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Le fantasme islandais
Très sincèrement, Le Kiosque aux Canards pensait que la fable islandaise sur le non remboursement de la dette de ce charmant petit pays se trouvait aujourd’hui dans les limbes des argumentaires de campagne des présidentielles.
Autant il est d’usage de raconter quelques conneries, de se faire un peu mousser en donnant des exemples tronqués, de parler de ce qui se fait “loin” de notre pays afin que personne n’aille vérifier ; autant, un an après, c’est quand même assez pénible de lire encore cette même fable d’un pays qui aurait refusé de payer sa dette, qui aurait mis des banquiers en taule - aucun à ce jour - et qui aurait même condamné son ancien premier ministre - relaxé en fait, et qui a même bénéficié du remboursement des frais de justice -.
L’Islande ; le fantasme absolu
On trouve encore, sur la toile, ce genre d’introduction à des articles dithyrambiques sur le bon peuple islandais qui a fait sa révolution : “Je ne cesserai jamais de répéter que l’Islande est LE pays à prendre en exemple, même s’il est complètement ignoré des médias, s’il est loin ou quelle qu’en soit la raison pour ne pas en parler, c’est le pays à suivre! Payer pour les banques? Même pas en rêve, là bas ils ont été emprisonnés ! Sauver les banques ? Elles ont été nationalisées. Quand à la croissance actuelle, elle se porte au mieux.” Et d’expliquer que “L’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté par un référendum citoyen le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour leurs crimes financiers.”
Et bien, jolies lectrices et fiers lecteurs, c’est tout simplement faux parce qu’en fait, l’Islande s’est prononcé non pas sur sa dette publique, non pas sur sa dette privée, mais sur l’indemnisation des comptes étrangers se trouvant dans leurs banques. Mieux encore, avec un taux d’endettement des ménages de plus de 225 %, les islandais ont été autorisé à puiser dans leur épargne retraite...
Les fausses nouvelles sur l’Islande
Le référendum sur le non paiement de la dette nationale :
Non, il n’y a pas eu de référendum sur un quelconque paiement ou non de la dette, mais la question posée fut : “acceptez-vous de rembourser les dépôts de particuliers britanniques et néerlandais à la banque privée Icesave” : ainsi, on demandait aux citoyens de se prononcer sur le remboursement de comptes privés de citoyens étrangers à l’Islande.
La “constitution citoyenne”
Censée être l’aboutissement d’un énorme mouvement populaire ; la réalité en est bien loin ; la participation aux élections qui devait élire l’assemblée constitutionnelle n’a finalement été que de… 36%.
De plus, le 25 janvier 2011, la Cour suprême a invalidé ces résultats de l’élection de l’Assemblée constitutionnelle. Finalement, ils ont dû être “désignés” par le Parlement. Voilà pour leur fameuse « démocratie nouvelle »…
L’Islande a encore augmenté sa dette publique
Mais cela n’a rien à voir avec le fait de refuser de rembourser la dette publique ! Et les islandais qui sont massivement sortis dans la rue, se sont mobilisés pour refuser de payer ? Eh bien leurs colère a été détournée contre les seuls épargnants (capitalistes) de Icesave et le vague espoir de condamner en justice leur ex-premier ministre…
Pendant ce temps-là, l’Islande est encore endettée et elle continue à payer ses dettes. Chez certains politiques qui montent ça en épingle, il y a en fait confusion entre la dette publique islandaise (qui atteint les 100% du PIB contre 22% en 2007) et que l’Etat rembourse rubis sur ongles, et cette fameuse affaire Icesave.
Pour rembourser sa dette publique, le gouvernement islandais a fait comme les autres : Reykjavik a demandé et obtenu un prêt de 2,25 milliards d’euros au Fonds monétaire international (FMI). En échange, le gouvernement a imposé une série de mesures d’austérité équivalentes à 10% du PIB du pays.
Résumons : l’Islande paie sa dette publique, pratique l’austérité et a seulement refusé le paiement du à une faillite bancaire.
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