Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

mardi 31 janvier 2017

PÉTITION - Stop aux nanoparticules !

PETITION - 


Les nanoparticules sont dangereuses, 


il faut les interdire !



L’INRA a publié hier dans la revue Scientific Reports (Nature) une étude sur les effets de l’ingestion de nanoparticules de dioxyde de titane : 
  • lésions précancéreuses, 
  • immunité altérée, 
  • pénétration de la paroi intestinale, …

Le dioxyde de titane, plus connu sous l’appellation E171, est très couramment utilisé dans l’alimentation en tant que colorant. On le retrouve dans de nombreux produits destinés aux enfants : bonbons, chewing-gum, biscuits, chocolats, sauces…
Au vu des résultats de cette étude qui vient s’ajouter à d’autres études inquiétantes, le principe de précaution doit s’appliquer. 

EXIGEONS UN MORATOIRE SUR LES NANOS !


Les enfants sont en première ligne : ils seraient deux à quatre fois plus exposés au dioxyde de titane que les adultes du fait de leur consommation de confiseries.

Agir pour l’environnement a démontré, dès juin 2016, que les nanoparticules sont déjà présentes à grande échelle dans les assiettes et ce à l’insu du consommateur. L’association a en effet fait analyser cinq produits alimentaires courants contenant du E171. Dans ces 5 produits choisis au hasard, à chaque fois le dioxyde titane se trouve à l’état de nanoparticules.

Les nanoparticules sont des substances extrêmement petites et réactives grâce à un rapport surface/volume plus important. Dans l’alimentation, ces nanoparticules sont utilisées dans les additifs alimentaires pour leurs propriétés nouvelles ou leurs propriétés amplifiées : dioxyde de titane (colorant), dioxyde de silicium (antiagglomérant). Ils n'apportent strictement rien aux consommateurs mais contaminent notre alimentation.

Exigeons du gouvernement l'interdiction des nanoparticules dans l’alimentation!

 
INTERPELLEZ LE GOUVERNEMENT 

en signant la pétition :



★ Ne doutez jamais qu'un petit groupe de gens réfléchis et engagés puisse changer le monde. En fait, c'est toujours comme cela que ça s'est passé.★ 
 - Margaret Mead (1901 - 1978) - Anthropologue.

Stéphen, Martin, Benjamin, Magali, Mathias, Stéfanie, Antoine, et toute l'équipe d'Agir pour l'Environnement.
contact@agirpourlenvironnement.org
--
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lundi 30 janvier 2017

Neige artificielle, tout voiture, abandon du bio... Comment la droite prend sa revanche sur l’écologie


Neige artificielle, tout voiture, 

abandon du bio... 

Comment la droite 

prend sa revanche sur l’écologie


par




Des canons à neige contre la crise climatique ? Depuis un an, une majorité de régions françaises sont gérées par des élus Les Républicains. Quelles conséquences en matière d’écologie ? Des fédérations de chasse largement subventionnées au détriment des associations de protection de l’environnement, la route privilégiée par rapport au rail, l’agriculture paysanne et biologique sabrée, des millions d’euros pour acheter des canons à neige... Basta ! s’est penché sur les nouvelles orientations budgétaires de ces régions, laboratoires de la droite française.

Lors des élections régionales de 2015, sept régions sont passées à droite [1]. Un an et demi après ce changement, l’heure est au bilan. Sur les enjeux écologiques, quelles sont les nouvelles orientations ? Quelles décisions ont été mises en œuvre ? Du côté de la politique des transports, le revirement semble important. « La voiture en soi n’est pas polluante », assume Gérald Darmanin, vice-président régional Les Républicains en charge des transports dans les Hauts-de-France. Après avoir rouvert aux automobilistes le centre-ville de Tourcoing dont il est maire, il défend sa politique pro-voitures à l’échelle régionale. « J’aime bien la voiture car c’est la liberté, ça permet aux familles nombreuses de faire leurs courses, aux gens de transporter des choses », affirme-t-il, critiquant vertement le plan de circulation de son prédécesseur socialiste.

« La première décision du mandat a été de mettre en place une aide au transport pour les gens devant faire plus de trente kilomètres en voiture pour se rendre sur leur lieu de travail, relève Jérémie Crépel, secrétaire régional d’Europe Écologie – les Verts (EELV). Un parti pris que dénoncent les écologistes, qui préfèreraient un investissement dans les transports publics. En région Île-de-France, les élus écologistes dénoncent aussi la mise en place « d’un plan routier à 200 millions d’euros » et l’opposition de Valérie Pécresse à la piétonnisation des berges de la Seine. « Apparemment, pour la droite régionale, la santé de tous passe après les possibilités de quelques-uns », écrivent-ils.

Du côté de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), l’hémicycle du conseil régional est composé exclusivement d’élus Les Républicains, UDI, Modem et Front National – la gauche s’étant retirée au second tour pour éviter une victoire du FN. Le développement des trains régionaux pourrait y être fortement compromis, alors même que l’offre a augmenté de 38 % entre 2007 et 2015. « Paca est la région laboratoire de la privatisation du rail », alerte Sophie Camard, ancienne conseillère régionale EELV. Christian Estrosi veut « faire des économies en cassant le cadre régional des transports », explique-t-elle. Ce dernier refuse « de payer 36 millions d’euros à la SNCF, il a également fait voter une délibération dans laquelle il "ordonne" à la SNCF d’exécuter un plan de transport unilatéral en 2017, en dehors de tout cadre contractuel. Il veut moins de ferroviaire, plus d’autobus. »

Des canons à neige artificielle pour lutter contre la crise climatique ?


La région Paca fait partie des territoires en France les plus exposés aux impacts du changement climatique [2]. Un groupe régional d’experts sur le climat avait été mis en place sous la précédente mandature pour étudier et anticiper ces évolutions. Mais le nouveau président, Christian Estrosi, semble bien moins intéressé par ce sujet. « Il n’y a aucune volonté politique régionale en la matière ni de stratégie globale, déplore Sophie Camard. Aucun élu n’a de responsabilité sur la prévention des risques naturels, le mot "climat" a même disparu de l’intitulé de la délégation à la région » La vice-présidente du conseil régional chargée du développement durable n’est autre que Maud Fontenoy, qui défend pêle-mêle diesel, nucléaire, OGM et gaz de schiste (notre enquête sur les nouvelles figures du climatoscepticisme).

« Il faudrait modifier les plans d’urbanisme, intégrer des critères climatiques dans la politique d’aménagement du territoire pour prendre en compte les inondations », commente Sophie Camard. Christian Estrosi préfère lancer un plan « smart mountains » de 100 millions d’euros sur les six prochaines années, pour « dessiner les stations de ski du 21ème siècle »... « En allant aux urnes, les électeurs imaginaient-ils que leurs impôts allaient financer des canons à neige artificielle ? », s’interroge l’opposante écologiste, qui s’inquiète des nouvelles orientations : « Disparition du programme "Agir" qui a financé des centaines de projets de transition énergétique, réduction de moitié des subventions pour l’éducation à l’environnement, pas de crédits pour les nouveaux parcs naturels régionaux. »

La région Auvergne-Rhône-Alpes prévoit également un « plan montagne » de dix millions d’euros dès 2016, axé sur l’enneigement artificiel. « Ce n’est pas un "plan montagne" mais un "plan neige" ou "ski", rectifie Corinne Morel Darleux, élue régionale (Parti de gauche). Tous les arguments que l’on développe en commission ou en plénière sur le surendettement des stations, avec ces équipements qui risquent fort de ne pas fonctionner à cause des températures trop hautes ou de ressources en eau hypothétiques et rares, sont balayés d’un revers de la main. »

Dans les Hauts-de-France, ce sont les énergies renouvelables qui voient leur développement entravé. « Xavier Bertrand a mené campagne en Picardie sur le fait qu’il n’allait pas construire de nouvelle éoliennes, souligne Jérémie Crépel. Or il y avait beaucoup de champs d’éoliennes offshore en projet avant qu’il n’arrive. » Le président de région mise plutôt sur le nucléaire. Il a même déclaré vouloir un EPR dans les Hauts de France, synonyme selon lui « d’indépendance énergétique et de milliers d’emplois », alors même que la facture du projet EPR à Flamanville explose... [3]

Moins de soutien pour l’agriculture paysanne


Depuis un an, dans ces régions passées à droite, le discours est unanime : les agriculteurs sont une priorité. Le budget consacré à l’agriculture augmente [4]. En pratique, si les chambres d’agriculture voient bien gonfler leurs subventions, « toutes les structures dans le domaine de l’agriculture paysanne ont eu une baisse de financement », déplore Marion Trinquesse, coordinatrice régionale de la Confédération paysanne Rhône-Alpes. L’association Solidarité Paysans, qui accompagne les paysans en difficulté, subit par exemple une baisse de 20 % de ses financements en Rhône-Alpes. Terre de Liens, qui aide les paysans à acquérir du foncier, doit réduire ses effectifs. L’Ardear, qui accompagne les paysans dans leur autonomie, est aussi touchée (notre reportage sur la rencontre régionale des semis organisée en 2016 par l’Ardear). Licenciements, cessation d’activités... Selon Marion Trinquesse, « ces coupes ont un impact direct sur la dynamique et la présence sur le terrain ».

La nouvelle majorité en Auvergne-Rhône-Alpes, présidée par Laurent Wauquiez, justifie ces coupes par des redondances dans les missions d’animation et d’aide au développement menées par les différentes structures. « Ils mettent en avant l’efficacité et la rationalisation pour faire des économies de fonctionnement, considérant que ces structures faisaient doublon par rapport aux chambres d’agriculture, souligne Corinne Morel Darleux. Mais ce raisonnement ne tient pas car les chambres agricoles ne s’occupent pas d’agriculture familiale et paysanne. » Celles-ci sont représentées en majorité par la FNSEA, un syndicat agricole qui promeut une agriculture à tendance productiviste, tournée vers l’exportation et les économies d’échelle. « Ce qui est politiquement et humainement dur, c’est de voir comme il est facile et rapide de faire disparaître des choses qui ont mis des années à se construire, se désole l’élue d’opposition. C’est le fait du prince... Même si l’orientation change, ça mettra beaucoup de temps à se reconstituer. »

« Un non sens historique »


Le même processus est à l’œuvre en région Île-de-France où, malgré les réserves formulées par une grande partie des groupes politiques représentés (PS, EELV, Front de gauche, Modem, UDI), la majorité Les Républicains a décidé de réduire drastiquement les financements attribués aux structures historiques d’accompagnement de l’agriculture biologique [5]. Alors que le budget pour les Chambres d’agriculture est multiplié par trois, l’aide pour les structures du Pôle Abiosol – qui regroupe notamment les agriculteurs bio, le réseau des Amap – subit une baisse de 55% [6].

« Les actrices et acteurs de la transition commencent à souffrir durement, relève Mounir Satouri, président du groupe écologiste en Île-de-France [7]. Un soutien quasiment exclusif à l’agriculture industrielle alors que les populations réclament plus d’agriculture de proximité, de qualité et respectueuse de l’environnement et de la santé, c’est un non sens historique ». Le développement de filières agricoles biologiques locales pour approvisionner les cantines pourrait être entravé par une volonté politique exclusivement centrée sur le « consommer local », sans prise en compte des conditions de production, polluantes ou non. « Dans le plan régional pour l’agriculture biologique, il n’y a rien sur les cantines dans les lycées alors que c’est le levier principal en termes de débouchés, renchérit, Corinne Morel Darleux, en Auvergne-Rhône-Alpes. La priorité de Laurent Wauquiez ce n’est pas le bio mais le local. L’impact sur la santé et la qualité alimentaire ne sont pas pris en compte » (lire notre enquête sur les cantines scolaires avec des repas 100% bio et locaux).

Pas d’austérité budgétaire pour les chasseurs

 

Les coupes budgétaires dans ces régions concernent également les associations d’éducation à l’environnement, comme la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna), dont la contribution financière de la région passe de 750 000 euros par an à moins de 400 000 euros. Ce qui pourrait contraindre l’association à la suppression d’une vingtaine d’emplois. Laurent Wauquiez réalise là l’un de ses engagements, lui qui dans un courrier aux agriculteurs de la région, dénonçait les « ayottolahs écologistes (…) qui ne cessent de dicter leur volonté au monde agricole » [8]. Ou bien encore « ces structures doryphores qui vivent sur la bête et ne se préoccupent que de la beauté du paysage, mais se moquent de l’agriculture ».

Laurent Wauquiez veut faire 75 millions d’euros d’économies cette année. Cette politique d’économie budgétaire connait pourtant quelques entorses. Le président cajole la fédération régionale de chasse en faisant voter une subvention de trois millions d’euros, dont une partie est dédiée à « l’éducation à l’environnement ». « Le problème n’est pas de travailler avec les chasseurs, mais d’avoir écarté du dispositif la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et la Frapna, relève Corinne Morel Darleux. Nous sommes passés d’une convention tripartite à un seul acteur. C’est un parti-pris idéologique mais aussi électoraliste. »

Les chasseurs ont aussi les faveurs de l’exécutif des Hauts-de-France, présidé par Xavier Bertrand (Les Républicains). En novembre, le conseil régional a présenté dans son hall d’entrée une exposition de la fédération de chasse du Nord sur la chasse, avec la volonté « de confier au monde de la chasse la préservation et la restauration de la biodiversité ». Le président de la Fédération de chasse de l’Oise, Guy Harlé d’Ophove, a également été nommé président de la Commission environnement au conseil régional. « Ma première action a été de demander sur quel critère les 12 millions d’euros étaient versés aux organisations écologiques. Je puis vous assurer que tout cela va changer, et que plus jamais nous ne subventionnerons des associations qui veulent la disparition de la chasse et des chasseurs », a t-il annoncé dès sa prise de fonction.

« Ce qu’on déplore, c’est que la gestion de la biodiversité soit confiée à une seule des parties, souligne Jérémie Crépel, d’EELV. Toutes les associations qui défendent la biodiversité et la cause animale sont menacées de perdre leurs subventions. C’est une vraie politique revancharde dans laquelle les associations environnementales sont remplacées par des chasseurs présentés en gardien de la nature. »

Quand l’opposition s’organise


En Île-de-France et en région Auvergne-Rhône-Alpes, les structures de l’agriculture paysanne et biologique lancent des pétitions pour défendre le maintien « de la diversité des structures d’accompagnement agricole » [9]. Laurent Wauquiez a réagi par une coupe supplémentaire dans les aides accordées à deux structures qui se rebiffaient. « Ça pose beaucoup de questions sur la manière dont on continue à se mobiliser », concède Marion Trinquesse de la Confédération paysanne Rhône-Alpes. « La loi du silence est assez forte en Paca », confie Sophie Camard. « Dans notre région, il n’y a plus de gauche et d’écologie, ni de force d’opposition. En disant ouvertement que leur organisation a des difficultés, les gens ont peur que ce soit encore pire. »

Comment réagissent les élus d’opposition qui siègent dans les hémicycles ? « Nous sommes huit élus sur 204, répond Corinne Morel Darleux. On ne compte donc pas uniquement sur nos votes en plénière pour changer les choses... » Outre des recours au tribunal administratif sur des suspicions de conflits d’intérêts, ces élus tentent de fédérer les initiatives des personnes ou des structures victimes des décisions de la majorité. « On réfléchit collectivement à d’autres programmes de subventions européens ou nationaux. On publie aussi des notes d’infos et de décryptage, des vidéos sur les réseaux sociaux [vidéos #DécodonsWauquiez], pour que les citoyens soient au moins informés des décisions prises et rendre compte du mandat. » [10]

Une préfiguration du programme de François Fillon ?

 

Ces régions sont-elles définitivement anti-écolo ? « Le programme Agir était assez emblématique des deux derniers mandats, illustre Sophie Camard. Cette ligne budgétaire finançait les projets exemplaires de transition énergétique en Paca. Elle a été immédiatement supprimée à l’arrivée de Christian Estrosi. ». Le projet de Parc naturel régional (PNR) des sources et gorges de l’Allier a également été abandonné, tout comme celui de la Dombes dans l’Ain. « Laurent Wauquiez qualifie les PNR d’"usines à gaz" et préfère donner de l’argent directement aux collectivités locales pour mettre au point les projets, commente Corinne Morel Darleux. Au détriment de tout le travail de concertation et de coordination que ne font pas les communes. »

Le clientélisme à l’œuvre est également largement dénoncé. « Laurent Wauquiez se sert de la région comme caisse de résonance des signes qu’il envoie au national », écrit Jean-Jacques Queyranne, le président socialiste déchu de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Parmi les décisions critiquées : le projet d’autoroute A45, doublon d’une autoroute existante, qui va coûter 132 millions d’euros, ou les 300 000 euros de subventions pour « mettre en lumière » le Puy-en-Velay, ville dont Laurent Wauquiez a été maire entre 2008 et 2015...

« Laurent Wauquiez fait de la région Auvergne-Rhône-Alpes son laboratoire, il y applique ce qu’il ferait s’il était élu au niveau national, observe Corinne Morel Darleux. Il travaille la communication de la région pour en faire une communication gouvernementale en entretenant volontairement la confusion. Sa ligne idéologique, anti-écolo et réactionnaire doit être une sonnette d’alarme concernant l’application du programme de la droite dure. » Comme un avant-goût de ce que propose le candidat François Fillon pour la France ?

Sophie Chapelle

En photo : des canons à neige

Notes

[1La droite a remporté 7 régions : Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Auvergne-Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Ile-de-France et la Normandie. La gauche a obtenu elle 5 régions : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val de Loire, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. La Corse a été emportée par les nationalistes.

[2Source : I4CE, 2015, d’apr§s Giec (2014), Meem (2014 et 2015), Onerc (2010) et Météo France. Voir la carte.

[3Lire cet article sur la question des EPR

[4Voir en région Auvergne - Rhône-Alpes cette déclaration d’Emilie Bonnivard, la Vice-présidente déléguée à l’agriculture, et cet article sur l’augmentation du budget de l’agriculture en région Île-de-France.

[5Voir cet article de Reporterre

[6Ce pôle comprend notamment le Groupement régional des Agriculteurs Bio, qui voit sa subvention passer de 470 000 euros à 330 000 euros, et le réseau AMAP Île-de-France de 170 000 euros à 110 200 euros. La couveuse d’activités « Les Champs des Possibles », qui permet aux futurs agriculteurs franciliens d’expérimenter leur projet en grandeur réelle avant installation, ainsi que Terre de Liens Île-de-France ne seront plus financés.

[7Voir le communiqué d’EELV Île-de-France

[8Télécharger le courrier que s’est procuré le site Reporterre

[9Voir cette pétition en région Auvergne - Rhône-Alpes et l’appel des structures d’Abiosol en Île-de-France.

dimanche 29 janvier 2017

L'interdiction du chalutage profond est entrée en vigueur le 12 janvier 2017

L’interdiction du chalutage profond 

entre en vigueur aujourd’hui




Le nouveau règlement encadrant la pêche profonde en Europe et dictant l’interdiction du chalutage au-delà de 800 mètres de profondeur entre en vigueur ce jeudi 12 janvier 2017.  

Après une réforme longue et douloureuse, le règlement (UE) 2016/2336 remplace enfin le règlement (CE) 2347/2002 devenu obsolète et inopérant pour protéger les écosystèmes profonds des ravages de la pêche industrielle.

Le règlement entrant en vigueur aujourd’hui marque une nette amélioration par rapport au cadre légal précédent. BLOOM et la Deep Sea Conservation Coalition, qui ont fait campagne conjointement pour mettre fin à la destruction systématique et légale des milieux marins et des espèces profondes vulnérables, ont produit un tableau comparant l’ancien règlement au nouveau, ainsi qu’aux résolutions édictées par l’ONU pour la pêche en haute mer.



Policy Ocean Award remis à Claire Nouvian pour son combat contre le chalutage profond



Heureux hasard du calendrier : l’interdiction du chalutage profond entre en vigueur en Europe le jour même où Claire Nouvian est récompensée à Londres pour son combat contre la pêche destructrice par le prix « Ocean Award » de Boat Magazine, en partenariat avec la Blue Marine Foundation.


Cliquez ici pour voir le tableau comparant le règlement (CE) 2347/2002 d’encadrement des pêches profondes au nouveau règlement (UE) 2016/2336 ainsi qu’au cadre prescrit par les Nations Unies (extrait ci-dessous).

BLOOM a rappelé en juin 2016 [1], au moment où l’accord politique fut trouvé en « trilogue » entre les trois institutions européennes, les nombreux reculs du texte par rapport à la version du Parlement européen que la rapporteure du texte aurait dû défendre mais qu’elle a bradée en raison de conflits d’intérêts et d’une prise de position ouvertement favorable aux industriels de la pêche. Les deux principales pertes sont la zone d’application du règlement qui ne concerne que les eaux européennes mais ne s’appliquera pas en eaux internationales de tout l’Atlantique Nord-Est, et l’ensemble des mesures contraignantes qui visaient à assurer une gestion durable des poissons d’eau profonde. « Le règlement conserve néanmoins toute sa valeur du point de vue de la protection des écosystèmes et des habitats d’eau profonde » commentait Claire Nouvian, Présidente de BLOOM, « ce résultat formidable est à mettre au crédit des citoyens, des chercheurs et des politiques mobilisés à nos côtés. »

Lire ici la chronologie illustrée des étapes principales de la réforme du règlement pêche profonde



***
BLOOM remercie ses collaborateurs de la Deep Sea Conservation Coalition et The Pew Charitable Trusts sans lesquels cette campagne internationale n’aurait pas été possible.

***

Pour en savoir plus 

Le texte se limite désormais aux seules eaux européennes et aux eaux internationales de l’Atlantique Centre-Est [1] (voir notre carte) alors que la proposition initiale de la Commission européenne, renforcée par le Parlement, englobait l’ensemble des eaux internationales de l’Atlantique Nord-Est.

Lire l’actu de BLOOM sur le régime de la terreur imposé par les lobbies lors des débats sur l’interdiction du chalutage profond dans le cadre de la Loi Biodiversité en France.

Lire l’actu sur la façon dont Isabelle Thomas s’y est prise pour récupérer la responsabilité du rapport pêche profonde au Parlement européen.

Le chalutage de fond est déjà interdit dans plusieurs zones de la planète.

[1] Zone CECAF.

samedi 28 janvier 2017

Lettre de la mère de Cédric Herrou au procureur







Lettre de la mère de Cédric

Monsieur le Procureur, je vous fais une lettre......

Je suis la mère de celui contre lequel vous vous acharnez.

Ma grand-mère paternelle a, elle aussi, en 1918 passé la frontière d'Italie à pied, par les montagnes elle a perdu le bébé qu'elle portait au cours de ce périple, (peut être a t'elle croisé à ce moment-là les grands mères de messieurs Ciotti et Estrosi, qui sait ?) elle s'est louée telle une bête de somme pour tirer les « charetons » je me souviens d'elle avec la lanière de cuir qui lui barrait le torse ...

Ma mère quant à elle était allemande, ma sœur est née dans les geôles de la gestapo, elles ont été toutes deux libérées par les Américains ; c'est ce sang-là qui coule pour moitié dans les veines de mes deux fils que vous avez fait arrêter jeudi, l'autre moitié étant du pur sang de Bretagne... c'est têtu un Breton, et ça n'a pas peur des tempêtes.

S'ils ne sont pas Français « de souche » (c'est ce qui reste d'un arbre mort, non ?) ils ont des racines profondes et vivantes dans ce pays qui est le leur et qu'ils aiment .


Pour que vous compreniez ... nous avons été « famille d'accueil pendant 25 ans. 

Cedric avait 5 ans, Morgan 7, quand les premiers enfants sont arrivés.
Ils ont partagé leurs jouets, leur table, leur maison, leurs parents avec 15 enfants délaissés, de toutes origines, certains battus, violés …..

Alors quand Cedric vous dit que ces enfants qu'il voit sur nos chemins et nos routes de la Roya, ce sont ses frères et ses sœurs, il ne vous ment pas. Et quand il interpelle si fort les services de l'ASE, c'est qu'il en connait les rouages .


Nous avons quatre enfants puisque ils ont accepté d'intégrer deux de ces enfants à leur famille, ce sont leur sœur et leur frère à présent et nous en sommes très fiers !


Voilà monsieur le Procureur, et tous ceux qui le traitent de passeur, de trafiquant d'êtres humains et de voleur voilà à qui vous avez à faire .


Avec tout mon respect


Mama Herrou


vendredi 27 janvier 2017

2) Lettre de Cédric Herrou au Procureur après sa garde à vue et la perquisition chez lui



Monsieur le procureur,

vous avez fait pleurer ma mère, mon père
vous avez arrêté mon frère, une amie,
Vous nous avez mis sous les verrous, traités comme des chiens, des malfrats.

Vous avez ordonné à une trentaine de gardes mobiles, armes aux poings, d'entrer sur mes terres, prendre ces trois enfants sans parents, qui attendent chez moi, depuis plus d'un mois d'être pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance.

Ces enfants ont connu la guerre, la torture, l'esclavagisme

Ces enfants que je protège
Ces enfants qui m'ont donné leurs confiance.

Vous avez au nom de votre France, violé les droits de l'enfant !


Ils attendaient sécurité de la part de notre pays !


Vous me savez sensible aux personnes que j'aide, aux personnes que j'aime.


Vous savez que ma liberté ne s'arrêtera pas aux barreaux de vos prisons et vous tapez là où ça fait mal !!! 


Sachez Monsieur le Procureur que je resterai fidèle à mes convictions, que ma France, que notre France, continuera à défendre les droits des hommes, des femmes, des enfants présents sur le sol français au nom de nos valeurs qui fondent la république française


Ne pensez pas que je suis seul, nous sommes des milliers des millions !


Chacun son métier, le mien c est agriculteur, le vôtre c est de faire respecter la loi. 

Loi qui protège et fait que le vivre ensemble soit la règle primordiale à notre démocratie 

Vive notre France
et ..... celle que que tu représentes 


1) Lettre de Cédric Herrou au Procureur de la République







 Monsieur le Procureur de la République,

je rappelle les faits :
Naser, Moussa et Ali 3 Mineurs Isolés Étrangers,
ont fait une requête de prise en charge éducative (ASE, Gérée par le conseil départemental) le 16/12/2016

Pendant ma garde a vue le 19/01/17, vous êtes venu les chercher avec 30 gardes mobiles armés, vous les avez reconduit à la frontière Italienne. Je ne devrais pas vous rappelez la loi mais me semble t il vous avez quelques difficultés à la faire respecter au profit de personnes de couleur.

L’article 20 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant ... bref un détail légal.....
Ils sont remontés cette nuit le 20/01/17 par la voie ferrée d'Italie jusqu à mon domicile.


Bravo, Monsieur le Procureur de la république, super bilan !


Et ne vous posez pas la question, si je dois détourner vos barrages policiers afin de les sortir du département des Alpes Maritimes afin d'y trouver un espace de droit où les enfants puissent y accéder je le ferai.



jeudi 26 janvier 2017

Témoignage de Cédric Herrou - Pétition

Témoignage de Cédric Herrou inculpé pour avoir aidé des réfugiés dans la Vallée de la Roya

 Lien vers la pétition demandant l'abandon des charges pesant sur Cédric Herrou











Je vis dans la vallée de la Roya, extrême Sud Est français, vallée à l'image d'une Europe populaire, humaine.

La Basse Roya est Italienne et la haute est française.

Nous, habitants de la Roya, passons d'un pays à l'autre sans prêter attention à la frontière.

Je ne suis ni français ni italien, je suis de la vallée de la Roya.

L' État d urgence a eu un impact sans précédent pour notre vallée.

Une race, des peuples, une religion, ont été stigmatisés par une politique populiste, une politique manipulant la masse par la peur de l'autre, la peur de la différence.

Tentant de rejoindre, mari, oncle, sœurs, cousines amies... des femmes, des enfants, des familles, chassés de leur pays d origine par la dictature, la guerre, enfermés, torturés, esclaves en Libye, tous se heurtent à la frontière française.

En majorité d'origine africaine, ils pensaient être dans le pays des « Sages » le pays des Droits de l'Homme, là où les enfants perdus seraient pris en charge. Et bien non ! Arrivés à la frontière, épuisés, souvent blessés par les obstacles sur les routes, ces derniers se font pourchasser comme des chiens par l'armée, la police.

Les enfants non accompagnés doivent, selon la loi française, être pris en charge par l'état français mais rien n'est respecté, les Noirs sont privés de tout droit !

La police française reconduit les enfants en Italie, ou par le train sans titre de transport, cachés de la police italienne, ou dans des véhicules banalisés direction la frontière italienne, encadrés par des policiers en civil.

Près de 300 témoins de ces faits ont porté plainte contre le préfet des Alpes Maritimes, le Président du Conseil Départemental et le Président régional.

Mais aucune poursuite n'a été entreprise par Monsieur Pretre, Procureur de la République au Parquet de Nice : celui-ci refuse d'admettre l'injustice, se rendant complice par son inaction de la mise en danger de ces enfants.

Notre association Roya Citoyenne se sent désarmée face à ces hommes qui détiennent tous les pouvoirs. Pour ces hauts fonctionnaires, représentant la plus haute autorité , les migrants ne sont que des chiffres, un flux, des quotas.

Par contre, nous, habitants de la Roya, ils nous font face et nous croisons leurs regards.
Ils sont là dans notre vallée, ne pouvant se cacher sans notre aide.

Pas besoin d'étoiles jaune, pas besoin d'une quelconque étiquette pour les reconnaître,
ils sont noirs, leur couleur indélébile fait d'eux une cible, La Cible !

Il sont le « défouloir » de tous, on leur reproche d'être de potentiels terroristes, de voler le travail des Français et d'être là simplement pour profiter d un système social.
La frontière a été rétablie contre le terrorisme, or il suffit de payer 250 euros à un réseau de passeurs pour passer cette frontière,

Nos politiques entretiennent un état de peur, diffusant l'idée que l'Europe serait la cible du terrorisme alors que la grande majorité des attentats et des morts se situe dans des pays où la dominance religieuse est musulmane, les musulmans étant les premières victimes de cette abomination.

Le terrorisme se construit avec la haine, la stigmatisation. Et c'est contre cela que je me bats ! Contre la haine, la stigmatisation d une race, d'une religion, d'une couleur de peau.

Je risque huit mois de prison pour aider des gens qui sont devenus des amis.

je voudrais préciser d'où je viens, je suis né à Nice dans une banlieue où mes camarade de classe étaient noirs, gris, jaunes, blancs, j'ai été éduqué dans l indifférence raciale et c'est cela qu'on me reproche aujourd'hui, de ne pas faire de différence, de ne pas demander les papiers à un gamin avant de lui tendre la main.

Je continuerai jusqu'à ce que je finisse en prison, d'aider qui bon me semble avec ou sans papiers parce que j'aime la vie et je la respecte.

Je ne succomberai pas à la menace, à la pression, je ne serai pas complice, ni par le silence ni par l'inaction.

Cédric Herrou

 Lien vers la pétition demandant l'abandon des charges pesant sur Cédric Herrou


mercredi 25 janvier 2017

L’agriculture urbaine déchirée entre business et engagement militant

L’agriculture urbaine déchirée 

entre business 

et engagement militant


21 janvier 2017 / Laure Hänggi (Reporterre)

 

Entreprise vouée au culte de la performance et de la technologie, ou association engagée pour changer la ville ? Deux visions de l’agriculture urbaine se développent. Le débat fait rage dans les bacs qui poussent sur le macadam.
  • Paris et La Courneuve (Seine-Saint-Denis), reportage
5,5 hectares au cœur de Paris. Une production annuelle de 500 tonnes de fruits et légumes, 8.000 litres de bière et 4.200 litres d’engrais végétal. Un chiffre d’affaires attendu de 7 millions d’euros et 120 emplois créés. Lors de la remise des prix de l’appel à projet Parisculteurs, en novembre dernier, la Mairie de Paris a fait la part belle aux chiffres. Et aux promesses de rentabilité de la revégétalisation de la ville. « Ce premier jury est un démonstrateur, une vitrine pour montrer que l’agriculture urbaine à Paris est possible et rentable », indiquait ainsi Pénélope Komitès, adjointe chargée des Espaces verts et de la Nature à la ville de Paris.

Une approche regardée avec circonspection par certains, pour qui cet appel à projets est un pas de plus vers la marchandisation de l’agriculture urbaine. « Parisculteurs, c’est une bonne idée, mais on peut formuler quelques critiques, comme la volonté d’attribuer des espaces à des structures dont le but est de dégager de l’argent, tout en mettant l’accent sur un aspect très high-tech, explique Antoine Lagneau, chargé de mission en agriculture urbaine à Natureparif (l’agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France). L’agriculture urbaine est à la croisée des chemins. À l’origine, c’est un mouvement associatif et social. Mais aujourd’hui, de plus en plus de projets se structurent économiquement pour être productifs, ce qui donne naissance à une nouvelle forme entrepreneuriale. »

L’intérêt des municipalités pour l’agriculture urbaine témoigne de l’essor et de l’effervescence de ce domaine depuis quelques années. Mais l’accent mis sur la rentabilité nécessaire des projets ne plaît pas à tout le monde. « On ne peut pas mettre toutes les agricultures urbaines sur le même plan. Ce qui m’embête, c’est que l’appel à projets est orienté vers des structures qui ont les moyens d’investir. C’est compliqué pour les petits acteurs, car ce qui est recherché par la Ville, c’est de la performance, une capacité à beaucoup produire au mètre carré, ce qui nécessite des dispositifs technologiques », détaille Sébastien Goezler, cofondateur de Vergers urbains, association créée il y a trois ans, avec le but de rendre la ville comestible. « Le danger est que certaines municipalités privilégient ces initiatives marchandes et qu’il n’y ait plus d’espaces alloués aux projets à vocation sociale », explique Antoine Lagneau. En effet, à l’origine, l’agriculture urbaine s’est construite sur des valeurs de partages, d’apprentissage, d’échange et de réinsertion. Une éventualité déjà bien réelle pour Sébastien Goezler : « Les derniers appels à projets oublient les fondements de l’agriculture urbaine pour favoriser l’aspect marketing. On se pose moins la question du sens, du pourquoi et comment on améliore la ville, la vie d’un quartier, le paysage. »

L’agriculture urbaine a le vent en poupe


C’est peu dire que l’agriculture urbaine a le vent en poupe. Rien qu’en Ile-de-France, Natureparif (l’agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France) comptabilise près de 250 hectares lui étant consacrés, divisés en près de 800 espaces. Une petite partie de cette surface est actuellement consacrée à des projets productifs — 9 hectares —, loin derrière les projets familiaux ou d’insertion. Mais si ces projets productifs représentent encore une minorité en termes d’espace, ce sont eux qui sont visés par les appels à projets. Et leurs ambitions marquent une prise de distance, plus ou moins importante, avec les préceptes de la première heure.

C’est une réalité, le souffle entrepreneurial des start-ups caresse le monde de l’agriculture urbaine. Ces petites structures, en plein essor, mettent de plus en plus en avant l’aspect technique de leur projet : hydroponie, aquaponie, business plan. On est bien loin des piliers traditionnels de l’agriculture urbaine. « Dans sa définition, l’agriculture urbaine doit être multifonctionnelle, apporter quelque chose aux niveaux social et environnemental. En ville, il y a une telle concurrence pour l’espace que l’agriculture ne peut pas se contenter de produire de la nourriture, elle doit apporter plus », dit Sébastien Goezler. Un concept de « nature utile » auquel croit également Yohan Hubert, qui fait de l’agriculture urbaine depuis vingt ans, et fondateur de Sous les fraises : « Si on veut de la nature en ville, il faut qu’elle ait une fonction. » Membre de l’Association française de culture hors-sol, il affirme que la « transformation de la ville est en marche »,, mais qu’il ne faut pas penser « que l’agriculture urbaine va remplacer celle hors des villes, c’est une erreur ».
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La ferme urbaine en aquaponie de Citizen Farm.
Nourrir la ville, c’est pourtant la volonté d’Agricool, start-up créée il y a un peu plus d’un an. Dans son immense hangar, en-dessous de ses bureaux, à La Courneuve, la jeune entreprise développe des conteneurs de 70 mètres carrés dans lesquels pousseront près de 3.000 plants de fraise. Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru, deux fils d’agriculteurs à l’origine du projet, sont partis d’un constat : en ville, les fruits et légumes sont de moins bonne qualité qu’à la campagne. Le premier explique donc qu’il faut produire localement, pour réduire la distance du champ à l’assiette — 1.500 kilomètres en moyenne en Europe. « On ne peut pas reproduire les conditions de la campagne en ville, ça ne marche pas, ce n’est pas assez efficace en termes de productivité pour nourrir une ville, explique Guillaume Fourdinier, avant de rappeler que chaque seconde, 26 m² de terres agricoles disparaissent en France. Il faut donc être capable de produire sans utiliser la terre, qui est aujourd’hui épuisée. » Signe de l’enjeu autour de leurs recherches — qu’ils veulent bien entendu rentables — : impossible de photographier les lieux. L’entreprise fournit les illustrations.

Une initiative qui plaît aux investisseurs 


Et pour cause. La start-up se vante de pouvoir produire 7 tonnes de fraise par conteneur. « C’est 120 fois plus productif que l’agriculture en terre », s’enthousiasme Guillaume Fourdinier. L’explication derrière cette explosion des capacités de production ? « On crée les conditions idéales à l’intérieur du conteneur : la meilleure lumière, le meilleur taux de CO2, le meilleur air, la meilleure irrigation, etc. En fait, on force l’environnement plutôt que la plante, ce qui nous permet d’augmenter la densité. »

Le but d’Agricool : installer des conteneurs un peu partout en France, notamment en périphérie des villes, pour utiliser des espaces perdus, et créer des mini-relais. « Le nombre d’agriculteurs a fondu depuis cinquante ans. Pour recréer une agriculture de qualité, avec de bons produits, il faut multiplier le nombre d’agriculteurs. Nous, on propose de créer un nouveau métier, des “cooltivateurs”. Ça serait comme un système de franchise, on fournirait les conteneurs et on prendrait un pourcentage sur le chiffre d’affaires de ceux qui vendraient leurs produits sous la marque Agricool », explique le cofondateur de la start-up.
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Dans les locaux de La Courneuve de Agricool.
Une initiative qui plaît aux investisseurs — la jeune entreprise a levé 4 millions d’euros, quelques mois seulement après sa création —, mais qui suscite des interrogations chez ceux qui ont une vision militante de l’agriculture urbaine. « Le message subliminal de cette démarche high-tech, c’est que l’agriculture urbaine n’a pas besoin de la pleine terre. C’est dommageable pour l’environnement », dit Antoine Lagneau. De son côté, Yohan Hubert parle d’un « scénario futuriste. Il faut continuer à se battre sur les terrains de la ville nourricière. Envisager l’agriculture urbaine juste sous l’aspect technologique, c’est passer à côté de l’essentiel ».

Des critiques dont est conscient Guillaume Fourdinier, qui assure que le projet Agricool a été étudié pour être le plus écologique possible. Mais Sébastien Goezler s’interroge au contraire sur « cette volonté d’utiliser des dispositifs techniques qui ne sont pas appropriables par tout le monde, qui consomment beaucoup d’énergie, et qui nécessitent d’énormes investissements au départ ». Il reconnaît cependant que le projet a le mérite de vouloir valoriser des espaces délaissés et qu’il fait parler de l’agriculture urbaine. « Toutes ces structures qui se créent, les appels à projets, ça permet de mettre en avant l’agriculture urbaine et de susciter des vocations. Il y a un développement de points de vue sur ce que peut être l’agriculture urbaine. Mais cela se fait parfois à marche forcée, j’ai l’impression que certains oublient de se poser la question de pourquoi ils font de l’agriculture urbaine — par exemple, quand on fait des toits végétalisés alors qu’il y a des pelouses juste en bas qui ne sont pas utilisées, et qui pourraient l’être. »

Est-il inévitable de se passer de la terre ?


Face aux reproches, la start-up aux 4 millions levés défend son approche. « Si on commence à se demander ce qui est naturel ou pas, on ne sort plus du débat. Ce n’est pas ça, la problématique. Il faut se demander ce qui est le plus respectueux de l’environnement, ce qui permet aux gens de manger de bons produits non nocifs. Pour nous, le local, c’est aussi, voire plus, important que le reste. 25 % de l’empreinte carbone sont dus au transport de l’alimentation, il faut revenir au local », dit Guillaume Fourdinier.

Tout le monde s’accorde sur le besoin de rapprocher une partie de la production des villes, mais les points d’entente s’arrêtent là. Si le cofondateur d’Agricool assure « être le premier à vouloir remettre de la nature partout », il considère cependant comme inévitable à l’avenir de se passer de la terre : « Il faut supprimer la partie productiviste, qui détruit le sol. » Un contresens pour Antoine Lagneau : « Cela entérine l’inévitabilité de l’artificialisation de la terre et la nécessité d’un supplément de technique. Il est également faux de dire que l’agriculture urbaine est là pour nourrir les villes. Dans l’hémisphère Nord, ce n’est pas sa vocation, elle doit être complémentaire. » Le chargé de mission milite ainsi pour un mix, mêlant agricultures rurale, périurbaine et urbaine : « Le sujet, c’est de dire comment cette agriculture s’intègre à des circuits alimentaires composés de toutes les formes d’agriculture. Il ne faut pas ostraciser des initiatives, mais garder à l’esprit que l’agriculture urbaine est un complément, aux niveaux social, environnemental et économique. Il ne faut pas penser que la fonction alimentaire va suppléer les autres. »

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L’intérieur de la ferme de Citizen Farm.
Dans cette démarche de complémentarité, les agriculteurs urbains militants insistent sur la nécessité de financer l’installation de nouveaux agriculteurs et de petits producteurs dans la région, à proximité des villes. En Ile-de-France, près de la moitié du territoire est composé de terres agricoles. « Il y a encore plein de terres inexploitées et des agriculteurs qui cherchent des terres, il faut les aider ! Quand je vois les investissements qui sont mis dans certains projets d’agriculture urbaine pour produire quelques paniers, alors qu’il y a des agriculteurs qui travaillent 70 heures pour un smic, je me dis qu’on pourrait mettre ces millions dans des microfermes en périphérie des villes. Elles peuvent produire beaucoup plus avec beaucoup moins d’investissement », observe Sébastien Goelzer.

Trouver l’équilibre entre les principes et l’économie 


Finalement, au cœur de l’inquiétude, se trouve la perte du sens de l’action, face au poids de l’argent. « Avec tous ces appels à projets, où l’on est incité à entrer dans une démarche économique, il y a le risque d’oublier les raisons qui nous ont amenés à développer des associations et des collectifs informels. On perd le sens de ce qu’est l’agriculture urbaine, explique le cofondateur des Vergers urbains, Sébastien Goezler. Pour moi, l’agriculture urbaine est un bon moyen de transformer la ville. Mais ça ne peut pas marcher avec le modèle économique. Je crains que les villes se disent que tous les acteurs doivent trouver un modèle économique rentable et que, du coup, il n’y aura plus besoin d’aides et de subventions. »

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Plants de tomats cultivés dans la ferme de Citizen Farm.
Certains ont cependant réussi à s’approcher d’un équilibre entre les principes et l’économie. Sous les fraises embauche régulièrement et a des partenariats avec de grands chefs ou des start-ups d’alimentation. Le groupe se finance sans levée de fonds, mais avec la vente de ses produits — près de 380 variétés de plantes cultivées sur des toits. Bientôt, une marque sera lancée.

D’autres allient technologie et social. Car il n’y a pas qu’à Agricool que l’on a eu l’idée d’utiliser un conteneur. Depuis un peu moins d’un an, Citizen Farm propose à la vente (20.000 €) des conteneurs de 15 mètres carrés, avec la promesse de produire 800 kilos de légumes par an, grâce à l’aquaponie. Selon l’entreprise, le conteneur permet une production cinq fois plus importante qu’en pleine terre et une économie de 90 % d’eau. Pierre Oswald, son créateur, est petit-fils d’agriculteur. Ces « fermes » sont commercialisées notamment à destination de villes ou d’associations. À Reims, par exemple, un foyer de sans-abri en a fait l’acquisition. « Je ne veux pas remplacer l’agriculture en dehors de la ville, je veux la compléter. Ce que je veux remplacer, c’est l’agriculture du bout du monde. » Et Antoine Lagneau d’encourager ces initiatives : « S’il n’y avait que de l’agriculture urbaine à vocation marchande, ça dénaturerait complètement ses valeurs phares d’échange, d’humanisme et de social. »



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Lire aussi : L’agriculture urbaine doit rester un bien commun, pas une activité commerciale
Source : Laure Hänggi pour Reporterre
Photos :
. chapô : Jardin partagé de la butte Bergeyre, à Paris (Wikimedia)
. © Citizen Farm
. © Agricool

Source : https://reporterre.net/L-agriculture-urbaine-dechiree-entre-business-et-engagement-militant

mardi 24 janvier 2017

L’agriculture urbaine doit rester un bien commun, pas une activité commerciale

L’agriculture urbaine 

doit rester un bien commun, 

pas une activité commerciale


7 janvier 2017 / Antoine Lagneau




L’essor de l’agriculture urbaine est continu depuis une décennie. Mais ce mouvement restera-t-il porteur d’émancipation et d’autonomie, ou va-t-il devenir activité commerciale ? C’est la question posée par l’auteur de cette tribune.


Antoine Lagneau coordonne l’Observatoire de l’agriculture urbaine et de la biodiversité à Natureparif, en Ile-de-France. Il est l’auteur de Agriculture urbaine, vers une réconciliation ville-nature, (éd. Le Passager clandestin, 2015) et enseigne à l’IUT de Bobigny et à l’Université catholique de Paris.



L’agriculture urbaine connaît en France, depuis environ dix ans, un essor continu [1]. Si le phénomène semble s’inscrire dans une perspective de long terme, il est à la croisée des chemins : bien que son émergence soit récente, l’agriculture urbaine subit une transformation extrêmement rapide, due pour l’essentiel à l’arrivée de nouveaux acteurs.

Cette soudaine évolution conduit à s’interroger sur l’avenir et l’orientation de ce mouvement. Trouvant son origine chez des citadins souhaitant développer le lien social en végétalisant la ville [2], le mouvement semble prêt à basculer dans l’économie marchande en se professionnalisant. Production de milliers de fraises en toutes saisons dans des containers high-tech, salades poussant en batterie dans des installations aquaponiques ou hydroponiques hautement productives, serres géantes sur les toits, champignonnières… L’agriculture urbaine entre dans une nouvelle dimension avec l’ambition, plus ou moins affirmée, de jouer un rôle majeur dans le secteur de l’alimentation.

La ville de Paris, jamais en reste pour flairer les bonnes tendances, a saisi au vol l’opportunité de se positionner en acteur du secteur. Au début de l’année 2016, elle a ainsi lancé avec succès Les Parisculteurs, un appel à projet initié avec plusieurs partenaires proposant plus de 30 sites (toits de gymnases, d’écoles, de collèges, Opéra de Paris…) destinés à accueillir des installations agricoles à finalité largement commerciale.

Attachement originel à une autonomie d’actions et de décisions 


Personne n’ose prétendre que l’on va ainsi atteindre l’autonomie alimentaire de la capitale, au regard des 2,5 millions de Parisiens à nourrir. Pour autant, l’esprit frondeur du mouvement, sa dimension sociale, sa volonté d’imaginer des systèmes alimentaires alternatifs, ses réflexions autour des modes de consommation, tout ceci pourrait être relégué au second plan. La trajectoire en forme d’institutionnalisation depuis deux ou trois ans par ce mouvement semble contradictoire avec son attachement originel à une autonomie d’action et de décision.

Certes, pour les nouveaux acteurs de l’agriculture urbaine marchande, l’objectif est de trouver des débouchés commerciaux, ce qui implique des relations soutenues avec le monde politique et économique. Ce choix ne doit pas devenir un horizon indépassable. Car l’agriculture urbaine ne peut pas être réduite à une affaire de professionnels et rentrer dans le rang, se couler, pour faire court, dans le système politico-économique dominant.

Pour autant, nombreux sont dans la population ceux qui veulent reprendre le contrôle de leur alimentation [3], l’agriculture urbaine jouant un rôle de catalyseur pour résister à un système économique plus global dont ils entendent sortir.

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Un verger en pied d’immeuble à La Chapelle

C’est ce que l’on peut par exemple observer à Liège, en Belgique, où un groupe travaille depuis 2012 à un projet baptisé Ceinture aliment-terre. Leur objectif est de transformer le système de production alimentaire régional afin de le rendre plus local, plus écologique et plus démocratique. Il s’agit de « se réapproprier collectivement les enjeux de la filière alimentaire et [de] construire des alternatives crédibles contribuant à récupérer la marge économique captée par les acteurs de la grande distribution via ses centrales d’achat, afin de rendre un véritable pouvoir économique aux producteurs et aux consommateurs » [4].

Opposition à la privatisation de l’espace public en général 


La revendication d’autonomie dans la pratique de l’agriculture urbaine se retrouve également dans les rapports aux institutions politiques. À Paris, le mouvement Guerilla Gardening a ainsi vivement dénoncé le « permis de végétaliser » institué par la Ville à l’été 2015. Ce permis autorise, après signature d’une charte, l’occupation à titre gratuit du domaine public par les Parisiens afin de le végétaliser sous diverses formes, notamment fruitières et potagères. Le collectif rejette « une nouvelle règlementation [faite] pour limiter l’appropriation spontanée, pour éviter que l’on puisse négocier le changement (…) [une réglementation] qui agit comme autant de freins à la participation, à l’action, à la créativité et à l’engagement réel de chaque individu ».

L’encadrement de la pratique du jardinage en ville doublé de l’impulsion politique donnée à l’agriculture urbaine commerciale apparaît comme sources d’inquiétudes.

À travers l’opposition à la privatisation de l’espace public en général, c’est l’idée des communs qui est revisitée. Les communs font référence à ces paysans anglais qui, au XVIe siècle, se soulevèrent contre la politique des « enclosures » menée par de riches propriétaires fonciers, les privant de l’accès à des terres jusque-là gérées collectivement. En défendant l’espace public comme un bien commun à jardiner, il s’agit de renforcer une dimension essentielle de l’agriculture urbaine : l’échange et le partage. Deux notions qui se déclinent dans tous les compartiments de la vie quotidienne.

Ainsi, cultiver en ville génère auprès des enfants un nouveau regard sur ce qu’ils mangent, sur la faune et sur la flore, et sur le métier de paysan. Tout comme chez les plus jeunes, on assiste à un éveil ou un réveil des sens chez les adultes. Pour le citadin plus âgé, c’est une relation avec la nature qui se réinvente, une reconnexion qui s’opère au travers de la culture de légumes et de fruits.

Le partage, valeur intrinsèque de la ville comestible 


Ces liens qui se retissent, ce sont aussi des échanges qui se recréent entre la ville et sa proche campagne. Grâce à l’envie de produire et de s’alimenter autrement se créent des échanges permettant d’en finir avec la séparation (héritée des politiques agricoles et d’aménagement du territoire du milieu du XXe siècle) entre deux mondes, urbain et rural. Le partage c’est aussi une valeur intrinsèque de la ville comestible qui propose dans les lieux où se pratique le jardinage potager, la rencontre et le brassage de populations, sous l’angle social et culturel, à travers notamment l’échange de semences venues des cinq continents ou de plantations d’arbres fruitiers dans l’espace urbain.

C’est peut-être là que réside la vraie nature de l’agriculture urbaine, là aussi que se noue la compréhension des attentes qu’inspire celle-ci aux différents acteurs. Sans doute certains en attendent-ils trop en termes économiques : mais n’est-ce pas contraire à ce qu’elle est vraiment que de vouloir l’enfermer dans une logique mercantile ?

L’agriculture urbaine est un levier pour mettre en œuvre concrètement la transition écologique, indispensable à la résilience de nos sociétés face aux désordres environnementaux, sociaux et économiques à venir. Une transition qui se jouera en grande partie dans nos villes, mais qui nécessitera aussi de trouver une nouvelle symbiose entre les mondes urbain et rural.

L’agriculture urbaine du XXIe siècle peut porter ces aspirations si les valeurs humanistes qui fondent sa nature l’emportent sur la valeur marchande que certains voudraient lui assigner.



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[1L’Observatoire de l’agriculture urbaine et de la biodiversité en Ile-de-France de Natureparif recense 241 hectares d’espaces en agriculture urbaine, un chiffre en augmentation régulière depuis la création de cet outil en 2014.

[2Lise Bourdeau-Lepage, « Nature(s) en ville », Métropolitiques, 21 février 2013.

[4« La ceinture aliment-terre liégeoise », Terre, no 143, Hiver 2013, pp. 12-13.


Source : Courriel à Reporterre
- Dans les tribunes, les auteurs expriment un point de vue propre, qui n’est pas nécessairement celui de la rédaction.
- Titre, chapô et inters sont de la rédaction.

Dessin : © Tommy/Reporterre
Photo :
. verger : © Émilie Unternehr/Reporterre

Source : https://reporterre.net/L-agriculture-urbaine-doit-rester-un-bien-commun-pas-une-activite-commerciale