Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

dimanche 31 juillet 2016

Projection du film DEMAIN - Codalet - Samedi 6 août

On a reçu ça :


l'association de sauvegarde du Canal de Bohère vous invite,



soirée CINEMA/DEBATS
le samedi 06 août à Codalet, place du fort

La permaculture, synonyme de fraternité ?

17h Castells, els Pallagos del Conflent
19h Table ronde : quels sont les enjeux de demain ?
21h Repas tiré du sac sur l'espace la parraguera
22h Projection gratuite en plein air du film « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent


samedi 30 juillet 2016

Un référendum national pour l'aéroport de Notre Dame des Landes




C'est aujourd'hui une nécessité absolue de protéger la biodiversité et stopper la destruction massive de notre planète.

En ces temps d'accords sur le climat, de réduction de gaz à effet de serre, de dépollution de l'eau et de sauvegarde de la biodiversité est-il vraiment pensable de détruire cette zone humide de Notre-Dame des Landes ?

Nous sommes tous concernés par ce projet d'aéroport. La destruction d'un écosystème concerne l'ensemble de l'humanité. Que voulons nous aujourd'hui ? Un nouvel aéroport qui détruira tant de nature et offrira un avenir morose à nos enfants ou déciderons nous enfin d'agir dans le sens de la vie en s'opposant à une économie destructrice dénuée de sens pour enfin prendre un chemin qui nous promet un avenir plus respectueux de notre environnement ?

Je ne peux pas accepter d'être passif devant l'anéantissement de l'humanité. Je refuse que nos enfants nous accusent d'avoir laissé faire ce que les "nantis" aveuglés par le pouvoir, l'orgueil et l'argent s’apprêtent à faire. Réveillons nous !

C'est pour toutes ces raisons que je demande un référendum national pour sceller le sort de Notre-Dame des Landes. Je crois que le peuple français est capable de voter avec bon sens.


Source : https://www.youtube.com/watch?v=JRCSznbq9ZI 

jeudi 28 juillet 2016

BERNARD LAVILLIERS en Amazonie, en soutien au chef Raoni et à l'Allianc...




Participer : https://www.helloasso.com/association...


Vidéo en soutien au crowdfunding 'Rejoignez les gardiens de la Terre' (du 21 juin au 31 juillet), avec la participation du Chef Raoni, Paul Watson, Nicolas Hulot, Planète Amazone et le soutien de Pierre Richard et Bernard Lavilliers.

Ce film dévoile des images du voyage du célèbre chanteur sur la terre du Cacique Raoni, au coeur de l'Amazonie brésilienne, dans les coulisses de la préparation de l'Assemblée historique de l'Alliance des Gardiens de Mère Nature.

" Chères amies, chers amis,

Le 21 juin, le Cacique Raoni, Nicolas Hulot, Paul Watson et Planète Amazone se sont associés pour lancer un appel au financement participatif pour le rassemblement historique, au coeur de l'Amazonie, de l'Alliance des Gardiens de Mère Nature, mouvement mondial pour les générations futures, constitué de chefs indigènes et de personnalités engagées venus de tous les continents.

Un grand merci à Nicolas Hulot, Paul Watson, Pierre Richard, Bernard et Sophie Lavilliers et Lamya Essemlali, qui ont accepté sans réserve ni hésitation d'appuyer cette campagne, nous apportant un précieux soutien.

Ne nous arrêtons pas en si bon chemin !

Depuis, la barre des 120 000 € a été franchie en trois semaines, sur un premier objectif de 150 000 €, qui permet la tenue de l'événement et une représentativité intercontinentale des participants. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Plus la somme que nous aurons collectée sera importante, plus nous pourrons convier de représentants indigènes et enrichir cette assemblée de la diversité extraordinaire que représente chacun de ces peuples. C'est une occasion unique, qui arrive à point nommé dans notre Histoire commune.

Encore une fois bravo à vous tous pour cette impressionnante mobilisation. Ne lâchez rien jusqu'à la fin de l'appel (31 juillet), nous comptons sur vous pour appeler vos connaissances à soutenir également. Comme le dit l'acteur Pierre Richarddans notre vidéo (vue par plus de 1,5 millions de personnes sur Facebook), au fond, ce don que vous faites à l'Alliance des Gardiens de Mère Nature, c'est un don que vous faites à vous-même, puisqu'il s'agit de défendre les générations futures et le monde que nous devons leur laisser. "

Gert-Peter Bruch fondateur de Planète Amazone.


UN DON POUR EUX ? UN DON POUR NOUS TOUS !

Chacun peut participer à son niveau, soit en apportant sa contribution au financement du projet, soit en aidant à sa promotion (si vous connaissez des personnalités qui pourrait s'associer à la campagne ou des journalistes), soit tout simplement en partageant cette publication auprès de tous vos amis et en faisant passer le message.

Crédits du film:

Images, montage et réalisation : Gert-Peter Bruch -
Images additionnelles : Gérard Moss (Rio Voadores), Patrick Rouxel (Alma); Sea Shepherd -
Musiques : Ed Rig (Edouard Rigaudière) et Anthony D'amario / Film Composer.

Merci à tous, vous faites du succès de cet appel un grand espoir pour l'avenir ! -

Planète Amazone


Source : https://www.youtube.com/watch?v=51RB5y-zIvU

mercredi 27 juillet 2016

"Rejoignez les Gardiens de la Terre" - Pierre Richard en soutien au financement participatif


 Source : https://www.youtube.com/watch?v=-fdseTWAcT0




+d'infos: https://www.helloasso.com/association...

Vidéo en soutien au crowdfunding 'Rejoignez les gardiens de la Terre', avec la participation du Chef Raoni, Nicolas Hulot, Paul Watson, Planète Amazone...
Comme le suggère l'acteur/réalisateur Pierre Richard, faites-vous une photo avec la marque indigène de l'Alliance et diffusez-là sur les réseaux sociaux avec le lien de la campagne de crowdfunding (ci-dessus).

Cher(e)s ami(e)s, nous appelons aujourd'hui chacun de vous à soutenir un projet capital pour la planète et notre avenir commun : aidez au rassemblement des peuples indigènes du monde entier et des défenseurs de l'environnement emblématiques au coeur de l'Amazonie, qui souhaitent s'allier pour établir une stratégie mondiale de propositions et solutions inédites pour préserver la planète, face aux menaces constantes qui pèsent sur nous tous. Soyez acteurs du lancement d'un grand mouvement pour l'avenir.
UN DON POUR EUX ? UN DON POUR NOUS TOUS !

Chacun peut participer à son niveau, soit en apportant sa contribution au financement du projet, soit en aidant à sa promotion (si vous connaissez des personnalités qui pourrait s'associer à la campagne ou des journalistes), soit tout simplement en partageant cette publication auprès de tous vos amis et en faisant passer le message.
Merci à tous, faites du succès de cet appel un grand espoir pour l'avenir !

mardi 26 juillet 2016

Le leurre de la surveillance - Un petit article venu du Québec...

On a reçu ça :

LE DEVOIR    18 juillet 2016 |Fabien Deglise |


S’il fallait une nouvelle preuve, la voici : l’attentat odieux perpétré au camion lors des festivités du 14 juillet à Nice n’a pas pu être évité, même s’il s’est joué dans la ville la plus vidéosurveillée de France

Depuis 2010, en effet, sous la houlette de l’ex-maire de l’endroit, Christian Estrosi, un conservateur proche de Sarkozy et chantre comme lui du discours hypersécuritaire, 1250 caméras y ont été installées, transformant le quotidien des 340 000 Niçois en véritable Truman Show (vous savez, le film). Un excès de surveillance cultivé au nom d’une sécurité et qui aujourd’hui, encore plus qu’hier, ne s’avère rien de plus qu’un triste leurre.


Surveiller sans relâche, au mépris du respect de la vie privée, pour plus de sécurité : le discours ultrasécuritaire a aussi été percuté par un poids lourd jeudi soir dans le sud huppé de la France, où, malgré la présence d’une caméra pour 277 habitants, un homme a réussi à déjouer le regard des 70 fonctionnaires du Centre de supervision urbain (CSU) de Nice — nom donné au service de vidéosurveillance —, approcher le périmètre fermé de la promenade des Anglais, puis accélérer pour emporter dans la mort plus de 80 innocents, dont plusieurs enfants, et en placer une cinquantaine d’autres à la lisière de la vie.  
 
En matière de tromperies nourries par la politique de la peur, Nice ne manquait d’ailleurs pas d’illustrations affligeantes : ville française avec le plus gros parc de caméras en milieu urbain, le plus gros effectif de policiers municipaux, une milice citoyenne formée de 520 personnes à la « moralité vérifiée », elle n’en demeure pas moins au 401e rang des 408 métropoles de France pour les crimes contre la propriété et contre la personne Et désormais au premier rang des villes de France ayant subi une attaque de civils au camion.

Une promesse non tenue  

Le paradoxe en amène un autre : les atteintes portées aux libertés individuelles par la surveillance de masse reposent bel et bien sur une promesse de sécurité, de protection, de défense du confort des masses, qui, malgré la conviction des politiques portées comme des dogmes par une frange grandissante de populistes, est loin de se réaliser. Nice jeudi. Orlando avant. L’aéroport d’Istanbul, Bruxelles, Paris également, tout comme le quintuple assassinat de policiers à Dallas début juillet — et maintenant la fusillade mortelle de Baton Rouge —, ou les attaques contre des militaires à Saint-Jean-sur-Richelieu ou Ottawa en 2014. Chaque fois, les programmes de surveillance posés par les gouvernements comme gage de sécurité, autant dans les univers numériques que dans les rues par des caméras, n’ont pas réussi à anticiper l’horreur et à en changer la sinistre trajectoire.

Tout au plus, leur défaillance vient surtout nourrir la bête. Au lendemain de l’attentat de Nice, le parti conservateur français, Les Républicains, a réclamé une modification de la loi pour autoriser la reconnaissance faciale automatique par vidéosurveillance. Ainsi, en passant devant une caméra, le citoyen dévoilerait plus qu’un visage : il livrerait aussi aux autorités un pedigree, une adresse, un numéro de téléphone, une date de naissance… Une autre intrusion dans l’intimité des citoyens qui, on s’en doute, face à l’ingéniosité du désespéré, ne peut être encore une fois rien de plus qu’un autre leurre. 
 
Liberté menacée

S’il y a une chose sur laquelle la surveillance de masse ne ment pas, c’est finalement les dérives liberticides et l’érosion des fondements de la démocratie qu’elle apporte. On se souviendra qu’en 2013, dans la foulée des révélations d’Edward Snowden, ex-analyste des services secrets américains, sur la surveillance institutionnalisée des communications numériques des citoyens des États-Unis et d’ailleurs, plus de 500 intellectuels, dont 5 Prix Nobel, ont signé une pétition pour rappeler qu’une « société sous surveillance n’est plus une démocratie » et « qu’une personne sous surveillance n’est plus libre ». Selon eux, surveillé, l’humain s’autocensure, il perd sa créativité, il est craintif et soumis. Il laisse également sa pensée s’homogénéiser, il craint les idées minoritaires, il se perd dans des cadres moraux de plus en plus étriqués, à en croire une récente étude de la Wayne State University sur les environnements surveillés et leur capacité à cultiver et à rétrécir les consensus. La surveillance de masse n’est pas une source de sécurité, mais plutôt de conformisme, de lissage, d’éradication des aspérités…  
 
Dans les heures qui ont suivi le drame de Nice, un témoin a parlé d’une sombre « configuration de l’horreur », pour résumer l’attaque et ses conséquences. Étrangement, il aurait très bien pu le faire pour évoquer cette surveillance passive à la sauce niçoise qui, couplée à la montée des populismes, à la peur induite par le terrorisme et au rétrécissement du spectre des idées, des perspectives et des points de vue que tout cela induit, est en train de configurer un avenir obscur dans lequel entrer est tout sauf réjouissant. 
Autant à pied, en voiture qu’en camion.


dimanche 24 juillet 2016

Chronique des ZAD juin 2016 - A Notre-Dame-Des-Landes, Agen, Bure et ailleurs

Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé en juin 2016 autour des Zones A Défendre : on y parle de Notre-Dame-Des-Landes et de plein d'autres choses

Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle




PROJET D’AYRAULT–PORT
de NOTRE DAME DES LANDES (44) 

Source : ZAD.nadir.org 

juin 2016 

Et ailleurs : ZAD d'Agen (47) – CIGEO à Bure (55) – golf à Villenave d'Ornon (33) « L’état matraquant la liberté » de Goin à Grenoble (38)


ZAD de NDDL - 44



Infos du 1er au 5 juin

 

Mercredi 1er juin


NDDL. Un "oui sous conditions" 

du Parti communiste français  

Le comité exécutif national du Parti communiste français se prononcent pour le transfert de l'aéroport nantais à Notre-Dame-des-Landes. Un "oui" assorti de neuf conditions.


Le projet de NDDL ne fait pas l’unanimité au sein du Parti communiste français. La direction nationale a arbitré entre ses fédérations départementales opposées ou favorables, en préférant la position du PC de Loire-Atlantique : oui au transfert de l’aéroport.

« Le maintien et la modernisation de Nantes-Atlantique comme le transfert et la construction de Notre-Dame-des-Landes sont techniquement possibles et l’estimation du différentiel des coûts n’est pas considérable. Le transfert améliorera la qualité de vie des Nantais survolés, sur le plan des nuisances et des pollutions. La levée du plan d’exposition au bruit et de ses contraintes d’urbanisme permettra la construction de nombreux logements. L’activité économique sur le site actuel sera maintenue et développée », analyse le PCF national.


Une série de conditions, mais ce « oui » est assorti de neuf conditions : comme « la maîtrise des coûts », « le respect de l’ensemble des contraintes environnementales », « le respect par Vinci de ses engagements auprès des collectivités locales », un « delta positif pour l'emploi »... À condition aussi de « décider du financement de la piste maintenue pour Airbus », de « favoriser la construction de la ville sur elle-même avec des logements à dominante sociale », de « conserver une approche évolutive de Notre-Dame-des-Landes selon l’évolution du trafic, notamment par l'allongement de la piste », de « réaliser sans attendre le tram-train et décider au plus vite la création de la desserte par ligne rapide interrégionale Nantes - Rennes via l’aéroport ».


Christophe Jaunet - Ouest-France


Samedi 4 juin

Deux émissions à écouter sur France Culture, surtout la deuxième avec Françoise Verchère qui explique comment les dés sont pipés dés le départ et pour tous les projets...


 

Infos du 6 au 12 juin

Lundi 6 juin

►NDDL, rassemblement de l’ACIPA, 9 et 10 juillet :
Les affiches et les tracts à distribuer viennent de sortir d’imprimerie et sont disponibles au local de la permanence à Notre Dame des landes (à côté de la mairie). Le slogan retenu cette année est " Semailles de démocratie ".


►news du week-end : Alain Mustière entarté à la ratatouille !Jeudi soir dernier Alain Mustière s’est pris une assiette de ratatouille dans la tronche (faute de chantilly) , après s’être fait interdire l’accès du théâtre Graslin à lui et ses ami.es entrepreneurs. Les intermittents et opposants à la loi Travail bloquaient les accès à un événement privé organisé par le Centre des jeunes dirigeants (CJD), particulièrement malvenue dans le contexte social actuel. Illes ne se seront pas laissé toucher par le discours larmoyants et bouleversant de l’une de ces entrepreneuse faisant part de son désarroi quant à l’incompréhension des masses face à un capitalisme pourtant "au service de l’humanité". Et oui on ne peut pas acheter tout le monde..

et on attend les photos s’il y en a !


Mardi 7 juin

Notre-Dame-des-Landes: une campagne d’information à armes inégales


À peine démarrée, la campagne pour la consultation sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 26 juin, connaît des accrocs au principe de neutralité de l’information.

Début de campagnes de tractage, nouvelle vague de réunions locales, mobilisation de comités locaux et premiers incidents : à peine démarrée, la campagne pour la consultation sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui se tiendra le 26 juin en Loire-Atlantique, connaît des accrocs au principe de neutralité de l’information.

Le maire du village de Mouzeil (2 000 habitants), au nord de Nantes, se prononce en faveur de la construction de l’aérogare dans l’édito du journal municipal : « Je crois donc sincèrement que les avantages du transfert dépassent largement les inconvénients qu’il génère. » L’association des maires et de présidents de communes de Loire-Atlantique envoie à tous ses membres un appel à « voter oui à l’aéroport, oui au transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ». Signé par 116 élus, le texte est rendu public par une conférence de presse. Dans Presse Océan, certains des signataires, dont Johanna Rolland, la maire (PS) de Nantes, posent devant une affiche qui proclament : « Les maires de Loire-Atlantique disent oui à l’aéroport ».

 


La communauté d’agglomérations Cap Atlantique (15 communes réparties entre la Loire-Atlantique et le Morbihan) publie sur son site intranet, accessible à tous ses salariés, un dossier d’information sur « les 10 points clés » et les « 10 idées reçues »
sur Notre-Dame-des-Landes. C’est en réalité la version en ligne de la brochure réalisée par le syndicat mixte aéroportuaire chargé de faire construire le nouveau site. Son contenu est 100 % favorable au chantier.

Le 26 juin, les électeurs de Loire-Atlantique pourront répondre à la question : « Êtes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? » Une ordonnance et deux décrets organisent la consultation mais c’est la première de ce type à se tenir en France et son cadre légal n’en fixe pas toutes les modalités : pas de prise en charge publique des dépenses de campagne, pas de panneau d’affichage. « La consultation est partiellement placée sous le contrôle du code électoral, explique Thomas Dubreuil, avocat des opposants au nouvel aéroport, le problème, c’est que les pouvoirs publics sont porteurs du projet et donc intéressés à ce que le oui l’emporte. Cela crée une situation délicate pour l’information des citoyens. »

Françoise Verchère, co-présidente du collectif des élus opposés au projet d’aéroport, dénonce les « conditions hallucinantes » de la campagne qui précède la consultation. Sollicitée par Mediapart, la préfecture n’a pas répondu à nos questions sur le sujet. Mais le sous-préfet en charge du dossier de l’aéroport, Stéphan de Ribou, indique qu’en cas de problèmes de ce type, des recours juridiques a posteriori sont possibles. Quant à Cap Atlantique, elle n’a pas répondu à nos questions.

Le cabinet de Bruno Retailleau, président (Les Républicains) de la région Pays de la Loire, indique que la collectivité « ne peut s’immiscer dans le débat » car soumise au code électoral mais qu’elle appellera les électeurs à voter et que les élus peuvent s’exprimer à titre individuel dans les médias. Ainsi, lorsque les opposants mettent en ligne la vidéo d’une chanson « Notre Dame des oiseaux de fer » chantée par des personnalités du rock français, dont l’ancien leader de Noir désir, le président du département, le socialiste Philippe Grosvalet, tweete : « Cantat chante contre l’aéroport… mais pas contre les violences faites aux femmes ». Un rappel de la condamnation du chanteur pour l’homicide de sa compagne, Marie Trintignan, et une attaque indirecte contre le camp des opposants à l’aéroport.

 
Seuls les temps de parole médiatique sont officiellement encadrés. L’équité – et non l’égalité – est recommandée par le CSA aux médias locaux, qui leur a envoyé ses recommandations : la surveillance concerne les prises de parole en rapport avec la campagne mais aussi le temps de parole des formations politiques dont la position est connue sur le sujet, comme dans une campagne électorale traditionnelle. Ce mardi 7 juin au soir doit se tenir le premier – et pour l’instant le seul – débat contradictoire de la campagne sur la chaîne d’info Télé Nantes.

De son côté, Maurice Perrion, président de l’AMF 44, explique que la structure est une association loi 1901 et qu’il a appelé les maires à se prononcer « en tant que citoyens ». Des individus qui se sont publiquement exprimés en tant qu’élus, lui fait remarquer Mediapart. « Mais toutes les délibérations prises par la préfecture, le département, la région sont favorables à la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes », répond-il. Quant à l’affiche « les maires disent oui à l’aéroport » que l’on voit en photo dans Presse Océan, il assure qu’il n’en a été tiré qu’un seul exemplaire, à ses propres frais, et qu’elle n’a été sortie que pour décorer le cadre de la conférence de presse. Toute l’ambiguïté de la situation institutionnelle éclate dans ce dialogue de sourds.
 
Jade Lindgaard - Médiapart

Jeudi 9 juin

Notre-Dame-des-Landes: l'impartialité du débat public est mise en cause


Christian Leyrit, le président de la Commission nationale du débat public, chargée d’informer les citoyens sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, a collaboré pendant dix ans avec le paysagiste recruté par Vinci pour son aérogare. Il nie tout conflit d’intérêts, alors qu'il présente ce jeudi une synthèse des débats.


En apparence, toutes les conditions sont réunies pour informer au mieux les électeurs appelés aux urnes le 26 juin, afin qu’ils se prononcent sur l’opportunité de construire un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. En conformité avec l’ordonnance prise par le gouvernement, la Commission nationale du débat public (CNDP) doit publier sur son site internet un document de synthèse récapitulant les motifs du projet et ses impacts sur l’environnement à partir du 9 juin, deux jours avant la date butoir. C’est le seul dossier d’information fourni par l’État aux électeurs pour leur permettre de choisir s’ils répondront par « oui » ou par « non » à la question : « Êtes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? » Chaque mairie de Loire-Atlantique, seul département dont les habitants sont consultés, doit mettre un ordinateur à disposition de ses administrés. Une version imprimée sur papier pourrait aussi leur être fournie, notamment à destination des personnes âgées.

Dans cette campagne très particulière, sans comptes de campagne, sans affichage ni tractage pris en charge par les pouvoirs publics, où chaque camp se débrouille par ses propres moyens pour déposer des argumentaires dans les boîtes aux lettres du canton et organiser des réunions publiques, le dossier d’information du public revêt une importance particulière. La CNDP a pour mission officielle de veiller au respect de la participation la plus large possible à l’élaboration de certains projets d’aménagement. « Le public est très attaché à la neutralité, à l’impartialité, et à la transparence dans la conduite des procédures », explique sa charte de déontologie.

Mais l’actuel président de la Commission est-il aussi impartial qu’il devrait l’être ? Ingénieur des Ponts, ancien préfet, Christian Leyrit, 67 ans, a occupé le poste de directeur des routes au ministère de l’équipement entre 1989 et 1999. Pendant cette décennie, il a régulièrement fait travailler un paysagiste et plasticien de renom, couronné par plusieurs récompenses internationales, Bernard Lassus. Cet homme est aussi le paysagiste du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Il a co-conçu la plateforme aéroportuaire qui a valu à Vinci de remporter la concession en 2010. Avec l’architecte Jacques Ferrier, son nom est le seul cité dans les documents diffusés par le groupe de BTP. On le retrouve ici dans un communiqué de presse annonçant l’obtention de la concession. Ou encore dans la notice sur le futur aéroport du Grand Ouest réalisée par Nantes métropole, l’agglomération membre du syndicat mixte aéroportuaire du Grand Ouest. 




La dimension paysagère est capitale dans le projet d’aérogare, car elle fonde en partie l’argumentaire du constructeur sur son respect de l’environnement naturel dans lequel il veut construire. Lors d’une rencontre en 2012 au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) – dont le vice-président est alors Christian Leyrit –, Bernard Lassus explique : « Le terrain de Notre­-Dame-des-Landes est chahuté. Le champ visuel est en permanence occupé et obturé par des écrans de haies. En revanche, la piste est vaste et grande. Il nous faut donc étudier les problèmes de terrassement. Nous ferons une double pente par rapport à la piste : la piste sera horizontale et le bocage restera mouvementé, comme il l’est actuellement. » Il ajoute : « J’ai formulé un certain nombre de propositions, notamment que le système de haies puisse être reproduit dans les parkings. Nous avons prévu un certain nombre de haies. Celles­-ci sont susceptibles d’accueillir des oiseaux. Or les oiseaux sont préjudiciables à l’aéroport. D’une certaine manière, il nous faut sauver les haies, tout en évitant les oiseaux. Pour cela, j’ai proposé de construire des haies artificielles et de ne choisir que des plantes dont les oiseaux ne sont pas friands. » Loin d’être cantonné à un rôle strictement décoratif, le « paysage » conçu par Bernard Lassus a une influence directe sur l’apparence, l’organisation et le fonctionnement du projet d’aérogare. Lors du même colloque, Bernard Lassus ne s’en cache pas : « Le rôle du paysagiste va donc jusqu’à la gestion économique. J’espère bien que nous trouverons une solution pour l’aéroport de Nantes. »

C’est ce même homme dont Christian Leyrit déclare en 2012 (voir ici) : « Dans mes anciennes fonctions de directeur des routes, j’ai établi avec lui un compagnonnage de près de dix ans. Bernard Lassus s’est montré un conseiller particulièrement efficace. Il a permis à toute une génération d’ingénieurs travaillant sur les infrastructures d’avoir un regard différent. »

En 1997, la direction des routes du ministère de l’équipement, tenue alors par Christian Leyrit, lui remet le « Ruban d’or », une récompense officielle, pour sa réalisation d’une aire de repos de 7 hectares, les « Carrières de Crazannes ». Quatre ans plus tôt, il avait déjà reçu un « Ruban d’or » de l’administration dirigée par son ami Leyrit pour deux aires de repos de 65 hectares à Nîmes-Caissargues. À partir de 1990, un an après l’entrée en fonctions de Christian Leyrit à la direction des routes, Bernard Lassus devient officiellement « Conseil en paysage auprès des directeurs des routes ». Il joue aussi le rôle d’« expert en paysage de la mission d’évaluation pour le viaduc de Millau » et est membre du jury de la grande œuvre, en partie conçue par Christian Leyrit.

Les deux hommes s’entendent si bien qu’ils signent un livre ensemble en 1994 : Autoroute et paysage, un ouvrage collectif réunissant les interventions d’un colloque « pour une meilleure perception et une meilleure compréhension par le grand public de l’élément autoroutier et son impact sur l’environnement ». Pour Bernard Lassus, toujours devant le CGEDD en 2012 : « Le fond de l’action paysagère, c’est le terrassement. Christian Leyrit a joué un grand rôle dans le domaine du paysage et le développement paysager. Je souhaite qu’un jour, l’on s’intéresse à ce que la direction des routes et le ministère ont fait pour le paysage. Je tiens à le rappeler. » 

 
Compte tenu de ce compagnonnage de dix ans, et des liens professionnels privilégiés tissés entre ces deux hommes, au point qu’ils parlent l’un de l’autre en des termes très élogieux, Christian Leyrit était-il la meilleure personne pour présider le processus d’information du public au sujet de Notre-Dame-des-Landes ? Peut-il garantir « la neutralité » et « l’impartialité » réclamées par sa propre institution ? Il n’a en tout cas pas fait preuve de toute la transparence que demande sa charte de déontologie, n’ayant à aucun moment signalé cette longue collaboration avec le co-concepteur du projet d’aérogare.

Joint par Mediapart, Christian Leyrit répond d’abord ne pas être en conflit d’intérêts au sens de la loi relative à la transparence de la vie publique, selon laquelle :
« Constitue un conflit d'intérêts toute situation d'interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou à paraître influencer l'exercice indépendant, impartial et objectif d'une fonction. » Le président de la CNDP explique : « Je n’ai jamais eu le moindre intérêt dans le cabinet de Bernard Lassus. On a fait un livre, on a collaboré il y a vingt ans, il vit sa vie. » Et ajoute : « Cela fait 17 ans que je n’ai jamais eu le moindre contact avec lui. »
 
Il y a au moins eu ce colloque au CGEDD, « Paysage global et territoires », le 7 mars 2012, à la Grande Arche de La Défense, où ils se sont rendu hommage l’un à l’autre, lui indique Mediapart. Christian Leyrit reconnaît alors : « Est-ce que l’ai rencontré depuis dix-sept ans ? Peut-être deux, trois fois. Mais en quoi ceci me lie à quelqu’un qui a fait des plans pour Vinci ? » Ce compagnonnage de dix ans pourrait-il ébrécher son impartialité, même inconsciemment ? « Franchement, soyons sérieux, nous répond-il. Dans toute cette mission sur Notre-Dame-des-landes, je n’ai pas pensé une seule fois à Bernard Lassus. Suis-je impartial ? Évidemment ! Je fais la chasse aux conflits d’intérêts. » Il ajoute enfin que la CNDP est une instance collégiale : « Je n’en suis qu’un élément. »
 
À Nantes et dans les villages proches de la zone concernée par le projet d’aéroport, la polarisation de l’opinion publique est à son comble. Pour consulter les électeurs, le gouvernement a choisi des modalités contestées par des opposants au projet, qui ont déposé des recours devant le juge local et devant le Conseil d’État. Les antagonismes entre les deux camps sont tels qu’aucun débat public contradictoire n’a pu être organisé – seule une émission de Télé Nantes a pu réunir partisans et opposants au projet, le 7 juin. Dans ces conditions, difficile de comprendre que la CNDP, et le cabinet de Manuel Valls qui l’a mandatée, n’aient pas été plus vigilants sur les garanties visibles de son impartialité.
Jade Lindgaard - Médiapart



Vendredi 10 juin

Le « dossier d’information » officiel sur Notre-Dame-des-Landes a été publié

 

La Commission nationale du débat public a publié, jeudi 9 juin, le dossier d’information censé éclairer les électeurs concernés par la consultation sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le 26 juin. Ce dossier, disponible uniquement sur internet, ne fait que mettre en parallèle les arguments des deux camps.

La Commission nationale du débat public (CNDP) a publié jeudi 9 juin le dossier d’information officiel pour la consultation du 26 juin sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Préparé en urgence, entre le 2 et le 19 mai, ce document est supposé éclairer le public et lui donner toutes les clefs nécessaires à la compréhension des enjeux du projet, contesté depuis son lancement dans les années 70.

En fait d’éclairages, le document, accessible au public sous la forme d’un site web, n’est qu’une compilation des avis accumulés par les deux camps en présence après des années de controverse.
 

Télécharger le dossier : Dossier de la CNDP sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Juin 2016
La liste en a été énumérée lors de la présentation du document par Christian Leyrit, président de la CNDP, à la presse, jeudi 9 juin, peu avant sa mise en ligne publique. Une longue liste à la Prévert : collectivités locales, élus, tout ce que la région peut compter d’officiels en tous genres, les responsables associatifs, les syndicats agricoles et, bien sûr, Aéroport du Grand Ouest, le concessionnaire filiale de Vinci. Pour les études indépendantes et incontestables tant attendues, il faudra repasser. La commission regrette elle-même, à plusieurs reprises dans le document de synthèse remis à la presse, l’absence d’expertises ou de contre-expertises. Sans pour autant avoir cherché à procéder à leur mise en œuvre.

    La Commission n’a pas eu accès au contrat de concession

Christian Leyrit présente le dossier d’information à Paris


Pour l’analyse des données existantes, même carence, parfois jusqu’à l’invraisemblable. Le président de la CNDP, Christian Leyrit, nous a ainsi assuré, ne pas avoir eu accès aux annexes du contrat de concession du nouvel aéroport : « Nous avons demandé l’accès aux annexes ; on nous a répondu que c’était très compliqué [à comprendre, NDLR] », a-t-il fini par lâcher, visiblement gêné. Les annexes donc, « pas vraiment refusées » mais pas transmises non plus ? « Secret des affaires. » Les conditions de l’approbation du document par la CNDP, combien de votes pour, combien de votes contre ? « Secret des délibérations. »

L’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Acipa), la principale association d’opposition au projet, avait cette fois-ci décliné l’invitation du CNDP : « Nous avons pris part au débat public de 2003, puis à l’enquête publique de 2007 ainsi qu’à l’enquête loi sur l’eau de 2012. A chaque fois, nous avons étudié le dossier, pointé ses insuffisances et ses incohérences, proposé des alternatives. En vain », écrivait-elle, sur son site, le 9 mai.

Forte de ce refus, la CNDP en a sans doute tiré les conditions qui s’imposait. Y a-t-il eu des entretiens avec les gens de la ZAD, demandent les journalistes à M. Leyrit ? Non. « Qui représente les gens de la ZAD ? », répond-il. La commission s’est-elle sur la ZAD ? Non. A-t-elle rencontré les agriculteurs de l’association COPAIN, qui regroupe une partie des paysans installés dans la zone, alors ? Toujours non. « COPAIN est très proche de la Confédération paysanne, que nous avons rencontrée », se justifie le directeur de la CNDP. Qui a pourtant rencontré et les Jeunes agriculteurs (JA), très proches de la FNSEA, et celle-ci.

Le "dossier d’information" présenté par la Commission présente aussi des oublis surprenants, aussi, comme celui du document de la Dreal, « égaré » pendant plus d’un an au sein de la préfecture de Loire-Atlantique et [révélé en février par Le Canard enchaîné ; celui-ci assurait que le maintien de l’aéroport actuel de Nantes serait bénéfique à la réserve naturelle de Grandlieu, contrairement à ce qu’avait affirmé le premier ministre Manuel Valls. « Ce n’est pas une note officielle, mais une note interne qui n’a pas été validée par le directeur de la Dreal des Pays de la Loire », prétend Christian Leyrit.

En fin de compte, le dossier d’information présente seize pages A4 d’opinions et de
conditionnels, une superficie à peu près équilibrée entre les partisans et les opposants au projet. Un débat grossièrement synthétisé en six points « pour » et si points « contre », sur lesquels se focaliseront les regards du public ; un public qui n’ira sans doute pas, dans sa majorité, se plonger dans le reste du document, assez technique. Du moins pour ceux qui en prendront connaissance. Car, ultime particularité de cette consultation sans participation publique aux frais de campagne, ni affichage, ce document d’information ne sera disponible qu’en ligne. Grand prince, la CNDP a tout de même prévu la mise à disposition d’un ordinateur dans chaque mairie pour permettre à ceux qui ne bénéficieraient pas d’un ordinateur ou d’un smartphone de venir le consulter.

Bien présentes sur le terrain, les grandes collectivités locales, toutes favorables au projet, ont cependant commencé leur campagne. Avec leurs gros moyens.


 
VOTATION CITOYENNE #NDDL :

> Le 26 juin 2016, seuls les habitants du département de Loire-Atlantique vont être consultés sur le projet d'aéroport Notre Dames des Landes.

Nous autres, citoyens français, estimons également légitime d'être consultés.
> Participez à la votation citoyenne ici (déjà plus de 41 000 votes).

> Une initiative de l’association Agir pour l’Environnement (très impliquée contre les GPII) soutenue par plusieurs associations opposées au projet (ACIPA, CEDPA, ADECA)

Infos du 13 au 19 juin

Lundi 13 juin


 Photo du Tracto Parad’ sur la zad du samedi 11 juin à la smala, 

 la magnifique maison des enfants


Mardi 14 juin

La consultation sur Notre-Dame-des-Landes aura-t-elle lieu ? 

Le Conseil d’Etat hésite


Le Conseil d’État a annoncé lundi 13 juin reporter sa décision concernant la consultation locale organisée au sujet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dans le département de Loire-Atlantique. Le Conseil fait suite à une requête déposée le 3 juin par deux associations opposées au projet. L’Acipa, le Cédpa ont fait valoir comme argument le manque d’informations sur un projet réévalué à plusieurs reprises.

Le juge des référés du Conseil d’État renvoie à une formation collégiale l’examen de la demande de suspension de la consultation des électeurs sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
La demande de suspension de l’exécution du décret sera examinée prochainement par une formation collégiale du Conseil d’État qui rendra sa décision avant le 26 juin.

- Sources : 20 minutes et France Info.

Contre la loi travail, contre le transfert de Nantes Atlantique : communiqué suite à l’action commune devant l’aéroport de Nantes Atlantique


"Ce matin, mardi 14 juin, dès 4 h, plus d’une centaine de syndicalistes, d’opposant-e-s à la loi travail et au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes se sont mobilisé-e-s à l’aéroport de Nantes Atlantique. Les revendications portaient autant sur le retrait de la loi travail que sur le refus du transfert de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Cette action participe au mouvement social de grande ampleur exigeant le retrait de la loi travail loi qui organise le nivellement par le bas des droits des salarié-e-s par la précarisation. Mais elle marque aussi l’opposition au transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique, qui serait néfaste économiquement et écologiquement, mais aussi socialement : trajet supplémentaire ou obligation de déménager avec les problèmes de logement, d’école et les conséquences sur la vie sociale que cela implique ; incertitude sur l’emploi en raison de la sous-traitance accrue et de l’automatisation. Tout cela alors que l’aéroport actuel n’a pas atteint ses limites et doit être aménagé.

Lorsque les militant.e.s de la CGT AGO, soutenu.e.s par des syndicalistes de diverses branches, des opposant.e.s à la loi travail, des opposant-e-s à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et plusieurs tracteurs, sont arrivées sur la zone aéroportuaire, plusieurs centaines de gendarmes étaient déjà sur les lieux. Malgré les pressions policières et les tentatives d’intimidation, les militant-e-s ont réussi à s’installer autour de plusieurs rond-points pour diffuser des tracts jusqu’en milieu de journée.

CGT AGO

Contre la loi, contre le travail, contre le transfert ! 
Solidarité avec les salarié.e.s de Nantes Atlantique en lutte !


Mercredi 15 juin

 

L’inventaire naturaliste de Notre-Dame-des-Landes

 

 

Les Naturalistes en lutte publient les résultats de trois années d’inventaires et d’études à Notre-Dame-des-Landes. Ce numéro spécial de Penn ar Bed est un nouveau témoignage de ce que peut être, de ce que doit être, une « science citoyenne ». C’est d’ailleurs, depuis 1953, ce qu’incarne cette revue.

Ce numéro exceptionnel de 140 pages a été rédigé par 26 auteurs, il est illustré de 84 photographies et 23 dessins originaux. Il peut être acheté en envoyant un chèque de 18 euros (frais de port inclus) à Bretagne Vivante, BP 62132, 29221 Brest Cedex 2.

NB. Bien qu’ayant fait l’objet d’un second tirage, le premier numéro spécial « Notre-Dame-des-Landes » de Penn ar Bed, principalement consacré à la critique des mesures compensatoires, est devenu introuvable. C’est pourquoi il peut désormais être téléchargé sur le site des Naturalistes en lutte.


Samedi 18 juin

Lettre d’un commandant de bord à propos de l’aéroport NDDL. En cette période pré-consultation où on entend tout un paquet de balivernes prétendument scientifique, ce témoignage apporte un éclairage intéressant.

Dimanche 19 juin




Infos du 20 au 26 juin

Lundi 20 juin

Notre-Dame-des-Landes: la consultation aura bien lieu


 
Il y aura bien une consultation sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes dimanche 26 juin. Saisi par des collectifs opposés à la construction du nouvel aérogare dans le bocage de Loire-Atlantique, le Conseil d’État a rejeté lundi 20 juin le recours demandant l’annulation du vote. 


Plusieurs associations d’opposants au projet d’aéroport (Acipa, Cédépa, Attac 44, des agriculteurs expulsés) avaient déposé un recours contre le décret du 23 avril dernier organisant la consultation locale. Ils lui adressent trois principaux reproches : remettre en cause un projet déjà décidé par l’État, solliciter les électeurs sur une question biaisée, limiter le périmètre du vote au département de Loire-Atlantique. Mais le Conseil d’État juge que la consultation annoncée par François Hollande le 11 février dernier, quelques jours après une manifestation massive contre le projet, est légale et que les conditions sont réunies pour assurer la sincérité du scrutin.


Il peut paraître contradictoire que des collectifs défavorables à la construction du nouvel aérogare reprochent à l’État de solliciter l’avis des citoyens sur ce projet d’équipement déclaré d’utilité publique en 2008. Pour leur avocat, Erwan Lemoigne, c’est dans l’intention de montrer que « ce n’est pas une consultation démocratique. Elle est bidon quel qu’en soit le résultat ». Pour ces opposants, la question posée aux électeurs est incomplète. Il leur sera demandé : « Êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? » Mais de quel aéroport parle-t-on ? La version maximaliste, dotée de deux pistes de 3 600 mètres de long, consacrée par la déclaration d'utilité publique de 2008, ou celle revue à la baisse en mars 2016 par les experts du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD), qui proposent de ne construire qu’une seule piste de 2 900 mètres ?


L’usage de la plateforme aéroportuaire et son impact sur l’écosystème seraient différents dans l’un ou l’autre cas. Manuel Valls considère que c’est le projet de 2008 qui est soumis au vote, mais la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, défend l’option réduite. Les requérants critiquent aussi l’usage du terme « transfert » car, même si le nouvel aérogare est construit, l’actuel site de Nantes Atlantique devrait être en partie conservé afin qu’Airbus, qui possède une usine mitoyenne, puisse continuer à en utiliser la piste. 


Lors de la séance du 20 juin, le rapporteur public, Xavier de Lesquen, a fermé la porte à toutes ces interrogations. Le terme de « transfert » ne pose pas problème selon lui car la question concerne les vols commerciaux « sans ambiguïté ». Sur le libellé de la consultation, il reconnaît que la formulation aurait pu être plus précise : « Êtes-vous favorable à la réalisation de l’aéroport tel que prévu par la déclaration d’utilité publique de 2008 ? » Mais il considère aussi que « la formulation retenue ménage la possibilité de modifications dans le sens de l’étude de mars 2016 », laissant la place à « une forme d’intelligence collective ».

 

Sur le fond, il considère que la décision de consulter les électeurs peut être prise tant que toutes les autorisations n’ont pas été délivrées. Or le permis de construire de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’a toujours pas été remis, et la dérogation à la protection du campagnol amphibie et de son habitat n’a pas encore été publiée. À ses yeux, la déclaration d’utilité publique est une étape essentielle mais ne déclenche pas l’engagement des travaux. Dans son jugement, le Conseil d’État considère que la loi ne conditionne pas la légalité de la consultation des électeurs « à ce que la délivrance d’une autorisation de l’État soit encore nécessaire à la réalisation du projet ». Par ailleurs, l’objet du vote est sans ambiguïté aux yeux des juges : car « le gouvernement n’a ni décidé, ni manifesté la volonté de modifier ce projet, ni annoncé une consultation des électeurs portant sur un projet distinct ». Quant à l’aire de la consultation, il est cohérent qu’elle soit limitée à celle des enquêtes publiques, soit le périmètre de la préfecture de Loire-Atlantique. 

 
En séance, une des avocates des requérants, Me Corlay, a insisté sur le caractère « extrêmement tardif » de la consultation dans le processus de décision. « L’État a déjà engagé près de 40 millions d’euros dans ce projet (en études et achats de parcelles – ndlr). Y a-t-il encore une décision à prendre ? » Sur le sens de la question posée aux électeurs, elle a répondu au rapporteur public : « Intelligence collective ? Mais à quel projet doit-on répondre ? »


À l’issue de la séance, Me Erwan Lemoigne critique le « rapport orienté » du rapporteur public : « À aucun moment le rapporteur public n’a évoqué la possibilité que le projet d’aéroport soit infirmé. Or organiser une consultation, ce n’est pas chercher à valider une volonté politique. »


Mercredi 22 juin, le Conseil d’État est saisi de deux autres recours concernant l’ordonnance du 21 avril dernier, dans le cadre de la loi Macron, qui permet à l’État de consulter localement les citoyens sur des projets susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement. Ce sera alors la dernière étape de la bataille juridique des opposants contre les conditions d’organisation de la consultation avant le vote du 26 juin. 
 
Jade Lindgaard - Médiapart

Consultation sur Notre-Dame-des-Landes : l’information officielle est mensongère





François Hollande avait annoncé la mise à disposition des citoyens de Loire-Atlantique des informations « les plus objectives possibles, préparées par une commission indépendante », pour préparer la consultation du 26 juin. Las, la Commission nationale du débat public a rendu un document « trompeur », « déséquilibré » et « incomplet », selon l’auteur de cette tribune.

Ivan Fouquet est architecte et coauteur pour le Cédpa (le collectif des élus doutant de la pertinence de l’aéroport) d’un rapport sur l’optimisation de l’aéroport de Nantes-Altantique.

Ivan Fouquet.
 
Deux colonnes, une douzaine d’arguments avec en tête « 26 juin Faites votre choix ! ». Le dernier d’entre eux, dans la colonne Non, indique : « Projet conduit de manière peu transparente. Difficulté d’accéder aux informations pour les citoyens, insuffisance d’expertises indépendantes. »
 
Les auteurs de ce site officiel informant les électeurs sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont-ils voulu participer, eux aussi, au manque de transparence ? Ont-ils cherché à rendre l’information difficile d’accès pour les citoyens ? Ont-ils voulu sacrifier leur indépendance, pourtant clamée par le chef de l’État le 25 avril dernier ? « Je veillerai à ce que les informations transmises aux électeurs soient les plus objectives possibles, préparées par une commission indépendante, la Commission nationale du débat public, préparant un dossier dans la transparence et dans le respect de toutes les sensibilités et de toutes les opinions », avait déclaré François Hollande lors de son discours d’ouverture de la 4e Conférence environnementale.

Au lendemain de cette déclaration, le président de la Commission nationale du débat public (CNDP), Christian Leyrit, avait pris les choses à cœur. Il a auditionné des dizaines de représentants de différentes organisations, favorables ou défavorables au projet d’aéroport, afin de « rédiger un document le plus objectif possible », selon ses termes.

L’Acipa [1], association historique de la lutte contre l’aéroport, refuse l’invitation, appréhendant une « énième manipulation », une « mascarade de “démocratie participative” ».

L’Atelier citoyen n’est pas convié. Pourtant, l’association a réuni entre 2014 et fin 2015 des dizaines de spécialistes, pilotes, ingénieurs, contrôleurs aériens, architectes, urbanistes, thermiciens, aux côtés de citoyens et usagers… pour proposer des alternatives au projet d’aéroport, notamment dans le réaménagement de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique.

Un des projets d’agrandissement de l’aéroport existant portés par l’Atelier citoyen, qui n’a pas été entendu par la Commission nationale du débat public.

La neutralité et l’objectivité du document officiel sont mal engagées. Christian Leyrit, ingénieur des Ponts, des eaux et des forêts et ancien préfet, n’a pas reconnu un quelconque conflit d’intérêt lorsque Mediapart dévoila sa collaboration de dix ans avec le paysagiste Bernard Lassus, recruté par Vinci pour l’aéroport.

Bien sûr, s’il avait été ami avec Françoise Verchère [2] ou s’il avait écrit un ouvrage avec Julien Durand [3] sur le Larzac, les lobbyistes proaéroport, le Medef, la chambre de commerce nantaise, les responsables politiques du Parti socialiste et du parti Les Républicains auraient dénoncé « un conflit d’intérêt majeur » et auraient exigé sa démission immédiate.

Le document d’information a été mis en ligne le 9 juin et lors de la conférence de presse de lancement, M. Leyrit s’est félicité qu’il n’ait été relu ni par les proaéroports, ni par les anti. Peut-être aurait-il été préférable qu’il le soit. En effet, le document est largement déséquilibré, il comporte des erreurs, déforme des citations et affiche des données surestimées que le récent rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) a invalidées.

    Un document trompeur  

Le document en ligne distribue les citations, et use largement du conditionnel. « Selon la CCI », « Selon la DGAC », « Selon le CGEDD »« Nous avons donné les points de vue de la DGAC [la Direction générale de l’aviation civile], des opposants et du CGEDD. L’objectivité, c’est présenter tous les points de vue », se défend la CNDP. Il s’agit cependant d’un document d’information, non d’un document de points de vue. Les affirmations de la DGAC : « 80.450 Nantais impactés par le bruit en 2050 » ; « allongement de la piste à 3.600 m », « la fermeture de l’aéroport pour au moins 3 mois » sont bien des données que le rapport du CGEDD remet en cause. Les experts du CGEDD expliquent que la DGAC a surestimé ses prévisions de trafic, ils considèrent que ni le prolongement de la piste à 3.600 mètres ni son élargissement ne sont nécessaires. Il est donc abusif de reprendre ces données.

Certaines citations réinventent la réalité. Ainsi, la CNDP laisse entendre que si deux pistes sont prévues à NDDL, c’est « à la demande des élus de la communauté de communes Erdre et Gesvres ». C’est précisément ces deux pistes que le CGEDD conteste en affirmant que le projet de Notre-Dame-des-Landes est surdimensionné. Selon les experts, la nécessité des deux pistes est un « argument d’autorité » de la DGAC.

Enfin, la CNDP va jusqu’à déformer une citation de la DGAC, dont le rapport de 2013 indiquait : « Il conviendrait d’étudier finement les impacts du développement du trafic et de la baisse de l’altitude de survol du lac de Grand-Lieu sur les oiseaux migrateurs fréquentant ce site Natura 2000. » Cette citation devient : « L’aménagement impacterait ainsi plusieurs hectares de zones humides et le site Natura 2000 du lac de Grand-Lieu. »

Citation déformée et scandaleuse étant donné que, dans une note de 2014, la Dreal (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) des Pays de la Loire a levé les craintes de la DGAC en confirmant que l’« impact sera cependant très minime en comparaison de ceux issus de l’urbanisation prévisible des zones humides aujourd’hui préservées » (voir ici).


Le lac de Grand-Lieu, au sud de Nantes, un des sujets de la polémique.

Pour ces projets d’urbanisation, la CNDP parle de « densification », alors que les projets connus concernent la construction de lotissements sur des terrains encore naturels et protégés par le plan d’exposition au bruit (PEB) à proximité du lac. En 60 ans, les zones pavillonnaires se sont multipliées à Saint-Aignan de Grand-Lieu en dehors des zones contraintes par le PEB. Les pavillons de lotissements procèdent plus du mitage que de la densification.

    Un document déséquilibré

Le document pointe les erreurs passées des opposants sur les pronostics de trafic passagers, ou sur la prise en compte des exigences de sûreté pour les passagers, les personnels et les entreprises. Il ne mentionne nulle part les surestimations de la DGAC sur le trafic aérien : elle avait prévu 75.000 mouvements d’avions en 2010, alors qu’on en a compté, en 2015, moins de 50.000. Ces premières contre-vérités ont pourtant permis à la DGAC de fonder tout son argumentaire en faveur du transfert : la saturation, les nuisances liées au bruit.

Autre déséquilibre évident sur les coûts annoncés : d’une part, le document annonce le coût hors taxe de la construction de l’aéroport prévu pour un trafic de 4 millions de passagers, avec une aérogare plus petite que celle de l’aéroport existant. De l’autre, il présente le coût TTC de la rénovation de l’aéroport existant à l’échéance de 9 millions de passagers selon l’estimation de la DGAC. Plus loin, dans les petites lignes, il présente l’estimation par le CGEDD d’un coût inférieur pour cette même rénovation, et s’étonne : « Cette estimation est très inférieure à celle de la direction générale de l’aviation civile (DGAC) au même horizon », avant de rappeler en caractère gras celle de la DGAC. L’estimation de la DGAC avait été reconnue comme largement surévaluée par les opposants comme par le CGEDD, car comportant de nombreuses aberrations, comme celle, souvent citée, de la démolition/reconstruction d’un chenil de 3 chiens pour 602.000 € HT.

    Un document incomplet

La rédaction d’un document exhaustif sur un tel dossier est difficile. Il semble pourtant que certaines données aient été oubliées.

Ainsi cette phrase importante en conclusion du rapport du CGEDD n’apparait pas dans le document : « L’agrandissement et la rénovation des installations actuelles de Nantes-Atlantique permettraient d’accompagner la croissance du trafic. »

Il oublie également que le départ de l’aéroport fragiliserait les entreprises et les 8.300 emplois présents sur la zone d’activité existante. La présence de l’aéroport a permis le développement et l’implantation d’une zone économique très dynamique pour la métropole nantaise. Les conséquences du départ de l’aéroport ne sont nulle part évoquées.

Enfin, face à tous les bienfaits que le projet d’aéroport est censé avoir sur le territoire, le document élude rapidement les questions d’étalement urbain, d’artificialisation des sols, d’accentuation des déplacements automobiles et des embouteillages, des émissions de CO2 et de dépense énergétique. Globalement le document n’explique pas pourquoi la construction de cet aéroport va à l’encontre des principes même de développement durable.

Ivan Fouquet – sur Reporterre

Complément d’information : Les exemples sont encore nombreux, ils ont fait l’objet d’une lettre ouverte de l’Atelier citoyen à M. Leyrit, le 14 juin dernier.

Mardi 21 juin

Pour ou contre l’aéroport: l’impossible compromis

Occultée par les attentats, la mobilisation contre la loi sur le travail et l’Euro de foot, la campagne pour ou contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est invisible à l’échelle nationale. Dimanche 26 juin, plus de 900 000 électeurs de Loire-Atlantique sont appelés à se prononcer en faveur ou en défaveur du projet d’aérogare voulu par le gouvernement. Pour la première fois, des militants de base du « oui » apparaissent au grand jour.

Loire-Atlantique, envoyée spéciale. - Une question depuis le fond de la salle. Puis une autre. Et encore une. Ne pas lâcher le micro. Occuper l’espace par les prises de parole. Ils sont deux militants du « non » dans une réunion du « oui ». Ils se battent pied à pied contre les arguments déroulés par les partisans de la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Santé, emploi, finances, sécurité : à chaque sujet abordé par les orateurs, ils lèvent la main et leur opposent les points clés de leur programme. C’est de l’obstruction participative en mode ping-pong. Autour d’eux, dans la salle municipale Jacqueline-Auriol de Bouaye, 6 500 habitants, au sud de Nantes, la plupart des 70 personnes regardent sans réagir. Un homme s’impatiente, bras croisés : « Mais à quoi ça sert ? »

À l’extérieur, c’est la guerre sur les panneaux d’affichage : les slogans des uns sont arrachés par les autres. L’affiche des socialistes, avec sa photo d’enfant glissé dans un avion en carton et son slogan « Social Écologie », suscite moqueries et détournements. « On en prend plein la figure sur beaucoup de choses. Pour la campagne pour l’aéroport, on est plutôt bien accueillis, on ne se fait pas envoyer balader lors des porte-à-porte », relativise Dominique Duclos, conseiller communautaire PS à Nantes Métropole et élu municipal à Bouguenais, commune qui accueille l’actuel aérogare de Nantes Atlantique. Mais « c’est compliqué de mobiliser les militants. Le climat actuel au PS n’est pas à la sérénité ». Il croit à la victoire du oui, grâce à la « majorité silencieuse » : « On ne va pas convaincre les non mais il faut convaincre les oui d’aller voter. » Drôle de campagne où socialistes et Républicains (LR) se retrouvent du même côté mais où la gauche est scindée en deux camps irréconciliables.

Recouverte par l’onde de choc de l’attentat d’Orlando, en Floride, et de l’assassinat des deux policiers français, occultée par la vigueur de la mobilisation contre la loi sur le travail, la campagne pour ou contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est invisible à l’échelle nationale. Dimanche 26 juin, plus de 900 000 électeurs de Loire-Atlantique sont appelés à se prononcer en faveur ou en défaveur du projet d’aérogare voulu par le gouvernement mais contesté par plusieurs dizaines de milliers de manifestants à deux reprises en début d’année. Dans ce département bastion du parti socialiste, des centaines de personnes se mobilisent pour emporter le scrutin. Réunions publiques, tractages sur les marchés, « boîtages », campagne participative d’appels téléphoniques, animations et vidéos en ligne : loin des cabinets ministériels et des studios de télé d’info continue, c’est une bataille politique de proximité, frontale et passionnée qui se livre. Des militants aguerris y côtoient des débutants, des élus locaux partagent l’estrade avec des riverains et des experts. On y parle urbanisme, agriculture, climat et emplois. Pour la première fois, des militants de base du oui apparaissent au grand jour. 
 
« Ah ! Vous entendez ? On va arrêter de parler pour que vous entendiez mieux. » Durant quelques secondes, l’air se remplit du vrombissement d’un avion. Il est près de 11 h 30, jeudi 9 juin, en bordure du marché Zola, dans un quartier populaire de l’ouest de Nantes. Guillaume Dalmard, 38 ans, marin, n’a pas encore enfilé sa chasuble bleue de militant des Ailes pour l’Ouest, une association favorable à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Je me suis engagé car je ne comprends pas pourquoi le processus légal n’arrive pas à aboutir. » Conçu dans les années 1960, lancé dans les années 1970, oublié dans les années 1980, relancé sous le gouvernement Jospin, le projet d’aéroport du Grand Ouest a fait l’objet d’un débat public en 2003 et d’une déclaration publique en 2008. Le groupe Vinci en a obtenu la concession en 2010. Plusieurs dizaines de recours déposés par les opposants ont été rejetés par la justice au fil des ans. « Ce sont les décisions de justice qui m’ont fait entrer dans le sujet, poursuit-il. On n’arrive pas à aller au bout. Je tracte sur ce marché car j’habite ici. On voit des gens. On leur dit : Prenez votre destin en mains. Notre action n’est pas politique. Ma vision du problème, c’est que s’y joue l’aménagement du territoire des deux prochaines générations. »
 
Le 11 février dernier, quelques jours après une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Nantes contre le projet d’aéroport, François Hollande annonce l’organisation d’un référendum local. C’est finalement une consultation, non décisionnaire, que le gouvernement décide d’organiser le 26 juin, dans le seul département de Loire-Atlantique. « Quand on a appris la consultation, les bras nous en sont tombés, explique Dominique Boschet, président de l’Association contre le survol de la ville de Nantes (Acsan). L’État est porteur du projet. Cette campagne ne devrait pas avoir besoin d’exister. La consultation, l’enquête publique, les échanges, les réunions publiques : tout a déjà eu lieu de 2003 à 2008. » Mardi 21 juin, à l'Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement Manuel Valls a été très clair : « Si le non l'emporte, le projet sera abandonné. Si le oui l'emporte dimanche, le projet sera engagé. »   
 
« Quand on a appris qu’il y avait ce vote, on s’est dit : mais c’est pas vrai, ils changent les règles du jeu. » Institutrice retraitée, Solange habite Saint-Aignan-Grandlieu, petite ville qui s’étend dans l’axe de la piste de l’actuel aéroport. Elle vit depuis 1976 dans le bruit des décollages et atterrissages des avions et depuis quarante ans s’entend promettre que l’aérogare va déménager. Sa fille Élisabeth, orthophoniste, est revenue s’installer dans la commune. Elle s’inquiète, études scientifiques à l’appui, des effets des nuisances sonores sur la santé des enfants et leur apprentissage de la lecture. « Je ne me suis pas pressée de prendre ma décision pour le oui. Il ne m’a pas suffi d’être gênée. Quand vous avez toujours connu un endroit, on ne se rend pas compte de l’impact que l'environnement a sur vous. Je n’aurais jamais cru que le bruit des avions avait des impacts cardiovasculaires. Nous ne sommes pas qu’un symbole. C’est très concret, ce que nous vivons. » Toutes deux ont participé à la création du Collectif citoyen engagé pour le transfert de l’aéroport (Coceta), au printemps dernier.

« Les militants du oui ont du mal à s'afficher »


« Pendant de nombreuses années, il y a eu une chape de plomb, une pression sur les personnes favorables à l’aéroport, analyse Dominique Boschet, président de l’Acsan, créée en 2003, lors du débat public sur le projet d’aéroport. Les gens de Saint-Aignan ne voulaient pas se mobiliser. Ils avaient peur. On a fait une première réunion avec eux : ils ont applaudi mais n’ont pas parlé. Depuis, ils ont pris confiance en eux. Ils ne voulaient pas apparaître à la télé. Les autocollants “oui”, on commence à les voir sur les voitures. Mais les militants du oui ont encore du mal à s’afficher. Le problème, c’est l’isolement. Ils sont nombreux à être pour l’aéroport mais ils ne savent pas ce que pense leur voisin. Il n’y a pas eu de collectif suffisant. On n’a pas su communiquer. »
 

Pour Élisabeth, du Coceta de Saint-Aignan : « On ne s’est pas mobilisés plus tôt car on a laissé faire la démocratie. Ce n’est pas facile de monter une réunion quand on ne veut pas particulièrement faire de la politique. On ne le fait pas par plaisir mais par nécessité. » Bottes au pied, elle invite, avec sa mère et un troisième membre du Coceta, Jocelyne, à venir admirer le lac de Grand-Lieu, immense étendue d’eau bordée de joncs, de fleurs et de prairies que survolent les avions. « Nous ne sommes pas des bétonneurs. Nous aussi, nous sommes écolos mais la différence avec Notre-Dame-des-Landes, c’est qu’ici il y a une population. » D’après leurs calculs, 8 400 élèves subissent les nuisances sonores de Nantes Atlantique.


Comme ces trois habitantes, le maire de Saint-Aignan-Grandlieu, Jean-Claude Lemasson, également vice-président de Nantes Métropole, rêve d’une commune libérée des avions. Chef d’entreprise, ingénieur spécialisé en construction à faible impact, il est élu depuis 2008. Il en veut à Mediapart pour un article sur la visite de la Commission nationale du débat public (voir ici) : « Tout ceci concourt à discréditer le travail des élus locaux. » Il reçoit malgré tout dans une salle de réunion de sa mairie vide d’employés en fin de journée. Aux murs, la carte du plan d’exposition au bruit de sa ville de 3 700 habitants. Dix jours plus tôt, il a organisé une opération ville morte pour simuler la disparition de sa commune si l’aéroport reste à son actuel emplacement. Pourquoi cette image de deuil alors qu’ils profitent des recettes fiscales de la zone aéroportuaire ? Le potentiel financier par habitant atteint 1 697 euros à Saint-Aignan, contre 591 euros en moyenne dans le département, selon le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET).  

Coincé entre le lac de Grand-Lieu et l’aéroport, le bourg est condamné à subir toujours plus de nuisances si le trafic aérien poursuit son essor dans les prochaines années, répond l’édile qui insiste sur l’enjeu de « survie » de sa ville. À cause de la loi Littoral qui protège les abords du lac et limite la constructibilité de la zone, la commune ne peut pas se développer vers des zones moins exposées aux nuisances sonores. « Il y a des problèmes réels à Nantes Atlantique et à Notre-Dame-des-Landes. Il faut arrêter de stigmatiser les uns et les autres. C’est devenu irrationnel. Quand on construit quelque chose, que ce soit une crèche ou un aéroport, forcément on casse un peu et on modifie la biodiversité. La question est : quel est le meilleur compromis ? Je pense que c’est le transfert de l’aéroport. Mais je me bats aussi pour une idée : si Nantes et sa grande région n’ont pas un grand aéroport, on n’existe plus. »


La considérable œuvre de contre-expertise accomplie par les opposants depuis quinze ans laisse de marbre Dominique Boschet, le président de l’Acsan : « Notre manière de fonctionner, c’est de nous appuyer sur les documents officiels : le contrat de concession, la déclaration d’utilité publique. On ne se prend pas pour des experts. Si je passe sur un pont, je préfère qu’il soit fait par un ingénieur des Ponts et Chaussées plutôt que par un citoyen. »
 

Dans le camp d’en face, l’argumentaire est hyperrodé depuis quinze ans que des opposants battent la campagne. La première association contre l’aéroport, l’Adeca, qui réunit des paysans de la zone d’aménagement différée dessinée par l’État pour y implanter le site aéroportuaire, remonte aux années 1970. Les collectifs et militants se méfient de la consultation, perçue comme un piège voire une mascarade en raison de ses conditions de réalisation (voir ici). Ils ont malgré tout écarté le boycott et décidé d’appeler les électeurs à voter non. Depuis la fin du mois de mai, ils ont organisé 25 réunions publiques, quasiment une par jour, et distribué 470 000 tracts. L’Acipa, le collectif historique de riverains opposants, s’est allié au réseau 350.org pour lancer un appel contre l’aéroport. Mercredi 22 juin, une vingtaine de personnalités signataires (Cécile Duflot, Eva Joly, Noël Mamère, le journaliste Fabrice Nicolino, le réalisateur Jean-Paul Jaud) doivent donner une conférence de presse depuis l’un des lieux emblématiques de la ZAD, La Vache Rit. « La campagne du non, on essaie qu’elle ne s’appuie pas juste sur les arguments contre l’aéroport mais aussi sur les luttes gagnantes sur notre territoire : la sauvegarde des marais salants de Guérande, les roselières de Loire contre l’extension du port de Saint-Nazaire, ou contre la centrale nucléaire du Canet », explique Geneviève Coiffard, militante d’Attac, enseignante retraitée dévouée à la cause depuis de nombreuses années. Contre la loi sur le travail, des militants de la CGT d’AGO, la filiale du groupe Vinci concessionnaire de l’aéroport, ont tenu des barrages avec des occupants de la ZAD. En soutien des riverains et des paysans, ces derniers ont écarté l’idée de bloquer et saboter les bureaux de vote. Lors du week-end de la consultation, les 25 et 26 juin, ils appellent les volontaires à venir les aider à avancer leurs propres travaux en cours et, avec une pointe d'humour, à « refaire un dôme »...


« C’est la première fois de ma vie que je tracte »

 

Mercredi 8 juin, vers 18 heures, plusieurs dizaines d’habitants font leurs courses sur la dalle du quartier Bottière-Chénaie, au nord-est de Nantes. Les immeubles sont sortis de terre il y a une dizaine d’années et côtoient des pavillons plus anciens. Une ligne de tram passe tout près, des parents circulent à vélo, des enfants à trottinette. Un groupe distribue des tracts pour le non à l’aéroport. « C’est la première fois de ma vie que je tracte », explique Pierre, 56 ans, employé dans une collectivité territoriale : « Je n’ai jamais milité. Je ne suis pas allé aux réunions sur la ZAD. Je suis un ouvrier de la 11e heure. Mais il y a une consultation, un cadre pour s’exprimer. Je trouve ma place. Je suis un opposant et je suis un militant sage, trop peut-être. » À ses yeux, « l’aéroport est un équipement complètement inutile, au milieu de nulle part, non raccordé aux transports en commun. Je me mobilise pour la défense de l’environnement. Projet surdimensionné, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est un équipement d’un autre âge. Je me demande si dans trente ans il y aura encore des avions. »

Il est rejoint par Bertrand Caron, militant du parti de gauche et de Sud Rail, cheminot en lutte contre la loi El Khomri. « C’est ma 9e journée de grève. Je suis contre l’aéroport pour des raisons écologiques. Ça ne crée pas d’emplois et c’est une gabegie financière. On phagocyte une partie des financements. Si le mode ferroviaire, c’est l’avenir, il est absurde de créer un nouvel aéroport. » Il regarde autour de lui : « Ici c’est plutôt un territoire favorable au non. C’est un nouveau quartier. Après, les gens agrègent un peu différentes aigreurs : contre l’aéroport, contre le gouvernement. » Non loin, Séverine Misset, chercheuse, constate : « J’ai vu peu d’indécis, ça m’a surprise. Des gens qui posent des questions et cherchent à en savoir plus, il n’y en a pas tant que ça. » 
 

Assis sur un banc auprès de son enfant, un homme en t-shirt vert hésite pourtant : « Je ne sais pas quoi voter mais je veux aller voter. C’est important quand on demande son avis à la population. » Sur Notre-Dame-des-Landes, il se demande « si c’est vraiment utile en période d’économie de dépenser de l’argent public pour ça. Il ne faut pas faire de dépenses pour rien ». Sur la ZAD, il a « de mauvais échos. Des copains habitaient à côté, il y avait des checkpoints. Une mauvaise ambiance ». Et le bruit des avions ? « Ici on les entend mais ce n’est pas une fréquence de fous. Avant d’être ici, on habitait sous le couloir aérien de Charles-de-Gaulle. En comparaison, ici, ce n’est pas si gênant. » Julien, vendeur de galettes bio, a collé une affiche « Non à l’aéroport » sur son frigo, en évidence derrière sa vitrine. « Les gens veulent être à la ville mais ils ne veulent pas le bruit. C’est comme avec les bars… Mais ce n’est pas à la campagne qu’il faut construire un aéroport. Les villes sont faites pour ça. » Son voisin, vendeur de légumes, l’assure : « S’il y a plein de gens contre, il doit bien y avoir une raison. La ZAD ? J’aime beaucoup cet aspect. Il y a plein de choses qui déconnent dans ce monde. On peut vivre autrement sans être dans une démarche capitaliste. C’est une lutte contre ce qu’on essaie de nous imposer. »

À Nantes, la coordination des tractages est en partie assurée par un couple de retraités, Ellen et Michel Berjon. Danoise de naissance, elle a travaillé comme bibliothécaire à l’université. Vendéen d’origine, il a enseigné en lycée agricole. Tous deux sont membres de longue date de l’Acipa. Dans la véranda de leur maison agrémentée d’un vaste jardin devenu potager, ils ont étendu une carte de la ville, morcelée en îlots de 5 000 habitants : les zones à ratisser par les militants. Dans les boîtes aux lettres, chacun est invité à glisser un tract et une bande dessinée explicative. Des cartons d’affiches « Non à l’aéroport » s’empilent derrière eux. Au total, une centaine de personnes sont mobilisées pour passer au peigne fin 55 îlots. « On a une sensibilité écolo depuis toujours, explique Ellen. On dit non à l’aéroport et à son monde : la fuite en avant, le toujours plus, il faudrait cinq planètes pour que tout le monde ait notre niveau de vie. C’est un ensemble : on est toujours à vélo, par exemple. Si on ne met pas ses idées en pratique, ça ne sert pas à grand-chose. » Récemment, ils ont pris l’avion pour aller à Copenhague : « Habituellement, on prenait le train de nuit mais la desserte a disparu. Ça faisait des années qu’on n’avait pas pris l’avion. » La ZAD ? « On y va mais assez peu. Il faut prendre la voiture. Ayant été jeunes en 68, on a de la sympathie pour ces jeunes qui ont envie de vivre autre chose. »


Dans le mouvement des antiaéroport, les Nantais se font rares. « C’est dur à Nantes, explique Ellen. Il y a une campagne d’intoxication sur le risque à cause du survol de la ville par les avions. Et il y a la question du bruit. » Mais pour Michel, « les zadistes portent un espoir pour nous. Dans cette catastrophe qui s’annonce, je les vois comme des expérimentateurs d’une autre manière de vivre. Ils arrivent à vivre et à faire la fête sans argent. Le “non-marché”, “à prix libre”, est un exemple pour les jeunes générations. Ils ne sont pas dans la consommation à fond ».
 

Parti contre l’aéroport à la fin des années 2000, le mouvement autour de Notre-Dame-des-Landes prend de plus en plus la forme d’une mobilisation pour la ZAD. Occupés depuis la fin 2008, les 1 600 hectares réservés par l’État pour y construire l’aérogare et sa plateforme sont devenus le symbole de la résistance aux « grands projets inutiles », comme le barrage de Sivens ou la ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin. Une utopie à ciel ouvert, à la périphérie de l’une des capitales françaises de la modernité urbanistique. Ses habitants ont popularisé un slogan : « Contre l’aéroport et son monde ».

Cette expression de révolte, comment le président des Ailes pour l’Ouest, la principale association en faveur de la construction du site, ancien concessionnaire automobile et ex-président de la chambre de commerce, la comprend-il ? « C’est contre l’économie, le développement économique, le voyage, la mobilité des personnes, répond Alain Mustière. C’est comme la ZAD. On met tout sous cloche et on ne fait rien. Ni route, ni chemin de fer. Aucun investissement. » Et que pense-t-il de ce qu’il se passe sur la « zone à défendre », sans doute le plus grand squat d’Europe ? « Je vois des gens qui vivent entre eux. Ils occupent des terrains qui ne leur appartiennent pas. C’est leur droit. Dans toutes les générations, on a vu des gens qui voulaient vivre en marge de la société. Mais la ZAD, c’est aussi la violence. La ZAD est le bras armé des gens opposés à l’aéroport. »

Oui contre non : la bataille est frontale et le compromis impossible. L’issue du scrutin dépendra de la capacité de mobilisation de chaque camp. D’après les animateurs de la campagne téléphonique du non, le poids des indécis semble important et pourrait annoncer une faible participation. C’est le paradoxe de cette controverse à la fois technique et politique : partisans et opposants au projet d’aéroport sont si convaincus de leur fait que cette polarisation laisse peu d’espace à celles et ceux qui ne se sont pas encore fait leur opinion.

Jade Lindgaard- Médiapart


Jeudi 23 juin


On peut lire sur le net : Notre-Dame-des-Landes : « Si le non l’emporte, le projet sera abandonné », assure Valls, tout en déclarant que « Quel que soit le résultat, les personnes qui occupent illégalement des propriétés devront partir » à lire la suite et voire les vidéos sur : 

Reçu : Bonsoir, J’ai réalisé une petite vidéo animalière à NDDL pendant le printemps, et j’aimerai la montrer le plus possible avant le référendum (en espérant faire changer d’avis quelques personnes qui pensaient voter oui à l’aéroport).
Est-il possible pour vous de la partager ? Je vous remercie ! Et à très vite sur le terrain !
https://youtu.be/stEBEaD6_LI
Consultation sur Notre-Dame-des-Landes : les derniers jours d’une campagne acharnée

Dimanche 26 juin, les électeurs de la Loire-Atlantique sont invités à se prononcer pour ou contre « le transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique à Notre-Dame-des-Landes ». Opposants et partisans s’organisent, partout en France, pour mener campagne en dépit des critiques qui pleuvent sur le bienfondé de la consultation.

 Paris et Nantes, correspondance

C’est le paradoxe d’une consultation que personne ne souhaite, mais que chacun veut gagner. Encore une fois, il faut défendre ses arguments, mobiliser, par-delà la fatigue, son propre camp.

Julien Bayou, porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), est instigateur, avec Flore Blondel, d’une campagne téléphonique pour le non. Soutenue par EELV, le WWF, Greenpeace, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et France nature environnement (FNE), l’initiative a permis à des volontaires de toute la France, pendant un mois, d’appeler des habitants de Loire-Atlantique pour les encourager à aller voter le 26 juin. Seuls les inscrits sur les listes électorales du département sont en effet autorisés à voter. « On ne cherche pas à convaincre ceux qui sont pour le projet. On cherche avant tout à mobiliser les personnes persuadées de l’inutilité de l’aéroport », explique Flore. « Si on arrive à l’emporter, ce sera un signal fort. L’État sera obligé d’en prendre compte pour la suite », estime-t-elle. Plus de 80 personnes ont participé à l’action, et plus de 7.000 appels ont été effectués.


Campagne téléphonique en faveur du non, à Paris.

Autre terrain de bataille : les sondages. « La Bretagne et les Pays de la Loire sont directement concernés par ce projet, notamment parce qu’ils participent à son financement », ajoute Julien Bayou. Le choix du périmètre du scrutin, limité à la Loire-Atlantique, est très critiqué, car il influencerait son issue. Selon un sondage national commandé par FNE et publié mercredi 22 juin, 60 % des personnes interrogées seraient opposées au projet d’aéroport [1]. « Plus on s’éloigne de la Loire-Atlantique, plus on s’aperçoit que les défenseurs du projet sont moins nombreux. Nous sommes persuadés que le gouvernement savait qu’une consultation à une plus grande échelle, même au niveau régional, donnerait moins de chance au projet », analyse Denez L’Hostis, le président de FNE. Un sondage donnait en mars 58 % des personnes interrogées en Loire-Atlantique en faveur du projet. Le Conseil d’État a rejeté, lundi 20 juin, les recours demandant l’annulation de la consultation.

    Sur le terrain, la bataille des affiches 

Une consultation citoyenne en ligne doit également permettre à tous de s’exprimer, au-delà des limites du département. Organisée par l’ONG Agir pour l’environnement avec l’Acipa, la principale association opposée projet, l’Adeca (les paysans) et le Cédpa (les élus), son résultat est attendu pour samedi. « Le projet nous a été présenté comme l’aéroport du “Grand Ouest”, de portée internationale. La délimitation de la consultation est paradoxale par rapport au discours de l’État », note Stéphane Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement.

Sur le terrain, c’est la bataille des affiches. Du moins, là où cela est possible : aucun espace officiel ni financement public n’est prévu pour cette campagne. Les panneaux d’affichage libre de l’agglomération nantaise sont donc très convoités, aussi bien par les organisateurs de concert que par les militants des deux bords. Des organisations anarchistes et des partisans du projet utilisent aussi les palissades qui recouvrent les banques du centre de Nantes depuis le début du mouvement de contestation de la loi El Khomri. Des affiches du département et de la région sont aussi présentes sur certains abribus et « sucettes » publicitaires pour inciter les électeurs à voter, sans donner de consigne (la loi le leur interdit).

Du côté du non, l’Acipa mène de front un important travail d’information, fondé sur ses propres expertises et sur celles de l’Atelier citoyen, et une campagne citoyenne. Des réunions publiques sont organisées, depuis le mois de mai, quasi quotidiennement.



Les militants ont distribué 440.000 tracts dans tout le département. « On veut surtout démontrer notre motivation. Il y a encore beaucoup de gens à convaincre », explique Agnès Belaud, de l’Acipa. Plus de 500 personnes ont participé à ces opérations de sensibilisation.

« Beaucoup n’ont pas été informés des alternatives au projet. L’idée de la rénovation de l’aéroport existant — ce que les experts officiels de Ségolène Royal ont d’ailleurs jugé plus approprié — suscite une forte adhésion », explique Geneviève Coiffard-Grosdoy, représentante d’Attac 44 et coordinatrice du dossier pour Attac France. Elle affirme avoir vu des gens changer d’avis quand ils se sont penchés sur le dossier. « Quand on se pose des questions, on s’intéresse aux arguments. Et à ce niveau-là, nous n’avons rien à craindre », affirme-t-elle.

    Coups d’éclat 


Sur le plan politique, EELV, le Parti de gauche, le Modem et le Front national, soutiennent le non. En revanche, le Parti socialiste milite, avec le parti Les Républicains, en faveur du oui. Et le Parti communiste s’est aussi décidé pour le projet d’aéroport, démentant ses velléités écologiques. Aymeric Seassau, secrétaire départemental du PCF et adjoint au maire de Nantes, précise que « le oui a remporté 92 % des votes lors du dernier congrès départemental du PCF. Nous ne sommes pas contre ce référendum car nous estimons normal que les premiers concernés par le projet soient les premiers à s’exprimer ». Paradoxalement, il estime que la décision aurait dû appartenir à l’État. Mais dans la campagne, l’implication des partis politiques, pour ou contre, reste très discrète.

Campagne en faveur du oui sur Twitter.

Des Ailes pour l’Ouest, la principale association favorable au projet, s’appuie davantage sur ses réseaux institutionnels et sur les réseaux sociaux que sur la rue, qu’elle ne maîtrise pas. Outre des affiches antizadistes, quelques réunions publiques ont aussi été organisées à son initiative. L’essentiel de sa visibilité repose sur la presse locale et la communication des élus. Ce qui n’en est pas moins efficace, et qui n’empêche en rien les coups d’éclat. Ainsi, le 21 juin, lors de la fête de la musique, le logo Des Ailes pour l’Ouest était projeté sur la tour de Bretagne, dans le centre-ville de Nantes. À peu près au même moment, le logo de l’Acipa apparaissait sur le château des Ducs de Bretagne.


Le logo de l’Acipa sur le château des ducs de Bretagne, à Nantes.


« Le fond de l’affaire de Notre-Dame-des-Landes, c’est des gens qui veulent se faire du pognon »



Ce dimanche 26 juin doit se tenir, en Loire-Atlantique, la consultation sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Pourtant, ce processus, en apparence respectueux de la parole des citoyens, n’est mis en place que pour les manipuler, explique Françoise Verchère à Reporterre.

Françoise Verchère a été maire de Bouguenais — une ville proche de Nantes — entre 1993 et 2007. Elle est porte-parole du Cédpa (Collectif des élus doutant de la pertinence du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes). Elle vient de publier Notre-Dame-des-Landes, la fabrication d’un mensonge d’État aux éditions Tim Buctu.




Reporterre — Es-tu désabusée par ces processus de débats publics et de commissions d’expertise, formellement démocratiques mais qui masquent des décisions déjà prises ? 

Françoise Verchère — Désabusée, oui, sans doute. Quand j’étais maire de Bouguenais, j’ai pratiqué ces procédures. Naïvement, je pensais qu’on faisait quelque chose de bien. On avait une haute opinion de l’intérêt général. Mais je n’avais pas vu les éventuels travers. En revanche, je me souviens d’avoir fait machine arrière en revenant sur une décision publique, d’ailleurs sans pression populaire ni contestation. On avait acheté les terrains pour bétonner un espace et on a failli céder à la demande des grandes surfaces, Ikea, Leclerc... La déclaration d’utilité publique était faite, les expropriations aussi.


Tout change avec l’expérience de Notre-Dame-des-Landes : dans ton livre, tu écris « tromperie sur la marchandise »… 
 
Oui. Là, j’ai pu décortiquer ces processus, d’abord la Commission du débat public en 2003 puis les commissions mises en place par Jean Marc Ayrault en 2013 [après l’échec des expulsions lors de l’opération César]. A ce moment, j’y croyais encore. La désillusion est arrivée en travaillant avec la commission présidée par Alain Richard [1], qui a produit un fort travail d’analyse dans le but de rénover les débats publics, pour finir par une ordonnance décidant de la consultation à Notre-Dame-des-Landes. La rénovation par ordonnance du débat public montre que c’est une démocratie de façade...

Est-ce spécifique à Notre-Dame-des-Landes ?
Il y a un autre exemple avec la déclaration d’utilité publique pour la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, qui a passé outre les avis négatifs de la commission d’enquête en mars 2015 et de la Cour des comptes en octobre 2014. Ce désaveu mène forcément à une impasse, avec des gens révoltés et une mobilisation de la population.

Tout est fait pour aboutir au projet décidé à l’avance. Le débat ne porte que sur les modalités de réalisation du projet, surtout pas sur le fait d’en questionner l’utilité. L’illusion démocratique ne s’attache de fait qu’à des petites décisions marginales, l’emplacement d’un équipement modifié de 3 centimètres ou la couleur de la peinture. Sur la méthode des compensations des dégâts sur l’environnement proposée à Notre-Dame-des-Landes, l’avis défavorable de la commission scientifique nommée par le Premier ministre a abouti à quoi ? À rien. Cet avis, on s’en fout... J’ai déjà connu ça, avec un certain traité constitutionnel européen... Ou quand le Giec [Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat] dit quelque chose sur le climat, ce qui n’empêche pas de continuer comme avant, comme si de rien n’était...


Les discours des porteurs de projet et du pouvoir invoquent pourtant l’État de droit et le respect de la légalité. Le maître mot de leur communication, c’est : « Toutes les procédures ont été respectées. »

Pour que l’État de droit soit respecté, il faut qu’il soit respectable. Or, l’État a une lourde responsabilité dans l’hypocrisie en truquant la vérité des procédures. Il vaudrait mieux qu’on nous dise : « On va faire ça, on va réaliser cet équipement, ce projet, et il n’y a pas à discuter. » Cela aurait au moins le mérite de la clarté.

« L’État ne comprend que le rapport de force », à Nantes, en janvier 2016.
Quel piège ces procédures de débat tendent-elles ?
 
Il est très compliqué de dire d’emblée : « Je ne joue pas le jeu. » Une partie de l’opinion publique ne comprend pas qu’on ne veuille pas donner notre avis alors qu’on nous le demande. Si on n’obéit pas et qu’on ne participe pas, on sera taxé d’opposant systématique, ou accusé d’encourager le fait que chacun puisse faire ce qu’il veut, en ne suivant que des intérêts particuliers.

Fille d’une institutrice et d’un ouvrier de la sidérurgie, j’ai été élevée dans le respect de l’ordre, de la règle et du travail. Culturellement, je suis plutôt une obéissante. Mais je fais un cheminement. À vingt ans, j’étais plutôt du côté de Créon, qui applique la loi presque aveuglément. À soixante, mon modèle c’est plutôt Antigone, qui refuse et s’oppose. Après avoir passé toute ma vie d’enseignante et d’élue à rechercher l’intérêt général, je suis aujourd’hui révoltée comme jamais je ne l’ai été.

Et pourtant, dans un premier temps, tu as cru à la capacité de te faire entendre…

Oui, j’ai fait partie des crédules, j’ai pensé que les règles du jeu étaient honnêtes, avant de me rendre compte que les dés sont totalement pipés. Mes amis zadistes me chambrent gentiment en me disant : « Françoise, t’es mignonne, mais qu’est-ce que t’as obtenu avec toutes tes lettres ? »
 

Et quand on joue le jeu, quel est le piège ? 
 

Au départ, on croit que la procédure a des défauts et qu’il suffira de les signaler pour qu’ils soient corrigés, de bonne foi. Mais rien n’est corrigé parce que ce n’est pas fait pour ça. Quand on produit une contre-expertise, comme sur l’étude des coûts/bénéfices confiée au cabinet néerlandais CE Delft, on nous rétorque que nos experts ne sont pas les bons, ou n’ont pas été payés assez cher et donc que ces éléments n’ont aucune validité. Et l’État n’en tient aucun compte.

Dernièrement, je suis allée rencontrer Christian Leyrit, le président de la Commission nationale du débat public, chargé d’établir une présentation synthétique du projet de Notre-Dame-des-Landes avant la consultation du 26 juin. Je lui ai dit qu’il n’allait pas donner crédit à la thèse comme quoi l’actuel aéroport souffre du survol des avions au-dessus des oiseaux de la réserve naturelle du lac de Grand-Lieu. Que tous les scientifiques sont d’accord pour dire que c’est le contraire, que les avions passent haut et ne gênent pas les oiseaux, et que l’urbanisation qui serait induite par le transfert de l’aéroport menacerait bien plus la réserve naturelle. Et qu’est-ce que ça a donné dans son rapport ? Il a repris cette prétendue menace avec en commentaire : « Selon certains naturalistes, le survol du lac ne pose pas de problème. » Ça me rend folle de voir utiliser des arguments qui n’en sont pas.


La manipulation ne serait donc pas une bavure, mais l’esprit même de ces consultations ? 
 
La démocratie participative est un alibi. En réalité, le pouvoir ne se partage pas. C’est aussi simple que ça. Au-delà des batailles de chiffres, qui risquent de noyer le poisson, le fond de l’affaire, c’est quoi ? Rien à voir avec des notions d’intérêt général ou d’utilité publique qu’on met en avant. C’est juste l’histoire de gens qui veulent se faire du pognon. Mais l’adversaire se drape dans les mots en se réappropriant ceux de ses opposants. Il nous parle d’aéroport haute qualité environnementale, de transition énergétique ou de bien-être des habitants. Ce genre de retournement a le don de me rendre dingue.


Et cette consultation sortie du chapeau de Manuel Valls, c’est dans la même veine ? 
 
C’est une réponse de Valls à Ségolène Royal, qui prônait une remise à plat du dossier en demandant deux études indépendantes, sur l’exposition au bruit des alentours et sur une comparaison des coûts entre le maintien et le réaménagement de l’actuel aéroport et la construction à Notre-Dame-des-Landes. Si ces études sont menées, elles vont dynamiter les données fournies par la Direction générale de l’aviation civile pour légitimer Notre-Dame-des-Landes. La consultation, c’est l’entourloupe qui arrive pile pour court-circuiter ces études.

Ta dénonciation de ces consultations factices ne porte-t-elle pas le risque d’être interprétée comme un refus des formes démocratiques ?
Au fond, je continue à penser que ça devrait fonctionner. Que les défauts constatés doivent conduire à une analyse rationnelle et qu’on doit trouver des solutions pour les éviter. Mais j’ai de sérieux doutes. J’ai été jacobine en croyant aux vertus de l’égalité, le même enseignement partout dans toute la France, les mêmes droits. J’ai cru au pouvoir régulateur de l’État. Mais je me rends compte qu’on a les deux défauts à la fois, celui du roi et celui des vassaux. Le technocratisme centralisé et la féodalité. Ce qui donne, dans cette région [Pays de la Loire], une féodalité des réseaux d’élus qui doivent tout à Jean-Marc Ayrault. En gros, il est temps de refaire la révolution...

Entretien avec Françoise Verchère - Propos recueillis par Nicolas de La Casinière -  
Reporterre



Notre-Dame-des-Landes, la fabrication d’un mensonge d’État, par Françoise Verchère, éditions Tim Buctu, 130 p., 10 €.


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Vendredi 24 juin

Un nouvel aéroport: des effets contestés sur l'emploi


Les partisans du nouvel aéroport promettent des milliers de créations d’emplois. Ces projections sont contredites par la réalité des chantiers de BTP et les gains de productivité du concessionnaire Vinci.

La construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes pourrait-elle créer des emplois ? C’est l’un des sujets de la campagne qui s’achève en Loire-Atlantique avec la consultation, ce dimanche 26 juin, de ses plus de 900 000 électeurs : « Êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? 

 
Autour de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, une zone d’activité s’est développée : le domaine d’activité aéroportuaire (dite « D2A »). Au total, le site fournit 2 160 emplois – soit 1 840 équivalents temps plein : employés de compagnies aériennes, sécurité, hôtellerie, commerce, douanes, gestion de la plateforme, fret… Selon la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nantes-Saint-Nazaire, qui possède 15 % du capital d’Aéroport du Grand Ouest (AGO), concessionnaire du projet, ces 2 000 emplois seraient transférés à Notre-Dame-des-Landes. Les partisans du projet prévoient trois sources de création d’emplois : le chantier, l’activité générée par la future hausse du trafic aérien, l’installation d’entreprises sur le site délaissé par l’actuel aérogare. 
 
  • Construction du site à Notre-Dame-des-Landes

Selon l’association des Ailes pour l’Ouest, qui milite pour le nouvel aéroport, sa construction représente 5,4 millions d’heures de travail et 3 500 emplois nouveaux. Vinci, pour sa part, annonce 3 000 emplois créés. Mais ce chiffre semble très élevé si on le compare aux deux plus grands chantiers de BTP en cours en France, analysés par la socioéconomiste Jacqueline Lorthiois : l’EPR de Flamanville (300 000 m3 de béton, 40 000 tonnes d’acier et de béton armé) employait 3 200 ouvriers en 2011 (dont un millier d’étrangers) et la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux (350 km de voies, 19 viaducs, 50 millions de m3 de déblais) fait appel de son côté à 4 500 employés directs, dont 3 200 fournis par Vinci. Si bien qu’en réalité, seuls 1 300 emplois directs ont été créés le long du parcours. Pour les opposants au transfert, le chantier de Notre-Dame-des-Landes ne créerait pas plus de 700 emplois temporaires pendant quatre ans, correspondant à 4,5 millions d’heures de travail. Ces emplois disparaissent une fois le chantier terminé.

  • Emplois créés par la hausse du trafic

Pour les porteurs du projet d’aéroport, 800 à 1 000 emplois seraient créés par million de passagers supplémentaires à Notre-Dame-des-Landes, destiné à accueillir beaucoup plus de trafic d’ici 2050, selon la direction générale de l’aviation civile. Au total, 2 500 emplois seraient ainsi créés d’ici 2020 pour 5 millions de passagers et près de 1 000 emplois supplémentaires à horizon 2025 par rapport à 2012. 

Ces chiffres proviennent de l’étude des aéroports internationaux qui servent notamment au transit des passagers. Ce ne serait pas le cas du nouvel aéroport nantais. À Nantes-Atlantique aujourd’hui, on décompte 550 emplois (équivalents temps plein) par million de passagers, analyse l’Atelier citoyen, regroupant des experts opposés au projet. Surtout, le nouvel aérogare est conçu pour fonctionner avec moins d’emplois. Il comportera moins de passerelles d’embarquement, moins de guichets d’enregistrement…, décrit l’Atelier citoyen. Dans l’étude financière de Vinci, on voit que la part des dépenses salariales dans le chiffre d’affaires baisse de 19 % entre 2011 et 2017 (à Nantes-Atlantique) à 11 % entre 2018 et 2065 à Notre-Dame-des-Landes. Les frais de personnel par million de passagers sont estimés à 2,3 millions en 2011 et 1,5 million en 2030. La création d’emplois par million de passagers pourrait passer de 510 à 340. « C’est le reflet de l’impact d’un aéroport plus moderne, qui a besoin de moins de personnel pour le faire fonctionner », explique Jean-Marie Ravier, membre de l’Atelier citoyen.


Autre risque pour l’emploi : la taxe d’aéroport. Elle pourrait être élevée à Notre-Dame-des-Landes, pour rembourser les dépenses de construction. C’est exactement ce que veulent éviter les compagnies low cost, qui fuient les aérogares plus taxées que les autres afin de maintenir leurs prix de billets bas. Or ce sont ces compagnies qui créent l’activité sur l’actuel aéroport, avec 43 % du trafic en 2014. « Avec la construction de Notre-Dame-des-Landes, le concessionnaire sera confronté au poids énorme de la dette, plusieurs centaines de millions d’euros, qui l’obligera à fortement augmenter la taxe aéroportuaire. Quelle sera l’attitude des compagnies low cost ? Il y a un grand risque qu’elles réduisent leur trafic avec Notre-Dame-des-Landes », explique Yves Gonnord, ancien PDG du groupe Fleury Michon et figure du capitalisme vendéen, dans une tribune expliquant son opposition au projet d’aérogare.

  • Emplois sur le site délaissé par l’aérogare

Pour les partisans de l’aéroport, c’est le plus grand réservoir de création d’emplois : les 80 hectares « libérés » par la fermeture de l’actuel aéroport permettraient de doubler le nombre d’emplois sur le site, soit 5 000 nouveaux emplois industriels et 1 000 nouveaux emplois de chercheurs dans les nouveaux matériaux et l’aéronautique, selon les estimations de la CCI. Pour Dominique Duclos, conseilleur municipal (PS) de Bouguenais, la commune de l’actuel aéroport, « au départ, j’étais contre le transfert, c’est le sujet de l’emploi qui m’a fait changer d’avis. On a besoin de foncier pour les entreprises, plutôt que de le bloquer avec des zones de parking, qui créent très peu d’emplois, comme c’est actuellement le cas. C’est une politique de grappe ». En novembre 2014, Christophe Clergeau, alors premier vice-président (PS) de la région Pays de la Loire, avait annoncé l’implantation à Bouguenais du siège mondial de General Electric pour les énergies marines. En réalité, suite à sa fusion avec Alstom, le groupe exploite un centre de recherche et de développement à Nantes, qui pourrait à terme employer jusqu’à 350 salariés. Contacté par Mediapart, General Electric dit aujourd’hui ne posséder que des bureaux en centre-ville de Nantes et n’avoir aucun projet d’installation sur la zone d’activité de l’actuel aéroport.

Le plus gros employeur du secteur est Airbus, qui emploie environ 2 000 personnes dans son usine de fabrication de structures centrales des avions. Le groupe utilise l’actuel aéroport pour faire le transport de ses pièces et souhaite continuer à en utiliser la piste, même en cas de fermeture du site. C’est la raison pour laquelle les opposants considèrent que s’il est construit, l’équipement de Notre-Dame-des-Landes ne sera pas un transfert mais bien une construction supplémentaire. Selon l’Atelier citoyen : « Le départ de l’aéroport pourrait être une opportunité à première vue pour dégager des espaces très importants qui permettraient à des entreprises de s’installer. Mais cette idée est erronée puisque la piste, qui restera pour Airbus, ne permet pas de construire à proximité de celle-ci. En revanche, la zone D2A est essentiellement constituée de parkings. Elle pourrait facilement être densifiée pour accueillir plus d’entreprises. » Autour d’Airbus se sont installés plusieurs entreprises et centres de recherche : Daher (équipementier aéronautique), Technocampus, l’institut de recherche technologique Jules-Verne.

La construction du nouvel aéroport mettrait fin aux activités agricoles qui se sont développées depuis 40 ans sur l’espace réservé à l’époque pour l’aéroport, la zone d’aménagement différé, ce qui pourrait détruire en cinq ans 500 emplois, selon l’Atelier citoyen.

Que vont devenir les salariés de l’actuelle zone d’activité aéroportuaire ? Pour la CGT AGO : « Nous sommes complètement oubliés dans le débat. Personne ne nous a posé la question du transfert », alors que 70 % d’entre eux résident dans le sud de la Loire (selon le plan de déplacement de l’aéroport), donc loin du site de Notre-Dame-des-Landes, non desservi par les transports en commun. Depuis la reprise de l’actuel aéroport par Vinci Airports, dans le cadre de la concession de Notre-Dame-des-Landes, « nos conditions de travail se dégradent, selon le syndicat. Les low costs se développent, il faut travailler deux fois plus vite. Il y a beaucoup de turn over ». Le syndicat s’est prononcé pour le maintien de l’aéroport à Nantes-Atlantique.

Jade Lindgaard - Médiapart


Samedi 25 juin

Notre-Dame-des-Landes est un site écologique unique.





Ce court documentaire présente les spécificités de la biodiversité exceptionnelle de la zone humide de Notre-Dame-des-Landes à travers les témoignages de plusieurs opposants. De splendides images accompagnent cet argumentaire environnemental en faveur de la préservation du site.

Pourquoi est-il est important de défendre la zone humide de Notre-Dame-des-Landes ? Pourquoi depuis des années, des militants luttent pour sa préservation ? Ce court documentaire met en lumière les spécificités de la biodiversité exceptionnelle du site. Les arguments écologiques brandis par les partisans de l’aéroport sont spécieux. Il suffit de s’intéresser à la biodiversité du site et à la vie qui y grouille pour se rendre compte du désastre écologique que représenterait la destruction de la zone humide, qui, contrairement à une infrastructure, est irréversible.


Une petite fenêtre sur le bocage à l’occasion du referendum : Zone humide à défendre, réalisé par Léo Leibovici, association Yemanja, 9’1’’:

Le documentaire a été réalisé par Léo Leibovici et produit par Lizzie Brocheré en partenariat avec l’Association Yemanja (regroupement de créateurs, producteurs et diffuseurs de projets visant à promouvoir la sauvegarde de l’environnement)
Léo Leibovici, réalisateur de documentaires animaliers et environnementaux, a débuté ce film courant mars 2016. Comme pour beaucoup de ses tournages, patience et persévérance sont de mise. Au total, des mois de travail sur la zone à défendre (ZAD). Pourtant, il n’a filmé qu’une infime partie des espèces présentes. « J’aimerais continuer à y travailler, il y a largement de quoi tourner un documentaire animalier de 90 minutes. J’ai vraiment du mal à comprendre pourquoi on s’obstine à vouloir installer cet aéroport, compte tenu de la perte environnementale que cela occasionnerait ».

Habitué à réaliser des films engagés, Léo compte poursuivre sa collaboration avec les zadistes et les Naturalistes en lutte afin de diffuser « une prise de conscience qui touche la corde sensible grâce à l’image. La lutte des zadistes est complémentaire du travail minutieux de recherche des naturalistes en lutte. Les images sont un vecteur de sensibilisation qui apporte une meilleure compréhension de leurs actions et permettent une visualisation authentique de ce qu’est la zone. »


 
Dimanche 26 juin

Un vote local pour une bataille d’intérêt général


La Loire-Atlantique vote ce dimanche pour ou contre le projet controversé d’aéroport. Mais l’enjeu du scrutin n’est pas local ; la question ne concerne pas qu’un problème d’aéroport et ne se limite pas à un sujet d’environnement. C’est une bataille qui concerne tous les citoyens.

Dimanche 26 juin, les électeurs de Loire-Atlantique (967 500 personnes inscrites sur les listes électorales) sont appelés à dire oui ou non au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. C’est la première fois en France que des citoyens peuvent se prononcer sur un projet d’infrastructure affectant l’environnement, alors même que l’État l’a déclaré d’utilité publique. 

Cette consultation historique présente bien des défauts. Son périmètre est trop restreint et prive de parole les habitants des collectivités locales qui doivent le payer. La question (« Êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? ») est trop simpliste et ne propose pas d’alternative. L’information du public fut insuffisante – combien coûterait l’abandon du projet ? Comment l’État peut-il prétendre qu’améliorer l’actuel aéroport coûte plus cher qu’en construire un nouveau ? – et partiale.

Mais ce référendum light, sans pouvoir de décision, est plus important que sa faible visibilité nationale peut le laisser croire. En réalité, l’enjeu du scrutin n’est pas local ; la question ne concerne pas qu’un problème d’aéroport et ne se limite pas à un sujet d’environnement. C’est une bataille d’intérêt général.

Elle pose une question essentielle mais totalement absente du monde politique traditionnel : quel rapport construisons-nous avec notre milieu de vie ? Habiter un territoire, est-ce le soumettre aux règles de l’utilité économique ou respecter ses fonctions naturelles (libre circulation de l’eau et des espèces qui y vivent, absorption de CO2, résilience des sols face aux risques d’inondation…) ? Quel air souhaitons-nous respirer, quelle eau voulons-nous boire ? Quand cesserons-nous de considérer les prairies, les forêts et les champs comme des espaces vides et sans valeur ?

Chaque année, le développement de projets d’activité commerciale, d’infrastructures de transport et de logements détruit entre 50 000 et 100 000 hectares de terres et d’espaces agricoles en France. Les sols artificialisés, c’est-à-dire qui ont perdu leur état naturel, recouvrent 9,3 % du territoire (en métropole). Ils ont augmenté de près de 70 % en 30 ans, soit beaucoup plus vite que la population. L’équivalent d’un département disparaît tous les dix ans sous le béton. Plus d’un hectare sur deux est consommé par l’habitat individuel.

Cette destruction du territoire est aussi une bombe climatique. Le bétonnage du territoire français émet chaque année 100 millions de tonnes de CO2. Cela représente 20 % de toutes les émissions de gaz carbonique du pays. C’est gigantesque. C’est presque autant que tous les rejets annuels des transports en France.

Le mouvement de Notre-Dame-des-Landes est peut-être l’un des premiers véritables mouvements sociaux contre les dérèglements climatiques dans notre pays, après la mobilisation contre les gaz de schiste. Il alerte sur la catastrophe que représente la destruction irréversible de terres protégées depuis 40 ans des impacts de l’agriculture productiviste.  

Qui décide de l’usage des territoires, et au service de quels intérêts ? Les préfets sont les autorités décisionnaires de l’aménagement du pays et le relais du soutien politique à ces projets. Ils signent les avis des autorités environnementales et délivrent les autorisations de travaux. L’État est juge et partie dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes et a été pris en flagrant délit de connivence : Bernard Hagelsteen, ancien préfet de Loire-Atlantique et de la région Pays de la Loire de 2007 à 2009, travaille aujourd’hui pour Vinci. Loïc Rocard, conseiller de Manuel Valls pour l’énergie et le transport, a été directeur des projets lignes à grande vitesse de Vinci. Nicolas Notebaert, directeur de Vinci Concessions, récemment promu membre du comité exécutif de Vinci, fut membre du cabinet de Jean-Claude Gayssot, ministre communiste de Lionel Jospin, qui relança le projet de Notre-Dame-des-Landes.

Selon André Vallini, secrétaire d’État à la réforme territoriale, « pour que la France reste la France, nous devons continuer à construire des aéroports, des barrages, des autoroutes, des lignes de TGV, des équipements de tourisme ». Intérêts des grands groupes de BTP et identité nationale se confondent pour le gouvernement. Tout est bouclé et tout se tient.

Mais ce système de décision date d’un autre temps. À l’heure du dérèglement climatique, toute nouvelle source importante de gaz à effet de serre réchauffe la planète de tous. On ne peut plus viser le rayonnement d’une région sans lien avec le reste du monde. Le bouleversement du système du climat, l’appauvrissement de la biodiversité, les pollutions massives des sols et de l’eau obligent à repenser les besoins de notre société.

Pour les exécutifs locaux des Pays de la Loire, leur région a davantage besoin d’un nouvel aéroport que de 1 600 hectares de zone humide. Mais pour les dizaines de pilotes, architectes, comptables, naturalistes, historiens, agriculteurs qui ont nourri une contre-expertise incroyablement riche, c’est l’arbitrage inverse qui correspond à la réalité du monde actuel. Ils peinent à être pris au sérieux par les décideurs, qui de leur côté, ne rendent pas publics tous leurs modes de calcul. L’administration prétend détenir le monopole de la légitimité de l’expertise. C’est contestable sur le fond et cela porte atteinte au fonctionnement démocratique.

La lutte contre l’aéroport fabrique un imaginaire, champêtre et radical, incarné par ces cabanes juchées au sommet des arbres que les autorités ont voulu démolir à coup de pelleteuses dans la ZAD occupée par des opposants depuis 2009. « Contre l’aéroport et son monde », mais surtout, pour autre chose : la vie à la campagne, loin de la course au profit et de l’enfer du marché du travail, sans chef, sans loyer à débourser, mais en collectivité, en partageant ses ressources et ses savoirs.

Quand les occupants rebaptisent la ZAD en « zone d’autonomie définitive », c’est pour moitié un vœu pieux, mais pour moitié aussi, une réalité. Ils s’installent dans les champs et les forêts pour y vivre, quelques mois ou quelques années. Les « constructions illégales » que veut détruire la préfecture ne sont pas des fortifications d’opérette. Ce sont des chambres, une cuisine, une salle de réunion, un bar, une infirmerie, un studio de radio. Des gens s’y côtoient tous les jours, travaillent, se disputent, se découvrent, s’apprécient, s’entraident.

Notre-Dame-des-Landes: les drôles de lacunes « On ne prépare pas l’avenir en construisant des cabanes », avait déclaré en 2012 l’ancien président (socialiste) de la région des Pays de la Loire, Jacques Auxiette, grand défenseur du projet d’aéroport. Pourtant, à bien des égards, c’est un laboratoire des idées de la gauche qui s’élabore dans le fourmillement du plus grand squat à ciel ouvert d'Europe. Quels horizons d’émancipation dans un monde sans croissance où la plupart des responsables politiques, même progressistes, semblent si dépendants des marchés financiers ? La dévalorisation du matérialisme et du consumérisme, l’autonomie, le « faire soi-même », le ralentissement du rythme de vie. La démocratie délibérative et l’action directe. Le refus du rapport d’autorité. L’hospitalité et la convivialité. La dépersonnalisation du pouvoir, même symbolique, que pratiquent les porte-parole des occupants qui choisissent de tous se faire appeler « Camille », nom transgenre, pour piéger le star system.

Pour toutes ces raisons, la bataille pour ou contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dépasse l’échelle locale et le dossier technique. Elle nous concerne tous, citoyens désireux d’agir en sujets politiques pour une société où les besoins particuliers des uns ne comptent pas davantage que la protection des intérêts de tous.

Jade Lindgaard - Médiapart


Dimanche 26 juin


  la déclaration commune du mouvement anti-aéroport lue à la Vache Rit
ce dimanche soir suite aux résultats de la consultation.




« Comme l’avait démontré les différentes composantes du mouvement, le cadre, le processus et le contenu de cette consultation étaient fondamentalement biaisés. Celle-ci était basée sur une série de mensonges d’Etat et radicalement inéquitable. Il ne s’agissait pour nous que d’une étape dans la longue lutte pour un avenir sans aéroport à Notre Dame des Landes.


Cette lutte se poursuit dès ce soir. Nous savons que les attaques du gouvernement et des pro-aéroport vont se renforcer. De notre coté, nous n’allons pas cesser pour autant d’habiter, cultiver et protéger ce bocage. Il continuera à être défendu avec la plus grande énergie parce qu’il est porteur d’espoirs aujourd’hui indéracinables face à la destruction du vivant et à la marchandisation du monde. Nous appelons tous les soutiens et comités partout en France et au-delà à se mobiliser et à redoubler de vigilance dans les semaines et mois à venir. Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Nous appelons en ce sens, et dans un premier temps, à converger massivement à Notre Dame des Landes pour le rassemblement estival anti-aéroport, les 9 et 10 juillet"

►et rendez-vous demain (mardi 28 juin) à 20h30 à la Vache Rit pour une AG du mouvement extraordinaire 


sur la ZAD, parce que la lutte continue, contre l’aéroport et son monde, c’était un we de chantiers  :
 


des centaines de personnes se sont relayées sur une dizaine de chantier : ça a débroussaillé, jardiné, construit un hangar, des cabanes, un dôme, cuisiné, le tout au son de Radio Klaxon. Et après un passage à la Vache Rit, la soirée s’est poursuivie en musique comme la veille, au pied de la nouvelle (bientôt prête) salle de réunion : 

 * d’autres photos de ce we à voir ici

 
 * un reportage sur les différents chantiers du we





à Lyon, les ponts affichaient leur soutien dès vendredi soir :




Infos du 27 au 30 juin

Lundi 27 juin


►Soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes lundi 27 juin 2016, par Solidarité sans frontières
Partout dans un monde, que les entreprises financières et multinationales polluent et détruisent systématiquement, des mouvements de résistance apparaissent pour défendre ce qui subsiste de vie et de biodiversité contre la violence mafieuse du profit, contre la dictature de l’argent qui propage la barbarie, sans même avoir besoin, le plus souvent, de prétextes religieux ou idéologiques. suite du texte ici

Aujourd’hui, des tas de messages de soutien plein de détermination à continuer, et quelques articles et délires créatifs chouettes autour de ce week-end. Ça fait chaud au coeur !

Une lucarne -, sur les débuts du projet et l’argumentation qui n’a absolument pas changé en 40 ans. Et une conversation avec SylvieThébaud du Limimbout


Notre-Dame-des-Landes: un Oui teinté de Non


Avec plus de 55 % des votes, la majorité exprimée en faveur du projet d’aéroport est confortable mais des poches inattendues de résistance apparaissent. À l’issue de la consultation, deux camps irréconciliables se font face.

À peine une demi-heure après l’annonce par la préfecture de Loire-Atlantique de la victoire du « oui » à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avec 55,2 % des voix, Manuel Valls annonçait le commencement des travaux dès l’automne et l’évacuation prochaine des occupants de la ZAD : « Le gouvernement fera appliquer le verdict des urnes. Les travaux préparatoires à la réalisation du nouvel aéroport s’engageront dès l’automne prochain. » Quant aux « personnes qui occupent illégalement le site du nouvel aéroport », elles « devront partir d’ici le début des travaux. L’autorité de l’État et les lois de la République s’appliqueront à Notre-Dame-des-Landes comme partout ailleurs dans le pays ». Sur sa page Facebook, Johanna Rolland, la maire de Nantes, célébrait un « oui en clarté » : « La volonté démocratique qui vient de s’exprimer doit permettre la réalisation de ce transfert dans la sérénité, la sécurité et le respect de l’état de droit. L’État doit maintenant mener à bien ce projet essentiel pour l’accessibilité de l’Ouest, pour le développement économique et pour l'emploi. » Le président (LR) de la Région Pays-de-la-Loire, Bruno Retailleau, se réjouissait de « la victoire du civisme et du bon sens. Les habitants ont dit oui à l’emploi, ils ont aussi dit non aux casseurs de la ZAD. Ce soir, c’est la défaite de la violence et de la décroissance ». À ses yeux : « Les habitants ont eu la détermination que François Hollande a été incapable d’avoir. François Hollande n’a pas eu le courage de décider, qu’il ait au moins le courage d’agir. » 


Mais le scrutin révèle un paysage politique éclaté en Loire-Atlantique. Si la majorité des voix exprimées en faveur du projet est confortable, et la participation supérieure aux prévisions autour de 51 %, leur répartition géographique fait apparaître des poches inattendues de résistance au projet d’aéroport. À Nantes, bastion PS, dont l’ancien maire Jean-Marc Ayrault est l’un des plus fervents promoteurs du nouveau site aéroportuaire, le oui ne l’emporte qu’avec 100 voix d’avance (41 906 votes contre 41 806). C’est une grosse surprise et une gifle pour les socialistes qui n’ont cessé de justifier le projet au nom du développement de Nantes et du bien-être de ses habitants. À Rezé, importante commune PS (30 000 habitants), située sous le trajet des avions empruntant l’actuel aéroport de Nantes Atlantique, dont le maire Gérard Allard est aussi vice-président de Nantes Métropole chargé du développement économique des territoires, le non l’emporte avec plus de 53 % des voix. À La Chapelle-sur-Erdre (16 000 habitants), ville dirigée par Fabrice Roussel, premier fédéral du PS en Loire-Atlantique, le non gagne à plus de 51 %. À Bouguenais, commune qui accueille l’actuel aérogare et en subit les nuisances sonores, le oui l’emporte de justesse, avec 50,6 % des voix (À ce sujet, écouter l’analyse du politiste Goulven Boudic lors de notre live du 26 juin). En revanche à Saint-Aignan-de-Grandlieu, construite en bout de piste de l'aéroport de Nantes Atlantique, le oui est très largement majoritaire.


Sans surprise, les villages impactés par le projet d’aéroport ont voté massivement contre le projet : à 73,6 % à Notre-Dame-des-landes, à 60,3 % à Fay-de-Bretagne, à 66,6 % à Grandchamp-des-Fontaines, à 69,4 % à Vigneux-de-Bretagne. Ainsi, les habitants directement menacés par le projet le refusent, tandis qu’une partie de ceux qui sont dérangés par l’actuel  aérogare ne le rejettent pas. Au total, 268 981 personnes se déclarent favorables à la construction du nouveau site. Elles sont majoritaires. Mais 218 537 autres s’y refusent. Cela représente une forte minorité d’opposants. À l’issue de la consultation, deux camps irréconciliables se font face.




Dans ce contexte de polarisation politique, quelles pistes de sortie de crise ? La situation semble en partie bloquée. La ZAD, cette zone de 1 800 hectares réservée pour le chantier de l’aéroport il y a quarante ans et aujourd’hui occupée par 200 à 300 opposants, sera-t-elle évacuée de force ? Lundi matin, au lendemain du scrutin, Ségolène Royal a laissé entendre sur RTL que le gouvernement y travaille d’ores et déjà : « Ça a été promis par le premier ministre. Je pense que ceux qui ont voté oui l’attendent. Je crois que les discussions entre le premier ministre et le ministre de l’intérieur ont commencé pour savoir comment procéder ». 


La ministre de l’environnement a aussi déclaré qu’« il y a eu une consultation démocratique, maintenant la procédure doit se poursuivre », sans préciser de quoi elle parlait exactement : la construction de l’aéroport validé par la déclaration d’utilité publique en 2008 (avec deux pistes), celui de moindre envergure (une seule piste) qu’elle appelait de ses vœux au printemps, ou l’épuisement de la procédure de l’Union européenne contre la France (concernant le non-respect de la loi sur l’eau notamment). Elle a annoncé la publication d’une ordonnance sur la participation du public aux décisions qui ont un impact sur l'environnement, et son envoi au Conseil d’État. Il s’agit en réalité du texte adopté par le Conseil national de la transition écologique (CNTE) le 16 février dernier, organisant plus généralement l’accès à l’information du public et le débat en amont de la décision des projets d’aménagement. L’ordonnance créant spécifiquement la possibilité de consulter les citoyens sur les projets ayant un impact sur l’environnement a déjà été publiée – et fait l’objet de recours sur le fond devant le Conseil d’État par France nature environnement et Attac.

Les écologistes apparaissent divisés sur le sens à accorder au résultat de la consultation. Nicolas Hulot, dont la fondation a défendu le principe d’une consultation des électeurs mais sur un périmètre plus large que la seule Loire-Atlantique, a déclaré sur Europe 1 lundi midi : « On ne peut pas demander d’aller voter et après, si le résultat ne nous plaît pas, ne pas en tenir compte. Je prends acte. Je suis profondément attristé par ce que je vois, cette espèce de rouleau compresseur d’artificialisation des sols, de destruction de la biodiversité, ne s’arrête jamais » mais « en ce qui me concerne, je m’incline ».
 

Le député François de Rugy, ex-EELV, va dans le même sens : « Le oui majoritaire à l'échelle départementale est un fait politique qui ne peut être ignoré. Nous aurions préféré l'inverse, mais nul ne peut ignorer ce résultat qui, du point de vue de ses promoteurs, notamment l'État, ouvre la voie à la poursuite du projet d'aéroport. »

 

« Il faut que tout le monde reste très calme parce que j'ai entendu ce matin des déclarations très véhémentes sur le sujet et ce n'est pas par la violence qu'on règlera la situation, a déclaré de son côté Emmanuelle Cosse, ministre EELV du logement,
avant d’ajouter qu'il fallait que « les choses rentrent dans l'ordre au fur et à mesure » et qu’« en effet, il y a un moment où se posera la question du maintien des zadistes dans la zone ».  

 

Mais, pour Cécile Duflot, députée et potentielle future candidate à la présidentielle de 2017, « pour nous, ça ne change rien sur le fond » : « ce dispositif a été choisi pour aboutir à ce résultat. Ce n'est pas un aéroport pour les habitants de Loire-Atlantique. C'est un aéroport pour tout le grand Ouest. Les régions Bretagne et Pays de la Loire vont payer pour ce projet ». À la question « Est-ce que cet aéroport doit se faire ? » que lui a posée le journaliste Patrick Cohen sur France Inter lundi matin, elle a répondu : « Je pense que non. »



France nature environnement, l’une des ONG qui ont le plus travaillé sur les enjeux de la démocratie environnementale et qui portent le deuil de Rémi Fraisse, ce jeune homme tué par les gendarmes lors d’un rassemblement contre le barrage de Sivens fin 2014, considère qu’« étant donné le périmètre incohérent et la partialité de l'information délivrée par la CNDP et certaines collectivités pro-bétonnage à l’attention des citoyens, il est difficile d’affirmer que ce vote légitime un projet qui continue d’être rejeté sur le plan national ». Dans un sondage publié la semaine dernière, 60 % des personnes interrogées dans toute la France se prononçaient contre le projet d’aéroport. « Le bricolage du code de l’environnement engagé pour pouvoir organiser cette consultation est regrettable, mal pensé, médiocrement mis en œuvre et parfaitement néfaste pour la protection de la nature et de l'environnement, indispensable aux générations actuelles et futures », précise le réseau d’associations dans un communiqué. 


Tous les collectifs d’opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes s’étaient prononcés contre l’idée d’une consultation de type référendaire, par crainte qu’une question binaire n’aggrave la polarisation des opinions sans dégager de solution. Mais cette critique est bien difficile à faire entendre alors qu’ils ont accepté de faire campagne et n'ont pas choisi de la boycotter. Depuis la ZAD dimanche soir, le mouvement contre l’aéroport a publié une déclaration commune expliquant que « le cadre, le processus et le contenu de cette consultation étaient fondamentalement biaisés. Celle-ci était basée sur une série de mensonges d'État et radicalement inéquitable. Il ne s'agissait pour nous que d'une étape dans la longue lutte pour un avenir sans aéroport à Notre-Dame-des-Landes ». Ils annoncent : « De notre côté, nous n'allons pas cesser pour autant d'habiter, cultiver et protéger ce bocage. Il continuera à être défendu avec la plus grande énergie parce qu'il est porteur d'espoirs aujourd'hui indéracinables face à la destruction du vivant et à la marchandisation du monde. Nous appelons tous les soutiens et comités partout en France et au-delà à se mobiliser et à redoubler de vigilance dans les semaines et mois à venir. Il n'y aura pas d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. » Face à cette détermination militante, nul ne sait si le oui teinté de non à l’aéroport suffira au gouvernement pour justifier une évacuation de force de la ZAD, au risque de causer un ou plusieurs morts et de nombreux blessés. 
 
Jade Lindgaard - Médiapart


A la ZAD de Notre-Dame-des-Landes: «On va rester»

À la ZAD de Notre-Dame-des-Landes comme autour, la consultation départementale, qui a donné à plus de 55 % le « oui » au déplacement de l'aéroport, n'a que peu d'effet. Habitants des communes voisines et habitants de la zone à défendre restent déterminés. Ce week-end, une nouvelle structure est d'ailleurs sortie de terre, seul « refaire un dôme » ayant remporté tous les suffrages.

Notre-Dame-des-Landes, de notre envoyé spécial.-  À 20 h 30, dimanche 26 juin, le lieu appelé La Vache rit, à la ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes, se remplit peu à peu des habitants des villages environnants, à l’appel des zadistes et de l’Acipa, l’une des principales associations opposées à l’aéroport. On discute de la famille, du boulot, et évidemment de la consultation qui a eu lieu toute la journée dans le département de la Loire-Atlantique. Un écran situé au fond du hangar qui sert de salle des fêtes diffuse une télévision locale où des panneaux de résultats apparaissent régulièrement.

Les premières remontées des dépouillements donnent une victoire du « oui » au transfert de l’aéroport actuel de Nantes Atlantique vers la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Mais les résultats arrivent au compte-gouttes, si bien que la communication à destination des journalistes est reportée. 

Lorsqu’une commune s’affiche sur l’écran et que la majorité va au « non », elle est applaudie à tout rompre. En particulier lorsqu’il s’agit d’une commune voisine (lire ici l'analyse du scrutin par Jade Lindgaard). L’apparition sur l’écran de Bruno Retailleau, le chef de file des Républicains au Sénat et président du conseil régional des Pays de la Loire, fait bondir même les anciens de leur siège. Hué copieusement. Tout comme Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et soutien actif du nouvel aéroport, ou Manuel Valls, actuel premier ministre et surtout ministre de l’intérieur au moment de l’opération César, fin 2012, qui avait tenté, sans succès, d’évacuer la ZAD.

Combattives mais pas résignées, déçues mais pas étonnées. Les personnes présentes à La Vache rit font preuve de détermination quand on les interroge. Une dame juge « trop facile, ce référendum sur mesure ». Un monsieur explique qu’ils sont « fortiches », les politiques, « qui veulent refaire voter quand le résultat ne leur plaît pas, comme en 2005 ou maintenant avec le Brexit, mais qui par contre s’accrochent à un résultat qui va dans leur sens alors que là, pour le coup, ça ne représente pas grand-chose ».

Les mêmes arguments reviennent : le choix du périmètre de la consultation, le département, considéré comme plus favorable au oui, la question elle-même, les conditions de la campagne d’information. Vers 21 h 20, Dominique Fresneau, de l’Acipa, et Camille, une des habitantes de la ZAD, prennent la parole pour une courte allocution lue à deux voix. Ils y dénoncent « le cadre, le processus et le contenu de cette consultation », qui « étaient fondamentalement biaisés » car « basés sur une série de mensonges d’État et radicalement inéquitables ». Mais, rappellent-ils, « il ne s’agissait pour nous que d’une étape dans la longue lutte pour un avenir sans aéroport », et « cette lutte se poursuit dès ce soir ».

La salle entame un long « On va gagner, on va gagner ! » qui donne décidément à cette soirée électorale de défaite un goût de victoire. « Nous appelons tous les soutiens et comités partout en France à redoubler de vigilance dans les semaines et mois à venir », enchaînent les deux représentants. « Résistance, résistance ! » répond la foule de plus en plus enthousiaste. « Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes », concluent Dominique Fresneau et Camille. « On lâche rien, on lâche rien ! » chantent les habitants.

 
Les personnes présentes à La Vache rit entonnent un « Résistance, résistance ! » pendant la conférence de presse © Yann Levy

Fin du discours, les journalistes sont invités à faire leurs interviews à l’extérieur, le bar est sorti, les gobelets sérigraphiés « non à l'aéroport » sont distribués. 
Pour Julien Maillard, originaire des environs, « le résultat de ce soir ne va strictement rien changer ». Ce trentenaire est tout de même « agréablement surpris par les résultats dans les communes alentour ». Mais pour lui, le « foutage de gueule démocratique va continuer ». Un autre Camille, habitant de la ZAD, explique un peu plus tard : « Le premier ministre a dit que, quel que soit le résultat du référendum, ils veulent démonter la ZAD. Nous, on va continuer ce qui se construit ici. »

Cette première partie de soirée électorale touche à sa fin, mais une seconde a déjà commencé ailleurs sur la ZAD : au Gourbi. Plus qu’une soirée électorale, c’est plutôt une crémaillère, même si le chantier n’est pas totalement terminé. En pied de nez au référendum qui devait sceller dans un sens ou un autre l’avenir de la ZAD, ses habitants avaient en effet appelé tout le week-end à « refaire un dôme ».

Dès samedi après-midi, le dôme proprement dit, une structure métallique d’environ 10 mètres de diamètre, avec des murs progressivement recouverts de paille et d’argile durant le week-end, était le principal chantier en cours. Il est construit là où se trouvait la maison d’un certain monsieur Gourbil, d’où le nom. La maison avait été rasée. À la place, une vaste cabane a été érigée à la fin 2015, avant d’être à son tour incendiée quelques jours plus tard. « C’est là pour durer, c’est là pour montrer qu’on va rester », dit un des « travailleurs » sur le chantier, sous un joli soleil d’été. Un autre : « Qu’est-ce qu’ils veulent ? Une guerre civile ? Moi, je ne suis pas pour mais il y a un moment où bon… »



Sur le chantier du dôme au Gourbi samedi après-midi © Yann Levy
Pour ce week-end de travail, la cantine annonce avoir servi 350 repas samedi midi. Le même nombre environ le soir, alors que les ouvriers du Gourbi entament les trois-huit pour terminer le dôme avant dimanche soir. Tout le monde met la main à la pâte, certains une demi-heure, d’autres plusieurs heures. D'autres chantiers sont en cours sur la ZAD. Un champ de courges doit être paillé, une serre doit être réparée, un mur d'escalade doit être terminé… les volontaires peuvent se présenter au lieu-dit La Wardine, où les différents postes sont répartis.

«On a décidé de vivre ici, on veut que ça dure»

Au petit matin, dimanche, le chantier du Gourbi est délaissé une demi-heure tout au plus, « le temps de regarder le lever de soleil ». Pour cette journée aux urnes, la quasi-totalité des habitants de la ZAD reste disponible, n’ayant tout simplement pas le droit – ni l'envie pour la plupart – de voter.

Plus tard dans la matinée, à Notre-Dame-des-Landes, le maire Jean-Paul Naud se tient devant la mairie, à deviser avec quelques-uns de ses administrés. Costume, moustache, et sourire au lèvres, même s’il ne se fait pas trop d’illusions sur le résultat. Ce qui est sûr, c’est que ça vote beaucoup dans sa commune. « Depuis 8 heures ce matin, il y a vraiment beaucoup de monde, plus de participation que d’habitude. » Dans le bureau de vote situé juste à côté de la mairie, dans une école, l’ambiance est bonne. Un couple de personnes âgées arrive. L’homme demande à une jeune femme qui sort s’il y a beaucoup de monde à l’intérieur. « Oh oui », répond-elle avant de filer déjeuner avec ses deux enfants sous le bras. 

La commune a toujours été majoritairement contre l’aéroport, maire compris. Le non ici a fait son plus gros score : 73,57 % avec une participation à 75 %.


Direction Saint-Aignan-Grandlieu, à une trentaine de kilomètres. La commune est elle aussi directement concernée par la consultation, puisque c’est ici que se trouve l’actuel aéroport de Nantes Atlantique. Là encore, la participation en début d’après-midi est bonne. André, technicien chez Airbus, sort d’un des bureaux de vote en discutant. D’abord un peu réticent – « je n’ai pas trop le temps de vous parler » –, il finit par expliquer pourquoi il a voté oui au transfert, « car c’est mieux, même au niveau écologique, pas seulement au niveau économique ». « Il faut bien que cette commune, ici, puisse se développer aussi. »

En approchant d’un autre bureau, un avion surgit avec vacarme de derrière le bâtiment, très bas, il va se poser quelques kilomètres plus loin. Ici, les assesseurs soulignent le nombre important de procurations : « C’est même plus que pour la présidentielle. » Une dame pressée sort du bureau. Elle, elle en a « marre des nuisances sonores ». Un homme, la cinquantaine, estime quant à lui que cette consultation montre « que le gouvernement ne prend pas ses responsabilités. C’est bien que le citoyen donne son avis mais la justice a déjà tranché, et le gouvernement n’en a rien fait ». Un couple à présent sort. Pour la dame, c’est « important pour le développement économique de la région que le nouvel aéroport se fasse ». Son mari, qui « a bossé la question », estime que « même si Nantes Atlantique s’agrandit, ça ne tiendra pas longtemps au vu de l’augmentation prévue du trafic ». Résultat, dans la commune, un « oui au transfert » massif – 71,7 %.


Retour au Gourbi, où les habitants de la ZAD ont convié les journalistes sur le lieu du « refaire un dôme ». La plupart des travailleurs présents vaquent normalement à leurs occupations, d’autres, plus méfiants à l’égard des médias, arborent des cagoules cousues main et sur place pour une précédente occasion. 


Sur le chantier du dôme dimanche après-midi © Yann Levy

Camille, la vingtaine, est arrivée depuis une semaine sur la ZAD et a participé à la préparation du chantier dôme. Elle a pour projet de monter un atelier de poterie ici. En attendant, elle faisait partie de l’équipe qui a passé toute la nuit sur place – « c’était trop bien, les gens étaient tous très motivés ». La ZAD ? Elle « y trouve quelque chose de nouveau, une autre organisation relationnelle, une autre organisation du rapport au travail », elle y voit « une communauté en lutte contre un projet gouvernemental pas accepté par la population locale »

La consultation en cours la laisse de marbre. « L’ambiguïté de la question, l’ambiguïté du périmètre, l’ambiguïté de vouloir régler en un dimanche un problème vieux de quarante ans, tout est ambigu, dit-elle. De toute façon, les gens vont rester, on a décidé de vivre ici, on veut que ça dure. »

Dimanche soir, dans la nuit, un concert de hip-hop se tient sur la scène qui a été construite à côté du dôme pour soutenir les travailleurs. Des gens dansent pendant que d’autres continuent inlassablement de poser le meilleur terre-paille sur la structure métallique. Réagissant aux résultats, le premier ministre Manuel Valls a déclaré que les occupants illégaux du terrain devraient « partir » d’ici au début des travaux à l’automne. La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, a appuyé ce choix : « Il doit y avoir évacuation de la ZAD. »

« Mais nous, on s’en fout, on n'est pas des occupants, on est des habitants », lui répond une zadiste interrogée lundi matin. L’évacuation, si elle a lieu, devrait intervenir d’ici à l’automne. Au vu du fiasco de l’opération César de 2012, les moyens à mobiliser devraient être très importants. Au vu des personnes interrogées ce week-end, habitants de la ZAD comme soutiens, la résistance devrait l’être tout autant. Des forces qui pourront se compter les 9 et 10 juillet pour le rassemblement estival des anti-aéroport, baptisé « Semailles de démocratie ».

Christophe Gueugneau - Médiapart

 

A Notre-Dame-des-Landes, une détermination intacte 

pour sauver la nature et un monde différent




Ce week-end, habitants et sympathisants de Notre-Dame-des-Landes ont travaillé à rénover corps de ferme et cabanes et à édifier centre d’accueil, chalet et bergerie. Un moment fort et convivial qui a dopé les enthousiasmes et affirmé la détermination des opposants à l’aéroport à voir les saisons se succéder dans le bocage.

 Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage

Ce week-end de chantiers et de cantine sur la Zad aura eu des airs d’insouciance feinte. Pour beaucoup de zadistes qui ne votent pas parce qu’ils contestent au procédé le caractère démocratique qu’on lui confère, l’important était de continuer à se projeter dans l’avenir, sans tenir compte de l’enjeu de la consultation. La réponse tenait en un jeu de mot : « Refaire un dôme. »

D’autres portaient un petit espoir de voir une participation faible au vote profiter aux partisans du non. Militants associatifs et politiques, ils ont mené campagne sans compter leur temps, diffusé des tracts sur les marchés, tenu des réunions publiques, collé et recollé des affiches, mais aussi donné des coups de mains aux chantiers de débroussaillage et de construction ce week-end. Sans oser se l’avouer trop fort, pour eux, c’est un peu une claque. La fatigue et le désappointement marquent les visages à l’heure des résultats définitifs. 51,08 % de participation, 55,17 % de oui. Les partisans de l’aéroport et le gouvernement ont marqué des points. « Après la déclaration d’utilité publique, les recours rejetés, ça en a rajoute une couche, et va falloir encore plus batailler », dit un paysan. Mais vote ou pas vote, la détermination des opposants est intacte, peut-être même renforcée par l’épreuve.

    L’agitation euphorique d’un chantier collectif 

Reste que ces différences de choix tactiques ne formeront pas de dissension entre les composantes du mouvement anti-aéroport. Depuis quatre mois, ils ont déminé le terrain. Personne ne reprochera aux autres leurs options, d’autant que tous s’accordent à reconnaître que ce référendum s’est mis en place comme une embrouille de plus. Qu’ils aient joué le jeu du vote et de la campagne, cru pouvoir infléchir un scénario trop bien ficelé, ou boycotté le scrutin en plaçant leur énergie ailleurs, ils n’auront pas de mal à dépasser les retombées du référendum. L’énergie est placée dans les corps de ferme, les serres, les hangars retapés, prêts à voir pousser des saisons de légumes et des troupeaux de mouton.

La toponymie zadienne mêle les noms anciens des lieux-dits et des dénominations inventées par des occupants. Bellevue, Le Liminbout, Les Fosses-noires, Saint-Jean-du-Tertre sont sur les cartes depuis des lustres. Cent-noms, La Wardine, la Casba, Puiplu (parce qu’en arrivant dans la forêt, on voit la cabane dans les arbres, « puis plus ») sont des créations du mouvement d’occupation. Comme Le Gourbi, maison détruite à l’automne 2012 par l’opération César, rebâtie au printemps suivant en cabane collective de réunion, rénovée l’été 2015, et détruite par un incendie malveillant et inexpliqué fin novembre dernier. Mais le zadiste, têtu, ne se laisse pas abattre par quelques cendres.

Tout ce week-end, ce lieu-dit Le Gourbi a connu l’agitation euphorique d’un chantier collectif alliant les structures métalliques triangulées d’un dôme à une isolation en terre-paille ocre. La confection de ce torchis a mobilisé des dizaines de piétineurs foulant le jus de glaise, barbouillés de barbotine. Jusqu’à un type hilare en costume sautant à pieds joints dans le bassin de préparation de cette soupe d’argile orangée.

L’assise est préparée depuis une semaine. Alimentées en crêpes, dansant toute la nuit sur les rythmes du rap et du punk de Radio Klaxon, la radio pirate de la Zad, les équipes de fouleurs et de patouilleurs de parois se sont relayées pour bourrer le grillage de paille trempée. Cet argile ocre, beige en séchant sur la peau et les T-shirts, aura été la marque de l’investissement dans l’avenir. « Tous ces gens qui normalement refusent le travail, il a fallu les arrêter, les 3x8, ça les grise », dit Amélie. « Le lever du jour, c’était génial », dit Lucille, en se roulant une cigarette tordue. Cette nuit de boue a dopé les enthousiasmes. Le lendemain, nouvelle magie, un arc-en ciel surgit au milieu du ciel, vers 19 h, dans une brèche des nuages bleutés. « C’est sûrement une promo pour le centre LGBT des anges », lance quelqu’un.

Ce dôme géodésique servira de centre de réunion. Et risque d’en recevoir quelques-unes, si la menace d’évacuation, ravivée par la sanction de la vox populi de ce référendum limité à la Loire-Atlantique remet la pression.

    « Valls et Hollande vont éviter de se pourrir la campagne présidentielle » 

À Puiplu, à l’orée de la forêt de Rohanne, c’est l’embase d’un chalet de huit mètres sur six qui prend forme sur pilotis sur un terrain de ronces débroussaillé. Un projet mené par les comités de soutien de Lille et de Rouen réunis. La Zad vit de ces jumelages permanents. « En débroussaillant les abords, on a retrouvé des buttes de permaculture laissées en friche par nos prédécesseurs », dit Benjamin, un décamètre à la main. Dans la forêt voisine, une équipe de Rouennais refait le toit de cette grosse cabane coincée entre les troncs de châtaigniers. « La loi travail nous a pas mal mobilisés, mais on revient vivre sur la Zad. Quant à l’évacuation annoncée pour l’automne prochain, on n’y croit pas trop. Valls et Hollande vont plutôt éviter de se pourrir la campagne présidentielle et refileront la responsabilité à leurs successeurs... », dit un occupant en rameutant du monde pour la monter, la fichue poutre, jusqu’au toit effondré par un orage récent.

À La Rolandière, une équipe de sept personnes a rameuté des piqueteurs de murs et des arracheurs de clous. Les uns émiettent les enduits pour faire respirer les murs, les autres désossent des palettes pour garnir les murs de lambris après isolation par des épaisseurs de paille. Dès cet été s’y s’ouvre un lieu d’accueil des nouveaux venus souvent perdus entre les dizaines de lieux occupés, maisons, lieux collectifs, marché hebdomadaire : « Ce sera aussi un lieu convivial de transmission de la lutte contre l’aéroport et d’autres luttes, on pourra boire un thé, trouver une carte de la Zad », dit Isa. S’ouvrir aux autres est un impératif de résistance.

    Comme au Larzac, la bergerie, symbole de résistance

Michel et ses grosses bacchantes blanches n’iront même pas voir les résultats du vote. « Je pars en vacances une semaine dans le Morbihan. Je regarderai même pas la télé. Ça ne change rien. Je verrai ça à mon retour... » La péripétie de ce vote pour un oui pour un non n’affecte pas les militants, qui n’en attendaient rien. Avant, après, le rapport de force demeure. Michel s’affaire au chantier d’un joli symbole, le hangar d’un paysan, opposant historique, qui retrouve une nouvelle vie.

C’est celui de Michel Tarin, paysan engagé dès les années 1970 contre l’aéroport et parallèlement contre l’extension du camp militaire du Larzac. Il a été parmi les membres fondateurs de la Confédération paysanne, et est décédé en août 2015. Il avait fait don de son hangar asymétrique, démonté chez lui, remonté aux Rosiers, où il servira de bergerie. La boucle est bouclée : comme au Larzac, la bergerie, symbole de résistance, inscrit l’élevage et l’agriculture dans la durée des saisons. En attendant, ça cogne, ça scie et ça visse à qui mieux mieux. Tronçonneuse, meuleuse, visseuses et perceuses parachèvent le montage, à un jet de motte de terre de la maison détruite par la police en novembre 2012. En ces contrées insoumises, reconstruire, bâtir l’avenir est un projet incessant.





Notre-Dame-des-Landes : « Le référendum était pipé »





Dimanche 26 juin, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a remporté plus de 55 % d’avis favorables lors d’une consultation organisée en Loire-Atlantique. Les opposants dénoncent un scrutin manipulé et rappellent que les recours juridiques contre le projet ne sont pas épuisés. Ils sont déterminés à poursuivre leur combat, malgré la menace d’expulsion qui pèse sur la Zad.

 La Vache Rit (Zad de Notre-Dame-des-Landes), et Paris

Les résultats définitifs de la consultation sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui s’est déroulée dimanche 26 juin en Loire-Atlantique, sont tombés aux alentours de 23 h. 55,17 % des votants se sont dits favorables au « projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ». Le taux de participation dépasse les 50 %.

Ce résultat cache d’importantes disparités. A Notre-Dame-des-Landes, 73,6 % des votants ont glissé un bulletin « non » dans l’urne. De même que dans les communes alentours, comme à Grandchamps-des-Fontaines (66,57 %), Casson (63,53 %) ou Vigneux-de-Bretagne (69,42 %). À Nantes, le « oui » l’a emporté de justesse avec seulement cent voix d’avance.

    A la Vache-Rit, on dénonce une consultation « illégitime »

« Il y a tout à la Zad, même des soirées électorales ! » Dans le hangar de la Vache-Rit, le QG des opposants, la retransmission d’une émission télé en direct a quelque chose d’incongru. Le brouhaha des zadistes, paysans et opposants rameutés par l’annonce des résultats couvre les commentaires des pro et anti-aéroport sur le plateau d’invités de la télévision.

Les mines sont soucieuses, quand d’autres rappellent que toute le monde a admis depuis des mois que l’issue de ce référendum ne change rien sur le terrain. Mais certains avaient le secret espoir que la consultation voie le Non l’emporter et que le gouvernement abandonne ainsi le projet. « On ne va pas faire des commentaires et des analyses sur le chiffre, encore moins commencer à détailler commune par commune. Cette consultation qui est plutôt un sondage grandeur nature est illégitime, un point c’est tout, dit un paysan. On pouvait s’y attendre. Ce n’est qu’un étape qui nous ramène à la situation d’avant ce "sondage" ».

Autour, les conversations vont bon train :

« Ce qui m’impressionne c’est le taux de participation : 51 %, j’aurais pas cru autant, dit un autre paysan.

- N’empêche que il y a des résultats paradoxaux, les communes impactées, autour de Notre-Dame-des-Landes et autour du site de l’actuel aéroport n’ont pas un vote inverse mais disent plutôt non à Notre-Dame-des-Landes, lâche un barbu hirsute.

- Oui, mais les résultats par commune, c’est de l’anecdote, d’intérêt purement local. 

L’objectif de ce vote c’était de chercher une légitimité. C’est bien joué. Et après on entend les pro-aéroport demander d’être "beau joueur", rétorque une trentenaire avec un beau coup de soleil sur le front.

- Mais non, finalement c’est peut être une bonne nouvelle : si le non l’avait emporté, l’abandon du projet aurait rendu très difficile la mobilisation unanime pour défendre la Zad, on aurait manqué de soutiens. Là c’est clair, on revient au rapport de force tel qu’il est en place depuis des mois, tente un barbu à lunettes rondes.

- Bonne nouvelle, bonne nouvelle, c’est vite dit : ça n’aurait pas été mal d’arracher une victoire, un retrait du projet, comme exemple pour d’autres luttes contre des grands projets inutiles », insiste un paysan.

    Un mélange de déception, de détermination et de cohésion

Les visages disent un mélange de déception pour ceux qui ont voulu croire en une issue des urnes, et une détermination évidente, voire une nécessité de la cohésion pour des jours de résistance. Chacun a sa théorie sur les scénarios probables : intervention policière à l’automne ou surtout pas en cette période de début de campagne des présidentielles. Le bâton merdeux à refiler au prochains locataires de l’Élysée et de Matignon.

Dominique Fresneau, de l’ACIPA : « Le processus et le contenu 
de cette consultation étaient fondamentalement biaisés »
 
Une déclaration commune au mouvement est lue à deux voix par Mathilde la zadiste et Dominique Fresneau le président de l’Acipa : « Comme l’avaient démontré les différentes composantes du mouvement, le cadre, le processus et le contenu de cette consultation étaient fondamentalement biaisés. Celle-ci était basée sur une série de mensonges d’État et radicalement inéquitable. Il ne s’agissait pour nous que d’une étape dans la longue lutte pour un avenir sans aéroport à Notre Dame des Landes.

Cette lutte se poursuit dès ce soir. Nous savons que les attaques du gouvernement et des pro-aéroport vont se renforcer. De notre côté, nous n’allons pas cesser pour autant d’habiter, de cultiver et de protéger ce bocage. Il continuera à être défendu avec la plus grande énergie parce qu’il est porteur d’espoirs aujourd’hui indéracinables face à la destruction du vivant et à la marchandisation du monde. Nous appelons tous les soutiens et comités partout en France et au-delà à se mobiliser et à redoubler de vigilance dans les semaines et mois à venir. Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ». Avant d’appeler à converger massivement à Notre-Dame-des-Landes pour le rassemblement estival anti-aéroport, les 9 et 10 juillet.

    « L’agglomération nantaise ne réclame pas à corps et à cris le départ de l’aéroport de Nantes-Atlantique »

Jointe par téléphone, Françoise Verchère, membre du Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Cédpa) tire « des enseignements très intéressants » du résultat de la consultation : « Les communes situées à proximité du projet d’aéroport ont voté non. Mais dans d’autres communes, à qui on a dit qu’il n’était pas possible de garder l’aéroport de Nantes-Atlantique, le résultat est moins clair. Saint-Sébastien-sur-Loire a voté non et à Bouguenais, ma commune, très impactée par le bruit des avions, le score est serré. L’agglomération nantaise est loin de demander le départ de l’aéroport à corps et à cris. Cette consultation ne règle rien. »

Yves Riou, membre du collectif des Naturalistes en lutte, se dit « déçu mais pas étonné » par la victoire du « oui ». « Le référendum était pipé, assure-t-il. Le périmètre a été défini à partir de sondages favorables au projet. Les moyens des partisans et des opposants n’étaient pas équivalents. Des structures comme Des ailes pour l’Ouest avaient derrière eux une partie du patronat du BTP. Nous, nous avons fait campagne avec l’argent des militants. » Quant au document officiel d’information, « il ne reprenait pas les arguments des militants et était plus proche des pro que des anti-aéroports », accuse M. Riou.

Guy Bourlès, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), conteste lui aussi le bien-fondé de la consultation : « Il y a déjà eu un débat public en 2003, puis une enquête publique en 2006. Elle a recueilli de nombreux avis défavorables, mais on est passé outre. Et là, dix ans après, on demande de nouveau leur avis aux habitants ? Ces consultations n’ont pas de grand sens démocratique et ne permettent pas un choix éclairé formé sur la base d’information sûres. »

    Des recours juridiques toujours en suspens

Les opposants vont poursuivre leur combat « de la même façon, avec des recours juridiques et des mobilisations de terrain », assure M. Bourlès. Les recours sur la loi sur l’eau et sur les espèces protégées sont toujours à la Cour administrative d’appel, qui pourrait trancher « en septembre ou octobre ». Une fois ces recours nationaux épuisés, les recours au niveau européen prendront le relais. Enfin, le projet doit faire l’objet d’une « évaluation environnementale globale » qui doit être validée en octobre, conformément au schéma de cohérence territoriale (Scot) de Nantes-Saint-Nazaire. « On est au milieu du gué », conclut l’opposant.

Pour François de Beaulieu, des Naturalistes en lutte, le résultat de la consultation « n’enlève rien au fait que ce projet est un mauvais projet, et qu’il tombera pour cette raison ». Par exemple, les mesures compensatoires prévues sont « infaisables » : « Pour compenser la destruction de zones humides et d’espèces protégées, les promoteurs doivent créer des prairies permanentes sur des terres agricoles dans le cadre de contrats avec des agriculteurs, explique-t-il. Ces mesures doivent être engagées avant le début des travaux, sinon le chantier ne peut pas démarrer. Mais les promoteurs sont incapables de trouver des paysans prêts à signer ces contrats, soit parce qu’ils sont opposés au projet, soit parce que ce n’est pas compatible avec l’organisation de leurs exploitations ! »

La compensation de la destruction de zone humide : une tâche impossible
Autre point épineux du dossier, la biodiversité. Le préfet de Loire-Atlantique a préparé un arrêté de dérogation permettant la destruction du campagnol amphibie. Mais entre-temps, les Naturalistes en lutte ont découvert à Notre-Dame-des-Landes d’autres espèces protégées, comme le triton de Blasius et la cicendie. « Le préfet va devoir prendre des arrêtés pour ces espèces, que nous attaquerons », prévient M. de Beaulieu.

    Pour les partisans du projet, un « résultat incontestable »

Des ailes pour l’ouest : « Maintenant, il faut que les choses se fassent »
Des menaces balayées par les partisans du projet d’aéroport. « Ce résultat est incontestable, il n’est pas possible de continuer à s’opposer comme si la consultation n’avait pas existé, estime Pascal Bolo, premier adjoint à la maire de Nantes. Le territoire a gagné, l’agglomération et le grand Ouest vont pouvoir continuer à grandir avec une infrastructure moderne, correctement dimensionnée et conforme aux exigences de la COP21 ».

« Je n’ai jamais entendu parler de ces recours sur la loi sur l’eau et les espèces protégées, ni au niveau européen, déclare André Taméza, de l’association Des ailes pour l’Ouest. Le projet a déjà fait l’objet de 155 ou 156 recours qui ont tous été rejetés en appel. Il a été jugé comme conforme. Maintenant, il faut que les choses se fassent. » Le partisan du nouvel aéroport espère que le chantier « s’engage en novembre prochain ».

Reste la question de l’évacuation de la Zad. « Il faut une approche républicaine des choses. Les élus écologistes et les députés européens qui apportent leur soutien aux zadistes doivent appliquer la loi, juge M. Taméza. Il faut qu’ils leur demandent de rentrer chez eux, même si ce n’est pas facile. C’est à ceux qui ont allumé la mèche de l’éteindre. »

    L’évacuation de la Zad ? « Bon courage ! »

Pascal Bolo se montre plus prudent. « Il n’y aura pas de début des travaux avant l’évacuation de la Zad, et l’on sait que cette évacuation va être compliquée, redoute-t-il. C’est pour cela que nous ne sommes pas dans une posture où nous posons un ultimatum au gouvernement. Il serait déraisonnable d’expulser la Zad dès la semaine prochaine. Mais j’espère quand même que l’attente ne va pas durer trop longtemps, parce qu’on donnerait l’impression aux gens de les avoir fait se déplacer pour voter et qu’ensuite il ne se passe rien. »

« On ne chasse pas comme ça des centaines de personnes et des centaines d’animaux domestiques soutenus par des milliers de personnes, avertit de son côté François de Beaulieu. Nous verrons si l’exécutif arrive à évacuer les lieux, compte tenu de la résistance qui lui sera opposée et de l’absence de légitimité juridique du projet, tant que tous les recours ne seront pas épuisés. » Guy Bourlès l’affirme : « Localement, tout le monde est prêt pour cette échéance. Il va y avoir de la tension. Ségolène Royal l’a dit à Manuel Valls : bon courage ! »




Mercredi 29 juin

 
L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes peut-il se faire alors que les habitants de l’ouest sont très divisés à son propos ? 
 
François de Rugy est député (SER) de Loire-Atlantique.



Notre-Dame-des-Landes : un non de gauche


Qui a voté oui, et qui a voté non à la consultation du 26 juin sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes? L’analyse de la cartographie du vote révèle un non marqué à gauche, et un oui plutôt de droite.

Qui a voté oui, et qui a voté non à la consultation du 26 juin sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? L’analyse de la cartographie du vote révèle quelques surprises : le non est marqué à gauche, le oui est plutôt de droite et l’abstention apparaît forte en pourcentage des électeurs inscrits.

Chercheur spécialiste en géographie et sociologie électorales à l'Université de Nantes, Jean Rivière a étudié la cartographie des votes des 212 communes de Loire-Atlantique et des 200 bureaux de vote à Nantes, en les comparant avec les résultats des élections régionales de 2015 et en les mettant en relation avec des variables du recensement de la population de l’Insee (âge, niveau de diplôme, catégorie socioprofessionnelle…).

L'universitaire a travaillé à partir des pourcentages d’électeurs inscrits et non des voix exprimées, afin de prendre pleinement en compte l’abstention et ses effets sur la géographie des résultats. Il en ressort les principaux points suivants.

  • Une abstention forte, surtout dans les quartiers populaires urbains

Si l’on regarde l’ensemble du département, l’abstention est forte autour de la ville de Saint-Nazaire et sur tout le littoral, où vit en partie une population de personnes âgées et retraitées. À Nantes et comme à chaque scrutin, l’abstention est plus élevée dans les quartiers populaires, caractérisés par la présence de grands ensembles et d’habitat social. Moins les habitants sont diplômés, plus ils se sont abstenus.

Même si le taux de participation, à 51,08 %, peut sembler important compte tenu des conditions de la campagne (dossier d’information accessible uniquement sur internet, pas de financement public d’affichage…), au total, près de la moitié des électeurs se sont abstenus. Cette réalité électorale relativise l’image d’une population scindée en deux camps nettement démarqués. 
 
  • La carte du oui correspond à l’électorat des droites aux élections régionales



La carte du oui est plus nette que celle du non. Sur l’ensemble du département, les zones de vote en faveur de l’aéroport sont localisées dans les périphéries rurales, et notamment dans toute la partie nord, autour de la ville de Châteaubriant. Une extension du projet de tram-train entre cette commune et le site aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes est à l’étude, mais n'est pas intégrée au budget du projet. Cette hypothèse d’aménagement a peut-être joué sur le choix des électeurs. Le projet d’aéroport ne suscite pas d'adhésion massive dans la plupart des communes de Nantes-Métropole. À Bouguenais, commune de l’actuel aéroport, le oui passe ainsi de justesse. 


À Nantes, le vote oui est celui des beaux quartiers du centre-ouest mais aussi du nord-est (notons une forte corrélation avec le vote pour la liste du candidat des Républicains, Bruno Retailleau, mais aussi secondairement avec le vote pour la liste Front national aux régionales) et où se concentrent les populations de plus de 55 ans, les cadres et les propriétaires. Pour ces électeurs, le rejet de l’occupation de la ZAD par des militants anti-aéroport a pu jouer dans leur choix de bulletin. 



  • Le non est très marqué dans les espaces favorables à la gauche
 


Au niveau départemental, les zones de vote non sont concentrées autour du site retenu pour y construire le futur aéroport. À Nantes, le vote non provient des bureaux marqués à gauche proches du sud et de l'île de Nantes. Il correspond presque exactement à la carte des votes pour EELV aux dernières régionales, mais aussi dans une moindre mesure à celle des votes pour le PS et le PCF. Le non correspond largement à la carte du vote pour la liste de Christophe Clergeau au second tour, le candidat socialiste défait aux régionales. Il est plus fort dans les quartiers où se concentrent les classes moyennes voire supérieures (professions intermédiaires, cadres, diplômés universitaires) et des habitants plutôt jeunes (18-24 ans et 35-49 ans).

À Rezé, au sud de Nantes et sous le passage des avions, le non l’emporte largement dans certains bureaux de vote, comme à Trentemoult, quartier en voie de gentrification. Il semble ainsi que la question de l’aéroport ne marque pas tant une rupture à l'intérieur de la gauche qu’une scission entre les électeurs des différentes composantes de la gauche et la position des élites du parti socialiste.

Donatien Huet et Jade LindgaardMédiapart


Jeudi 30 juin


Information concernant le procès en appel de Grégoire : Le procès en appel prévu le 29 juin a de nouveau été reporté au 31 août. Le triste motif serait la grande braderie des magasins du centre-ville de Rennes ce même jour. Les vacances judiciaires n’ont pas permis de trouver une date plus tôt. Il avait fait une nouvelle demande de mise en liberté qui sera quand même étudiée le 29 juin. Lui sera en visioconférence de la prison de Vezin. On vous tiendra au courant des résultats de cette demande.


communiqué de COPAIN suite à la consultation :
 



Jeudi 30 juin

Exercice de pensée : 

l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes pour les nuls




La consultation sur le transfert de la nuisance de l’aéroport de Nantes vers une zone rurale pose question à l’auteur de cette tribune. Qui a voulu illustrer « notre difficulté à penser autrement » en reformulant les termes du vote « à la manière d’exercices d’instruction civique de CM2 ».

On peut s’interroger sur la valeur d’une consultation qui ne vise pas à décider d’une question de société ou d’intérêt général (pour ou contre les OGM ? pour ou contre le droit de mourir ?) mais du transfert d’une nuisance depuis une agglomération qui la génère vers une zone rurale, minoritaire et peu concernée.
Vous, lecteurs de Reporterre, vous y voyez un aveuglement technico-économique et la poursuite de modes de vie du passé. Pour autant, comment tout changer quand il est si facile de continuer les affaires comme avant plutôt que de donner raison aux critiques des dégâts du « progrès » ?

    Le lecteur me pardonnera mes simplifications et mes raccourcis 

Pour illustrer notre difficulté à penser autrement, j’ai essayé de poser la question de la consultation sur Notre-Dame-des-Landes à la manière d’exercices d’instruction civique de CM2. Le lecteur me pardonnera mes simplifications et mes raccourcis, ils visent à l’aider à convaincre autour de lui qu’entre la défense des grenouilles et l’absolutisme des Don Quichotte de la croissance, la modernité n’est peut être pas là où on l’imagine. Voici donc mes petits exercices.
  • 1. Le fabricant de chaussettes qui employait vos parents a délocalisé au Bangladesh. Ce n’est pas grave, vous pouvez commander vos chaussettes via internet et les recevoir en 24 heures. Êtes-vous d’accord pour augmenter les capacités de l’aéroport voisin pour que vous puissiez commander plus de chaussettes et les recevoir encore plus vite ? Qu’en disent vos parents ?
  • 2. Les Chinois s’intéressent à nos belles et grasses terres agricoles et sont prêts à y mettre le prix. Êtes-vous d’accord pour expulser quelques paysans locaux de leurs terres afin de construire un aéroport ? Une ligne Nantes-Shanghaï favoriserait l’investissement chinois dans le tissu économique local. Un terminal de fret pourrait même être construit dans la région pour exporter les produits céréaliers vers la Chine ; c’est la promesse de 1.500 emplois pendant 4 ans...
  • 3. On projette de construire à côté de chez vous un grand centre commercial où vous pourrez acheter des fruits et légumes en provenance du monde entier, toute l’année, moins chers. Pour construire le centre commercial, il faut raser la ferme du vieux Mathieu, où vous achetiez vos pommes de terre, votre lait, vos œufs, vos poulets. Bien sûr, tout cela coûte à la puissance publique, mais il est facile de s’endetter. Vous pensez à l’avenir de vos enfants et de vos petits-enfants. Préférez-vous qu’ils vivent à côté d’une ferme ou qu’on remplace la ferme par un centre commercial ? Expliquez.
  • 4. Considérez-vous comme juste que les citadins d’une grande ville votent pour dire s’ils sont d’accord pour déverser les boues de leurs stations d’épuration dans les champs des paysans 30 km plus loin ? Il s’agit d’une procédure démocratique, les paysans pourront voter. Décharge publique et traitement des boues se feront selon des objectifs de haute qualité environnementale. Et les grenouilles seront transportées, euh... au Bangladesh, tiens. Pour les riverains les plus proches, des bougies purificatrices de l’air seront distribuées gratuitement.
  • 5. Paul habite près d’un aéroport. Lors de sa construction, on lui a proposé d’insonoriser gratuitement son logement. Parfois, ça sent bien un peu le kérosène, mais Paul est content parce que, grâce à l’aéroport, il peut partir respirer l’air pur et écouter le vent dans les arbres de contrées lointaines. L’année dernière, il est parti aux Maldives. Sa femme a trouvé un emploi à l’aéroport. Voulez-vous vous aussi un aéroport près de chez vous, pour plus de développement, plus d’emplois et des vacances de rêve au calme et à l’air pur ?



Parfois, ça sent bien un peu le kérosène, mais Paul est content : 

 grâce à l’aéroport, il peut partir respirer l’air pur de contrées lointaines.
  • 6. Présentant mardi 28 juin la feuille de route de la Conférence environnementale 2016, Ségolène Royal rappelait les trois priorités de la France : « Honorer les engagements pris par la France lors de la COP21 ; favoriser l’engagement de tous les acteurs de la société dans la transition écologique et plus particulièrement celui des territoires ; préserver les milieux afin d’améliorer le cadre de vie et la santé de tous. » Et de citer des actions emblématiques : « Reconquérir la biodiversité, développer les initiatives en matière d’agriculture urbaine et périurbaine », « limiter l’exposition des populations aux substances chimiques. » Dites si les priorités de la France sont compatibles avec la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

     
    Yves Heuillard - rédacteur en chef de DD Magazine – sur Reporterre.


ET AILLEURS


Infos du 1er au 5 juin


Jeudi 2 juin


Appel de la ZAD d’Agen

Ce 1er Juin 2016, la violence est encore du coté de l’Etat sur la ZAD d’Agen : destructions d’habitats, arrestations et tabassages (voir vidéo), passage en force pour les travaux (LGV, Technopole).
Demain, la population se mobilise de nouveau contre la confiscation de nos vies.
Nous ne lacherons rien : nous sommes résolus et armés d’arguments et de rêves increvables, nous nous considérons en situation de "cas de force majeure" et en état de "légitime défense" ; nous sommes légalement et éthiquement tenuEs de mettre fin à la destruction et l’exploitation criminelles et génocidaires des écosystèmes.
Nous appellons toutes les personnes concernées par la sauvegarde de notre bien-commun, l’écosystème, à s’organiser et se mobiliser en soutien. Sur place et partout des actions sont possibles. Nous croyons plus en l’auto-organisation qu’aux manifestations revendicatrices alors nous vous invitons à faire de ce 2 juin 2016 une journée mémorable et à nous rejoindre après la manif pour ancrer la résistance sur le terrain, à faire des actions et blocages décentraliséEs partout où c’est possible et notamment sur les sites des Grands Projets Inutiles et Imposés, des usines polluantes (usines et sites "seveso",  nucléaire, biologie de synthése, OGM), toutes les entreprises collaboratrices de l’écocide et les prisons qui nous enferment.
Nous appellons également à être présentEs vendredi 3 Juin 13h au tribunal d’Agen soutenir Joseph contre l’expulsion qui peut-être immédiate... Nous avons le pouvoir, nous sommes le pouvoir !
Des occupanntEs et militantEs de la ZAD
Les entreprises collaboratrices sont : BNP Paribas, Chambre d’industrie et de commerce lot et garonne, CCI sud-ouest, agglo-agen, Sud management, EDF, Conseil Superieur des experts comptables, Credit Coopératif, Crédit Agricole, pôle emploi, IFTS, BPO ouest, cluster eau et climat

Samedi 4 juin

Après l’évacuation de la Zad d’Agen, 
la ville veut lancer la bétonisation du site


Un projet de technopole lié à la LGV sud-ouest veut détruire des terres agricoles près d’Agen. La police a évacué la Zad et les travaux pourraient commencer prochainement.

 Bordeaux, correspondance

Mardi dernier 31 mai, sur ordre de la préfète du Lot-et-Garonne, pas moins de 500 gendarmes ont procédé à l’expulsion de la dizaine de personnes qui se trouvaient sur la zad d’Agen. Depuis, des engins de chantier ont commencé à raser maisons et arbres. « Ils ont appliqué les méthodes de l’anti-terrorisme à des petits gars qui ne sont pas là pour la castagne » dit à Reporterre Joseph Bonotto, l’agriculteur retraité opposé au projet (un technopole, zone d’activité pour entreprises) et qui avait appelé à l’occupation de la zone fin 2014.

Au moment du lancement du projet, l’hypothétique passage de la LGV Bordeaux-Toulouse à Agen avait servi à justifier la pertinence de cette TAG (Technopôle Agen Garonne).

Depuis, les zadistes ont pu se replier temporairement sur le « commun », une zone située sur les terres de Joseph Bonotto, avant de se disperser progressivement. Ce dernier, tout en saluant l’engagement de certains occupants, reconnaît la défaite sur le terrain : « Au fil du temps beaucoup de zadistes sont partis à gauche et à droite, et l’ambition de départ ne s’est pas réalisée, alors que les conditions étaient réunies », explique-t-il. « C’est regrettable. Eux n’ont sans doute pas fait ce qu’il fallait, et la population locale n’a pas suffisamment adhéré. »

De son côté, l’agriculteur était convoqué vendredi 3 juin au tribunal d’instance d’Agen dans le cadre de la procédure qui doit fixer ses indemnités d’expropriation.

Dès l’évacuation opérée, les maisons ont commencé à être détruites
En 2014, alors que le projet de TAG était lancé et sa DUP prise, la justice administrative avait ordonné l’expropriation de Bonotto sur une partie de ses terres (10 hectares). Il restait simplement à fixer le montant de l’indemnité versée en dédommagement. Or avant que cette seconde décision ne soit prise, la DUP du projet a été annulée, fin décembre dernier. Une situation inédite, qui avait amené l’avocat de M. Bonotto à déposer une demande de question prioritaire de constitutionnalité. Refusée par la juge. C’est une intervention du ministère du logement (responsable des questions d’expropriation) qui semble avoir permis de temporiser la situation. Dans un courrier envoyé aux opposants, celui-ci explique avoir demandé au préfet du Lot-et-Garonne de ne pas procéder à l’expropriation de Joseph Bonotto tant qu’il n’existe plus de DUP.

Suite à l’audience d’hier, la fixation de l’indemnité d’expropriation a été mise en délibéré au 9 août. Ce qui laisse éventuellement le temps de savoir si l’annulation de la DUP est confirmée en appel, ou si l’agglomération agenaise lance une nouvelle procédure d’enquête publique. Mais l’agglo semble bien décidée à lancer les travaux, et ce dès la semaine prochaine. L’absence de DUP et donc de permis de construire empêche simplement la construction de bâti : « Tous ces terrains lui appartiennent, elle peut commencer les travaux de voirie. On ne retrouvera jamais les terres », regrette M. Bonotto.

 

Infos du 6 au 12 juin


Lundi 6 juin

A Bure, 200 000 pas contre les déchets nucléaires : 

https://www.reporterre.net/A-Bure-200-000-pas-contre-les-dechets-nucleaires


ZAD d'Agen :

 
Attaque de la ZAD d’Agen à 100 contre 1


500 militaires (GM) ont envahis la ZAD d’Agen à l’aube du 31 mai avec un hélico, une brigade cynophile, toute une colonne d’engins destructeurs, d’agents complices, de pompiers pour leurs éventuels bobos, une préfète, un colonel et une procureure à poigne escortés de journaleux à leur solde (la présence de journalistes sur le site est interdit par arrêté préfectoral). 500 "gens d’armes" pour arracher quelques pieds de cannabis, ramasser quelques boules de pétanque, un masque et trois perceuses exhibés comme armes à leur conférence de presse qui se voulait la grande mise en accusation des zadistes et qui se révéla totalement pitoyable ! Ils avaient convoqué la presse dès potron-minet pour montrer la force de l’Etat contre les horribles zadistes mais cette bataille s’est transformée en une gigantesque pitrerie pour l’armada bleue ! (voir la vidéo de la conférence de presse de la procureure)

Les occupantEs et militantEs de la ZAD d’Agen ont besoin de monde, d’eau de nourriture et de soutien pour continuer la lutte !
Merci aussi de visionner et diffuser largement leur vidéo :
 https://youtu.be/EERwUNpFqwM 
qui montre entre autre une violente arrestation, le second jour de l’intervention sur la ZAD d’Agen.

Infos du 13 au 19 juin


Lundi 13 juin 

 


Villenave d'Ornon (33) :
Occupation contre le projet de golf à la Plantation près de Bordeaux, Rejoignez-les pour renforcer l’occupation, une heure, un jour, une semaine, ou pour la vie ! Et ce dès demain, dimanche 19 juin, pour construire d’autres possibles et s’opposer à la reprise des travaux du lundi matin et des jours qui suivent.


Dimanche 19 juin

 
Bure :
 
Aujourd’hui à Bure (lieu choisi par les autorités pour construire un centre d’enfouissement de déchets nucléaires), après un grand pique-nique convivial, dans une ambiance joyeuse, les doubles clôtures commençant à ceinturer le bois ont été enlevées, des barricades ont été construites sur le chemin d’accès pour les travaux.

Un grand préau en bois a été érigé sur la plate-forme installée par l’Andra, débarrassée de ses grilles. La plateforme chantier a été détruite et celle-ci est occupé par encore 200 personnes (20h30) qui ont monté un préau/présidio pour lancer une occupation de la foret. 
Voir le communiqué et le flash info
Contact : sauvonslaforet@riseup.net // 0758654889 
Infos : vmc.camp Infos sur le projet CIGEO : burestop.eu ; pandor.at ; burezonelibre.noblogs.org



Les opposants antinucléaires occupent une forêt 

pour bloquer les travaux de CIGEO





Habitants, paysans et opposants au nucléaire ont commencé dimanche 19 juin une occupation de la forêt de Mandres. L’Agence des déchets radioactifs y avait commencé des travaux sans autorisation.

 Bure (Meuse), reportage

A la lisière de la forêt de Mandres-en-Barrois, en Meuse, une barricade a été érigée. Entre les branchages, un slogan tagué : « On entend à nouveau le chant des oiseaux ». Quelques personnes montent la garde et observent les gendarmes à cinq cent mètres. Le climat est tendu mais la jubilation se lit sur les visages.

« Nous avons temporairement libéré le bois communal ». Un campement a été monté avec une cabane baptisée « La salle à Mandres » et des plateformes perchées dans les arbres. Dimanche 19 juin, deux cent personnes, opposants au nucléaire, habitants, associations et collectifs ont décidé de reprendre cette forêt des mains de l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Depuis deux semaines, elle y avait commencé ses travaux. Arbres arrachés, ornières creusées par les machines, barbelés en bordure de chemins : la forêt ressemblait à un champ de bataille.

    La forêt est un commun 

« Le bruit des arbres qui craquaient sous les assauts des abbatteuses nous était insupportables, raconte une habitante. Nous ne pouvions imaginer que la forêt devienne, comme le souhaite l’ANDRA, ’la zone des puits’ ». Un espace qui servirait à ventiler les galeries souterraines, où seraient stockés les déchets radioactifs du projet CIGEO, toujours sans existence légale.

Un lien fort unit les habitants à leur forêt, grande de 300 hectares et vieille de plus de trois siècles. Sous la canopée des grands chênes, « on fait nos affouages pour nous chauffer, on flâne, on chasse, on se promène, on cueille. Elle fait partie de notre vie », dit Anthony. « Le bois appartient à toutes et à toutes », ajoute sa compagne, Fanny. Entre souvenirs et usages collectifs, la forêt reste un commun. A préserver.

Mais à plusieurs reprises, l’ANDRA a menacé cette parcelle. En 2013, elle a agité ses millions et ses promesses d’emploi. « L’ANDRA nous disait qu’elle allait donner du travail aux cinq prochaines générations », témoigne un ancien élu. Lors d’une consultation, la majorité des habitants de Mandres a quand même voté non. Eté 2015, l’agence est revenue à la charge. « A six heures du matin, le nouveau conseil municipal a adopté l’échange du bois à 7 voix contre 4 ». Aux alentours, l’ANDRA s’est constituée un empire foncier – près de 2.000 hectares de forêts- pratique pour favoriser les échanges amiables.

Des associations et des collectifs se sont mobilisés pour dénoncer cette discrète sratégie. Des réunions publiques ont été tenues et un recours administratif déposé pour faire annuler la délibération. Mais le recours n’est pas suspensif et n’empêche pas le début des travaux. Chez les opposants, « on n’est pas dupe. Ce n’est pas uniquement devant les tribunaux qu’on enterrera un projet aussi vital et stratégique pour l’Etat et sa filière nucléaire ». L’occupation et le blocage physique semblaient également nécessaires.


« Un acte de sabotage collectif et joyeux »



Depuis dimanche après-midi, une troupe hétéroclite a pris possession de la forêt. On retrouve des jeunes et des moins jeunes, la Confédération paysanne, l’association Bure stop, « Des habitants d’ici et d’ailleurs ». L’ambiance de la journée était chaleureuse mais déterminée.

Au cours de la manifestation, on improvise des chansons entonnées à multiples voix :

« Promenons nous dans les bois
tandis que l’Andra n’y est pas » 
 
En même temps que l’on distribue des outils : scies, pinces, tenailles, perceuses... Certains se camouflent avec des masques d’animaux, faits maison, d’autres restent à visage découvert.

« Les petits renards, les hiboux, les coucous
Aujourd’hui, on occupe tout »

Arrivés dans la forêt, les opposants démontent les grilles et enlèvent les barbelés. Les vigiles fuient. Un gendarme débarque : « Tant que vous ne vous attaquez pas aux personnes on ne chargera pas ». Les opposants le prennent au mot et s’intéressent aux matériels. S’en suit « un acte de sabotage collectif, assumé et joyeux » selon les dires d’un opposant. Chacun voit dans ce geste « une portée politique » légitime face « à l’arrogance de l’Andra et au vol du territoire ». D’après une autre manifestante, « en occupant concrètement la forêt, on reprend la main sur un projet refusé depuis plus de 20 ans. On tente d’avoir une prise sur un ennemi qui, partout ailleurs, s’est rendu insaisissable ».

    « Pour un été d’urgence »



Pour passer la nuit, des agriculteurs bloquent l’accès avec leurs tracteurs. Des tentes sont installées pour la cinquantaine de personnes restant dormir. Une cantine nourrit la troupe. « Le pique-nique se veut interminable », affirme un opposant, « au-delà d’une action ponctuelle, notre occupation est un appel à converger largement vers Bure dès maintenant. Elle marque le prélude d’un été mouvementé ».

Le lieu ne revendique pas une nouvelle Zad (zone à défendre). Le mot ne parle pas ici. Les occupants s’inscrivent dans l’histoire de la lutte locale, en lien avec le combat des habitants. L’occupation en est d’ailleurs le prolongement : « Sous les piliers de la cabane que nous venons de construire, il y a, sédimentée, l’épaisseur de 30 ans de lutte contre la colonisation du territoire par l’Andra », déclare un opposant. Pour l’instant l’occupation reste précaire, l’expulsion possible à tout moment, mais les opposants gardent espoir : « Plus qu’un coup d’éclat, on espère relancer la mobilisation contre le projet de poubelle nucléaire. Pour que la résistance sorte du bois !".


 

Infos du 20 au 26 juin


Jeudi 23 juin




Dimanche 26 juin

Contre Cigéo, fête de la libération du bois de Mandres-en-Barrois (Meuse)




Depuis le dimanche 19 juin, le bois communal de Mandres-en-barrois a été libéré de l’emprise de l’Andra. Les barbelés sont tombés, les vigiles ont déguerpi. La forêt est de nouveau ouverte et accueillante. Alors que l’Andra souhaitait privatiser ce lieu et transformer les futaies d’hêtres en « zone des puits » pour la poubelle nucléaire CIGEO, la forêt a retrouvé son usage collectif. Elle appartient à tous et à toutes.

Sur l’ancienne plateforme de stockage des engins de déforestation, un grand préau a été construit en bois massif qui se veut lieu de rencontre et de passage. Comme une invitation à se réapproprier un territoire, autour d’une ballade ou d’un café partagé au milieu des grands charmes.

« Promenons nous dans le bois Lejuc
Pendant que l’Andra n’y est plus »

Venez profiter de ces lieux, promenades, cueillettes, affouages, mais aussi constater l’ampleur des travaux débutés par l’Andra dans l’illégalité. Des hectares ravagés, des ornières béantes, des arbres arrachés.

Et Dimanche 26 juin, à partir de 13 heure, grand pique nique pour fêter la libération du bois et la première semaine d’occupation ! Un programme plus complet est à venir ! Venez nombreux-euses !

Infos : vmc.camp / Téléphone : 07 58 65 48 89
Plus d’infos sur le projet CIGEO : burestop.eu/pandor.at/burezonelibre.noblogs.org



Infos du 27 au 30 juin


Mardi 28 juin


URGENT : La situation commence à être tendue à Bure, des keufs et l’huissier sont venu nous notifier notre expulsabilité ce matin 28 juin à 9h30, on se prépare à une évacuation peut-être demain matin 29 juin. On va balancer dans la journée des appels à réoccupation et à harcèlement du chantier en cas d’expulsion qui seront visibles à partir de cet article :

 http://vmc.camp/2016/06/28/menaces-dexpulsion-sur-la-zone-appel-a-soutien-immediat/


 et l’article en question à publier qui fait le point sur la première semaine :

http://vmc.camp/2016/06/27/bure-premiere-semaine-doccupation/


Mercredi 29 juin

Près de Bure, les opposants au nucléaire occupent la forêt 

que veut détruire l’Andra



Après une première semaine d’occupation, les opposants anti-nucléaires au projet Cigeo de l’Andra défendent la forêt de Mandres-en-Barrois. Ils habitent des cabanes, construisent des barricades et font pousser des potagers malgré la menace d’une expulsion imminente. Le lieu se veut un point de ralliement du mouvement contre la poubelle nucléaire.

 Mandres-en-Barrois (Meuse), reportage

Mardi 28 juin, huitième jour d’occupation, il est 9 heures. La brume matinale se lève entre les champs de céréales. Une fourgonnette de gendarmerie s’approche de la lisière du bois Lejuc, à Mandres-en-Barrois. Un huissier descend de la voiture un document à la main pour apporter « l’ordonnance d’expulsion immédiate ». Puis repart.

Dans la forêt, la quarantaine d’occupants s’organise et relance les réseaux. « S’ils nous expulsent, on reviendra encore plus déterminé ! » disent-ils. Un tract est rédigé pour appeler au blocage des chantiers dès le lendemain de l’expulsion et à une manifestation de réoccupation samedi 2 juillet. « Ils nous trouveront toujours face à eux sur le terrain ».


Deux jours auparavant, l’atmosphère était différente. Les opposants au projet de poubelle nucléaire CIGEO venaient de fêter la première semaine d’occupation du bois Lejuc avec un pique-nique convivial, un concert, une ballade et de multiples chantiers. Rassemblant près de cent cinquante personnes, associations, habitants, collectifs, la journée avait donné des ailes. Des cuistots préparaient des frites-maisons tandis qu’un maraîcher du coin apportait de nombreux plants de potimarrons, de choux, et de tomates. La terre forestière retournée faisait un excellent terreau pour le tout nouveau potager. Certains voulaient aussi construire une éolienne, d’autres commençaient des cabanes dans les arbres. La vie collective s’organisait peu à peu, son autonomie aussi.

    « Quelque chose d’inédit dans la lutte contre la poubelle nucléaire »

Mais l’ordre d’expulsion, mardi matin, est venu rappeler la précarité de la situation. Les occupants s’attellent désormais à renforcer les barricades, faites des barbelés que l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) avait érigé le long de la forêt. Les occupants sont décidés à résister aux assauts des forces de l’ordre même s’ils ressentent une certaine vulnérabilité. « Toute la semaine, on a alterné entre un sentiment d’extrême fragilité – à cause de la pluie, des flics - et un sentiment de puissance. Enfin on bloquait les travaux, nous habitons en lieu et place du projet CIGEO » dit une occupante.

Un militant historique, Claude Kaiser, témoigne : « Avec cette occupation, il y a quelque chose d’inédit dans la lutte contre la poubelle nucléaire. Voir l’énergie qui se dégage de cette mobilisation, ça nous donne du baume au cœur ! En même temps, il y a urgence. » Depuis un mois, l’Andra avance à grand pas, dans l’irrégularité et le conflit d’intérêt.

La loi visant à donner une existence légale à Cigeo (Centre industriel de gestion des déchets radioactifs) va être examinée à l’Assemblée Nationale le 11 juillet. L’Andra n’a même pas attendu le vote de la loi pour commencer ses travaux préparatoires au projet d’enfouissement de déchets nucléaires.





Lorsque les occupants ont libéré le bois de Mandres-en-Barrois, ils ont découvert, avec stupéfaction, l’étendue de la déforestation et ont décidé de porter plainte. Selon leur avocat, Maitre Etienne Ambroselli, « les travaux ont débuté sans aucune autorisation préalable de la Préfecture ». La double clôture, la vaste plate-forme grillagée ainsi que le stockage de matériaux de forage ne sont pas des équipement liés à la gestion de la forêt : « Ces travaux sont en violation du plan de gestion du bois Leduc établi par l’Office national des forêts jusqu’en 2018 et des engagements pris jusqu’au 31 décembre 2019 en raison des subventions obtenues pour la reconstitution des parcelles du bois sinistrées par la tempête de 1999 », affirme-t-il.

« Le lobby nucléaire, mis en difficulté sur d’autres projets comme l’EPR, a besoin d’aller vite sur ce dossier pour rassurer ses actionnaires » analyse un militant. Quitte à s’asseoir sur des règles juridiques élémentaires. Mais sur place, habitants et occupants refusent la résignation et ne veulent « rien lâcher ». Ils ont vécu disent-ils, « une semaine exaltante ». Des habitants de Mandres-en-Barrois ont dormi sur les barricades en prenant leur tour de garde. Ceux qui restaient chez eux faisaient la vigie en cas d’arrivée des camions de CRS. Des paysans de la Confédération paysanne ont fourni matériel de construction et nourriture tandis qu’un agriculteur du coin bloque l’accès avec ses tracteurs. Claudine, 75 ans, habitante de Mandres-en-Barrois a défié le barrage de police, qui contrôle chaque jour les identités et note les plaques d’immatriculation, pour venir déjeuner avec « les squatteurs ». Autour d’un grand repas collectif, elle a partagé ses meilleurs coins à champignons. « Les avriots poussent entre les taillis d’hêtres et de charmes, mais pour les trompettes il faudra attendre septembre », dit-elle.

Selon les opposants à Cigeo, la forêt est plus libérée qu’occupée. Dans un tract, ils écrivent qu’elle « a retrouvé son usage collectif ». Elle appartient à tous et à toutes. Cette semaine, les affouagistes sont venus récupérer leurs bois. Ludovic et Amélie étaient d’abord méfiants : « Les occupants masqués, cela fait peur ». Une fois dans les bois, les foulards tombent et des militants viennent les aider.

Sur l’ancienne plate-forme de stockage des engins de déforestation, un grand préau a été construit en bois massif « qui se veut lieu de rencontre et de passage ».


Pour Régine, militante historique, membre de l’association Mirabel, « au milieu des bois, nous avons recréé un ’couarail’. Ce mot désigne, dans le patois lorrain, le lien social. Les habitants s’y retrouvaient à la veillée pour bavarder à bâtons rompus, tout en cassant les noix, en travaillant la laine ou le cuir » .

Un équilibre doit être trouvé entre l’ouverture de la forêt aux habitants, aux promeneurs et sa fermeture aux « chiens de garde de l’Andra », vigiles, huissiers, ou police. « Pour éviter les craintes ou les préjugés, nous cherchons à améliorer l’esthétique du lieu », assure Michelle. Des arbres ont été plantés, des tables de banquet construites. A l’entrée de la zone, un grand panneau de « Bienvenue » a été affiché avec une citation d’Henri David Thoreau, « Je rêve d’un peuple qui commencerait par brûler les clôtures et laisserait croître les forêts ».

Pour Michel, un occupant de la forêt, « se relier avec l’extérieur est essentiel. Nous ne sommes pas une bande isolée comme cherche à le caricaturer l’Andra. Notre action est le prolongement d’années de lutte sur le terrain ».


Les associations historiques, Bure Stop, Mirabel, Sortir du nucléaire, ont d’ailleurs lu dimanche 26 juin au cours de la fête une lettre de soutien où ils actent la complémentarité des moyens d’actions et leur pleine et entière solidarité. « Il n’y a pas d’un côté le manifestant masqué sur la barricade et de l’autre côté le citoyen pétitionnaire devant son écran, mais la construction d’un mouvement ouvert à tous ceux qui refusent la résignation devant un projet imposé d’en haut et la perte de ce qui fait la vie des populations au quotidien ».

Pour l’instant, le mouvement est encore en gestation. Mais nul doute que l’occupation du bois Lejuc sert de catalyseur. Cette forêt libérée pourrait devenir le point de ralliement pour tous celles et ceux qui sont opposés à « la poubelle nucléaire CIGEO et à son monde ».


Jeudi 30 juin

 

A la sauvette, 

 

les députés nous engagent pour plusieurs millénaires

 

 

 

Après de multiples échecs législatifs, le projet d’enfouissement des déchets atomiques est propulsé en vitesse au Parlement. But du gouvernement et des députés : lancer sans discussion ce projet, qui concerne des déchets radioactifs pour des milliers d’années.

Le projet Cigéo, l’acronyme de centre industriel de stockage géologique de déchets radioactifs, prévu à Bure (Meuse), est en train de s’imposer en douce au Parlement : après l’échec de son introduction dans la loi de transition énergétique, il y a exactement deux ans, puis son annulation par le Conseil constitutionnel qui le considérait comme un cavalier législatif au sein de la loi Macron à l’été 2015, le projet d’enfouissement prévu pour 2025 bénéficie cette fois d’une proposition de loi à part entière, déposée par les sénateurs meusiens Gérard Longuet (Les Républicains) et Christian Namy (UDI) et adoptée à la quasi-unanimité par le Sénat, le 17 mai dernier.

Après plus d’une dizaine de tentative d’intrusion dans divers projets législatifs sur ces deux dernières années [1], c’est donc la première fois que l’installation, censée garantir le confinement de résidus actifs pendant plusieurs millénaires, est l’objet direct d’un texte de loi, qui vise à définir « les modalités de création d’une installation de stockage réversible en couche géologique profonde des déchets radioactifs de haute et moyenne activité à vie longue ».

    « Le débat parlementaire qui était annoncé n’a jamais eu lieu » 

Le gouvernement a choisi de placer ce texte à l’ordre du jour de la session extraordinaire du Parlement qu’il a convoqué pour le mois de juillet. « Le gouvernement souhaite que cela passe rapidement, et on peut imaginer qu’Emmanuel Macron n’y est pas étranger », dit-on dans l’entourage du député PS Jean-Paul Chanteguet, également président de la commission du Développement durable de l’Assemblée nationale. Cette commission a voté le texte à la quasi-unanimité mercredi matin 29 juin, seule la députée Laurence Abeille ayant voté contre. L’ensemble des députés sera amené à se prononcer sur le sujet en séance publique, à partir du lundi 11 juillet.

Le résultat ne fait guère de mystère : sur le sujet, seuls les députés écologistes s’opposent au projet, bien qu’ils aient perdu leur groupe à l’Assemblée nationale en même temps que leur meilleur connaisseur du dossier avec Denis Baupin. Le vote est d’autant plus acquis que le texte reste largement identique aux précédentes moutures, avec une définition de la réversibilité pratiquement inchangée depuis deux ans. Cela fait de toute façon longtemps que le calendrier originellement prévu par la loi de 2006, qui instaure cette notion de réversibilité, n’est plus respecté : « Le débat parlementaire qui était annoncé pour 2015 n’a jamais eu lieu », souligne Corinne François, du collectif Burestop.
 

 

Seule nouveauté, l’introduction d’une « phase pilote » dans ce calendrier. Un leurre selon les opposants, qui y voient un lancement déguisé du véritable chantier Cigéo : « Avec un investissement estimé à 5,7 milliards d’euros et au vu des infrastructures prévues par cette phase, on doute qu’il s’agisse simplement de tester. Ce serait bien le début des travaux », estime Corinne François. De son côté, le réseau Sortir du nucléaire dénonce un nouveau « passage en force » alors que plusieurs associations s’interrogent sur un possible conflit d’intérêt quant à la nomination au poste de rapporteur de cette loi de Christophe Bouillon, par ailleurs président du Conseil d’administration de l’Andra, qui pilote le projet.

Alors que plusieurs opposants ont investi la forêt de Mandres-en-Barrois où de premiers travaux ont été entrepris il y a quelques jours, le récent épisode de la consultation à Notre-Dame-des-Landes a semble-t-il inspiré les défenseurs de Cigéo : ainsi, le député Christophe Premat proposait mardi sur Twitter un amendement visant à l’organisation d’un référendum local sur Cigéo.

 
 

 
L'Etat matraquant la liberté © Goin

 

Une oeuvre murale peinte le 24 juin par l’artiste Goin, dans le cadre du « Street Art Fest » de Grenoble, provoque l’ire de la police, d’élus locaux et nationaux, ainsi que de notre ministre de l’Intérieur. Ce dernier attend du maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, qu’il dise à la police « ses regrets ».