peu désordre pour une technologie censée représenter le progrès.

Qu’à cela ne tienne, il suffit d’équiper d’antennes 5G toutes les boxes, désormais peu rentables pour les opérateurs et jusqu’ici équipées d’antennes WiFi !

Mais qui nous a parlé de cette inéluctable modification de tout le réseau ?

Personne car cela évite d’entrer dans un débat sur ces antennes à domicile qui nous encourageront à rester connectés à domicile en permanence à la 5G devenue plus performante que fibre et WiFi ensemble. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que ces antennes permettront aux opérateurs de monétiser tous les services évoqués plus haut en fournissant des services beaucoup plus fins et personnalisés. La compagnie Salt commercialise déjà ces box 5G en Suisse depuis 2021, mais pour suppléer les domiciles qui n’ont pas accès à la fibre pour l’instant.

Voici donc comment la construction longue et coûteuse d’un réseau (fibre + WiFi) se trouve tout d’un coup disqualifiée parce qu’elle génère avant tout des revenus pour les plateformes GAFAM et trop peu pour les opérateurs. On comprend mieux l’insistance à vanter des applications improbables telles que la voiture autonome et la chirurgie à distance pour persuader du caractère inéluctable et quasi vital de cette nouvelle infrastructure, quitte à oublier tous les enjeux d’assurance pour gérer la responsabilité ou les enjeux organisationnels.

Ces annonces entrent dans la catégorie des discours d’accompagnement, comme le montrent les dates toujours reportées de mise en place des voitures autonomes en dehors de circuits très balisés et hors trafic.

La 6G est déjà discutée et doit comporter une prolifération des satellites pour un réseau universel mobile

Mais ce tableau n’est pas complet pour comprendre la mutation qui nous est discrètement imposée. Pour cela il faut s’intéresser à la 6G, aussi choquant cela soit-il pour le public qui vient juste d’apprendre qu’il existait quelque chose comme une 5G. La 6G est sans doute l’aboutissement de cette vision d’un réseau universel mobile pour tout et pour tous, pour des applications toujours plus gourmandes en bande passante (on imagine ainsi banaliser les hologrammes et la réalité virtuelle en mobile pour 2030 par exemple) et toujours plus réactives.

Or, l’un des maillons clés de cette infrastructure consiste en un déploiement massif de satellites en orbite basse (moins de 500 kms en fait) pour obtenir là aussi une latence la plus faible possible (30 millisecondes actuellement). L’argument principal repose sur la possibilité de desservir ainsi tous les territoires avec internet, jusqu’aux fins fonds des déserts qui, on s’en doute, n’auront en effet jamais la fibre. Noble projet qui se voudrait ainsi incontestable.

Et Elon Musk est arrivé é é !

Cette bataille des satellites s’est accélérée récemment, car Elon Musk et sa compagnie StarLink ont commencé depuis 2020 à placer en orbite basse des petits satellites de 250 kg maximum au rythme de 60 tous les 15 jours pour atteindre à terme (2025) les 42000 satellites. Les stations terrestres sont aussi en cours d’installation (dont une refusée par la mairie de Gravelines d’ailleurs) puisque ces satellites non géostationnaires devront être coordonnés entre eux pour fournir les données aux terminaux individuels terrestres, en espérant faire descendre progressivement leur temps de latence.

Début Mai 2021, Starlink est devenu commercialement disponible en France. Une autre société, OneWeb, avait déjà pris de l’avance dans un projet très voisin mais a finalement connu beaucoup de problèmes. Facebook avait aussi annoncé des projets du même type.

Dans tous les cas, une connexion mobile permanente sans couture à base de satellites est explicitement prévue dans les projets de la 6G élaborés par le consortium dit 3GPP qui fédère toutes les parties prenantes des infrastructures mobiles depuis la 3G. Les différents lanceurs de satellites l’ont bien compris et se déclarent ainsi candidats pour fournir un service au prix fort.

Doit-on accepter de doubler ainsi le réseau fibre optique-WiFi par un réseau totalement mobile satellites-box 5G ?

Cette extension de la connexion satellitaire prétendra concurrencer à terme l’infrastructure de la fibre et les opérateurs eux-mêmes, mais plus probablement les opérateurs combineront ces offres (sachant que les liaisons internationales passent pour l’instant à 98 % par des câbles sous-marins et que les GAFAM investissent désormais dans leurs propres câbles pour moins dépendre des opérateurs).

Mais le débat ne porte jamais sur ce qu’il convient de faire de tels projets, et surtout sur leurs coûts énergétiques et environnementaux, alors même que dans les dix dernières années, de considérables investissements ont été réalisés dans le très haut débit à base de fibre dans le monde entier.

Comment peut-on justifier un doublement du réseau, alors que le secteur des télécommunications est supposé s’engager lui aussi dans la voie de la sobriété exigée par les accords de Paris ? Uniquement parce qu’il permettra d’augmenter la rentabilité des opérateurs contre celle des GAFAM.

Un débat tronçonné pour masquer les véritables enjeux

De toutes ces dimensions, rien ne ressort dans les présentations faites sur la 5G, ce qui justifie ainsi l’inutilité d’un débat. Or si l’on reprenait la question de l’exposition aux ondes en y ajoutant les antennes intérieures au domicile (et dans tous les bâtiments) ainsi que la propagation des ondes via les satellites, sans doute que la discussion prendrait une autre tournure. De même pour les questions énergétiques.

En découpant les décisions en tranches (3,5Ghz puis 26 Ghz, antennes dans l’espace public sans parler des satellites ni des antennes intérieures), les opérateurs avancent masqués et évitent ainsi toute propagation d’une demande de débat démocratique. Ces passages à l’acte technologiques pour les seuls intérêts de quelques parties prenantes dépossèdent les autorités publiques d’un vrai pouvoir de décision en matière d’infrastructures.

Il est encore temps d’agir avec un cahier des charges exigeant

Les agences d’attribution des fréquences se sont aisément prêtées au jeu, ce qui a des conséquences dans de nombreux domaines. Les enjeux de sécurité des objets connectés sont connus depuis les nombreuses attaques qui les ont utilisées (notamment en 2016 contre Dyn sur la côte Est des USA). Pourtant, l’ARCEP et les autorités équivalentes dans le monde n’ont pas fait avancer la régulation ni le contrôle de ces objets. Elles ont au contraire poussé à la distribution des fréquences de la 5G aux enchères, cette 5G qui va permettre à terme l’exploitation massive de ces objets connectés.

Or, deux moments clés permettent aux pouvoirs publics d’intervenir.

L’un est celui de cette allocation des fréquences qui devrait permettre de fixer un cahier des charges à respecter par les bénéficiaires. N’oublions pas en effet que les opérateurs réalisent des missions qui justifient d’imposer des obligations de service public. Certes, l’affaire semble déjà close pour les premières fréquences allouées en 2020, à savoir celles de la 5G 3,5 Ghz que les 4 grands opérateurs français ont acquises.

Mais rien n’est encore joué pour la fréquence des 26 Ghz et il est encore temps, avant 2023, de poser les bases de cahiers des charges exigeants qui fassent émerger toutes les visions et conséquences de ces projets : il faudra un vrai débat démocratique, en prévoyant de ne pas déployer cette version de la 5G si nécessaire.

Un projet européen d’innovation fondé sur ses valeurs propres

L’autre échéance est celle du lancement des spécifications de la 6G au sein des groupes de parties prenantes, le 3GPP. La Corée du Sud en particulier pousse à avancer rapidement sur la 6G dans ces groupes. Les gouvernements, à travers leurs représentants dans les instances de normalisation, notamment l’ITU, ont désormais l’occasion de proposer d’autres orientations que celles actuellement mises sur la table qui visent une latence réduite, des satellites en masse, des applications toujours plus consommatrices comme les hologrammes à la place des écrans.

Les gouvernements européens doivent refuser cette fuite en avant technologique qui ne vise qu’à optimiser les revenus des opérateurs. Ils peuvent en revanche exiger que les nouveaux développements technologiques visent des objectifs pour le bien commun tels que :

  • égalité d’accès des territoires,
  • sobriété énergétique de tout l’éco-système numérique et non seulement d’un segment en incluant les effets rebonds provoqués par les nouvelles offres,
  • sécurisation de tout le réseau internet avec chiffrage généralisé avant tout déploiement de nouvelles offres de services,
  • respect étendu du RGPD par toutes les parties prenantes et auditabilité des algorithmes avec refus de la reconnaissance faciale,
  • ouverture de fréquences à l’expérimentation citoyenne ou coopérative,
  • contrôle citoyen sur les scénarios de développement et d’usage pour les orienter vers le bien commun.

L’Europe peut devenir un leader de l’innovation en réinstituant le cadre de développement des technologies, en créant ainsi de nouvelles conventions qui s’appuient sur les valeurs propres des cultures du continent et en faisant ainsi une vraie différence avec les offres de la dictature chinoise et des libertariens de la côte Ouest des USA.

Dominique Boullier, Professeur des Universités en sociologie  Sciences Po Paris (Centre d’Etudes Européennes et de Politique Comparée, CEE). Auteur de « Sociologie du numérique » ( 2019, Armand Colin) et de « Comment sortir de l’emprise des réseaux sociaux » (2020, Le Passeur éditeur)

Voir aussi le débat auquel j’ai participé à Bruxelles avec Philippe Lamberts, co-président du groupe verts au parlement européen et Geoffrey Joris, représentant d’un think tank du patronat belge.

https://www.facebook.com/philippelambertseurope/videos/298080705156689

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/dominique-g-boullier/blog/310521/operateurs-contre-gafam-pourquoi-la-5g-doit-tuer-le-wifi

 

vendredi 25 juin 2021

Rappel - Samedi 26 à l'Alchimie, lieu culturel associatif, Prades 66500

 



Chèr.e.s adhérent.e.s,

 

Un petit rappel 

pour ce samedi 26 juin

à 10 h

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Tenant compte de la polémique que soulève certains sujets proposés, l'association réitère son soutien aux initiatives des adhérents, mais le contenu et la réflexion reste propre à l'animateur.

à midi

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Au plaisir de vous voir par ici ou par là

Tatiana & Mona pour L'Alchimie

Contact : contact@assoalchimie.org   07.83.36.77.31


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jeudi 24 juin 2021

Des épiciers de Tarnac à l’institutrice de Gentioux...

Des épiciers de Tarnac 

à l’institutrice de Gentioux...

 

 


 

13 ans après, 

le retour de « l’ultra-gauche limousine » 

 (soupir)

Paru dans lundimatin#292, le 17 juin 2021

 

 Ce mardi 15 juin dès l’aube, un cortège de gardes mobiles, de gendarmes et d’encagoulés de la milice antiterroriste de l’ouest-parisien ont investi un petit hameau de la commune de Gentioux, en Creuse, sur le plateau de Millevaches . Cette petite bourgade de 350 âmes jusqu’ici surtout connue pour son monument aux morts anti-militariste, s’est réveillée brutalement avec l’annonce de l’arrestation musclée de l’institutrice de l’école communale, à trois semaines à peine de son départ à la retraite.

 

Il aura fallu quelques heures aux riverains rapidement attroupés devant les barrages d’hommes armés, nombreux et assermentés, pour comprendre de quoi il retournait. Quelques-unes au regard aguerri et à la mémoire vive, eurent tôt fait de reconnaître les glorieux insignes de la Sous-Direction Anti-Terroriste de sinistre mémoire dans ces campagnes reculées. Les fins limiers des beaux quartiers parisiens -qui avaient été rendus à leur ridicule premier au bout des 10 longues années de la pantalonnade de « l’Affaire Tarnac »- auraient donc tenté une forme de come-back raté à la manière de quelque pop-star déchue et alcoolisée.

A quelques jours d’élections territoriales que tout le monde semble ignorer, à part celles et ceux qui rêvent à leur tour d’infliger un camouflet au souverain du moment, l’opération téléphonée pourrait faire sourire. Les conseillers du prince, qui n’ont visiblement lu que le quatrième de couverture des œuvres complètes de Machiavel, ont cru bon de ressortir l’épouvantail de l’ultra-gauche « tapie dans l’ombre » de zones rurales en voie d’ensauvagement.

Ce seraient donc 7 personnes qui ont été arrêtées ce mardi lors de perquisitions en différents endroits du vieux Limousin, pour être emmenées toutes sirènes hurlantes de leurs domiciles éventrés vers l’ex-capitale régionale et les sous-sols du commissariat central ou d’autres geôles à proximité. Jusqu’à 96H de garde à vue pour « destructions en Bande Organisée » les y attendent avant leur éventuelle redirection vers les juridictions compétentes. La dispersion des endroits de perquisition et la diversité des personnes interpellées ou convoquées, investies, chacune à leur endroit, dans les luttes sociales et culturelles du Limousin, laisse penser à une forme de pêche à la grenade où, ne sachant où chercher, on veut remuer le fond.

La presse régionale relaye bientôt cette opération rondement menée par la coopération inter-services de la police judiciaire de Limoges, du groupe de recherche de la Gendarmerie Nationale et nous explique enfin, à l’heure des nouvelles du soir, ce qu’on peut bien reprocher à l’institutrice et aux 5 autres interpellé.e.s.

Les voici donc publiquement accusées d’avoir participé à des faits de « destructions matérielles en bande organisée portant atteinte aux intérêts de la Nation ». L’incendie, en début d’année, d’antennes TDF de diffusion de la TNT et de la téléphonie mobile, ayant privé l’espace de quelques jours 1,4 millions de personnes de leurs programmes TV préférés aux premières heures de la pandémie et du déploiement du réseau 5G… Et puis aussi un autre incendie, non élucidé, qui traînait dans les cartons, celui-là sur des véhicules Enedis en pleine campagne d’installation des mal-aimés compteurs intelligents Linky.

Quoi qu’on pense de ces actes, on peut se demander ce qui a bien pu pousser à de tels déploiements de forces pour cueillir des personnes isolées, facilement convocables et trouvables, connues de toutes et tous et vivant au grand jour.

M.C, est institutrice, directrice d’école, habitante engagée dans la vie de la commune, connue et appréciée du plus grand nombre, comme toutes les autres personnes arrêtées ce jour, pêle-mêle, infirmière, chargée de cours à la fac, menuisière, potière, maçon...

En traitant ces personnes de la sorte, le parquet et les forces de l’ordre ne font pas que rejouer la désastreuse pièce politico-judiciaire de Tarnac, elles infligent un nouvel affront à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas au cours du monde tel qu’il va, qui se voient une nouvelle fois instrumentalisées dans le petit théâtre d’ombres des services de renseignement français et leurs vulgaires effets d’entraînement pré-électoraux.

Le plateau de Millevaches était déjà le terrain d’entraînement privilégié pour les manœuvres militaires aériennes et terrestres du fait de sa faible densité d’habitants, ainsi que le théâtre quotidien d’une dévastation systématique des sols et de l’eau par la filière industrielle du bois. Il semble aussi devenir un des terrains d’expérimentation habituel de très politiques manœuvres de fabrication d’« ennemis intérieurs ». Sortes de croquemitaines des confins, dans la famille des clowns tueurs, on avait les « épiciers terroristes », on aura désormais les institutrices incendiaires. Bravo !

Démontrons aux mauvais scénaristes du pouvoir que leurs ficelles sont usées et que plus rien ne pourra contenir le dégoût et la colère que partout ils suscitent, en assurant un soutien massif et sans ambages aux interpellé.e.s du 15 juin.

A très vite.

Des riveraines et riverains consternées.

PS : nous apprenons qu’une des 6 personnes encore en garde à vue à ce jour vient d’être libérée sans charge ce mercredi soir. Un second rassemblement de soutien devant le commissariat central de Limoges aura lieu jeudi 17 à 18h, un comité de soutien est en cours de constitution : https://labogue.info/spip.php?article1040

 

Source : https://lundi.am/Des-epiciers-de-Tarnac-a-l-institutrice-de-Gentioux

mercredi 23 juin 2021

Des faucheurs volontaires mettent hors d’état des semences OGM nouvelle génération / Pétitions

Des faucheurs volontaires 

mettent hors d’état 

des semences OGM 

nouvelle génération

 

par

 


 

80 faucheurs d’OGM ont mené une opération dans la Drôme ce 14 juin. Ils demandent au gouvernement de répondre enfin aux exigences du Conseil d’État en mettant fin à la commercialisation de ce type de semences rendues tolérantes aux herbicides.

Des militants venus de toute la France se sont introduits lundi 14 juin dans les locaux du groupe semencier Top Semence, à la Bâtie-Rolland, près de Montélimar (Drôme) à la recherche de semences de colza ou de tournesol rendues tolérantes aux herbicides (VrTH), y découvrant une centaine de sacs remplis de celles-ci. L’année dernière, le Conseil d’État avait enjoint le gouvernement français à modifier la loi d’ici à l’été 2020 afin que ces variétés de semences soient soumises aux obligations imposées aux OGM : c’est-à-dire une évaluation au cas par cas des risques pour la santé et l’environnement, ainsi qu’une traçabilité et un étiquetage.

« L’État est dans l’illégalité puisque il aurait dû interdire la commercialisation de ses variétés suite à la décision du Conseil d’État », estime Jean-Luc Juthier, faucheur volontaire d’OGM. Ces semences sont obtenues par mutagenèse, c’est-à-dire par des mutations et non pas par un transfert génétique d’un organisme à un autre.

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 Selon la décision du Conseil d’État, le gouvernement devait publier un décret avec la liste des variétés exemptées de ces réglementations avant août 2020. Rien n’a été fait alors que nous sommes déjà bientôt un an après la date butoir. « Aujourd’hui, toutes ces semences sont commercialisées. Le seul objectif de l’État est de modifier la réglementation européenne, pour que ces techniques de manipulation génétique ne soient pas soumises aux mêmes réglementations que les autres OGM, dénonce Jean-Luc Juthier. Pour lui, l’État « fraude et pour limiter la fraude, il cherche à changer la loi ».

« À force d’utiliser des pesticides de synthèse, les mauvaises herbes s’adaptent »

Ces variétés rendues tolérantes aux herbicides permettent d’avoir recours à des herbicides de synthèse qui détruisent toutes les mauvaises herbes, y compris les plus tenaces, sans éliminer les cultures de tournesol ou de colza. À cause des systèmes de cultures très spécialisés, les adventices (mauvaises herbes) sont sélectionnées et deviennent de plus en plus difficiles à maîtriser, comme nous l’avions expliqué dans notre article sur les agriculteurs qui se passent d’herbicides. Les herbicides apparaissent alors comme indispensables pour éliminer ces « mauvaises herbes ».

« Un agriculteur m’a avoué qu’il utilisait ces variétés-là à cause du problème de l’ambroisie [une plante spontanée très présente dans la région de la Drôme, ndlr], explique Jean-Luc Juthier. Pour l’instant, les agriculteurs arrivent à détruire les mauvaises herbes en utilisant ces herbicides associés aux VrTH. Mais des résistances commencent déjà à apparaître.C’est une fuite en avant », alerte le faucheur volontaire [1]. À force d’utiliser des pesticides de synthèse, les mauvaises herbes s’adaptent, les pesticides de synthèse deviennent inefficaces. Le militant revendique aussi « la transparence » : « Le paysan doit savoir si son voisin cultive des OGM, le consommateur doit savoir ce qu’il a dans son assiette. »

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Greenpeace et Agir pour l’environnement ont lancé deux pétitions pour l’interdiction de ces nouveaux OGM, qui ont déjà recueilli au total plus de 130 000 signatures.

Lola Keraron

Crédit photo : © Les faucheurs volontaires d’OGM

 

Les pétitions : « Arrêtons la deuxième vague des OGM » ou « Non aux OGM masqués »

Relire nos articles :
- De nouveaux OGM, sans évaluation ni étiquetage, bientôt dans les assiettes ?, le 29 avril 2016 :
- Nouveaux OGM : le gouvernement rechigne à les encadrer malgré une décision de justice, le 3 septembre 2020













Notes

[1Voir le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de 2019 qui confirme que les VrTH augmentent les risques que les mauvaises herbes développent des résistances.

 

Source : https://www.bastamag.net/Faucheurs-volontaires-Nouveaux-OGM-VrTH-mauvaises-herbes-mutagenese

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Suite action Faucheurs à Top Semences

Voici le communiqué des Faucheurs volontaires suite aux réactions de Top semence

Ici le droit de réponse envoyé aux journalistes qui ont relayé les propos frauduleux


mardi 22 juin 2021

A Findhorn en Ecosse, l’utopie écolo est devenue réalité

A lire 'Les jardins de Findhorn' qui relate les débuts de cette expérience

https://www.babelio.com/livres/Caddy-Les-jardins-de-Findhorn/89649


A Findhorn en Ecosse, 

l’utopie écolo 

est devenue réalité

 

 

 
12 juin 2021

 


 

Depuis plus de cinquante ans, un village écossais de cinq cents habitants fait figure de modèle : autosuffisant en alimentation, sans pesticides, avec éoliennes peintes et panneaux solaires... Prochaine étape : la neutralité carbone.

Findhorn (Écosse), reportage

Lorsqu’en 1962, le couple d’Anglais Eileen et Peter Caddy, leurs trois enfants, ainsi que leur amie canadienne Dorothy Maclean, s’installèrent dans une caravane située sur un terrain vague de la côte nord-est de l’Écosse, ils n’avaient pas en tête de fonder une communauté. À l’époque, les trois comparses, tout juste licenciés de l’hôtel de Cluny Hill tout proche, se retrouvaient sans logement. Vivant de maigres allocations sociales, le trio décida de démarrer un potager pour subvenir à ses besoins. Sans rien connaître du jardinage mais connectée avec les esprits de la nature, assure-t-elle, la petite troupe réussit à faire pousser quantité de légumes sur cette terre réputée infertile. La légende du projet Findhorn était née.

Soixante ans plus tard, l’hôtel de Cluny Hill, immense bâtisse victorienne, a été racheté par la communauté et accueille désormais les touristes. Le terrain vague originel est devenu un écovillage New-Age, sorte d’écrin vert hors du temps, où de charmantes allées serpentent autour de maisons en bois et de sanctuaires de méditation ressemblant à des logis pour Hobbits. À quelques centaines de mètres au Nord se trouve le village originel de Findhorn, où l’on peut venir déguster son poisson frais en terrasse. Malgré ce cadre idyllique, le changement climatique menace, comme partout. La communauté, qui a toujours associé spiritualité et respect de l’environnement, s’est donné comme objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2030. Un pari ambitieux mais que l’écovillage, surnommé « Le Parc », pourrait bien remporter. De nombreux projets portés depuis quarante ans par la Fondation Findhorn permettent déjà aux 450 habitants du lieu de réduire drastiquement leur consommation d’énergie.

 

L’une des serres de l’écovillage de Findhorn où sont cultivés fruits et légumes sans pesticides. © Julien Marsault (Hans Lucas)/Reporterre

 

Ainsi, à l’ouest de l’écovillage, les jardins maraîchers de la Fondation, composés de trois immenses serres, abritent une trentaine de variétés de légumes cultivés tout au long de l’année selon les principes de la permaculture. C’est Jewels Kinnair, une quinquagénaire aux yeux rieurs, qui est en charge de leur supervision. Originaire de Liverpool (Angleterre), cette professeure de yoga a rejoint la communauté de Findhorn il y a neuf ans, après des années passées au sein du mouvement antinucléaire. Aujourd’hui, son militantisme s’incarne dans le soin qu’elle apporte à ses potagers : « En ce moment, nous plantons des tomates et nous allons y ajouter du basilic et des œillets d’Inde. Quand tout est mûr, c’est absolument magnifique. En ouvrant la porte le matin, on a envie de tout mettre en bouteille ! »

Jewels explique avec fierté qu’aucun pesticide n’est utilisé et que le compost récupéré chez les habitants sert d’engrais. Les récoltes servent principalement à nourrir les résidents et les quelques milliers de visiteurs, principalement végétariens, qui viennent chaque année pour méditer, apprendre à cuisiner avec des produits locaux et s’occuper d’un potager. En raison de la pandémie de Covid, les touristes ont disparu et les repas de groupes ont été interdits. Les membres de la communauté se sont contentés de venir deux fois par semaine chercher leur panier de légumes.

 

Aucun pesticide n’est utilisé et le compost récupéré chez les habitants sert d’engrais. © Julien Marsault (Hans Lucas)/Reporterre

 « Les gens étaient dans des états de détresse mentale, parfois ils venaient juste pour discuter un peu », raconte Jewels. En avril dernier, alors que la vie de l’écovillage s’apprêtait à reprendre son cours normal, un homme a d’ailleurs mis le feu à deux bâtiments symboliques, le sanctuaire principal et le centre communautaire, où se prenaient les repas. « C’est encore très dur d’y penser », soupire Jewels. Depuis la fin du confinement en Écosse, les lieux de sociabilité de l’écovillage ont rouvert, comme le Phoenix Café et ses tables en bois arrondies. Les clients peuvent y payer leurs consommations avec des billets à l’effigie des trois fondateurs. Depuis 2002, la communauté dispose en effet de sa propre monnaie locale, l’Eko (un eko = une livre sterling). De nombreux projets communautaires ont pu voir le jour grâce aux prêts à faible taux d’intérêt de la « banque » de la communauté, Ekopia.

 

Le village compte cinq cents habitants. © Julien Marsault (Hans Lucas)/Reporterre

 Outre l’autonomie alimentaire, la communauté est aussi autonome pour ce qui concerne le traitement des eaux usés : elle a construit, en 1995, ce qu’elle appelle la « machine vivante ». À l’intérieur d’une serre, deux longues rangées de bassins hébergent des plantes vertes flottantes. Leurs longues racines permettent le développement de micro-organismes qui, à leur tour, se nourrissent des agents polluants et purifient l’eau. Le tout sans produits chimiques. Des économies d’énergie importantes sont par ailleurs réalisées puisque l’ensemble est construit de façon à ce que l’eau transite naturellement d’un bassin à l’autre, sans pompage. Les ventilateurs, qui envoient de l’oxygène dans les bassins pour accélérer le processus, fonctionnent quant à eux avec l’électricité produite localement. La « machine vivante » peut traiter 72 mètres cubes d’eau par jour, soit l’équivalent du volume produit par environ 400 personnes. Lorsque les touristes arrivent, l’écovillage peut accueillir jusqu’à 150 personnes supplémentaires, ce qui occasionne un surplus de travail pour les plantes. « Les systèmes naturels, de par leur conception, sont robustes. Ils peuvent supporter des surcharges à court terme », dit à Reporterre Michael Shaw, membre de la communauté depuis presque cinquante ans et ingénieur créateur de la « machine vivante ». Une fois traitée, l’eau peut retourner dans la nappe phréatique locale… ou alimenter les pompes à chaleur du Parc.

 

Les eaux usées sont traitées grâce à de la phytoépuration. © Julien Marsault (Hans Lucas)/Reporterre

 Les constructions les plus récentes sont en effet équipées de cette technologie. Le reste des bâtiments est chauffé par une chaudière à bois centrale ainsi que par des chaudières à gaz et à bois individuelles. Les maisons les plus modernes disposent également d’un double voire d’un triple vitrage. Et sont souvent orientées plein Sud, de façon à faire le plein de lumière et de chaleur naturelle. Par ailleurs, bon nombre de toits sont aujourd’hui recouverts de panneaux solaires. Les habitants de l’écovillage ont également à cœur de construire des maisons avec des matériaux locaux et ce depuis toujours. Roger Doudna, 78 ans, en sait quelque chose. Cet Américain venu du Kansas, séduit par la communauté de Findhorn au milieu des années 1970, a construit la première maison permanente du Parc en 1986 en… fûts de whisky. « Il y avait des chutes dans la tonnellerie à côté et les gens qui travaillaient là-bas m’ont proposé de les acheter, ils ne savaient pas en quoi en faire. Après un temps de réflexion, j’ai fini par accepter et j’ai construit ma maison en un an avec l’aide des gens de la communauté, visiteurs compris. »

« J’ai construit ma maison en fûts de whisky. »

Certes, tout n’est pas parfait : les habitants des caravanes de la première heure se chauffent toujours avec des bouteilles de propane. L’objectif est de les équiper de pompes à chaleur dans un avenir proche, explique Roger Doudna, qui est aujourd’hui chargé de la réduction de l’empreinte carbone. Ce qui devrait cependant conduire à d’autres problèmes logistiques : le village devra alors se doter de nouveaux câbles souterrains et produire plus d’électricité.

 

L’une des maisons contruites en fûts de whisky. © Julien Marsault (Hans Lucas)/Reporterre

 

Pour le moment, la Fondation Findhorn dispose de trois éoliennes plantées en bordure de l’écovillage. Leur puissance totale est de 625 kilowatts. Ces dernières, avec l’équipement photovoltaïque présent sur le site, assurent 100 % des besoins en électricité de la communauté. Lorsque le vent ne souffle pas assez fort, l’écovillage achète l’électricité au réseau national et la revend lorsque trop d’énergie est produite et ne peut être consommée sur place.

Achetées en 2006, les éoliennes richement décorées par les habitants devraient se maintenir jusqu’en 2035. Le village ne prévoit pas d’en installer de nouvelles. « À l’époque, nous voulions de l’électricité verte mais c’était compliqué d’en trouver, le mieux était donc de la produire nous-même. Aujourd’hui, il est beaucoup plus simple d’avoir de l’énergie renouvelable depuis le réseau national donc ce n’est plus vraiment justifié », explique Duncan Easter, manager au Findhorn Wind Park. Le démantèlement de ces moulins à vent modernes risque cependant de signer la fin d’une époque pour la communauté. « J’espère qu’elles vont nous tenir encore quelques années. Avec un peu de chance, je prendrai ma retraite en même temps qu’elles », sourit Duncan. Ces éoliennes servent également à alimenter les cinq voitures électriques des habitants de la communauté. « Nous essayons toujours de remplir les voitures afin de maximiser les trajets », souligne María Ancochea, qui gère le Sunflower, un Bed & Breakfast cossu situé au cœur de l’écovillage.

 

Duncan Easter, habitant de l’écovillage de Findhorn, pose devant l’une des éoliennes dont il a la charge. © Julien Marsault (Hans Lucas)/Reporterre

 

Juste avant que le Covid frappe en mars 2020, l’empreinte carbone de la communauté s’élevait à environ 7,4 tonnes équivalent CO2 par an par habitant, peut-on lire dans le rapport annuel 2019 du Park Ecovillage Trust. L’Accord de Paris recommande deux tonnes d’équivalent CO2 par personne d’ici 2050. Comment expliquer un niveau aussi élevé avec autant d’initiatives écolos ? « 60 % de notre empreinte carbone tient aux trajets en avion effectués par les touristes et les membres de la communauté », explique Roger Doudna. L’écovillage est en effet un lieu spirituel très populaire dans le monde entier.

Près de 4 000 visiteurs de cinquante nationalités différentes s’y rendent chaque année pour vivre au rythme de la communauté. Les stages représentent d’ailleurs la principale source de revenus du village, raison pour laquelle la Fondation peut difficilement y renoncer. « Nous voulons proposer plus d’activités en ligne et nous financer davantage via des levées de fonds. Par ailleurs, de plus en plus de gens viennent en train ou en bus », plaide Roger Doudna. Pas sûr, cependant, que les hordes de touristes renoncent à prendre l’avion d’ici à la fin de la décennie.

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Des habitants de l’écovillage de Findhorn discutent devant l’une des serres où sont cultivés
 
Petite pause après une matinée à s’occuper de la culture de fruits et légumes.

Britta Schmitz, membre de la communauté, dans sa maison.

 
Membre de la communauté depuis quelques années, Dominique Didinal exerce comme coach professionnel.
 

Judy McAllister pose dans ce que la communauté de l’écovillage de Findhorn appelle le jardin originel.

 

 


Source : https://reporterre.net/A-Finhorn-en-Ecosse-l-utopie-ecolo-est-devenue-realite?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne